Bonjour et bonsoir à tout.e.s!

Je vous présente cette (presque) toute nouvelle fanfiction! En réalité c'est une *très* vieille histoire qui doit dater d'environ 2009/2010, et que j'ai décidé de remanier entièrement (parce que mon style d'écriture de l'époque c'était juste pas possible foutez-moi des baffes). Ce qui au départ devait être une petite fic à la con s'est progressivement transformé en un projet plus important, que je vais construire en plusieurs arcs. L'histoire commence avant le premier jeu Ace Attorney, qui se déroule en 2016 (véridique), et continuera ensuite en suivant plus ou moins les évènements des jeux suivants.
J'ai choisi de garder les noms anglais des personnages juste parce que je les trouve classe (et que j'arrive juste pas à appeler Miles "Benjamin" c'est le nom du cousin de mon mec merde).
Je suis toujours aussi nulle pour les titres et les résumés de mes fanfictions. Désolée.

Tous les personnages de cette histoire, en dehors de quelques Originals Characters, appartiennent à Capcom (paix sur eux).

J'espère que tout cela vous plaira. Bonne lecture!


ARC 1 : Rencontre

C'était le tout début du printemps. Le soleil se couchait, laissant passer quelques rayons orangés aux travers des nuages. Des cris d'enfants s'élevaient d'un parc avoisinant. A la terrasse d'un café, une jeune fille débarrassait les tables des quelques verres laissés par ses derniers clients. Un couple d'amoureux se promenait le long de la rue, bras dessus bras dessous, en riant ensemble. La soirée était calme, et plutôt douce pour la saison. Soudain une détonation se fit entendre, suivit d'un silence pesant puis de cris, effroyables, s'envolant parmi les oiseaux.

Plusieurs heures plus tard. Il faisait déjà nuit lorsque Miles Edgeworth quitta enfin son travail. Fatigué d'une pénible journée de travail, c'est avec délectation qu'il monta à bord de sa voiture et prit la direction de son domicile. Alors qu'il avait parcourut plus de la moitié de son trajet, il entendit la sonnerie de son téléphone retentir depuis la poche de sa veste, posée sur le siège passager. Il profita d'un arrêt au feu rouge pour regarder d'où provenait l'appel, et ne put retenir un soupir en décrochant

« Pour l'amour du ciel, Gumshoe, quand allez-vous enfin me laisser en paix ?! » Râla-t-il en guise d'accueil.

« Euh, désolé de vous déranger, monsieur, » fit la voix hésitante de l'inspecteur, « mais c'est qu'on a comme qui dirait, euh, un problème… »

« Quel genre de problème ? » Soupira le procureur.

« Un cadavre, monsieur ! »

Edgeworth se retint de souffler. Tout en redémarrant, il écouta l'inspecteur plutôt distraitement.

« On vient de trouver un mort dans un parc, monsieur ! Un suspect a déjà été arrêté et a été d'ores et déjà emmené au commissariat. »

« Fantastique. » Lui lança le jeune procureur avec un ton qui se voulait sarcastique, mais cela, l'inspecteur Dick Gumshoe ne semblait pas s'en être rendu compte. « Je ne vois cependant pas en quoi cela me concerne. »

« J'ai contacté le bureau du procureur monsieur, ils m'ont dit de directement vous appeler. »

Le procureur en déduisit que l'affaire allait certainement lui être confiée. Il retira un instant le téléphone de son oreille et jeta un coup d'œil à l'heure qu'il était. Il pouvait se permettre un bref détour.

« Bon, où êtes-vous ? » Demanda-t-il.

« Au parc Eric Ast, monsieur ! »

Edgeworth prit un instant pour réfléchir.

« Je suis là dans une dizaine de minutes. » Affirma-t-il.

