Bonjour à tous!
Finie la saison 4! Il faut patienter jusqu'à la saison 5, et une chose est sure, je ne suis pas patiente! Du coup, j'ai décidé de tromper ma frustration en écrivant moi-même sur les Sons of Anarchy!
Dieu seul sait comment m'est venue l'idée de cet OC, mais il s'est imposé à moi dès la première saison, alors je l'exploite. Comme je ne souhaite pas trahir le génie du créateur de SoA en déviant éhontément l'esprit de la série, parce que cette série me semble si excellente que je n'arrive pas à me l'imaginer autrement et que le niveau de l'intrigue est tel que je ne pourrais pas le relever sinon, j'ai décider de coller mon OC aux épisodes de la série, que bien sur, il me faudra forcément transformer un peu, sinon, c'est pas drôle. Jeu dangereux pour ne pas pervertir l'esprit de la série, mais j'aime les défis!
Je vais donc débuter sur l'épisode 3 de la Saison 1 : Funtown (pourquoi pas le premier tout simplement? Je sais plus, mais c'est très clair dans mon esprit c'est au milieu de l'épisode 3 que je devais commencer).
Petite présentation:
Titre: Bullets and Blood's Family
Auteur: Edeinn
Rating : T (pour le language et l'évocation de scènes de violence et de sexe. Peut-être M sur certains chapitres, quelques épisodes sont vraiment hardcores)
Spoilers: Saison1 pour le moment
Résumé: Sept ans qu'elle avait fait le chemin inverse pour fuir à l'Est. Fuir toute cette merde, toute cette haine et cette douleur qui l'avaient bouffée, presque détruite. Jamais Charlie n'aurait pensé revenir. Et pourtant, elle revenait.
Disclaimer: Les éléments scénaristiques de la série, les personnages, et certains dialogues sont la propriété du génial Kurt Sutter. Je ne perçois pour cette fiction aucune contrepartie financière.
J'espère que ce premier chapitre vous plaira.
Bonne Lecture...
Chapitre 1 Fun Town (Episode 3)
(rating T pour le language)
Tout en dépassant le panneau qui annonçait l'entrée de la ville, Charlie contemplait ce paysage qui semblait ne pas avoir changé depuis toutes ces années. Sept ans déjà. Sept ans qu'elle avait fait le chemin inverse, laissant ce même panneau derrière elle pour fuir à l'Est. Fuir toute cette merde, toute cette haine et cette douleur qui l'avaient bouffée, presque détruite. Elle avait mis près de sept ans à reconstruire un semblant d'être humain avec les vestiges broyés de son ancienne vie. Jamais Charlie n'aurait pensé revenir. Et pourtant, elle revenait.
La route avait été longue, et l'Impala noire au moteur ronronnant n'avait plus rien de confortable : ses fesses étaient terriblement douloureuses, et tous ses membres engourdis par l'immobilité. Elle avait hâte d'arriver. Tout autant qu'elle le redoutait. Que trouverait-elle là bas ? Qui serait encore là pour l'accueillir ? Charlie avait eu tout le temps du voyage pour penser à ce qui se passerait une fois de retour au bercail. Tous ces sentiments qui l'avaient mise en miettes à l'époque referaient-t-ils surface à la vue de tout ce qui l'avait fait souffrir, de tous ceux qu'elle avait tant haïs ? Ou resteraient-ils sagement tapis au fond d'elle comme c'était le cas depuis plusieurs années ? Etait-elle guérie ?
- « J'vais pas tarder à le savoir, marmonna-t-elle pour elle-même en voyant s'approcher la grille qui marquait la fin de son périple. »
Là aussi, rien n'avait changé. Même enseigne, mêmes bâtiments, mêmes voitures en rade dans la cour. Non, rien ne semblait avoir changé. Tout était pareil. Sauf elle.
Charlie gara sa voiture face à la seule Harley encore sur le parking. Elle tapota sur le volant, anxieuse tira une cigarette de son paquet et l'alluma, appréciant le crépitement du tabac qui s'enflammait, l'odeur enivrante de la fumée, la première bouffée, salvatrice et apaisante puis, prenant une grande inspiration, comme tenant d'absorber la moindre once de courage qui aurait pu flotter dans l'air enfumé de l'habitacle, elle ouvrit sa portière et sortit. Elle chancela une fraction de seconde, ses jambes engourdies, puis après quelques pas, reprit suffisamment d'aplomb pour se diriger vers le clubhouse que surplombait une pancarte « Sons of Anarchy M/C. »
- « Bienvenue à la maison Baxie, murmura-t-elle en poussant la porte. »
Le club était visiblement désert et une forte odeur de cigarettes et d'alcool imprégnait l'espace, aidant Charlie à se plonger plus profondément encore dans ses souvenirs. Des souvenirs tantôt mélancoliques, évocateurs d'une période heureuse, empreinte d'amour et de rires tantôt douloureux et meurtriers : le souvenir des balles, du sang, des cris et des disputes. De cette ultime soirée qui avait clôt sa vie ici, au milieu de ceux qui furent les siens. Ce soir là, elle avait broyé sa voix à hurler les pires horreurs puis brisée, usée, elle avait fait son sac et avait tourné les talons, se promettant de ne plus jamais revenir. S'en souviendraient-ils aussi nettement qu'elle-même ? La rancœur serait-elle dans leurs cœurs comme dans le sien ? Charlie angoissait terriblement en anticipant, imaginant cette rencontre. Elle avait envisagé tous les scénarios, mais pas un ne semblait plus probable qu'un autre, et la jeune femme ignorait totalement à quoi s'attendre. Effleurant des doigts le bar de bois noir à la propreté douteuse, elle se revit à quinze ans, prendre sa première cuite, sous leurs yeux amusés mais vigilants. Après quatre malheureuses téquilas, elle s'était effondrée ivre morte, pour se réveiller le lendemain dans une piaule du Club, le cœur au bord des lèvres, un troupeau de kangourous déchainés dans sa tête, et un vaillant protecteur comatant dans le fauteuil en cuir près du lit, l'ayant sans doute veillée toute la nuit.
