Il existe des choses inexplicables...
House ouvrit les yeux et fixa le plafond en se demandant pourquoi il réglait ce fichu réveil alors qu'il ne se levait jamais quand il le fallait. Il se tourna et jeta un coup d'œil à l'instrument de torture. Sept heures ?
_ Wilson… grommela House en attrapant le réveil.
Il fit glisser l'appareil sous le lit après avoir bien pris soin de retirer les piles.
Le téléphone sonna alors.
Débrancher le deuxième instrument de torture… Ce serait sa deuxième mission du jour. Il laissa sonner jusqu'à ce que son répondeur s'enclenche.
C'était Wilson.
_ House. Je sais que tu es réveillé. Il est sept heures. Tu dois sûrement te demander pourquoi j'ai réglé ton réveil à cette heure…
_ Sûrement pour que je me lève du pied gauche… Quelle attention charmante. Mon cher Wilson fait tout pour que je ne souffre pas de ma jambe malade. marmonna House.
_ Je me suis dit que pour ta reprise, tu pourrais arriver à l'heure, faire bonne impression… Euh…
_ Faire plaisir à Cuddy…
_ Faire plaisir à Cuddy…
_ Bla bla bla…
_ Y'a un tas de problèmes internes et tu coûtes pas mal d'argent à l'hôpital, donc bien faire ton boulot et arriver à l'heure serait une bonne compensation, non ?
_ Bien sûr.
Wilson raccrocha.
House ferma les yeux et réfléchit un instant. Wilson avait raison. Ce n'était pas sa conscience pour rien. Il se redressa et posa les pieds au sol. Comme tous les jours, il frotta sa cuisse en grimaçant et en repensant au temps où il marchait, courait… sautait…
Il soupira et se leva. Il boita jusqu'au salon et regarda autour de lui d'un air dépité. Il alla dans la cuisine, se prit une tasse du café de la veille et revint dans le salon. Il but d'une traite le liquide revigorant et se laissa tomber sur le canapé. Il saisit la télécommande et alluma son poste.
Wilson avait toujours raison… Mais il l'écoutait rarement.
Un fin sourire étira ses lèvres tandis qu'il zappait avec jubilation à l'idée de faire enrager sa conscience.
vvv
_ House ! Il est onze heures !
Le diagnosticien ferma les yeux et sourit. Il n'en espérait pas tant dès son arrivée à l'hôpital.
Un bruit de talons résonna derrière lui et se rapprocha. Un pas ferme, déterminé… Presque enragé.
Il se retourna quand la doyenne de l'hôpital arriva à son niveau.
_ Vous avez vu l'heure ?
_ Mon réveil a disparu sous mon lit. Je soupçonne le criquet démoniaque…
_ Allez en consultations ! Vous me ferez des heures sup'.
_ Et en quel honneur ?
Cuddy le toisa et tourna les talons.
_ L'inconvénient quand on couche avec sa patronne c'est qu'après, elle ne vous lâche plus ! dit-il de façon à ce tout le monde l'entende.
La doyenne se figea un instant puis repartit. House la regarda s'éloigner, satisfait.
_ Tu as couché avec elle ?
Il se tourna face à Wilson.
_ Bien sûr que non.
Il lui passa devant et se dirigea vers l'ascenseur. L'oncologue le suivit.
_ Il est…
_ Onze heures et deux minutes !
_ J'ai…
_ Remonté mon réveil.
_ Et…
_ Appelé à cette même heure. D'ailleurs, je vais sûrement changer de numéro.
_ Tu étais réveillé alors ?
_ Bien sûr !
_ Mais alors pourquoi arriver à cette heure ?
_ Tu savais que la nouvelle chaîne porno fonctionnait 24/24h ?
L'oncologue s'arrêta de marcher et regarda House monter dans l'ascenseur.
_ Tu as fait ça exprès ?
Le diagnosticien fit mine de réfléchir.
_ Mmh… Ouèp !
Les portes de l'ascenseur se fermèrent sur un regard noir de Wilson.
Une belle journée commençait. Une belle journée… Selon les critères de House.
vvv
Le diagnosticien ouvrit la porte de la salle de consultation et se glissa à l'intérieur avec toutes les peines du monde. La femme qui s'y trouvait l'observa faire, sourcils arqués.
_ Les portes ne sont pas conçues pour les infirmes. lui signala-t-il en se redressant.
_ Vous soignez toujours ainsi vos entrées ?
_ J'aime faire chier le peuple.
_ J'avais lu dans les cartes qu'un homme de votre style croiserait mon chemin.