« Bien monsieur ! »

La voiture de sport du procureur Miles Edgeworth se gara devant le parc Eric Ast quelques minutes plus tard. Le voyant arriver, l'inspecteur Gumshoe fonça à sa rencontre pour le mener jusqu'à la scène du crime où se trouvaient déjà une foule de policiers et quelques curieux passants qu'un agent en uniforme tentait désespérément d'éloigner. Ainsi qu'une jeune femme aux longs cheveux noirs munie d'un appareil photo. Au sol gisait le corps d'un homme baignant dans le sang qu'elle prenait en photo sous tous les angles possibles et imaginables. Remarquant l'arrivée de Gumshoe et Edgeworth, elle se tourna pour leur faire face.

« Ah, procureur Edgeworth, vous êtes enfin là? » Demanda la femme avant d'éteindre son appareil et de l'enfourner dans son sac.

Edgeworth l'observa un instant. Le visage de la jeune femme ne lui semblait pas étranger, bien qu'il soit incapable de se rappeler d'où lui venait cette impression.

« Et vous êtes...? » Commença-t-il prudemment.

« Anna Dunham, je travaille comme secrétaire juridique au bureau du procureur. »

Tout s'expliquait. Sans doute l'avait-il déjà croisé un jour dans un couloir.

« Et je peux savoir ce que vous faites ici, exactement ? » Continua le jeune homme.

« Et bien, il se trouve que j'étais dans le coin, et... »

« Vous avez été témoin du meurtre ? » La coupa Edgeworth,

« Non, en fait je suis arrivée il y a peu de temps, et j'ai été intriguée par la foule. Il y avait déjà quelques policiers, j'ai entendu l'inspecteur Gumshoe dire qu'il cherchait à joindre le bureau du procureur alors je lui ai donné le numéro pour qu'il les contacte et j'en ai profité pour leur signaler ma présence sur les lieux. On m'a alors dit qu'on allait vous assigner le cas et que je pouvais commencer à monter le dossier en vous attendant. »

Edgeworth se massa doucement les tempes. Cette affaire n'avait même pas encore commencée qu'elle lui donnait déjà mal à la tête. Sentant l'irrépressible envie de rentrer chez lui s'emparer de son être, il entreprit de faire un point sur la situation.

« Bien. Le nom de la victime ? »

« Avre, Kad. Vingt-neuf ans, il travaillait dans un hôtel du centre ville. » Récita Gumshoe.

« La cause de la mort ? »

« Une blessure par balle dans le thorax. »

« Heure du décès ? »

« Euh… » Gumshoe regarda nerveusement sa montre. « Entre 19h et 19h30. »

« Il y a des témoins ? »

« Oui, une jeune femme qui... »

« Et vous m'avez dit qu'un suspect avait été arrêté? » Le coupa Edgeworth qui voulait en finir rapidement.

« Euh, oui… »

« Et vous avez des preuves de sa culpabilité ? »

« Et bien, euh, oui, oui… » Bafouilla l'inspecteur.

« Bon et bien, vous n'avez pas besoin de moi ici. » Déclara le procureur.

Sur ce, Edgeworth tourna les talons et retourna jusqu'à sa voiture, laissant les deux s'occuper tous seuls de leur victime.

« Il est tout le temps comme ça ? » Demanda Anna Dunham en jetant un regard en coin à Gumshoe.

Miles Edgeworth passa les portes de l'ascenseur, ce matin-là, sans beaucoup d'enthousiasme. Il savait qu'une nouvelle affaire allait l'attendre et n'était guère motivé par cette dernière. Ce ne serait qu'une de ces petites affaires sans grande importance de plus à ajouter à son palmarès. Pas de grand chalenge, pas de grand honneur. Il longea les nombreuses portes qui ornaient le couloir jusqu'à arriver d'un pas lent à celle qui donnait sur son bureau. Il fit tourner la clé dans la serrure quand il entendit son nom résonner derrière lui.

Il se retourna, surpris, pour faire face à la jeune femme qu'il avait croisé la veille au parc Eric Ast.

« Procureur Edgeworth! Bonjour. » Le salua-t-elle. « Je vous cherchais justement. »

Sans un mot de plus, elle lui tendit un dossier.