Charlie sourit émue par ses propres souvenirs. Elle pouvait bien repousser tout ça aussi loin qu'elle le voulait, mais ça revenait, telles des vagues inébranlables, se fracassant indéfiniment contre les rochers, mais revenant encore et encore. Elle avait été heureuse. Ça l'emmerdait bien de le reconnaitre, mais elle avait été heureuse. Jusqu'à la descente aux enfers…
- « Ça alors ! J'me disais bien que c'était toi ! J'arrive pas à le croire ! cria une voix excitée derrière elle. »
L'ayant reconnue, malgré le temps passé depuis la dernière fois qu'elle l'avait entendue, elle se retourna, un grand sourire accroché aux lèvres, heureuse, et soulagée surtout que ce soit lui qu'elle vit le premier. Une approche en douceur, pensa-t-elle.
- « Salut Lowell ! s'exclama-t-elle, ouvrant grand les bras pour accueillir ses embrassades. Le mécano sentait bon l'huile et la graisse de moteur. Charlie ne fut pas rebutée, ni par l'odeur, ni par les mains dégoutantes de Lowell : ça lui était si familier…
- J'arrive pas à croire que ce soit toi ! Enfin t'as vachement changé… T'es… T'es plus enfin… bégaya le mécano, enthousiaste. En tout cas, t'as l'air en forme Baxie !
- Ouaip, j'le suis ! Toi aussi t'as… »
Charlie s'arrêta devant l'allure de Lowell : maigre, le teint pâle, de grands cernes violacées sous les yeux, les ongles rongés aux sangs, nerveux et fébrile : il n'avait pas du tout l'air en forme.
- « Nan, en fait, t'as une putain de sale gueule mec ! On dirait un zombie !
- Ouais, je sais, répondit Lowell en baissant la tête, l'air penaud. J'fais peur à voir hein ?
- Ben, un peu ouais. Quelle merde ! Héro ?
- Ouais, mais j'suis clean maintenant. La dernière cure a bien marché pour moi, alors…
- C'est cool mec !
- Tu les as manqués de peu. Clay et les autres viennent de partir, l'informa-t-il.
- Ah ! Ben c'est pas grave, répondit-elle en fait soulagée de ne pas avoir à se confronter trop vite à eux, et surtout à Clay. J'vais les attendre ici.
- Ouais, ok ! En tout cas, c'est bon de te revoir Baxie, dit-il une nouvelle fois en la serrant dans ses bras. J'pensais pas qu'tu reviendrais un jour, ajouta-t-il en quittant le club pour rejoindre le garage.
- Moi non plus, Lowe, marmonna-t-elle une fois seule. Moi non plus… »
De nouveau seule, Charlie s'affala dans l'un des confortables divans de cuir près du billard, puis tira une seconde cigarette de son paquet, résolue à patienter jusqu'au retour du maître des lieux et de ses loyaux sujets. Tâtonnant ses poches à la recherche de son Zippo, elle poussa un juron en réalisant qu'elle l'avait sans doute laissé sur le siège de sa voiture. A regret elle quitta la moelleuse assise pour se mettre en quête d'allumettes ou d'un briquet. Une boîte d'allumettes à l'effigie du MC trainait sur le bar et Charlie l'empocha après avoir allumé sa clope, puis s'en retourna d'où elle venait.
- « Jésus Christ, s'exclama-t-elle quand elle vit derrière le billard, près d'une armoire de sureté grande ouverte, un mec gisant sur le sol, face contre terre. »
Craignant d'abord qu'il fut mort, elle se précipita auprès de lui. Autour du corps, gisaient pêle-mêle des chargeurs d'AK-47 et un sachet de pilules. Le mec, un jeune hispanique, coiffé d'une crête sur la tête, portait le cuir des Sons et Charlie pensa aussitôt à l'agression d'un club rival. Jusqu'à ce que le jeune homme émette un ronflement sonore.
- « Bordel ! Tu pionces mec ? s'exclama-t-elle en le secouant. Puis avisant les pilules en vrac à côté de lui, elle eut un déclic. Toi, t'as pris un truc que t'aurais pas dû, ricana-t-elle. Et t'es même plus Prospect, s'étonna-t-elle en voyant les écussons au complet dans le dos, tu vas te faire chambrer pendant des siècles, l'ami. »
Charlie entreprit de remettre les chargeurs dans l'armoire et de la verrouiller pour éviter qu'une visite à l'improviste ne vienne gâcher la fête. Puis vérifiant une dernière fois que le biker n'avait pas fait une mauvaise réaction à ce qu'elle supposait être des tranquillisants, elle retourna s'affaler sur le divan, pour attendre le retour de la troupe.
En deux heures, Charlie avait achevé son paquet de clopes et avalé l'équivalent d'une cafetière, la tension nerveuse étant montée de minutes en minutes, jusqu'à ce que sa vessie la rappelle à l'ordre. A peine eut-elle posé les fesses sur la cuvette, qu'elle entendit le vrombissement des Harleys que l'on garait dans la cour. Elle perçut l'entrée des individus et son cœur tambourina à tout rompre dans sa poitrine.
Les voix étouffées qui provenaient de l'extérieur des WC semblaient amusées. Elle les reconnu au premier instant :
- « Quel idiot ! se désola Tig.
- Il a surement cru qu'c'était du speed, déduisit Bobby tandis que le jeune biker ronflait encore allégrement.