House, qui avançait vers elle, ralentit son mouvement et mima une mine effarée.
_ Alors là je suis sous le choc !
_ Vous vous moquez de moi. déclara-t-elle le plus platement du monde.
_ Oh zut ! Ça se voit tant que ça ?
Il se planta devant elle et la jaugea un instant. Elle n'avait pas cet accoutrement excentrique dont les voyantes s'affublaient d'habitude. Elle était habillée simplement et avait la trentaine.
_ Vous êtes marié docteur ?
_ Interrogez les osselets. Pas de chiken wings au menu aujourd'hui ?
_ Vous êtes seul et ce depuis environ cinq ans. répliqua-t-elle avec sérénité.
House se figea pendant une fraction de seconde.
_ Je ne pensais pas que Stacy paierait quelqu'un pour venir m'impressionner !
_ Docteur House…
_ Ou peut-être Wilson… Non non ! Chase, ça colle mieux… coupa-t-il.
Il prit un tabouret et s'assit.
_ Votre patronne n'est pas très contente…
Il s'apprêtait à lui demander le sens de cette phrase quand la porte s'ouvrit et qu'une Cuddy fortement désappointée entra dans la pièce.
_ Vous avez fait une biopsie sans mon consentement et un scanner ! Deux analyses qui me coûtent de l'argent et pourquoi ? Pour un homme atteint d'une tuberculose !
_ Bien joué. dit House à la patiente. Mais ses claquettes font un bruit monstre ! Facile de les entendre à des kilomètres.
_ House !
_ Il avait ce truc énorme sur la fesse gauche…
_ Une piqure d'abeille !
_ On aurait dit que c'était vivant !
Cuddy ferma les yeux un instant pour calmer ses nerfs. C'était soit ça, soit lui sauter à la gorge… Et ce ton innocent et limite débile qu'il employait… Cet homme allait la rendre chèvre !
_ Vous voyez… reprit House pour la patiente. Elle ne résiste pas à mon charme. Je lui fais de l'effet ! Paupières closes, lèvres pincées. Elle est en plein fantasme !
_ C'est vous qui fantasmez à croire que je fantasme ! rétorqua celle-ci avec violence.
_ Mon nom est Susan. énonça toujours aussi platement la patiente.
_ Qu'en pensez-vous Susan ? Dans votre boule de Crystal, vous sauriez voir la date à laquelle ma chère patronne se fera monter dessus ?
_ House !
_ J'suis medium à mes heures perdues. Mon verre de bourbon m'a dit : « Pas avant un siècle au moins ! ».
_ Je ressens une très forte attirance sexuelle entre vous.
House, qui narguait Cuddy du regard, tourna vivement la tête vers Susan. La doyenne, quant à elle, la fixa avec un air ébahi.
_ Cette patiente à un problème neurologique ? demanda-t-elle.
_ Vous êtes lesbienne ? interrogea House.
_ Non… Je…
_ Avouez qu'elle est bien foutue !
Cuddy leva les yeux au ciel.
_ Je vois ! déclara Susan avec force.
_ Combien de doigts ?
Il lui en montra trois.
_ House, ça suffit ! Cette… Patiente… a visiblement… un problème PSYCHOLOGIQUE ! Envoyez la moi au troisième étage !
_ Vous vous aimez plus que vous ne voulez le laisser paraître.
_ J'ai une tâche de naissance sur la fesse droite. Vous seriez me la décrire ? demanda House en ouvrant grand les yeux.
_ Je voudrais bien voir ça. lâcha ironiquement Cuddy.
_ Vous voyez ? Cette attirance sexuelle est palpable. fit remarquer Susan.
_ House, c'est une ancienne call girl ? questionna la doyenne.
_ Non. Je ne crois pas… Eh ! Mais attendez !
_ Quoi encore…
_ Vous devriez vous asseoir et parler de vos sentiments respectifs et… poursuivit la jeune femme avec cérémonie.
_ Vous la ferme ! ordonnèrent House et Cuddy à l'unisson.
Le diagnosticien se tourna vers la doyenne et lui lança un regard narquois.
Sans savoir pourquoi, elle sentit ses joues s'enflammer.
_ Quoi ?
_ C'est bien connu, tout le monde sait que je ne suis pas insensible à vos deux pamplemousses et votre cul d'enfer…
_ Vous êtes un gros pervers qui fantasmez sur moi oui et en quoi ça me concerne ?
_ Elle a dit qu'il y avait une attirance sexuelle entre nous. Pas que j'étais attiré… Et vous n'avez rien démentit.
Le sentiment de chaleur se fit plus intense et les pommettes de Cuddy s'empourprèrent.