« J'ai mis en page le dossier de l'affaire Avre, j'ai pensé que vous voudriez le lire. »

Voilà que maintenant les dossiers venaient d'eux-mêmes jusqu'à lui. On n'arrête pas le progrès.

« Merci beaucoup Mademoiselle... » Commença Edgeworth avant de laisser flotter un silence.

« … Dunham. Anna Dunham. »

« Mademoiselle Dunham. Excusez-moi j'ai un peu de mal avec les noms. »

« Il n'y a pas de mal, monsieur. A plus tard. »

Elle se tourna vivement puis s'éloigna vers l'ascenseur sans rien dire de plus. Un instant, Miles se demanda s'il ne l'avait pas vexée en ne se souvenant pas de son nom. Il entra enfin dans son bureau, une pièce spacieuse et joliment décorée, ornée d'une large bibliothèque qui s'étendait sur toute la longueur du mur de droite, et devant laquelle se trouvait un plateau d'échec. Contre le mur d'en face était disposé un sofa dans les tons pourpre et d'apparence confortable, surmonté d'un costume encadré accroché au mur. Le bureau en bois massif, bien rangé, se trouvait au fond de la pièce et faisait face à la porte. Enfin, la baie vitrée derrière le bureau apportait une belle luminosité à toute la pièce, ainsi qu'une vue imprenable sur la ville.

Miles s'avança et posa sa veste sur le sofa avant d'aller s'installer à son bureau et de commencer à travailler sur cette fameuse affaire.

Il ouvrit la première page du dossier que mademoiselle Dunham lui avait fourni et jeta un coup d'œil aux différents documents qu'il contenait : une table des matières indiquant les différents documents contenus à l'intérieur, puis des chemises numérotées et marquée. Rapport d'autopsie, photos de la scène de crimes, dépositions des témoins... Il n'y avait pas à dire, c'était du bon travail.

Il commença par lire le rapport d'autopsie. La victime s'appelait Kad Avre, âgé de vingt-neuf ans, et était agent d'accueil dans un hôtel proche du parc où son corps a été retrouvé. La cause de sa mort était une blessure par balle dans la poitrine, ayant entraîné une perforation du poumon gauche ainsi qu'une hémorragie interne importante. Heure estimée de la mort : entre 19h et 19h30. Jusque là, rien de vraiment nouveau qu'il ne savait pas déjà. Il tourna la page et s'intéressa alors aux photos prises par, il le supposait, mademoiselle Dunham.

Il devait admettre que cette jeune femme avait fait un travail remarquable. Ses photos étaient nettes, précises, et donnaient lorsqu'on les regardait toutes à tour de rôle une bonne vision d'ensemble de l'état dans lequel la victime avait été retrouvée. Il était allonge sur le sol, face contre terre dans une flaque de sang, dont un filet lui sortait de la bouche. Tout cela n'était certes pas très réjouissant pour commencer sa journée. Mais après tout, quelque part, il y était habitué.

Il continua dans sa lancée et lu la fiche sur l'accusé : Jean Nemmard, quarante-quatre ans, jardinier, a été vu par le témoin sur le lieu du crime au moment des faits. Aucun lien n'a pu être trouvé entre cet homme et la victime, si ce n'est qu'ils ont tous deux fréquenté le même bar-tabac le soir du meurtre. Le suspect a été formellement identifié par le témoin et arrêté rapidement par la police. Décidément, plus sa lecture avançait, plus Edgeworth avait le sentiment qu'on lui avait mâché le travail tant tout semblait évident et facile dans cette affaire. Il fouilla dans les documents restant pour trouver la fameuse déposition du témoin. Il s'agissait d'une certaine Lisa Desyeux, vingt-deux ans, étudiante en histoire des arts.

