Hey hey !
Bonjours à toutes et tous ;) Première fic sur l'univers de Magi dont je rêvais depuis un petit bout de temps d'écrire. Reliquaire est une fic exigeante, lente j'imagine en comparaison avec beaucoup d'autres, mais tout est là pour vous, il s'agit d'une contemplation de la langoureuse fin du monde de l'enfance, et Simbad qui en est le narrateur et personnage principal est sur le point d'oublier ce spectre aux réminiscences amères.
Une fic pour l'instant assez courte, je n'ai pas trop d'idée de la longueur exacte (moins de 100 000 caractères en tout cas, c'est sûr ^^ - oui je suis très précis je sais hehe), je vais me laisser porter par l'écriture. Autre chose : il y aura bien du yaoi, même assez cru mais pas de violence ou de cruauté justement, pas de viols ou d'autres horreurs ! Bref, bonne lecture et que le vent souffle dans vos cœurs :
RELIQUAIRE
Première partie
(1)
Écouter : Risen 2: Dark Waters OST - Kaldera (#04)
La région de l'Estuaire se prolongeait plusieurs kilomètres encore dans un paysage désertique dont je reconnaissais vaguement toute l'authenticité. La route de sable gravillonné me conduisit plusieurs jours moi et le petit convoi de marchandise de la compagnie de vin nommée Serhel jusqu'à un camp qui se trouvait en bordure de la ville. Tout du moins c'est ce que je pensais enfin ce que j'avais compris des gardes qui nous escortais, rien de plus, rien de moins. Ce petit refuge était ainsi prostré dans la vallée aride, qu'un simple voyageur ne pourrait le remarquer s'il n'y prenait pas garde. Quelques chaumières posées ça et là sur le sable infini comme des perles fragiles, avec leurs toits de terre abimée par les précipitations sauvages et soudaines de cet été calamiteux; tous ces petits tas de pierre pouvaient aisément passer inaperçus pour un aspirant voyageur.
J'ai tout de suite senti l'air se faire plus dense, plus vivant et mon cœur ne pouvait que s'accélérer.
Je voyais sur mes côté des vieillards couverts de tous les tissus imaginables, tremblant de faim ou de soif, attroupé dans ce qui semblait être une file d'attente gigantesque. Tout ce vieux monde devait être réuni dans le but d'avoir un peu quoi se désaltérer car un peu plus loin, perdu dans un brouillard évanescent de turbans ou de dos craquelés dorés, il y avait une fontaine minuscule. Son petit jet d'eau tenait plus du mirage que de la source sure.
Nouveau sentiment de détresse intime. Mais je ne dit rien, je ne fit aucune remarque à mes compagnons de routes - avec qui j'avais pourtant confié une partie de mon passé - et me dirigeais vers un coin d'ombre pour prendre du repos.
Adossé à un large mur, il y avait un homme entièrement vêtu d'un blanc aveuglant. Mais contrairement aux autres il était plus jeune, et surtout il avait une barbe très sombre qu'il portait bien fournie. A sa ceinture une épée dont la lame était révélée. Un frisson involontaire parcouru mon dos tandis que l'éclat de la lame faisait des échos lumineux aux derniers massacres sur la cote Ouest auxquels j'avais assistés. Plus jamais ceci. L'homme se présenta comme un prêtre et ne me parla pas avec candeur, il semblait obnubilé par des affaires actuelles et ne manqua pas de m'envoyer ailleurs dès qu'il eut finit de me présenter le camp.
"Ce n'est pas un camp, c'est un village."
"Oui, pardonnez-moi, je cherche simplement un endroit pour passer la nuit."
"Vérifiez à la petite auberge qui est tout au nord de la place centrale, sinon, je ne vois pas d'autres endroits."
"Les gens d'ici sont cléments ?" Demandais-je avec toute mon innocence.
"Comment ça, cléments ?"
"Vous pensez qu'ils me laisseraient dormir chez eux ?"
"Pour qui vous prenez vous ?" Il me lança un regard de serpent, inquiet, furieux et décidément fourbe. Ses poils semblaient se hérisser. "Si vous vous introduisiez chez un habitant cette nuit je vous ferait enfermer dans la prison !"
Une introduction plaisant à laquelle il rajouta un :
"Et maintenant dégagez."
Je me retenais de faire la moindre objection, déjà content d'avoir pu trouver quelques indications.