- J'veux qu'on lui inflige un traitement très spécial, exigea la voix du président, avec des accents de sadisme qui étaient bien familiers à Charlie. »
Celle-ci tira la chasse d'eau en guise d'avertisseur sonore, dans l'espoir que les trois biker de l'autre côté de la porte ne soient pas pris par surprise et ne la descendent pas sur le champ. Elle laissa passer quelques secondes, puis ouvrit précautionneusement la porte.
- « Salut les mecs ! lança-t-elle à la cantonade sans la moindre assurance. »
Charlie était morte de trouille. Elle s'imaginait déjà éjectée du club par la force, insultée de tous les noms. Elle attendit les cris de colères, les reproches et les insultes, mais rien ne vint. Au lieu de ça, ce fut bien pire. Ce fut le silence. Un silence pesant, lourd d'un passé encore trop frais, trop présent pour qu'on puisse l'oublier.
Tig la regarda la bouche grande ouverte, complètement ahuri. Etait-ce bien Baxie ? Cette jeune femme sexy qui se tenait devant eux, à la limite de l'évanouissement était-elle bien leur petite Baxie ? Tig n'en revenait pas et ne pouvait détacher son regard de la jeune femme, luttant contre son envie de se précipiter vers elle et de la prendre dans ses bras. D'instinct, il se disait qu'il était préférable de rester près de Clay, juste au cas où il faudrait le retenir.
Bobby lui, l'avait reconnue au premier coup d'œil. Ce n'était plus l'ado d'autrefois, mais elle avait toujours les mêmes traits, la même allure, la même voix. Juste un peu plus mure. Aussi, il ne s'attarda pas sur elle, et fixa un regard inquiet sur Clay. Baxie était l'une des rares choses que le Prés' n'avait jamais pu contrôler dans sa vie et qu'elle apparaisse comme ça, sans prévenir pouvait réveiller les terrifiants démons que Clay gardait en lui.
La tension montait d'un cran à chaque seconde qui prolongeait ce silence gênant, et Clay et Charlie s'affrontaient du regard dans l'attente d'une réaction du Prés'.
- « Il a pas l'air bien vot' gars, lança Charlie.
- C'est un attardé, lâcha Clay du bout des lèvres, réagissant enfin. »
Les trois autres poussèrent un soupir de soulagement en constatant l'absence de réaction violente et Tig pu enfin s'autoriser à laisser place à son enthousiasme.
- « Hey Princesse ! s'exclama-t-il en la serrant avec force dans ses bras, la faisant décoller du sol. Putain, c'est bon de te revoir ! Pourquoi tu nous as pas dit que tu venais : on t'aurait préparé une fiesta du tonnerre, bébé !
- C'était le but : effet surprise, répondit Charlie avec un sourire hésitant en se tournant vers Clay. Tig lâcha la jeune femme pour garder simplement un bras sur ses épaules guettant une réponse de Clay.
- Pour une surprise, c'est une surprise. J'pensais pas te revoir par ici, répondit Clay.
- Moi non plus, Clay, rétorqua-t-elle.
- Bienvenue à Charming, termina-t-il avant de tourner les talons pour rejoindre la Chapelle.
- Merci, soupira Charlie, sans que le Président puisse l'entendre.
- Allez Bébé, souffla Tig en lui donnant un baiser sonore, te bile pas, Clay c'est pas le genre à montrer…
- J'm'attendais pas à un accueil différent Tiggy, le coupa-t-elle. J'lui en veux pas. C'est normal, après tout ce qui c'est dit la dernière fois que… Bref ! se reprit-elle, quoi de neuf les gars ?
- Ah ma beauté ! beugla Bobby en l'attirant contre lui pour la câliner, j'suis vraiment heureux qu'tu sois là, chérie. Merde, ça fait combien de temps ?
- Sept ans.
- Sept ans ! s'exclama le gros biker. Nom de Dieu, le temps passe drôlement vite ! J'deviens vieux ! Regarde-toi chérie, t'es une femme maintenant ! Et dire que quand t'es partie, tu suçais encore ton pouce !
- N'exagère pas Bob' : j'avais dix-sept ans !
- Et tu suçais encore ton pouce, renchérit le vieux bonhomme hilare. Bon sang, les autres vont pas en revenir que tu sois de retour : tu nous as manqué tu sais, princesse.
- Vous aussi vous m'avez manqué tas de vielles merdes ! ajouta Charlie en enlaçant par la taille les deux loubards.
- Allez, viens boire un verre ma puce, lui proposa Tig en l'entrainant vers le bar, tandis que Bobby entrait dans la Chapelle pour affronter la mauvaise humeur du vieux loup contrarié. »
Une fois la porte de la Chapelle fermée, Clay s'était assis dans son fauteuil, tirant songeusement sur un de ces gros cigares qu'il aimait tant. Depuis sept ans, il avait envisagé milles manières de reprendre contact avec la gosse. Une centaine de fois, il l'avait appelée puis raccroché en entendant le son de sa voix, ne sachant que lui dire. A plusieurs reprises, il était même monté sur sa bécane pour la rejoindre, mais n'avait jamais passé le panneau signalant la sortie de la ville. Clay n'avait pas eu ce courage. Celui de pardonner. Oui, il avait tout envisagé, sauf ça. Jamais il n'avait pensé qu'elle puisse revenir. Elle les détestait. Elle détestait Charming. Et elle le haïssait. Alors pourquoi était-elle revenue ? Elle n'aurait jamais du remettre les pieds dans ce club : elle l'avait juré, le soir où elle avait quitté la ville, elle leur avait hurlé que la seule manière dont elle pourrait revenir dans ce trou à rats, c'était les pieds devant. Alors pourquoi Charming ? Pourquoi revenir au Club ? Autant de questions qui mettaient les nerfs de Clay à rude épreuve. Il ne comprenait pas. Et il détestait ne pas comprendre. Et puis, il ne savait pas quelle attitude adopter avec elle : l'ignorer, la haïr, ou faire comme si rien ne s'était passé ? Il ne savait plus où il en était. Pourquoi fallait-il donc que cette foutue chieuse revienne à un moment où il était déjà accablé par bien trop d'emmerdes ? Mais c'était dans sa nature : Charlie avait toujours était douée pour remuer la merde.
