Très chers lecteurs,
C'est avec un plaisir immense que je vous retrouve aujourd'hui. Voici une fic dont j'ai eu l'idée après la diffusion de Disciple. Cela fait donc un certain temps. Mais je ne voulais pas commencer la publication sans avoir fait un certain nombre de recherches pour mon histoire ni avoir accumulé une certaine avance. En effet, l'inspiration étant très fluctuante j'aimerai ne pas vous faire subir des trous - ou du moins pas trop importants - dans la publication. J'envisage une histoire qui fera en tout 13 chapitres, le dernier étant l'épilogue. A priori il y aura un chapitre par semaine (le lundi) considérant l'avance que j'ai et espérant que l'inspiration ne partira pas tout de suite dans de lointaines contrées.
Concernant l'inspiration, cette histoire n'aurait pas existé sans ma muse qui m'a apporté un soutien indéfectible dans le processus d'écriture, m'a conseillé et aiguillé dans certains choix d'écriture et a même trouvé le titre. Naturellement son soutien dépasse les strictes limites de la Fan Fiction et je lui en suis éternellement redevable, mais je me devais de l'évoquer ici.
Un grand merci à ma relectrice de talent, prolixius5 qui malgré beaucoup d'écrits personnels, m'a offert de me relire et me corriger. N'hésitez pas à aller voir ses écrits car elle possède une plume hors du commun.
Côté écritures, en dehors de cette FF, je pense et j'espère que la saison à venir m'inspirera d'autres écrits (OS, fics,...). Je travaille également sur l'écriture d'une nouvelle qui sort de l'univers des Fans Fictions dans lequel j'ai toujours écrit. Lorsque j'aurai plus de chapitres d'écrits, je tenterai de le publier et de le soumettre à la critique.
Cette FF fait suite au season finale de la saison 6. D'autres auteurs se sont tentés à l'exercice, avec Tyson comme personnage principal. Je pense notamment à Izabel65 dans "Loin de toi". Il faut d'ailleurs que je continue à lire son histoire car elle est très bien. Celle que je vais vous proposer est différente, avec des choix dans les personnages et leurs relations distincts et une autre intrigue. Mais il n'est pas anormal que plusieurs auteurs écrivant sur une même série aient des idées similaires. Ce qui compte ensuite c'est la façon de mener l'histoire.
Enfin, avant de vous laisser découvrir ce premier chapitre, sachez que comme l'a si bien dit Paul Aster "Les écrivains ne savent jamais juger leurs œuvres" je serai tout aussi avide que ravi d'avoir vos commentaires, critiques et appréciations sur mon histoire. J'ai en tout cas éprouvé un grand plaisir pour écrire ce premier chapitre et les suivants et j'espère que vous le ressentirez à la lecture.
Désolé de cette note d'auteur un peu longue mais j'avais beaucoup à vous dire. Je vous souhaite une bonne lecture.
Quand le masque tombe
Chapitre 1 : Jerry Tyson
Dans un élan de rage que je n'aurai su contenir je balançais l'édition du jour du journal. Les nouvelles amenées par l'actualité étaient rarement bonnes. Depuis plusieurs années, l'économie mondiale était plongée dans une crise sans précédent, de nombreux pays étaient en situation de guerre, etc. Néanmoins, ce n'était nullement de si hautes considérations ou des sujets si sérieux qui avaient suscités cette ire en moi. Tout aussi futile que puisse paraître cette nouvelle, elle me faisait bouillir intérieurement et même si cela n'aurait aucun effet performatif sur la réalité, je jetai violemment le journal au fond de la pièce et poussai un cri qui résonna dans la pièce presque dépourvue de meubles dans laquelle je me trouvais. Tout ceci alerta Kelly qui accourut à grandes enjambées pour savoir ce qui avait bien pu me mettre dans cet état.
- Que se passe-t-il ?
La rage m'avait plongé dans un mutisme me rendant totalement aphone après avoir rugi comme un animal blessé et je ne faisais que lui indiquer l'édition du jour qui était étalée sur le sol. Elle se courba pour le ramasser, lut à voix haute et comprit :
"Le romancier Richard Castle et le lieutenant de la police new-yorkaise Katherine Beckett, tous les deux natifs de New-York, sont heureux d'annoncer leurs fiançailles.1"
Elle posa le journal sur un des seuls meubles de la pièce et vint vers moi. Je ne pouvais tolérer que cet homme soit heureux et vive au grand jour alors qu'il m'avait contraint à mener une existence recluse. Parce qu'il se croyait le plus malin j'avais été forcé de disparaître par deux fois et de réfréner ma pulsion à commettre des crimes comme je le désirais. Ce n'était pas tant la recherche de la souffrance chez mes victimes qui me donnait un frisson d'extase. Non tout cela je le réservais aux psychopathes de première zone. "Les gens pensent que j'aime tuer ; le meurtre est seulement un acte. Tout réside dans l'anticipation, la planification...entrer dans leur vie, savoir que je vais tout leur prendre2". C'était ma philosophie et je l'avais partagée avec celui qui me persécutait et m'empêchait d'exercer mon art.