« Je me promenais près du parc, quand j'ai entendu des voix d'hommes. Ils semblaient se disputer. Ils parlaient si fort que je n'ai pas pu y échapper. Je n'ai pas vraiment compris ce qu'ils disaient, car je ne faisais pas trop attention. À un moment, j'ai entendu un bruit sourd, un « BANG ! », un bruit de pistolet. J'ai aussitôt regardé dans la direction du coup, et j'ai vu cet homme – l'accusé – rester stoïque quelques secondes puis s'enfuir. Quand je me suis approchée, j'ai vu un homme par terre. Alors j'ai aussitôt appelé la police, puis je suis restée près du corps en attendant. »

Lentement, Miles rangea tous les papiers dans la chemise et la referma délicatement. Une affaire simple, courte, sans prise de tête. C'était exactement ce qu'il lui fallait. Il se détendit un peu le cou, lorsqu'on frappa à la porte. Apres y avoir été invité, le visage d'Anna Dunham passa par l'embrasure de la porte avec un sourire confus aux lèvres.

« Procureur Edgeworth, excusez-moi de vous déranger. »

Miles lui fit signe d'entrer. Elle s'avança alors vers l'intérieur du bureau.

« Nous avons convoqué la témoin de l'affaire, Mademoiselle Lisa Desyeux. Elle est ici, si vous voulez lui parler. » Lui annonça la jeune femme.

« Ici ? » Demanda Benjamin.

« Enfin, ici, au bureau du procureur. Pas derrière la porte. »

« Très bien, je vous retrouve au bureau des témoins. » Conclut Edgeworth.

« En fait, elle est dans mon bureau. »

Un court silence s'installa entre eux, durant lequel Miles leva un regard interrogateur vers son interlocutrice.

« Elle a fait une espèce de crise d'angoisse dans la salle d'attente, sûrement à cause de la foule… J'ai réussi à la calmer en lui proposant de venir boire un thé dans mon bureau, mais elle refuse de redescendre maintenant. »

Edgeworth fit de son mieux pour retenir un soupir.

« Très bien, j'arrive. » Se résigna-t-il.

« Mon bureau est au septième étage, troisième porte à gauche après l'ascenseur. Vous ne pouvez pas le manquer, il y a mon nom dessus. » Lui dit-elle en quittant le bureau.

Edgeworth la regarda refermer la porte derrière elle, et lâcha finalement son soupir retenu. Il n'aimait pas les témoins fragiles. Il n'y avait rien de personnel là-dedans, mais ce genre de témoins était souvent plus facilement manipulable par les avocats pour leur faire dire des choses qu'ils ne devraient pas. Il espéra juste que cette Lisa Desyeux soit fiable dans son récit. Il relut son témoignage une dernière fois avant de se lever et de se rendre au troisième bureau sur la gauche au septième étage. Après vérification, il y avait bien le nom « DUNHAM Anna » parmi les trois affichés sur la porte. Etrangement, quand il voyait un nom écrit, il arrivait à faire le lien avec la personne. Par contre, faire le lien entre un visage et son nom, cela lui était plus difficile. Il frappa quelques coups contre le panneau en bois et entendis une voix l'inviter à entrer à travers la porte.

La pièce, qui sans être minuscule lui parut assez exiguë, comportait trois bureaux bien chargés en papiers, pots à crayons, ordinateurs et autres effets personnels. Assise à l'un d'eux, une jeune fille aux cheveux courts châtain clair triturait nerveusement ses mains, pendant qu'une autre, à l'autre bout de la pièce, faisait chauffer de l'eau dans une bouilloire électrique. Anna, un sachet de thé industriel à la main, se tourna vers le procureur.

« Vous voulez du thé ? » Lui proposa-t-elle en se saisissant d'un mug coloré.

« Non merci, sans façon. » Refusa-t-il poliment.

Elle versa l'eau chaude dans deux tasses, qu'elle porta vers le bureau devant lequel la témoin était installée.

« Lisa, » dit doucement Anna en se penchant légèrement vers la jeune fille, « je vous présente le procureur Edgeworth, c'est lui qui représentera l'accusation au procès. »

La jeune fille leva brièvement les yeux vers lui, l'observa une seconde par-dessus la fine monture de ses lunettes puis détourna presque aussitôt le regard en murmurant un bref « Enchantée » à peine audible. Sans mot dire, Edgeworth prit place en face d'elle. Mal à l'aise, Lisa de tortilla dans son siège, s'enfonçant un peu plus au fond de l'assise. Anna attrapa une chaise qu'elle plaça à côté du témoin, et s'y installa.