- « Foutue gosse ! grogna-t-il en tapant du poing sur la table.
- Comment-tu te sens ? demanda Bobby en entrant dans la Chapelle. Il referma la porte, puis vint s'assoir à sa place, fixant son Président et ami.
- Bien.
- Ouais, ça a l'air, renchérit Bobby sur un ton qui ne cachait pas son scepticisme.
- Elle aurait du prévenir. Elle débarque ici en pensant que j'ai que ça à foutre que de m'occuper de son p'tit cul de merdeuse. J'suis occupé là ! ragea Clay.
- Tu sais bien que ce n'est pas de ça qu'il s'agit, Clay. Si elle t'avait appelé t'aurais trouvé un moyen pour la dissuader de venir. Le problème n'est pas là, mon frère. Clay et Bobby se dévisagèrent un long moment, dans un silence seulement troublé par les rires de Tig et le babillage de Charlie au bar. Allez mon frère, reconnais au moins qu'elle a des tripes de revenir ici et de t'affronter après ce qu'il s'est passé. Laisse-lui une chance de s'expliquer.
- J'appelle ça du culot de revenir après la merde qu'elle a foutu. Et j'ai autre chose à foutre, mon frère.
- Elle sait que t'as essayé de la contacter plusieurs fois ces dernières années ?
- T'avise pas de te mêler de ça, mec !
- J'en avais pas l'intention Clay : j'irais pas m'immiscer dans tes affaires. Je dis juste, qu'après tout, c'est l'occasion où jamais pour vous deux. Clay gardant un mutisme boudeur, Bobby continua : Et toi, t'en es où avec tout ça ? Avec elle ?
- Je sais pas mon frère, répondit enfin Clay après un long silence. Et j'ai pas envie de chercher à le savoir maintenant : occupons-nous de la petite Oswald d'abord, je réglerais ce merdier après. Je lui donnerais ce qu'elle veut et elle repartira d'où elle vient : la vie pourra reprendre son cours normal.
- Je suis pas certain de ce qu'elle est venue chercher mec, mais ce sera peut-être pas si facile de lui donner Clay. Je les rejoins, tu viens ?
- Dans cinq minutes.
- Ok. »
Une fois Bobby sorti, Clay se leva pour observer Tig et Charlie à travers la vitre. Rien ne semblait avoir changé : Tig et Bobby retrouvaient leurs instincts protecteurs, paternels envers la gosse, et elle semblait avoir encore quinze ans, heureuse, souriante et insouciante, à sa place au milieu de ce club, de ce bar, de cette ville. Comme avant. Avant que toute cette merde ne leur explose à la gueule. Clay fut arraché à sa contemplation par le vrombissement d'une moto sur le parking. Quelques instants après, Jax entrait dans le bar.
- « Appelez les autres, Gemma a réussi à tirer des infos à la mère Oswald, et … Nom de Dieu ! »
Bobby s'était déplacé et avait laissé Jax découvrir la silhouette aux courbes trop féminines pour qu'elles appartiennent à l'un de ses frères, et il n'avait mis qu'une fraction de seconde à reconnaitre Charlie.
- « Char' ? Merde alors, qu'est ce que tu fous là ? Clay m'avait pas dit que tu venais ! s'exclama-t-il en la serrant dans ses bras.
- Il était pas au courant, lui révéla Charlie.
- Ah ? Il est où ?
- Dans la Chapelle, l'informa Bobby avec un regard plein de sous-entendus.
- Ok. Tu restes pour combien de temps, Chérie ?
- Je sais pas encore. Ça ne dépendra pas que de moi cette fois.
- C'est-à-dire ?
- On en parlera bien assez tôt, je crois que vous avez plus urgent à faire. Oswald ? Comme Eliott Oswald ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Tristen, leur fille. Elle a été violée. Eliott nous a demandé de retrouver son agresseur.
- Jésus Christ ! Quelle merde !
- J'ai appelé les gars : Chibs et le Prospect seront là dans deux minutes, les informa Tig en raccrochant son téléphone.
- Très bien, répondit Jax. Juice ?
- Je crois qu'il sera pas de la partie, l'informa Tig en pointant Juice encore assommé par les cachets.
- Oh merde qu'est-ce qu'il a ?
- C'est un attardé, dit Clay en sortant de la Chapelle sans un regard pour Charlie. Somnifères. On s'occupera de lui plus tard, dit-il en fixant Charlie d'un regard entendu auquel celle-ci répondit par un hochement de tête.
- Je l'surveille jusqu'à votre retour, accepta-t-elle.
- Préparez-vous, on y va, annonça le Président à ses hommes.
- Faut se dépêcher, Hale est au courant, il faut le prendre de vitesse, l'informa Jax en suivant Clay qui sortait. Hé, est-ce que ça va ? s'inquièta-t-il en attrapant son beau-père par le bras une fois dehors. J'veux dire, Charlie ?
- C'est cool. Finissons-en avec ça, on s'occupera du reste en temps voulu. Puis voyant le regard perplexe de Jax, il assura : c'est ok, fils. J'ai juste besoin d'y voir un peu plus clair sur cette histoire. Occupons nous d'abord de cet enfoiré de violeur d'enfant. Vous êtes ok, les mecs ? demanda-t-il à Tig et Bobby qui sortaient à leur tour en compagnie de Charlie. Chibs et Mi-couilles sont là, les informa-t-il en désignant d'un mouvement de têtes les deux Harleys qui se garaient près des leurs.
- On sera pas longs, chérie, et après va falloir que tu m'expliques tout ça, ok ? demanda Jax à la jeune femme.