- Je vais lui régler son compte sans plus attendre à ce prétentieux, dis-je me levant, emporté par la rage .
Voyant que je me précipitais à cause de ma colère très forte et impossible à contenir, Kelly tenta de me ramener à la raison.
- Non cela ne te ressemble pas. Ce n'est pas ta façon d'opérer. Et ce n'est pas ce que tu veux pour Castle. La facilité ne te contenterait pas, Jerry.
Elle me connaissait très bien. Je n'avais pas souvent laissé une femme rentrer à ce point dans ma vie. Nous n'étions pas amants, même si quelques fois nous nous adonnions à quelques jeux sexuels. Sans doute avait-elle des sentiments pour moi, mais de mon côté je n'étais pas capable d'avoir une relation avec une femme. La faute sans doute à ma mère qui m'avait abandonné. J'avais pour les femmes autant d'admiration que de répulsion, mais le lien que j'avais tissé avec Kelly était tout particulier.
- Tu as raison, dis-je alors que je lui tournais le dos contemplant l'extérieur sans réellement fixer un point en particulier.
Une nouvelle fois, j'allais devoir élaborer un plan et tenter de le piéger. Cette annonce du mariage était sans doute une occasion en or de régler mes comptes avec l'écrivain. Mais je devais frapper fort. La dernière fois, mon plan était bon mais il n'était pas parfait. Cette fois-ci, tout serait réglé au détail près et j'aurais ma vengeance. Peu importe les défaites dans les batailles tant que la victoire était au bout.
- A quoi penses-tu? me demanda Kelly qui avait bien compris que j'étais déjà en train de réfléchir au plan que je devais élaborer.
- Il fait le paon dans la presse pour son mariage. Beckett représente tellement pour lui que c'est une fabuleuse manière de l'atteindre.
A ce moment-là, je me retournai pour faire face à Kelly dont le visage arborait un merveilleux sourire. Avec elle je pouvais exprimer toutes les idées qui me traversaient l'esprit, je savais qu'elle les réceptionnait parfaitement bien. Au-delà de ça elle apportait souvent des touches personnelles. Et contrairement à beaucoup de psychopathes, je considérais que les complices étaient capitaux. Ils m'aidaient à faire diversion, à exécuter certaines phases de mon plan. Mais elle était plus qu'une simple complice, c'était presque une partenaire. Finalement Castle et moi n'étions pas si différents, et ce sur plus d'un point, nous avions tous deux une associée qui nous rendait meilleur dans notre art.
- Et comment comptes-tu procéder? me demanda mon acolyte trop impatiente pour attendre que je poursuive de moi-même.
- Les laisser Beckett et lui préparer ce jour qu'ils attendent tant, puis alors qu'il sera en route vers le bonheur extrême, freiner sa course, le priver et qu'il se retrouve finalement spectateur passif d'un drame au lieu d'être l'acteur principal de la scène de romance la plus importante de sa vie.
En disant ces mots, je jubilais déjà, très impatient de concevoir dans les moindres détails mon plan d'attaque et au regard brillant de Kelly, je devinais qu'il en était de même pour elle.
- Si je te suis tu comptes enlever Castle le jour du mariage, le remplacer et le laisser contempler un autre épouser Beckett.
- Tout à fait ma chère, tout à fait, répondis-je appréciant une fois de plus qu'elle suive parfaitement le cheminement de mon esprit.
- C'est brillant Jerry, réellement brillant.
- Et je comptais d'ailleurs sur toi pour l'aspect technique du double. Tu as été si brillante pour cloner Lanie Parish et Javier Esposito. Seulement cette fois le clone va vivre et remplacer Castle.
Elle mit un certain temps à me répondre et je devinais qu'elle était en train d'examiner les forces et les faiblesses de mon plan. En cela j'adorais travailler avec elle, car ce n'était pas une groupie hystérique qui dirait amen à toutes mes idées. Non, elle savait me montrer mes limites et me permettait de me surpasser dans mon art.
- Tu es bien conscient qu'il va nous falloir créer plus qu'un double plastique de Castle mais également un sosie comportemental. Ce qui est sans doute, vu ma maîtrise de la chirurgie esthétique, le plus compliqué à entreprendre.