OoOoOoO
Sur place, l'auberge ressemblait à une série de chambre collées les unes aux autres le tout mixé dans une ambiance des plus nauséabondes. Des lustres fait d'ossements pendaient malheureusement aux plafonds dégarnis de toute autre décoration. L'air y été lourd et similaire à celui d'un caveau. De l'auberge en ruine au mausolée, il n'y avait qu'un pas. Pour compenser cet accueil morbide qui m'avais bien refroidi, il y eut les chaleureuses exclamations de l'aubergiste quand il apprit mon prénom :
"Ah mais, Simbad ! Simbad le Marin donc ! Le maitre des mers... des océans ! Enfin de tout ce qui brille sur Terre !"
Oui, j'acquiesçai, c'était bien moi, et pourtant je me sentait assez étranger à tous les patronymes que l'on avait pu me donner qui m'étaient énoncé avec tant de joie et de ferveur. La soirée tombait, j'étais installé sur de confortables coussins serties de belles pierres et l'on me traitait avec la plus grande délicatesse, comme si j'avais été un sultan, l'espace de quelques heures. Le vaillant aubergiste devait être heureux d'abriter pour une nuit quelqu'un dont on pouvait entendre les louanges en de pareilles soirées, chantées par des troubadours lascifs.
" Et donc tu comptes rejoindre Incarna ?"
"Oui, c'est cette ville que je dois rejoindre." Avouais-je à des clients qui se trouvaient à côté de moi dans la taverne.
"Cette ville est pas nette, surtout depuis quelques temps." Commenta un gros type tout près du premier curieux.
"Le maitre d'Incarna a encore fait des siennes." Murmura un autre. "On ne peut plus se balader en ville sans croiser de milice ou d'esclaves. je ne sais pas ce qui est le mieux."
"Au moins..." Un homme très jeune, bien battis enchaina. "Au moins là-bas il y a du travail."
"Ne te plains pas l'ami... tu trouveras de quoi t'occuper quand ton enfant naitra, crois-moi."
"Horreur..." Souffla le prochain père en arrosant son gosier.
Je souriais à l'évocation de cet évènement qui changerait certainement la mine déconfite de ce jeune homme. Il semblait en proie à une fatigue irréelle : tout le long de la soirée que j'ai passé en la compagnie de ces hommes, il ne s'arrêtait plus de bailler ou de se frotter les yeux nonchalamment, comme pour vaincre un sommeil perpétuel. Je ne pouvais mettre ceci uniquement sous le compte de l'heure ou la boisson. Ce garçon était visiblement plus fragile que les autres de son âge et je m'en inquiétait plus que de raisons, pour finalement évanouir mes élucubrations dans l'animation environnante et le gout du raisin fermenté dans ma bouche.
"Alors vous ne voyagez pas tout seul ?"
"Il faudrait être taré pour oser s'aventurer dans le désert à moins d'être bien accompagné !"
"Il doit être avec les marchands que j'ai aperçu plus tôt."
"En tout cas, il ne parle plus grand mot."
OoOoOoO
La soirée s'est poursuivie avec quelques cadeaux bienvenus : pour me remercier l'on organisa un petit concours de danse que je gagnais aisément. J'ai toujours été bon à remuer mon corps, pas forcément devant les gens, mais là, entouré de belles femmes et sur une musique entraînante je ne pouvais que bien me porter et donner du spectacle aux convives. Quelques membres de la compagnie de vin Serhel ayant assisté à la petite compétition prirent la peine de m'offrir une petit partie de leur stock. Je n'en acceptais qu'une maigre bouteille que nous achevâmes de boire tous ensemble avant de gagner plaisamment nos quartiers personnels à chacun.
La petite ébriété dont je souffrais avec un grand plaisir me coucha sur un lit très agréable où je m'étendais et m'étiraient. La nuit était froide au dehors, d'un bleu métallique, mais je décidai de me dévêtir complètement pour ne pas perturber mon sommeil. J'ai toujours eu du mal à m'endormir, tout spécialement dans les maisons ou les chambres des autres, toujours. et pour ajouter à ma condition, mes rêves - si l'on peut nommer ces choses que je voyais une fois endormi - me terrorisaient au point que je craignais d'en faire chaque nuit. Des rêves, il parait que l'on ne s'en souvient que d'une fois sur dix environ, mais c'était une raison pour avoir une sérieuse affliction envers le sommeil.
Le sommeil est une perte de temps. tout le monde sait cela, non ?