- On verra ça plus tard, vas-y, je pense pas que l'âge ait fait gagner de la patience à Clay, chuchota-t-elle.
- Oh ça non ! répondit-il rieur.
- Baxie! beugla Chibs en se précipitant vers elle. Nom de Dieu chérie, qu'est-ce que tu fiches ici ?
- C'est une longue histoire Chibs ! répondit-elle en lui rendant son accolade. Mais je prévois pas de partir tout de suite, j'aurais tout le temps de vous raconter ça, une fois que vous aurez réglé ce merdier avec ce putain de violeur.
- On va l'avoir Bébé, lui assura Chibs, avec un regard sérieux et inquiet, saisissant le visage de Charlie entre ses mains.
- Je sais, murmura-t-elle. Soyez prudents, ajouta la jeune femme en embrassant Chibs. »
Le vrombissement familier des démarrages fit naitre d'intenses frissons le long de la colonne vertébrale de Charlie et elle les regarda partir avec un nœud d'appréhension dans l'estomac : certains souvenirs avaient un goût de déjà vu et restaient encore bien trop douloureux.
A nouveau désœuvrée et seule, Charlie se lança dans l'exploration du club, à la recherche des changements qui avaient pu être opérés depuis son départ. Mais à part deux ou trois ajouts de décoration, tout semblait absolument identique, jusqu'aux piaules à l'arrière.
- « T'en as vu toi, pas vrai ? demanda-t-elle à une chambre vide en s'asseyant sur le lit. »
Dans le moindre recoin de ce Club, elle gardait d'intenses souvenirs. Et qu'ils soient heureux ou malheureux, elle n'en regrettait aucun. Ou presque. Mais l'heure n'était pas à la douleur.
Elle repensa à la première fois qu'elle avait ramené un garçon ici. Un crétin fini, mais à l'époque, elle n'en avait que faire. Jax avait accepté de la couvrir, d'être son complice. Ce n'est pas ce garçon qui l'avait marquée. Ni cette première fois ratée. Non c'était l'après. Les bras rassurants et consolateurs de Jax quand elle s'était effondrée après la mauvaise conduite de ce type. C'était la correction qu'Opie et Jax avaient infligé à cet abruti pour l'avoir mal traitée. Ce jour là, elle avait pu noyer sa déception et son dégoût dans la bienfaitrice et rassurante protection des deux garçons. Elle s'était sentie aimée et en sécurité. Ils étaient sa famille, son havre de paix, sa raison d'être. En y repensant, elle se senti plus mal encore des horreurs qu'elle leur avait balancées à tous en quittant Charming, du mal qu'elle avait volontairement voulu leur faire. Et pourtant, aujourd'hui tous – excepté Clay bien sur – l'avaient accueillie comme si de rien était. Ils semblaient lui avoir pardonné.
- « Mais où est Charlie ? cria Chibs dans le couloir.
- J'suis là Chibs ! Dans la chambre du fond.
- Hey Bébé ! C'est bon d'te revoir ! dit l'Ecossais en la serrant contre lui. Bon Dieu, Baxie, t'es revenue.
- Ouaip ! Comme quoi tout arrive !
- Pour de bon ? lui demanda-t-il avec espoir.
- Sérieusement Chibs ? s'étonna-t-elle en le regardant droit dans les yeux. Tu crois vraiment que je resterai ici ?
- Pourquoi pas ? On est ta famille après tout.
- Pas après tout ce qu'il s'est passé, refusa-t-elle en s'asseyant lourdement sur le lit. Ce n'était que le début de ces putains de conversations auxquelles elle ne pourrait pas couper. Pas avec eux. Et puis tout ça… C'est pas pour moi, c'est pas moi.
- Tout ça ?
- Ce que vous avez fait ce soir, expliqua-t-elle. Ce que vous ferez demain. Chibs, je peux comprendre, enfin je crois. Mais franchement toute cette merde a détruit ma mère Gia…dit-elle en ravalant un sanglot amer et sans larmes.
- Bébé… voulut la consoler Chibs.
- Non écoute ! Elle savait qu'elle devait le dire maintenant, qu'il le sache, qu'il se prépare à un autre départ. Tout ça, ça m'a foutu en l'air. Je suis pas partie juste parce que j'étais en colère, je suis partie parce que c'était ça ou crever. Parce que c'était en train de me broyer. J'ai failli y perdre mon âme. Je l'ai peut-être même perdue, mais… Je veux plus de tout ça.
- Mais t'es revenue, rétorqua Chibs pensant fermement qu'elle avait tiré un trait sur le passé. Que telle une enfant perdue, elle revenait enfin auprès des siens. Mais Charlie le détrompa aussitôt.
- Oui, dans un objectif précis, pour un temps donné, se justifia-t-elle. Mais après, je repartirais, ou Charming me tuera vraiment.
- J'te protègerais, tu le sais, tenta encore Chibs. Il aimait cette gosse comme Kerrianne, la sienne, et il ne voulait pas la voir partir à nouveau. Sa place était ici, auprès des siens. Quel objectif précis ?
- Foutu Ecossais ! s'exclama-t-elle en riant. Tu lâches jamais rien !
- Jamais ! répondit-il fièrement.
- Peu importe ! Ce n'est pas le moment, éluda-t-elle, tout ce qui compte, c'est que pour l'instant, je suis là et que je compte profiter de vous tous.
- Et nous, on compte bien profiter de toi aussi ! »
Oui, il en avait l'intention. Mais il comptait bien tout faire pour la garder auprès d'eux cette fois. Pour que la merde qui l'avait fait fuir ne se reproduise plus jamais.
- « Allez, viens, on va boire un verre avec les autres ! dit-il en l'entrainant par la taille. »
A peine de retour dans le bar, Charlie fut assaillie de questions et d'embrassades.
