Chapitre Un

- Allez Harry!

- Non.

- Ça va être amusant, tu verras!

Le dénommé Harry haussa les sourcils à cette phrase. S'il acceptait, ce serait beaucoup de choses mais certainement pas amusant, non.

- James, soupira-t-il, ça fait la centième fois au moins que tu me le demandes et je n'ai toujours pas changé d'avis.

L'homme en question ricana.

- Tu exagères Harry. Ce n'est que la quarante septième fois.

Harry lui lança un regard peu amère en retour.

- J'aimerai vraiment que tu viennes pour me donner ton avis.

- Mon avis! S'exclama Harry, les yeux écarquillés. Parce que tu penses que je suis un spécialiste en la matière!

- Non, rigola James avec un sourire moqueur, ça aucun risque.

Le nouveau coup d'œil meurtrier d'Harry le fit reprendre:

- Ecoute petit frère, je souhaite avoir un autre point de vue masculin sur les objets qui m'intéresseront et tu es la personne en qui j'ai le plus confiance sur cette terre. Fais moi plaisir s'il te plait! Ce n'est pas la mer à boire non plus et ça ne te prendra qu'une heure de ton temps!

Harry poussa un soupir résigné.

James n'avait pas tord. Il ne demandait pas grand chose.

Mais tout de même. L'accompagner dans ce magasin le mettait terriblement mal à l'aise.

Harry fixa son frère pendant quelques secondes, pesant le pour et le contre.

Il finit par capituler.

- D'accord, souffla-t-il.

James lui offrit un sourire rayonnant en retour.

Harry ne savait pas pourquoi mais son instinct lui soufflait qu'il allait le regretter.

...

Harry n'avait jamais entendu parlé de ce magasin avant que son frère ne l'évoque.

Il faut dire qu'il ne s'intéressait pas à ce genre de choses.

Lorsque James avait commencé à sous entendre qu'il aimerait bien y faire un tour pour jeter un coup d'œil, cela avait piqué la curiosité de son petit frère.

Il n'avait pas fallu longtemps à Harry pour dénicher des informations sur le lieu en question et depuis, c'était le déluge d'émotions dans son esprit.

Sa première réaction avait été d'être outré.

Pourquoi diable son frère voulait-il mettre les pieds dans un endroit pareil?!

Puis, une curiosité malsaine avait commencé à le titiller peu à peu.

Dés que le sujet revenait sur le tapis, le cerveau d'Harry semblait prit entre deux camps: la partie pudique et bien sous tout rapport qui hurlait de dégoût devant cette perversité et la partie libertine et curieuse qui voyait là un nouvel horizon de plaisir inexploré.

Devant son frère, Harry montrait son visage angélique mais l'autre partie n'était jamais bien loin.

Et c'était bien elle qui lui avait soufflé d'accepter la demande insistante de James.

La voiture roulait à une allure modérée mais Harry devait serrer les dents pour s'empêcher de hurler à son frère de ralentir.

Son cœur battait à cent à l'heure et il n'arrêtait pas de changer de position sur son siège.

James lui jeta un coup d'œil amusé.

Son embarras était visible, c'était évident.

Pourquoi avait-il accepter de venir!?

Trop vite au goût d'Harry, la voiture s'engagea sur le parking, se gara et James coupa le moteur.

- Let's go? Demanda-t-il.

Son petit frère lui lança un regard suppliant.

- Allez! Se moqua gentiment James. Tu ne vas pas avoir peur d'un magasin quand même?

Puis il s'élança hors de la voiture. Harry n'eut plus qu'à l'imiter.

Avec l'expression d'un condamné à mort, Harry leva les yeux vers le bâtiment devant lui.

Le magasin semblait immense et sa devanture était peinte en rose pâle, faisant légèrement grimacer le jeune homme. Quelle faute de goût!

Alors qu'il emboîtait le pas à son frère qui se dirigeait joyeusement vers l'entrée, le regard d'Harry se posa sur le nom de l'endroit, écrit en belles lettres blanches: Au septième ciel.

Il passa la porte tandis que son frère la lui tenait galamment ouverte.

Ou peut-être s'assurait-il simplement que Harry n'allait pas brusquement tourner les talons et s'enfuir.

Comme il l'avait supposé, le magasin était gigantesque. Des dizaines et des dizaines de rayonnages croulaient sous les produits et le lieu, s'en être bondé, accueillait un grand nombre de clients.

- Bienvenue! Les salua avec un grand sourire un jeune homme.

Ce dernier portait un t-shirt noir avec le nom du magasin écrit en petites lettres blanches au niveau du cœur. Assis derrière la caisse, il attendait qu'un client finisse de vider son panier pour pouvoir scanner ses articles et l'encaisser.