Au petit matin, après avoir remercié le ciel clair de dune pour ne pas m'avoir laissé en proie aux démons des cauchemars, je me levai avec de l'entrain et gagnai les étages inférieurs pour régler ma nuit - après m'être bien sûr lavé dans la bassine prévue à cet effet et coiffé. Toutes ces chose matinales me prirent un bon bout de temps, mais je me devais d'être présentable - et même plus - à mon arrivée cet après-midi à Incarna. Je me devais de faire bonne impression et quelque chose me disait qu'un peu de parfum ne serait pas de refus pour moi.
L'aubergiste me proposa quelques bouteilles que des clients vendaient et j'en prenais une contenant des feuilles d'oranger. j'ai toujours aimé cette odeur et elle me transportait autant que je la transportais le long de mon chemin jusqu'au convoi des marchands. tout le monde semblait avoir bien dormi, même moi j'avais pu regagné confiance avec cette tranquillité. Nous pouvions repartir avec le soleil et sa lente ascension, c'était la fin de mon périple et je sautillais littéralement sur place à l'idée de revoir mon cher ami.
Mon ami, tête soleil parmi les autres soleils. Je devais être en forme pour le rencontrer.
Aussi je prolongeais un peu ma nuit dans les bas-fonds de la caravane où je voyageais, perdu entre des barriques d'épices ou des caisses aux diverses odeurs âcres ou bien persillés, je passais ensuite un peu de temps à rêvasser - éveillé cette fois-ci - avant de poser ma tête entre mes mains pour regarder défiler les paysage. Bientôt, les champs désertiques se verdirent avec les kilomètres et nous arrivâmes à destination. Le mer désert était alors réduite à des trouées orangées dans une autre mer de végétation luxuriante, basse mais bien touffue. L'eau devait couler en abondance dans la région, et ce, malgré les dernières invasions et les guerres barbares de ces années sombres. Quel plaisir de voir ici enfin, des enfants jouer sur le bas des routes, ou bien grandes demeures se jouer des rayons du soleil avec des miroirs savamment installés, des lanternes magiques qui fonctionnent perpétuellement et des étalages de marchands au combien alléchants. Tout une ville en ébullition tranquille.
Depuis le haut d'un parapet d'archers tout de marbre construit, je fut interrogé sur mes intentions. Je répondais avec précision, sans me cacher le moindre du monde :
"Je viens voir un vieil ami à moi."
"Et comment s'appelle cet homme que tu cherches à Incarna ?"
"Il est seigneur ici, il se nomme Alibaba."
Des murmures d'approbation suivirent cette annonce, l'un des gardes semblait refuser mon accès mais les autres le firent entendre raison, je ne saurai jamais comment et pourquoi j'en suis arrivé à pénétrer dans la ville, mais en tout état de cause, me voilà accueilli sagement par les gardes, armes baissées.
Incarna...
A peine avais-je fais quelques pas dans son enceinte que certains souvenirs me tenaillaient à la gorge, il y avait mille et unes étoiles dans un ciel d'hiver et nous étions au moins tout autant. A mes côté Alibaba contrôlaient une bande de voleurs et nous étions désespérément jeunes à ce moment de nos vies, j'en suis encore surpris. Dans ma vision ancestrale, il y a une grande tour aux allures de bibliothèque des arcanes qui se dresse au milieu de l'infinité de la mer désert, et notre bande de compagnons nous suivait partout où nous le souhaitions. Nous étions certainement insouciants, rêveurs, volontiers idéalistes voire utopistes et nous chercherions de l'or par dessus tous les plaisirs possible.
Cet amas brillant de richesses.
L'or allait tout nous offrir.
Alibaba était à l'époque mon seul et unique ami, j'avais laissé en moi les échos impérissables de sa bonté, de sa bonne humeur, et même aussi, de sa tendance à mentir pour me faire plaisir ou pour tromper quelques ennemis, de se cacher derrière un rempart qu'aujourd'hui on appellerait sourire car il semble commun de l'appeler ainsi, mais à l'époque il s'agissait plus d'un rictus facial que d'autre chose. Je me demandai si ce charmant homme blond avait finalement trouvé une femme sur qui compter et si les aventures étaient toujours au rendez-vous. Si la vie lui souriait toujours, si les idées folles de la jeunesse ne l'avaient pas déjà quitté, tout ça je mourrais intimement d'impatience de l'apprendre de sa voix.
Car de mon côté, j'avais abandonné depuis longtemps nos idées de jeunes pilleurs et m'en remettait entièrement à mon destin de navigateur.
Car de mon côté, j'en étais presque las, de vivre ce que je vivais alors.
OoOoOoO