- Cela va être fascinant, dis-je empreint d'une excitation sans égal.
- As-tu déjà pensé à comment travailler l'aspect comportemental? Car il faudra que Beckett soit bluffée pour que tu réussisses.
- Nous allons triompher Kelly. Nous allons choisir quelqu'un qui les côtoie au quotidien.
Elle fronça les sourcils, visiblement sceptique de mon assurance affichée.
- Tu penses trouver facilement quelqu'un au commissariat pour réaliser cette mission?
- Ma chère Kelly, tout d'abord il ne faut pas croire en la bonté naturelle de l'être humain. Et même si Castle a beaucoup de fans, je pense qu'au commissariat, il y a une flopée de jeunes bleus qui nourrit une rancune envers lui.
- Pour quelle raison?
- Et bien Beckett.
- Beckett? fit-elle toujours aussi interrogative.
- Oui, elle est la meilleure de la police criminelle et qui plus est, elle est tout sauf repoussante.
Elle opina du chef avant d'ajouter :
- Oui il ne lui manque pas grand-chose pour être parfaite, c'est ce que je lui ai dit la première fois où nous nous sommes rencontrées.
- En effet, et donc pour toutes ces raisons, je suis persuadé que plus d'un bleu considère que l'écrivain usurpe sa place auprès de Beckett et sera donc prêt à participer à notre plan.
- Il ne reste plus qu'à le trouver, me dit-elle, définitivement emballée par ce plan d'attaque.
Après tout je n'étais plus le seul désormais à nourrir cette rancœur envers Castle et c'était en cela que Kelly s'avérait une alliée remarquable. Il ne fallait pas oublier qu'elle aussi avait dû fuir en même temps que moi lorsque nos plans avaient été déjoués par l'écrivain et sa muse.
Quelques jours plus tard...
J'avais passé plusieurs journées au commissariat et aux alentours pour observer une recrue potentielle. J'avais pris mon temps, mais ce n'était ni une mince affaire ni une étape à négliger. Car de celle-ci découlait toute la suite du plan. Sans difficulté je m'étais fait passer pour un élève tout juste sorti de l'académie de police. Par chance pour moi et mes projets ce n'était pas une légende que les flics passaient beaucoup de temps à manger des doughnuts autour de la machine à café et à boire des bières après leur service. Cela m'avait permis de bien m'intégrer au groupe, de les connaître et de faire mon choix. Il ne m'avait fallu que deux jours pour trouver le client idéal : un certain Thibault.
Je ne m'étais pas trompé en avançant que certains pouvaient nourrir une grande rancune à l'encontre de Castle. Le jeune homme en question avait tout ce qu'il fallait pour le grand personnage que je prévoyais pour lui. Tel un metteur en scène, je lui donnais un des rôles principaux de mon plan. Alors que j'avais lancé plusieurs fois le sujet Castle sur la table, il avait toujours paru le plus véhément et le plus rancunier des candidats possibles. C'est ainsi qu'un soir, après une énième bière, j'avais fait mon approche avec prudence.
Quand bien même il s'était montré plutôt réceptif, c'est en douceur que j'avais continué mes approches. Je devais être certain de mon jugement avant de lui exposer le plan. C'était un choix risqué de mettre une tierce personne dans la boucle. Kelly avait su gagner ma confiance mais je ne connaissais que très peu Thibault. Cependant, la confiance était quelque chose qui se gagnait et quoi de mieux que ce genre de situation pour que le nouveau fasse ses preuves. De toute façon, s'il me trahissait, il n'aurait guère de temps pour aller alerter Castle. Je n'aimais pas tuer sans motif et précipitamment mais quand ma survie était en jeu, je n'hésitais pas.
Lorsque Kelly et moi lui eûmes exposé notre plan, il avait très vite adhéré et c'est ainsi qu'il s'était peu à peu rapproché de l'équipe de Beckett, avait cherché à récolter le maximum d'informations allant même jusqu'à sympathiser avec l'écrivain alors qu'il le détestait. Mais c'est en connaissant parfaitement sa cible que l'on avait le plus de chances de l'abattre. Il avait eu du mal dans un premier temps, mais jour après jour, il revenait avec des capacités en plus et l'on y travaillait ensemble pour que la ressemblance soit la plus parfaite possible. Finalement il avait compris qu'il était comme un acteur qui devait coller au plus près des traits d'un personnage afin de rendre le film le plus crédible possible. Je lui citais de nombreux exemples pour le motiver, dont celui du rappeur américain 50 Cent s'étant métamorphosé physiquement pour son rôle dans Things fall apart.