- « C'est bon, les mecs, laissez-là respirer un peu ! intervint Clay avant de se retrancher derrière son verre de scotch sans plus paraitre faire attention à la jeune femme.
- Merci ! Tig, ce n'est pas ta main que je sens sur mes fesses, j'espère ? demanda-t-elle avec un regard noir au biker, connaissant parfaitement la réponse.
- Oups ! Désolée Princesse ! Mauvais reflexe ! s'excusa-t-il à peine avec un sourire pervers.
- Décidément rien ne change ! soupira-t-elle d'un air blasé.
- Toi si on dirait, rétorqua Chibs. Alors raconte ! Qu'est-ce que tu as fait ces sept dernières années ?
- Marines ? demanda un rouquin assis près de l'Ecossais, en montrant du doigt l'un des tatouages sur l'épaule de la jeune femme.
- Prospect ? lui demanda-t-elle en désignant son cuir.
- Ouais ! C'est notre Mi-couilles ! répondit Chibs à sa place.
- Mi-couilles ? questionna-t-elle. Nan en fait, oublie ça, je préfère rien demander ! s'exclama-t-elle en secouant la tête d'un air dégouté, déclenchant les rires de toute la bande. Ouais, Marines, j'suis rentrée y'a deux ans. Et toi ? demanda-t-elle en désignant à son tour l'étoile qui ornait l'épaule du Prospect. Elle avait déjà vu ce genre de tatouage sur ses gars.
- Irak, démobilisé y'a trois ans pour blessure.
- Deux jambes, deux bras, le visage en bon état… énuméra-t-elle en observant le Prospect sous toutes les coutures. Mi-couille c'est ça… dit-elle avec une grimace compatissante.
- La droite, confirma-t-il. Mais la gauche est toujours opérationnelle ! ajouta-t-il hilare.
- T'es un chanceux en fait ! Char… Enfin, Baxie ! se présenta officiellement Charlie en lui tendant la main. »
Elle avait hésité, elle n'avait plus l'habitude qu'on l'appelle par son surnom. C'avait toujours été un privilège réservé aux Sons. Personne ne l'avait appelé comme ça depuis bien longtemps. Mais tous avaient spontanément réutilisé cet avatar de son ancienne vie. Comme si elle était deux personnes différentes…
- « Kip, se présenta-t-il à son tour.
- Eh dis donc le nouveau, partage un peu avec les autres ! ricana Tig en bousculant un peu le Prospect pour venir prendre la jeune femme par les épaules. Bon chérie, racontes-moi : t'as supporté l'autorité, le commandement et tout ce merdier là ?
- C'était pas très différent d'ici en fait. Du sang, des balles, des ordres,… le provoqua-t-elle, et des potes, des frères d'armes pour qui on tuerait ou on se ferait tuer…ajouta-t-elle, tandis que tous souriaient, contents qu'elle reconnaisse leur fraternité, alors que Clay retourna s'enfermer dans la Chapelle en secouant la tête, agacé par la frénésie ambiante. C'était pas si mal… Juste un peu trop, reprit-elle. On a été pris pour des cons, c'était pas une histoire de défense de la population, même pas de représailles, s'énerva Charlie. C'est une histoire de putain de politique, de pognon, et de pouvoir, et on nous a tous entubés jusqu'à la moelle. Fallait qu'j'me tire.
- Blessure ? demanda Tig. Ancien Marines lui aussi, il savait que les moyens de se tirer avant la fin de son contrat n'étaient pas nombreux.
- C'était mon plan B, mais j'ai peut-être crié un peu trop fort que j'étais pas d'accord avec toute cette merde et que je voulais me tirer. Mon commandant m'a dit que si je me blessais, ça serait la cour martiale… Pis j'ai pas eu besoin de chercher. On nous a envoyé en mission. Mission suicide… Equipe de sept. Trois morts. Deux blessés. Choc post-traumatique et toute la clique, retour à la maison.
- Merde… Et ça va ? s'inquiéta Tig. Plus soucieux de la manière détachée et froide dont elle avait dit cela que du choc en lui-même.
- Ouais ! assura Charlie. On le savait en y'allant. De toute façon, on savait que c'était un putain de piège. Je crois juste qu'on en avait tous marre. C'était notre ticket de sortie. Ceux qui s'en sortaient vivants pourraient rentrer à la maison.
- Et depuis ? demanda Bobby pour éloigner un sujet qui le mettait mal à l'aise. Tu fais quoi ?
- Vaut mieux que vous le sachiez pas…répondit-elle vraiment gênée. Vous allez pas du tout aimer ça.
- T'es flic ? demanda Chibs moqueur.
- Ouais, avec le giro' et les menottes ! T'es vraiment con !
- Tu te prostitues ! renchérit Tig, mort de rire, et fier de sa connerie.
- Et ta mère ! grogna Charlie. Je … je viens en aide aux familles des victimes, expliqua-t-elle évasivement, ne sachant pas trop comment ils concevraient son travail.
- T'es assistante sociale ? Ou un truc du genre ? s'étonna l'Ecossais.
- Ok, j'ai peut-être rejeté en bloc votre façon de vivre, mais pas mon éducation et mes croyances, ok ! J'vais pas rentrer comme ça dans le système ! leur rappela-t-elle. Nan c'est plus… Je… soutiens les familles dans leur deuil en les …aidant à … mener leurs agresseurs devant la justice…
- Je sèche… tu bosses avec des avocats ou… ? tenta Tig.
- Tu chasses les primes, déclara simplement Bobby en vrillant sur elle un regard perçant.
- Ouais. Mais pas n'importe lesquelles, ok ! se défendit Charlie immédiatement. Je me mets pas bêtement à la chasse aux hors-la-loi. Je… je suis sollicitée par les familles, les victimes…
- Tu coopères avec la police, souligna Tig.
