Les situations et personnages sont directement inspirées de l'œuvre de J.K. Rowling.


Préambule

Sybill Patricia Trelawney a rarement été prise au sérieux, que cela soit en suggérant une naissance hivernale à son élève porteur d'un morceau de l'âme de Tom Marvolo Riddle, ou les destins funestes de ses néophytes en général. Pourtant, le plus grand défaut de ses prédictions était d'être incomprises ou ignorées.
Mais quand elle commença à prédire au petit impertinent Harry Potter une longue vie, plusieurs enfants, et (de toutes les atrocités qu'on pouvait dire pendant la campagne de discréditation dirigée par le Ministère) une nomination au poste de Ministre de la Magie, était-ce seulement pour irriter les nerfs de l'inquisitrice acerbe sévissant à Hogwarts ? Toutes choses considérées, il faudrait réexaminer plusieurs détails.

Suivant le samedi 2 mai de l'an 1998, les moldus se sentaient plus touchés par la mort de Kevin Lloyd que celle d'un certain Tom Riddle. Et alors que la petite diaspora isolée tentait de se relever, la Grande-Bretagne accueillait joyeusement la compétition de l'Eurovision. La vie continuait. Garbage sortait son album Version 2.0 ; des émeutes en Indonésie mirent à bas un millier de gens ; Frank Sinatra rendu l'âme à Los Angeles ; Bear Grylls devint le Britannique le plus jeune à grimper le Mont Everest ; Le Pakistan se fit connaître pour ses explosions atomiques ; Geri Halliwell quitta définitivement les Spice Girls, et un tremblement de terre frappa l'Afghanistan tuant environs 5000 personnes. Ce fut un mois de mai tout à fait quelconque dans l'Histoire.

Mais cela n'est bien évidemment que le mois de Mai des moldus, car dans le monde sorcier britannique en ce début de saison claire ouverte par Beltane, les mages noirs les plus redoutés (toujours vivants) purent contempler un changement radicale concernant leurs Marques des Ténèbres ; et si la communauté magique a déjà eu une fois la naïveté de croire (ou la ténacité de vouloir croire à tout prix) que Lord Voldemort a pu être bel et bien mort, cette fois ce fut devant témoins et avec résultats à l'appui. Dont les immanquables effets de l'après-guerre, comme au début des années quatre-vingt. Ou comme au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, au choix. Avec son lot de négationnisme et de criminels de guerre en fuite, cela va de soit.

Après la défaite de Voldemort, Harry avait passé beaucoup de temps chez les Weasleys. Enfin beaucoup, disons un peu. De temps en temps, entre deux tentatives pour mettre la main sur ces mages noirs filants. Sans compter les cérémonies et hommages aux disparus. Avec tout ça, on se dirait bien qu'il prendrait le temps de profiter enfin de la vie, d'accompagner ses amis en Australie puis d'aller griller sur une plage de la Nouvelle Calédonie ; de s'arrêter un soir et pour regarder le soleil disparaître sur la Grande muraille de Chine et réapparaître sur la Méditerranée, quitte à utiliser un Portoloin. Ou renouer enfin avec sa petite amie espiègle. Cela aussi.
Un peu de sensualité charnelle réconfortante et réconciliatrice dans ce monde en ruines, cendres et poussière aurait probablement été un petit peu agréable. A défaut de faire garder les pieds sur terre, les bites d'amarrage comblent les manques affectifs les plus hors-sujet.
Mais Ginny avait mis du temps à lui pardonner d'être aller mourir sans prévenir, d'avoir couru se suicider sans prendre le temps de dire adieu, d'être aller s'offrir à Voldemort sur un plateau d'argent, avec des petites lingettes pour les mains et pourquoi pas un « à votre service ». Aucun mot pour ceux qui l'aiment. Rien.
Sans compter le fait que le deuil régnait aux cotés des réjouissances, et Mrs Weasley avait toujours la tête sur les épaules, prête à occuper tous les jeunes gens ayant de l'énergie à dépenser par des tâches ménagères en tout genre. De quoi lui divertir l'esprit de sa propre peine tout en maintenant l'ordre. Tout cela n'avait pas rapproché Harry et Ginny, qui se demandait si son chevalier de contes de fées déjà résolu à commencer sa carrière d'Auror était vraiment un parti raisonnable, maintenant éplorée par la perte d'un frère. Bref, le sauveur du monde sorcier de Grande Bretagne pouvait dormir sur la baguette si ça l'amusait.