Tout comme j'avais moi-même étudié, épié Castle pendant des mois avant de le faire accuser de meurtre, Thibault collait de plus en plus à son rôle. Parallèlement, Kelly mettait tout au point pour la transformation physique. Celle-ci, vu les progrès faits par notre complice, ne devait plus tarder. De mon côté, je guettais les pages people des quotidiens new-yorkais, traquant l'annonce du mariage. Le couple semblait prendre son temps pour fixer le moment exact. Bien qu'étant très impatient de mettre la suite du plan à exécution, le temps jouait en notre faveur. En effet, plus Thibault aurait l'occasion de côtoyer le romancier, plus la ressemblance serait parfaite. La nuit, je rêvais de ce moment où Castle serait mon prisonnier, spectateur passif de sa propre vie.
Equipé d'une micro-caméra, Thibault filmait les interactions qu'il avait avec Castle mais il volait également certaines scènes d'intimité entre l'écrivain et sa détective de fiancée. Ainsi, il pourrait se les passer en boucle une fois la transformation physique en route. J'avais conservé les enregistrements faits au moment où j'épiais Castle dans son appartement à son insu. Ces vidéos seraient très utiles dans la phase finale de notre préparation. Plus les jours passaient et plus la gestuelle était similaire, la façon de parler également et pour parfaire le tableau, ces contacts avaient alimenté sa rancœur pour l'auteur à succès. Thibault surpassait mes attentes, il avait appris très vite. Je n'étais pas souvent admiratif de mes semblables , pourtant il forçait mon respect. Il n'était pas rare que le soir après le dîner, il continuait à travailler sur les vidéos, comme un acteur relisant le script de son rôle le plus important.
La préparation du plan me mettait dans tous mes états. J'étais même par moment euphorique en songeant à l'impact que cela allait avoir. Cette exaltation m'avait conduit à aménager notre repère de manière un peu moins austère. J'avais récupéré des meubles à droite et à gauche puis investi dans un peu de peinture rendant notre habitation plus chaleureuse. Ce n'était qu'un logement provisoire, avant le triomphe et puis enfin la liberté. Néanmoins, ce lieu de transit pouvait le rester encore quelques mois donc autant le rendre agréable.
Ce soir, comme souvent, je regardai Thibault répéter avec toujours autant de sérieux les gestes, les intonations, et tout ce qu'il avait pu étudier en termes de langage non verbal chez Castle. J'étais fasciné par son application mais également par la ressemblance de plus en plus approchante. Absorbé par le spectacle, je fus surpris d'entendre la voix de Kelly me dire :
- C'est impressionnant, n'est-ce pas?
Je me tournai vers elle et m'aperçus qu'elle me tendait un verre de vin. J'acceptai cette offrande avec plaisir et fis tinter mon verre contre le sien. C'est elle qui choisit le thème de la célébration :
- A ton œuvre.
- A notre œuvre, corrigeai-je immédiatement tant elle était également artisane du plan échafaudé.
Elle me répondit par un sourire et nous contemplâmes ensemble les prouesses de notre sujet, rêvant tous deux à retrouver notre liberté. Pour moi c'était non seulement une liberté de circuler mais aussi et surtout d'être.
- Tu as vraiment réuni une mine d'informations sur Castle, c'est conséquent.
- "Le vrai pouvoir, c'est la connaissance3", ajoutai-je en trempant mes lèvres dans le vin.
Elle acquiesça cette maxime laissant ses lèvres flirter avec le liquide pourpre. Une nouvelle fois je fis le parallèle entre Castle et moi au sujet de notre acolyte. Et bien qu'il faisait tout pour paraître normal, lui et moi étions si semblables. Il finirait par l'admettre et je pourrais en faire mon plus grand disciple, mon égal. Dépossédé de son bonheur avec Beckett, obligé de voir un autre homme vivre sa propre vie, je n'aurais aucun mal à le convertir à ce que je prêchais. Je ne pouvais que fantasmer sur cette association potentielle. J'étais bon mais je pouvais être encore meilleur avec un tel allié. Il serait mon chef d'œuvre, comme le David l'était à Michelangelo. Cette nuit-là, je m'endormis sur ses délicieuses pensées.
Références utilisées :
1 Castle S06E13
2 Castle S0505, Probable Cause, Extrait de la conversation entre Castle et Tyson à la prison.
3 Francis Bacon extrait de Meditationes sacrae.
La suite lundi prochain...
D'ici là je vous souhaite un très bon season premiere pour la Saison 7 de Castle ainsi qu'une excellente semaine.
Bien à vous,
Gillesinlove