« Donc, vous me disiez que vous étiez étudiante, c'est bien ça ? »

« Oui. » Répondit doucement Lisa en se tournant vers elle. « En histoire de l'art. »

Elle jeta un bref coup d'œil nerveux en direction d'Edgeworth, avant de fixer ses mains qu'elle tortillait sur ses genoux. Anna posa délicatement une main sur son épaule.

« Vous voulez bien nous raconter ce qu'il s'est passé hier ? »

Lisa avala sa salive, et prit une grande inspiration.

« J'étais partie au parc pour un projet scolaire. Je voulais dessiner le lac au coucher du soleil. »

« Et c'est en cherchant le lac que vous avez entendu des voix ? » Continua Anna avant de prendre une gorgée de thé.

« C'est ça, oui. Deux voix d'hommes. Ils avaient l'air de se disputer. »

« Vous avez entendu quelque chose en particulier, dans ce qu'ils ont dit ? »

« Pas vraiment, non… »

« Il me semble que dans votre déclaration, vous disiez que ces hommes parlaient fort. » Fit remarquer la brune. « Il n'y a vraiment rien qui vous a marqué ? »

Lisa Desyeux resta silencieuse un bref instant, mess yeux dans le vague, semblant fouiller dans sa mémoire.

« Et bien… Peut être oui. Il me semble que l'un d'eux a parlé d'argent. J'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'une somme importante, je crois. Mais je n'en sais pas plus, je suis désolée… »

« Et c'est suite à ça que vous avez entendu le coup de feu ? » Intervint alors Edgeworth.

Lisa se figea. Hésitante, elle passa plusieurs fois son regard entre Miles et Anna, avant de reprendre la parole d'une voix un peu tremblante.

« Non, pas tout de suite… D'abord j'ai eu le temps de marcher un peu. Je les avais dépassés de quelques mètres quand l'un d'eux a tiré. Je me suis retournée, sur le coup de la surprise, et j'ai vu l'un des deux hommes s'écrouler. L'autre est resté sans bouger, puis il est parti en courant. »

Anna se tourna soudain, attrapant quelque chose posé sur le bureau derrière elle.

« L'homme que vous avez vu, » commença Anna en lui présentant la photo d'un homme d'environ une cinquantaine d'années, « c'était lui ? »

Lisa observa la photographie un instant, pensive.

« Oui… C'est possible. » Conclut-elle.

« Il nous faudrait quelque chose d'un peu plus solide que de simples suppositions. » Fit remarquer Edgeworth.

« Je suis désolée. Mais je pense que c'est bien lui. En tout cas il lui ressemble beaucoup. »

« Essayez de vous montrer un peu plus convaincante le jour du procès. »

« Je… Je vais essayer. » Bafouilla la jeune fille.

« Quand l'accusé s'est enfuit, qu'est ce que vous avez fait ? » Lui demanda ensuite Anna.

« Je me suis approchée, et… J'ai vu l'autre homme par terre. Il y avait du sang partout… Je n'ai pas pu m'empêcher de crier. J'ai attrapé mon téléphone pour appeler la police, mais j'ai vu des policiers courir vers moi, ils ont dû être alertés par mon cri. »

Miles écoutait, silencieux. Quelque chose le chiffonnait, sans qu'il arrive à mettre le doigt dessus. Tandis que Lisa continuait à parler, il se remémora soudain la déposition que le témoin avait donnée et qu'il avait lue dans le dossier de l'affaire. Un détail clochait, et il valait mieux éclaircir ce point maintenant plutôt que pendant le procès.

« Mademoiselle Desyeux… » L'interrompit-il.

« Euh, Oui ? » Sursauta-t-elle.

« Dans votre précédente déposition, vous avez affirmé avoir contacté la police puis avoir attendu son arrivé près du corps, n'est ce pas ? »

La jeune fille le fixa, une moue penaude sur le visage, comme une enfant prise en faute. Un silence plana entre les trois personnes.