James lui rendit son joyeux bonjour alors qu'Harry tenta de sourire mais cela dû certainement plus ressembler à une grimace.

Le vendeur sourit avec indulgence.

James semblait s'amuser comme un petit fou.

Il parcourait les rayons en sautillant et s'arrêtait parfois pour regarder un article de plus prêt en poussant des exclamations amusées, comme un enfant devant un jouet dont il aurait brusquement envie.

Et, comble de la honte pour Harry, lorsqu'il trouvait quelque chose de vraiment intéressant (pour lui en tout cas), il se mettait à brailler bien haut et fort:

- Oh Harry! Viens voir ça! Ça à l'air super!

Le Harry en question était mortifié. Son frère n'était absolument pas discret et des clients les regardaient en souriant à chaque fois que James s'exclamait pour avoir son avis.

Le jeune homme aurait déjà prit ses jambes à son cou si il n'était pas persuadé que cela attirerait à nouveau tous les regards sur lui.

En désespoir de cause, il faussa compagnie à son cher frère et se rendit dans les rayons les plus éloignés de lui, histoire d'avoir la paix pendant au moins quelques minutes.

Harry poussa un soupir de soulagement lorsqu'il constata que James n'avait rien vu, trop pris dans ses découvertes.

Alors que son esprit retrouvait peu à peu son calme, son regard se mit, presque malgré lui, à parcourir les rayons.

Il n'avait jamais entendu parler des trois quart des choses présentes sous ses yeux.

Il ne savait même pas comment elles pouvaient servir et, en toute franchise, il n'était pas sur de vouloir le savoir.

Il s'arrêta bientôt devant une fine boite à moitié transparente dans laquelle était présentée une paire de menotte.

S'en trop y réfléchir, il l'attrapa pour regarder de plus près.

Tandis que ses yeux parcouraient l'objet en métal, une idée s'insinua dans son esprit.

Et s'il les achetait? Il pourrait se rendre avec chez Elisabeth, sa petite amie, et lui proposer un nouveau jeu?

Un agréable frisson le parcourut alors qu'il s'imaginait attacher les délicats poignets de la jeune femme à la tête de lit. Il pourrait ensuite parcourir son corps offert avec sa langue et elle gémirait de plaisir en le suppliant de la détacher. Ce qu'il ne ferait pas bien sûr. Pas tout de suite. Il l'imaginait déjà tirant sur ses menottes pour pouvoir le toucher elle aussi et le bruit du métal frottant contre le bois ne ferait que l'exciter davantage...

- Je peux vous aider?

Harry sursauta violemment.

Un jeune homme blond se tenait à quelques pas et le regardait, un grand sourire aux lèvres.

Appuyé nonchalamment sur le rayon, il portait le même t-shirt noir que le caissier de l'entrée.

Alors qu'il prenait peu à peu conscience qu'il venait d'avoir des pensées peu catholique en plein milieu d'un magasin, Harry rougit.

Et cela s'accentua d'autant plus lorsqu'il réalisa que son pantalon semblait beaucoup plus serré que tout à l'heure.

D'un geste qu'il espéra naturel, il reposa les menottes et ferma son manteau long.

- Hum.. s'exclama-t-il d'une voix un peu enrouée à l'intention du vendeur. Non, merci. Je...je ne fais qu'accompagner mon frère.

Toujours souriant, l'employé s'avança vers lui et jeta un coup d'œil aux menottes.

- Vous sembliez très intéressé pourtant.

Harry lança un regard apeuré vers l'objet en question, comme si celui-ci pouvait l'accuser.

Il se racla la gorge avant de reprendre, gêné:

- Hum...non, je... je doute que ma petite amie apprécie cela.

C'était une excuse fraîchement trouvée bien sûr. Pourtant, dès qu'elle eut franchi ses lèvres, Harry se rendit compte qu'en effet, cela ne plairait certainement pas à Elisabeth.

Mais le jeune vendeur ne semblait pas de cet avis.

- Je suis sur que vous saurez la convaincre, dit celui-ci.

Il prit la boite et la tendit à Harry.

- Ça ne coûte pas grand chose d'essayer. Et vous pourriez être surpris. Agréablement.

Le ton de voix, bas et sensuel, du jeune homme blond provoqua un frisson qui parcourut tout le dos d'Harry.

Ce dernier baissa les yeux vers les menottes.

Son corps était encore tendu à cause des images qui avaient traversé son esprit tout à l'heure et le timbre de voix du vendeur, qui semblait lui promettre monts et merveilles, finirent d'abattre ses dernières résistances.

D'un geste un peu tremblant, il se saisit de la fine boite et lorsqu'il releva les yeux vers le jeune homme blond, celui-ci lui offrit un sourire éclatant.

A suivre...