Bonne lecture !
Le téléphone de Will sonna en pleine nuit, le faisant émerger à l'allure d'un escargot pour regarder le nom de l'appel entrant. Ses yeux s'ouvrirent en grand en moins d'une seconde lorsqu'il vit que c'était son amie et collègue : Nat.
-Allô ? Répondit-il précipitamment.
-Will, je suis aux urgences, rejoins-moi, je t'en supplie.
Son ton inquiet alarma Will qui sortit en trombe de son lit. Il attrapa un jean et un t-shirt qu'il enfila à la hâte. Il prit ses clés de voiture, une veste et courut jusqu'à sa voiture après avoir fermé la porte de son appartement à clé.
Il conduit à vive allure, trop inquiet de savoir Nat seule dans ce service pour une raison visiblement autre que son travail. Il pensa de suite à Owen, son fils d'un peu plus d'un an et demi. Toutes ses pensées se mélangèrent dans sa tête, ce qui faillit lui causer un accident de voiture.
Heureusement, il arriva sain et sauf sur le parking où il se gara n'importe comment puis courut jusqu'à l'entrée du service. Il passa la porte, regarda à droite et à gauche en cherchant ce visage familier qu'il aimait particulièrement puis il la vit.
Elle était assise, les coudes appuyés sur ses jambes, la tête fixant l'horizon, les yeux rougis et les larmes figés sur son beau visage. Il avança prudemment jusqu'à elle puis se laissa tomber sur le siège à côté d'elle.
-Nat…
Elle tourna un regard meurtri vers lui, ce qui acheva de lui briser le cœur.
-C'est… Owen… Il dormait chez ma mère… Ils étaient partis diner et… une voiture…
Il parvint à déchiffrer ce qu'elle voulait lui expliquer. Il s'inquiéta immédiatement pour le petit bonhomme qu'il avait vu grandir sous ses yeux et pour ses parents dont ils n'avaient, pour l'instant, encore aucune nouvelle.
Will l'attira contre lui pour calmer ses pleurs. En tant que médecins, ils auraient pu aller aider mais leurs émotions n'auraient fait qu'avoir un mauvais jugement sur les traitements, les soins à administrer. Alors, ils attendraient dans ce couloir blanc sans vie, sans couleur.
La main de Will fit des allers-retours dans son dos pour tenter de l'apaiser. Il ne pouvait faire grand-chose, c'est ce qui l'énervait le plus. Pourtant, son attitude et le simple fait d'être là faisait un grand bien à Natalie.
L'attente fut particulièrement longue. Ils virent de nombreux médecins et infirmières passer devant eux. Ils en avaient l'habitude de ce milieu hospitalier, sauf que cette fois, ils étaient les personnes à qui on annoncerait le résultat des soins.
Quand les 2 premières heures d'attente passèrent, Natalie et Will comprirent que le « simple » accident de voiture évoquait, avait fait beaucoup plus de dégât que ce qu'ils avaient laissé penser.
Will laissa Natalie quelques minutes pour aller lui chercher un café qu'elle refusa d'abord avant d'écouter ses conseils.
-Si tu veux rester éveiller, tu dois prendre un café au moins pour avoir des forces.
Elle l'avala, rongée par l'angoisse. Ses parents et Owen occupaient ses entières pensées depuis maintenant 2 heures. Qu'est-ce qui allait se passer ? Est-ce que l'un d'eux allait s'en sortir ? Owen était si petit encore.
-Madame ? Bonsoir, docteur Walton. Votre mère vient de sortir du bloc, elle est actuellement plongée dans un coma artificiel.
-Elle… va s'en sortir ?
-Son état est critique, je ne peux pas me prononcer à l'heure actuelle. Nous en saurons davantage dans les heures à venir. En ce qui concerne votre père, son état est critique, je ne préfère pas vous donner de faux espoirs. Ses chances de survie sont très faibles.
Une douleur à l'intérieur de sa gorge lui lança. Son père était au bord de la mort, sa mère était dans un état critique et son fils ? Le docteur Walton n'attendit pas qu'elle lui demande des nouvelles de sa progéniture, elle devait être assez mal ainsi.
-Votre fils est inconscient, il a reçu un violent choc mais les espoirs sont bons.
Et pourtant, son cœur de maman lui dit qu'il ne fallait pas encore se réjouir trop vite. Son petit bébé, qu'elle avait laissé à ses parents pour une stupide formation. Elle aurait dû le récupérer après-demain mais la vie en avait décidé autrement.
Will remercia le médecin qui s'éclipsa. Il n'osa lui donner de faux espoirs mais fit son possible pour la soutenir et lui montrer tout son soutien. Mais les secondes, puis les minutes puis les heures recommencèrent à passer à une faible allure.
-Pourquoi j'ai accepté cette formation de merde, bon sang ! Pesta-t-elle pour elle-même. J'aurais jamais dû laisser Owen tout seul à mes parents, il est trop petit !
-Arrête de te faire du mal, Nat. Tu ne pouvais pas prévoir cet accident. Tu as mis ta vie en parenthèse dès qu'Owen est arrivé, tu as le droit de penser un peu à toi et cette formation n'aurait rien changé. Tu es une maman super, Natalie.
-Mon enfant n'a pas de père, Will ! Rajouta Natalie avec colère. Il a besoin d'une mère présente, pas une mère qui laisse son bébé à ses parents pour une formation d'une semaine !
-Owen a un père et je suis sûr qu'il le sait parce que tu lui en parles sans arrêt. Il a une mère déjà bien présente pour lui, de supers grands-parents sans oublier ses oncles et ses tantes dont je fais partie. April, Ethan, Connor, … On est là pour toi et on l'est pour lui.
Sans mot, Natalie envoya un regard reconnaissant à son ami. Elle posa sa tête contre son épaule, lui ses mains contre sa taille puis ils attendirent. Encore et encore. Natalie était épuisée de fatigue et pourtant, son instinct maternel l'empêcha d'aller dormir. Elle somnola contre Will mais n'alla pas au-dessus.
Quand les premières lueurs du matin arrivèrent, Natalie soupira en baillant, regardant Will qui semblait aussi crevé qu'elle.
-Will, tu devrais rentrer te reposer. Je vais attendre là, ne t'inquiète pas.
-Ce n'est même pas envisageable, je vais appeler le travail pour prévenir que je prends ma journée. Ne bouge pas.
Il quitta son contact pour sortir du service. Il prit son téléphone et appela en dévoilant la raison. Maggie comprit et demanda à Will de lui apporter son soutien. Elle lui promit d'essayer de venir la voir sauf que leur service était bondé aujourd'hui.
Quand Will revint, Natalie avait disparu. Il la chercha jusqu'au bout du couloir mais aucune trace d'elle. Il demanda à l'accueil qui ne sut lui apporter de réponse. Il l'appela sur son téléphone mais tomba sur sa messagerie puis d'un seul coup, il la vit.
Debout, son regard tourné vers l'intérieur d'une chambre. Il s'approcha doucement pour ne pas l'effrayer. Surtout quand il vit son visage démonté. Elle sentit sa présence et se jeta dans ses bras pour laisser ses larmes couler en silence.
Il comprit que c'était fini.