« En vérité, » Reprit timidement Lisa, « lors de ma précédente déposition, l'inspecteur m'intimidait tellement, je me suis un peu embrouillée, et sans que je m'en aperçoive, j'ai dit que j'avais appelé la police depuis mon téléphone… »

« J'aurais jamais cru que Gumshoe puisse faire peur à quelqu'un.» Se moqua gentiment Anna.

« Donc, que s'est-il vraiment passé ? » L'interrogea Edgeworth.

« Je vous l'ai dit, j'ai crié en voyant le corps, et des agents de police sont arrivés. L'un d'eux a tenté d'appeler les secours, mais un autre lui a dit que c'était trop tard et qu'il devait faire venir du renfort. »

Elle laissa sa voix s'éteindre, et baissa la tête.

« Bien. » Dit finalement Edgeworth en se levant. « Je vous remercie. »

Son regard croisa une seconde celui d'Anna qui se leva à son tour. Il l'entendit dire au témoin qu'elle revenait alors qu'il quittait la pièce. Elle passa la porte quelques secondes après lui, et la referma derrière elle.

« Au moins, on a évité un sacré malentendu. » Soupira la jeune femme.

« Je ne vous le fait pas dire. En général, les avocats de la défense ont le chic de mettre le doigt pile là où ça fait le plus mal. »

« En parlant d'avocat, vous savez qui assurera la défense de l'accusé ? » Demanda la brune.

« Non, l'information ne m'est pas parvenue. » Admit-il.

« J'ai reçu une note à ce sujet tout à l'heure, mais je ne sais pas trop comment prononcer son nom correctement… Quelque chose comme ''yeur'' ou ''vieur''.»

« Ça ne me dit rien. » Dût admettre le procureur. « Nous verrons bien demain au procès. »

Après de brèves formules de politesses, ils prirent finalement congé. Edgeworth se dirigea vers l'ascenseur alors qu'Anna disparaissait derrière la porte de son bureau. Quelques minutes plus tard, ce fut au tour du procureur de pousser celle du sien, dans lequel il se trouva nez à nez avec un inspecteur zélé.

« Ah, vous voilà, monsieur ! »

« Gumshoe. Que me vaut votre visite ? » Demanda-t-il en s'avançant vers le fond de la pièce.

« Je suis venu vous présenter les preuves que nous avons trouvées ! »

L'inspecteur Dick Gumshoe posa sur le bureau d'Edgeworth une mallette qu'il s'empressa d'ouvrir. A l'intérieur se trouvait un révolver, une balle ainsi qu'un rapport de balistique, des photos d'empreintes de chaussures et de semelles et un dossier d'empreintes digitales.

« La balle a été extraite du corps, et provient du revolver que voici. » Commença l'inspecteur en désignant chacun des objets qu'il citait, « On a retrouvé l'arme dans une poubelle près du parc, mais on n'a trouvé aucune empreintes dessus. En revanche, on a retrouvé des traces de pas près du corps qui correspondent à la semelle des chaussures que l'accusé portait le jour du meurtre ! »

« Merci, inspecteur. » Répondit Edgeworth en le congédiant.

Le procureur replaça le pistolet sous scellé dans la mallette avec laquelle Gumshoe était arrivé, s'installa ensuite à son bureau, et s'affaira à ajouter les preuves dont il disposait à présent dans le dossier regroupant tous les éléments dont il aurait besoin lors du procès. Il entreprit alors de reprendre chaque élément du dossier un par un, afin d'être sûr de n'omettre aucun détails lors du procès qui se tiendrait le lendemain. Il reprit la déclaration de la témoin, Lisa Desyeux, en y ajoutant quelques notes manuscrites pour se remémorer les modifications qu'elle venait de lui apporter à l'oral. Il relut ensuite entièrement le rapport d'autopsie, ainsi que celui de la balistique confirmant que la balle retrouvée dans le corps de la victime provenait bien du pistolet retrouvé. Il observa une nouvelle fois chacune des photos misent à sa disposition, entre celles prises par mademoiselle Dunham montrant le corps de la victime, et celles des empreintes de chaussures trouvées près du corps. Au final, ce dossier lui parut assez complet, même s'il lui manquait quelque chose de crucial : une preuve irréfutable.