- Et ça me permet de gagner ma vie ! Merde, j'te parle d'assassins, de violeurs, de criminels en fuite qui s'en sont pris à des gens innocents, alors ouais, je les choppe ! Et merde ! ragea-t-elle. Me r'gardez pas comme ça, ok ! Je sais rien faire d'autre… Qu'est ce que vous vouliez que je fasse ?
- Ok, ok ! C'est cool Bébé, intervint Chibs en la serrant contre elle. C'est bien ce que tu fais. Tant qu'on est surs, que t'es pas là pour nous…
- Connard d'Ecossais! rétorqua-t-elle en souriant. Bon allez, j'me casse, dit-elle en attrapant son sac au vol. J'voudrais pas que Clay se cloitre dans son bureau toute la nuit juste pour pas me voir. J'vais lui laisser une issue de secours, soupira-t-elle.
- C'est pas ça, Baxie, il est surpris. Laisse-lui un peu de temps, ok, répondit Bobby en la raccompagnant à la porte.
- Bobby, on connait Clay tous les deux. Je savais que ça serait pas facile. Il est fier et obstiné. Et je le suis pas moins. Ce qu'il s'est passé il y'a sept ans, on avait chacun choisi de le mettre de côté, et moi… Moi, je décide de lui renvoyer toute cette merde à la figure. Enfin, faut qu'ça se fasse. Où est passé Jax ?
- Sur le toit, lui indiqua Bobby le doigt pointé en l'air.
Ce toit était un havre de paix pour Jax. Un moyen de prendre de la hauteur et de la distance face aux événements embrouillés. Là-haut, il était seul, il pouvait se laisser aller à ses pensées les plus moroses comme il le souhaitait, sans que personne ne lui en fasse le reproche. C'était aussi le seul lieu où il se sentait suffisamment tranquille pour lire le manuscrit que lui avait légué JT.
C'est ainsi que Charlie le trouva, absorbé dans sa lecture, une cigarette aux lèvres. La jeune femme toussota pour l'avertir de sa présence, elle ne voulait pas se montrer indiscrète. Jax sursauta comme pris en flagrant délit d'un crime quelconque, et tenta de cacher le manuscrit à la vue du nouvel arrivant.
- « Ah ? C'est toi ! soupira-t-il avant de lui adresser un sourire. »
Jax ne chercha plus à cacher le manuscrit, mais le referma simplement pour le poser à ses côtés, avant d'offrir une cigarette à Charlie.
- « Pris en flag' M. Teller ! ricana-t-elle en s'asseyant à ses côtés pour se blottir contre lui. Qu'as-tu donc de si important entre les mains qu'il mériterait d'être caché à tes frères !
- Un manuscrit qu'a écrit mon père avant de mourir, répondit-il avec une confiance qu'il savait bien placée
- JT savait donc écrire ! ça c'est un scoop : un biker érudit !
- Moques-toi petite sœur ! Non seulement il écrivait, mais ses mots étaient pleins de bon sens, rétorqua-t-il en entourant ses épaules d'un bras.
- Vraiment ? Tu veux dire qu'il donne dans ce truc le secret de la famille Teller pour changer un carbu' ? railla-t-elle de plus belle.
- La ferme, ingrate morveuse ! dit-il en lui ébouriffant les cheveux. Non. Il parle du club. Du chemin dans lequel ils se sont tous égarés. Du changement. De…"
Charlie était terrifiée : dans les yeux de Jax brillait un lueur dangereuse, mortelle. Une lueur d'espoir, de changement, et de révolte. Si Charlie ignorait ce que cet idéaliste de John Thomas Teller avait bien pu raconter dans ce truc, elle savait une chose : Clay ne laisserait personne changer son club. Il étoufferait toute révolte dans l'œuf. Quel qu'en soit le prix. Et Jax semblait animé d'une telle ferveur, d'une telle foi ! A l'image d'un Che prêt à tout bousculer, tout bouleverser.
- Prend-garde à toi Jax, l'avertit-elle. On ne gagne pas à vivre dans le passé : il n'apporte jamais rien de bon, il est même dangereux. Ce qui est fait est fait. Ne prend pas ces idées vieilles de vingt ans trop à cœur. John ne vivait pas dans la même époque que nous : avant tout était possible, plus maintenant. »
Jax la regarda d'un air profondément déçu.
- « Je pensais que toi tu me soutiendrais. Que tu comprendrais.
- Je te comprends Jax, mais ne me demandes pas de te soutenir. Je doute que les choses aient changé ici au point que tu puisses te permettre ça. Je sais parfaitement ce que tu as en tête : t'opposer à Clay et redonner au Club la direction que ton père voulait qu'il prenne.
- Vouloir changer les choses, sortir du trafic d'armes, c'est …
- Non Jax ! Je ne veux pas en savoir plus. Je sais déjà deux choses : ton père est mort, et ses idées avec lui, fais-toi une raison.
- Je peux…
- Non attends mec ! Deuxième chose : Clay ne tolèrera pas la moindre opposition. Et je suis la plus clairvoyante d'entre vous : si tu vas trop loin, il n'hésitera pas une seconde à te mettre une balle entre les deux yeux. Ton temps viendra Jax. Les gars te suivront où tu iras, ça se voit déjà. Mais pas si tu usurpes l'autorité de Clay. Laisse faire le temps, laisse Clay partir – ou pousse-le subtilement vers la sortie – et après seulement tu pourras être un grand Président. Celui de changement.
- L'ATF, les Mayans, et tous les autres… En attendant je prends le risque qu'il n'y ait bientôt plus rien à changer, Char' !
- Personne ne te suivra aujourd'hui, Jax. Ils respectent tous trop Clay. Bordel c'est l'un des neuf fondateurs, Jax ! Tu peux pas le foutre au rencard comme ça. Et certainement pas le défier sur son terrain. Ça passera pas !