_ C'est ridicule ! s'exclama-t-elle.
_ J'vous aime bien. annonça House à Susan.
_ Je ne suis pas attirée par vous ! se récria la doyenne.
_ Rho… Mais j'vous comprends ! Je suis si séduisant, intelligent… sexy ! Comment ne pas craquer !
_ Vous avez payé cette femme pour me mettre dans cette situation ?
_ Quelle situation ?
_ Je… Et bien… Cette situation !
_ Vous êtes gênée ! affirma le diagnosticien, un brin rieur.
_ Bien sûr que non ! s'offusqua Cuddy qui avait de plus en plus chaud.
_ Décidément ! Je vous adore ! s'exclama House à l'attention de Susan qui observait la scène avec neutralité.
_ House ! Cette femme est dérangée ! martela sa supérieure.
_ Parce qu'elle vous a percé à jour ?
La doyenne décida de ne plus prêter attention au diagnosticien et se tourna vers la patiente.
_ Pourquoi êtes-vous là ?
_ Les cartes m'ont guidé jusqu'ici.
_ Fantastique ! s'exclama House avec cette tête de débile mental dont Cuddy avait horreur.
_ Je devais me rendre ici afin de remettre en ordre certaines ondes générées par vos sentiments mal exprimés.
_ Hein ? fit Cuddy en levant un sourcil.
_ Elle est en train de dire que nous sommes deux coincés attirés l'un par l'autre mais que nous n'avons pas assez de couilles… Désolé mais pour la parabole vous en avez. Donc que nous n'avons pas assez de couilles pour nous avouer notre amour respectif et ainsi panser nos blessures du passé et vivre heureux jusqu'à la fin de nos jours.
Susan sourit.
_ Jusque-là je vous suis bien ? lui demanda-t-il.
_ Le premier pas est fait.
_ J'appelle les infirmières !
_ Meuh non ! Elle est dérangée c'est clair. On va juste la laisser rentrer chez elle avec une sucette. Parce qu'elle a été une gentille fifille à sa maman ! Hein ! Et grâce à elle, je sais que maman Cuddy a envie de se taper papa House !
_ Dans vos rêves ! répliqua celle-ci.
_ Je rêve tout éveillé !
_ Je ne suis pas dérangée. déclara Susan.
_ En tout cas, continuez comme ça ! Vous irez très loin dans le monde de l'embrouille et de la tromperie ! Vous brouillez magnifiquement les ondes !
_ Hein ?
_ Le docteur House vous encourage à continuer d'arnaquer les gens comme vous le faite car vous êtes très persuasive et savez brouiller les pistes. expliqua Cuddy.
_ Ah vous voyez ! On est sur la même longueur d'onde ! C'est magnifique ! Vous avez réussi votre mission ! dit House avec un grand sourire.
Il se leva et passa devant Cuddy qui continuait d'observer Susan avec attention.
_ Je vous laisse ! D'autres patients à qui tirer les cartes, d'autres femmes à fourvoyer… La routine quoi !
Il donna une petite tape aux fesses de Cuddy et s'éloigna avec un clin d'œil.
Elle lui lança un regard noir mais ne dit rien. C'était déjà un miracle que personne n'ait remarqué ce geste déplacé. Elle se contenta donc de le regarder s'éloigner en se l'imaginant au bout d'une corde.
_ Vous aimez ça. Admettez-le.
Elle tourna lentement la tête vers Susan et la fusilla du regard.
_ Rentrez chez vous ou bientôt les seules ondes que vous réparerez seront celles de vos confrères à l'étage des malades mentaux.
_ Vous avez un problème de communication, si vous pouviez vous mettre à la place de l'autre…
Cuddy cligna plusieurs fois des yeux. Mais que faisait-elle encore là ? Elle secoua la tête et tourna les talons, laissant Susan débiter seule un monologue sans fin.
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_ Pas de cas intéressants... Qu'est-ce qu'on fait dans votre bureau ?
House leva les yeux vers Foreman et envoya valser le dossier à l'autre bout de la table.
_ J'aime votre compagnie.
_ Moi pas.
Le diagnosticien sourit.
_ Vous avez le résultat de la biopsie ?
_ Non. répondit-t-il.
_ De toute façon ça ne servirait à rien. On sait ce qu'il a. ajouta Cameron.
_ Ce truc sur sa fesse...
_ C'est une piqure d'abeille ! s'exclama-t-elle, exaspérée.
_ Qu'est-ce que vous en pensez Chase ?
_ Pourquoi me poser la question ? Depuis quand mon opinion vous intéresse-t-elle ?