Aucune empreinte digitale appartenant à l'accusé n'a été trouvée sur l'arme du crime, et le témoignage de mademoiselle Desyeux était quelque peu incertain. Il avait donc tout intérêt à connaitre son dossier sur le bout des doigts et à se montrer très convaincant.

Le téléphone de son bureau se mit alors à sonner. Repoussant le tas de feuilles qui lui faisait face, il se saisit du combiné et le porta à son oreille.

« Edgeworth. »

« Oui, Procureur ? C'est mademoiselle Dunham, désolée de vous déranger. »

Sa voix semblait moins assurée que précédemment. Edgeworth n'aimait pas ça.

« Voilà, euh… » Hésita-t-elle. « Mademoiselle Desyeux vient tout juste de partir, et elle aurait une requête à vous soumettre. Elle souhaiterait que j'assiste au procès demain. »

Miles laissa planer un bref silence. La demande ne lui paraissait pas problématique.

« Je n'y vois pas d'inconvénient, les tribunes sont accessibles au public. » Fit-il remarquer.

« Non, vous n'avez pas compris… Elle m'a demandé d'être présente au box de l'accusation. »

Le procureur manqua de faire tomber son téléphone sur son bureau.

« Je vous demande pardon ? »

« Ça ne m'enchante pas plus que vous… » Avoua la jeune femme en soupirant. « Mais elle m'a bien fait comprendre que ma présence la rassurerait. »

Miles Edgeworth réfléchit. Il n'avait pourtant pas tellement l'impression d'avoir le choix. Refuser serait risquer d'avoir un témoin, leur seul témoin qui plus est, en incapacité de témoigner.

« Très bien, je vais faire une demande auprès du procureur en chef, je vous enverrai un mail pour confirmer. »

« D'accord. Merci. »

Il entendit le bruit caractéristique d'un téléphone que l'on raccroche, suit immédiatement d'une tonalité régulière. Il lâcha un soupir puis, relançant la ligne téléphonique, tapa le numéro du bureau du procureur en chef sur son clavier.

Environ une demi-heure plus tard, Anna Dunham reçu une notification sur son téléphone portable lui indiquant que sa boite de messagerie professionnelle venait de recevoir un nouveau message. Elle quitta son dossier des yeux pour se saisir de sa souris et alla cliquer sur l'icône de mail de son ordinateur.

Un nouvel e-mail de la part de Miles Edgeworth venait de lui être envoyé. Elle cliqua dessus, et observa la page qui venait de s'ouvrir.

« Mlle Dunham,
Le procureur en chef a accepté votre présence au box de l'accusation pour le procès de monsieur Nemmard, Jean. Je vous donne rendez-vous au tribunal demain matin à 9h30 pour faire un dernier point avant le début du procès qui se tiendra à 10h.

Cordialement,
Procureur Miles Edgeworth.
»

Anna souffla. Elle n'arrivait pas bien à savoir si cela était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Elle se rendait bien compte que la témoin ne semblait se sentir à l'aise qu'en sa présence, mais elle n'avait jusque-là jamais participé à un procès, et malgré ses quelques connaissances en droit, elle n'était pas sûre d'avoir les capacités pour se tenir auprès d'un procureur. Au final, cela la stressait. Elle tenta de se rassurer en se disant qu'elle avait encore jusqu'au lendemain pour revoir le dossier en entier, histoire de pouvoir se tenir prête en cas de besoin. En fait, elle avait l'impression d'être revenue au temps de ses études et de devoir réviser pour un examen. Elle n'aimait pas vraiment cette sensation. Une demi-heure avant de quitter son bureau, elle scanna tous les éléments du dossier et les plaça ensuite dans une petite clé USB qu'elle balança dans son sac. Une petite soirée à potasser devant un grand mug de café l'attendait.