Quant à Ron et Hermione, l'alchimie entre eux avait été beaucoup plus vive. Harry ne savait pas grand chose de leur voyage en Australie pour retrouver Wendell et Monica Wilkins, mais apparemment les premières semaines de douleur les firent se réconforter l'un l'autre avec tendresse. Quand le deuil commença à laisser naître quelques moments d'allégresse et qu'elle venait passer du temps au Terrier, les deux amoureux semblaient prêts à s'entre dévorer, répondant à l'appel brutal d'une nature impatiente et frustrée, chose que comprenaient les observateurs amusés en ne considérant seulement que la pauvre Hermione semblait avoir entretenu un béguin pour son ami depuis au moins ses quinze ans.

La première fois que le feu de la passion les posséda, Ron réapparu avec une mine irritée. Apparemment les choses ne se sont pas passées pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles et imaginable, et Hermione détournait les yeux et rougissait en feignant une normalité plus que banale dès que Ron entrait dans son champ visuel, à défaut d'autre chose.
Quelques temps après l'Assemblée de Lug (une fois parvenu à leurs fins alors qu'ils se croisèrent par hasard une nuit en allant prendre un rafraichissement) Ron admit par inadvertance que leurs premières tentatives résultaient souvent sur des échecs critiques, dont une fois où son anatomie traitresse avait tout libéré avant même qu'il parvienne à défaire les dessous de sa dulcinée. George avait trouvé cela hilarant. Du moins, jusqu'à ce que l'absence de commentaire de son jumeau se manifeste par manque de résonance.

Et Septembre arriva pour emporter les jeunes sorcières à Hogwarts, en compagnie de Justin Finch-Fletchley, Dean Thomas et Kevin Entwhistle, ce dernier se remettant à peine de son séjour à Azkhaban pour « vol » de magie. En consolation, la crapoteuse Dolores Umbridge y était à sa place.

C'était l'année scolaire de l'après-guerre. La directrice McGonagall avait évidemment confié le badge de Head-Girl à son élève préférée. Elle confia aussi sans hésitation le badge de Capitaine de l'équipe de Quidditch à Ginevra Molly Weasley. Elle aurait volontiers confié celui de Head-Boy à Neville Longbottom s'il était revenu à Hogwarts, mais il a préféré se joindre à ceux et celles qui comme Harry Potter, Ron Weasley ou encore Fay Dunbar ont décidé de porter tout de suite la tenue d'Auror. Minerva, Filius, Horace et Pomona choisirent donc William Wayne.
C'était un élève de Ravenclaw suffisamment charismatique et sans histoire. Académiquement irréprochable. Un des rares élèves ayant les notes et le respect des élèves lui permettant d'accéder à ce rôle honorable qui ne va pas sans responsabilités pouvant être un poids à l'approche des examens. A défaut d'un héro de guerre plus prestigieux, il était parfait. En tout cas il n'a pas été à la solde des Carrows, que demander de plus ?
La question critique à la veille de cette nouvelle rentré était surtout de savoir qui remplacerait Minerva à la tête de la maison Gryffindor, qui prendraient les places vacantes au département de Métamorphose et à l'enseignement de vol, qui enseignerait l'étude des Moldus, qui deviendrait vice-directeur, qui remplaceraient Bathsheda Babbling et les autres professeurs et employés tombés durant la guerre ? Et qui tenterait la place de professeur de Défense cet automne ? Question encore récurrente, hélas. McGonagall avait du mal à croire que des gens puissent toujours croire que cette école mérite son excellente réputation. Au moins, elle pouvait toujours compter sur une blessure de guerre ou sportive pour amener un Auror partant à la retraite et un joueur de Quidditch enseigner à Hogwarts. Tous les éléments n'étaient pas contre elle.