_ C'était ma façon de vérifier si vous couchiez toujours avec Cameron ! Apparemment ça fait un moment que vous ne l'avez pas fait ! A vous entendre, vous êtes frustré !
Foreman rit silencieusement tandis que l'immunologiste fusillait House du regard et que Chase gigotait sur sa chaise, mal à l'aise.
_ Prévenez moi quand vous aurez les résultats. ordonna le diagnosticien en se levant.
_ Et là, qu'est-ce qu'on fait... Patron ? demanda le neurologue.
_ Consultations pour les premiers de la classe !
_ Et les votre pour le dernier ?
_ En l'occurrence... Vous !
_ Tsss. J'vais le dire à Cuddy.
House se tourna vers Chase.
_ Et vous me renierez par trois fois avant que le coq ne se mette à chanter? demanda-t-il en faisant la lippe.
_ Hein?
Cameron leva les yeux au ciel et sortit. Foreman sourit.
_ Judas a vendu Jésus pour de l'argent. Moi je le fais parce que ça m'amuse.
_ Vous direz alors à Cuddy que je n'aime pas les croix en bois.
_ Vous la préférez en métal ?
_ Non en or. Cameron se fera une joie de la porter pour moi.
Chase secoua la tête et se leva. House leur fit signe de sortir et se dirigea vers son bureau.
Il s'installa sur son siège, prit sa balle et s'amusa à l'envoyer en l'air. Il eut à peine le temps de l'envoyer trois fois en l'air qu'ELLE arrivait déjà. Il se redressa vivement et attrapa un boîtier d'où il retira un disque qu'il s'empressa d'insérer dans sa chaîne hifi. Cuddy posa la main sur la poignée de la porte. House appuya sur le bouton play avec jubilation.
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Cuddy poussa un soupir d'exaspération. Le diagnosticien lui fit un grand sourire.
Elle serra les dents et avança.
_ Vous n'êtes pas en consultation ?
_ Ce que m'a dit Susan m'a poussé à faire un travail sur mon moi profond et...
Cuddy ferma les yeux et inspira profondément.
_ Je me revisite intérieurement afin de peser le pour et le contre dans le but de...
_ Arrêtez ça !
_ De quoi ?
_ Arrêtez moi cette musique. ordonna-t-elle.
_ C'est un classique ! se défendit-il.
_ Tout de suite. précisa-t-elle.
_ Vous êtes dans mon bureau. Cette chanson n'éveille pas en vous une envie profonde de me sauter dessus ?
_ Là tout de suite... Plutôt oui ! Dans le seul et unique but de vous planter mes ongles dans votre cou ! répliqua-t-a avec animosité.
House déglutit.
_ Dit comme ça...
_ Allez en consultations !
_ J'ai un cas...
_ Non ! Vous n'avez pas de cas et même si vous en aviez un, là tout de suite, à cet instant précis, vous ne faites rien !
House jeta un coup d'œil innocent autour de lui.
_ Vous en êtes sûre ?
_ House...elle posa les mains sur son bureau. Je vous en prie...
_ Débordée ?
_ Oui. avoua-t-elle.
_ Je suis désolé pour vous !
_ Et moi je suis désolée de vous annoncer que votre salaire sera bientôt divisé en trois !
_ Mais ce n'était pourtant pas compliqué ! Vous arrivez, entendez Marvin Gaye, le désire monte en vous, vous sautez sur moi, on prend du bon temps et basta ! Pourquoi faut-il toujours que vous compliquiez les choses?
Un sourire malicieux se dessina sur le visage de Cuddy.
_ Excusez-moi. Je suis si confuse ! Si j'avais su… Je pourrais peut être faire quelque chose pour me faire... Pardonner.
House fronça les sourcils quand elle fit le tour du bureau et se planta devant lui. Il se leva en gardant cet air soupçonneux et la questionna du regard. Elle se rapprocha un peu plus de lui et fit courir ses doigts le long de son bras. House se laissa faire, d'un air ahuri. Cuddy se mit sur la pointe des pieds et effleura sa joue de ses lèvres.
_ Vous fantasmez à merveille House. Continuez comme ça. lui susurra-t-elle aux oreilles.
Le diagnosticien se crispa. Elle le poussa dans son siège et lui lança un regard triomphal.
_ Je vous hais. articula House.
_ Ravie de l'apprendre !
Elle tourna les talons et quitta la pièce en prenant bien soin de faire rouler ses hanches.
House la suivit d'un regard appréciateur.
Mais il était frustré... Vraiment frustré...
TBC...