- Alors tu le soutiens toi aussi…
- Certainement pas ! Je reste persuadée qu'il entraine le club dans de mauvaises directions. Je lui en veux pour Otto, pour Opie et pour bien d'autres choses, mais sincèrement Jax, tant qu'ils l'aiment, tu ne peux rien contre lui.
- Et s'ils ne l'aimaient plus ?
- S'ils ne le respectaient plus Jax, c'est eux même qui le pousseraient dehors et ils t'accueilleraient à bras ouverts. En attendant Jax, un fils ne peut défier l'autorité de son père, même quand ce père est en faute.
- Attendre ? C'est tout ce que j'ai à faire ? Attendre que l'un de nous soit tué ?
- Ouais… Attendre. Ou forcer le destin… Sur ce, j'me tire, Clay surveille mon départ depuis la fenêtre : je crois qu'il veut être sur que je ne sois plus dans le coin pour sortir de sa cachette, histoire de ne pas être obligé de me parler.
- Je pense pas qu'il t'en veuille, Char'. Je crois qu'il ne sait juste pas comment faire.
- Ouais, ça change pas : il a jamais su ! Bye bébé ! termina-elle en l'embrassant avant de redescendre de son perchoir. »
Tandis qu'elle se dirigeait vers sa voiture d'une foulée tranquille, la voix grave et autoritaire de Clay résonna dans la cour.
- « Charlie ! »
Charlie fit volte-face pour soutenir le regard du Président à la porte du club, encadré par ses hommes.
- « Tu crèches où ? lui demanda-t-il d'un ton ferme et sans émotion.
- Au motel.
- Tig va te raccompagner, décréta-t-il en tournant les talons.
- C'est pas utile, j'ai… commença-t-elle avant d'être brutalement coupée par Clay qui la toisait du regard.
- C'était pas une suggestion ! assena-t-il. Tig te raccompagne et c'est tout !
- Mais… protesta-t-elle une dernière fois.
- Allez, viens avec moi princesse, lui susurra doucement Tig en l'entrainant par le bras, soucieux d'éviter une crise. »
Charlie sentait le venin de la colère lui monter aux lèvres : pas plus que sept ans auparavant elle ne supportait l'autoritarisme tyrannique de Clay. Elle rageait qu'il se permette encore de décider à sa place, et plus encore que tout le monde le suive sans même songer à contester ses décisions arbitraires. Peut-être Jax avait-il raison au fond, songea-t-elle, peut-être était-il plus que temps que les choses changent dans ce Club. Néanmoins, elle savait bien que ce n'était ni le moment ni le lieu pour raviver de vieilles rancœurs : cela risquerait de desservir sa cause. Aussi, tourna-t-elle les talons sans broncher et suivit Tig jusque sa voiture, accordant au passage un hochement de tête entendu à Jax qui descendait du toit.
Ce dernier rejoignit son Près' et ses frères, lançant un Clay un regard réprobateur.
- « Cette scène était vraiment utile ? lui demanda-t-il en soupirant, suivant du regard Tig qui venait de refermer la portière de l'Impala noire et qui rejoignait sa moto. »
Clay se contenta de jeter un regard noir à son beau-fils, agacé par l'esprit de contestation du jeune biker, et rentra dans le Club en claquant violemment la porte.
Bobby posa une main complice et fraternelle sur l'épaule de son cadet, puis suivi son vieil ami, prêt à écouter l'expression de sa fureur contre les deux jeunes gens. Bobby était certain que de les voir à nouveau si complices inquièterait et énerverait passablement Clay, surtout après tout ce que la gosse avait craché sur lui et ses frères en quittant la ville.
- « Waouh, Clay a l'air furax ! s'exclama Kip, un peu inquiet de la tournure que prenaient les choses, sans qu'il n'y comprenne rien. »
Pourquoi le vieux biker était-il à ce point agacé du retour de la fille ? Après tout, songea Mi-Couille, ce n'était qu'une fille ! Jax soupira et lança un regard entendu à Chibs.
- « Il apprendra jamais, déplora le Vice Président à l'attention de Chibs. »
L'Ecossais hocha la tête. Il savait bien que la partie ne serait pas facile pour Charlie, et que Clay pouvait être dur, mais lui voyait cependant un signe encourageant dans cet échange – certes limité – mais ouvertement teinté d'inquiétude pour la petite. Il espérait de tout cœur que Clay retrouverait ses instincts et que leur relation pourrait s'arranger. Chibs souhaitait vraiment que Baxie reste à Charming, avec eux. Il avait toujours aimé cette gosse, comme la sienne. Charlie lui avait donné l'occasion de faire ce qu'il n'avait pas pu faire avec Kerrianne : l'élever, la protéger, l'aimer. Baxie était comme sa propre fille et Chibs comptait bien faire tout son possible pour qu'elle ne les quitte plus jamais.
- « Mais c'est qui cette fille en fait ? demanda le Prospect aux deux hommes qui rentraient. »
Ils se stoppèrent de concert puis se regardèrent en grimaçant. Jax repris sa marche tandis que Chibs se tourna vers Mi-couille :
- « Charlie, c'est la fille de Clay. »
Si vous êtes arrivés jusque là: Merci!
Si en plus vous souhaitez lire la suite: je vous aime !
Je ne vous apprendrez sans doute rien en vous disant qu'en tant qu'auteur de fanfiction, je ne touche rien et que la seule manière pour moi de juger de la qualité de mon travail c'est d'avoir des retours. Alors de vous, je n'attends qu'une toute petite chose: une review, une réaction à chaud (ou à froid si vous préférez) maintenant que votre lecture est finie. Soyez assurés que je répondrais sans faute à toutes les reviews, même les plus modestes!
Amitiés,
Edeinn.
Chapitre 2: Patch Over (Episode 4)
