Le soleil se couchait lentement derrière l'horizon, parant le paysage d'une lumière dorée absolument fascinante. Sauf que personne n'était là pour admirer les couleurs chatoyantes déployées par l'astre lumineux. Puis, il disparut totalement du paysage, laissant la place à son amie la Lune. La température chuta d'un coup tandis qu'une légère brise se mit à souffler, faisant tanguer légèrement les arbres alentour. Le bruissement continu des feuilles troublait à peine la quiétude des lieux. À part cela, il n'y avait aucun son, pas même un piaillement d'oiseau. Ils avaient déserté les lieux depuis des années déjà. C'était un endroit maudit, qui glaçait le sang aux plus aventureux et lançait de mauvaises vibrations dans l'air. Les animaux évitaient ce coin de la forêt depuis des décennies. Certains de leurs congénères s'étaient retrouvés cloués à une porte ou alors mystérieusement assassinés, des années auparavant. Et la Nature n'oubliait pas. Elle ne pardonnait pas non plus. Aussi, la faune s'était retirée. Il n'y avait que la flore pour survivre en pareil milieu hostile.

Il y avait, au creux de cette forêt, une masure dans un état lamentable. Le bois qui composait la charpente avait pourri et la végétation avait beaucoup lutté pour recouvrir cette atrocité, afin de la cacher aux yeux du reste du monde. Pourtant, la ruine était toujours là, dressée fièrement, les murs tenant encore debout. Peut-être que la magie y était pour quelque chose, car l'endroit en était imprégné. Le monde sorcier évitait aussi l'endroit, comme s'il était repoussé plus loin par un quelconque enchantement. Cependant, cette nuit-là, on put voir une lumière trembloter à l'intérieur de la cahute dévastée, comme si une personne avait allumé une bougie. Quelqu'un avait violé l'interdiction de pénétrer dans les lieux. Quelqu'un avait osé braver le danger.

Soudain, un cri déchira le silence. Un hurlement aigu et perçant, où la douleur était clairement présente. Comme si quelqu'un était en train de mourir. Lorsque le cri cessa, le vent même arrêta de souffler. C'était comme si la Nature environnante retenait sa respiration tandis qu'elle attendait la suite des évènements. Un second gémissement se fit entendre, aussi long et aigu que le premier. Il venait à n'en pas douter de la masure. La nuit avait étendu son manteau sombre au-dehors. Quelques étoiles perçaient la voûte céleste, calmes et insensibles aux évènements tragiques qui se déroulaient à des années-lumière de leur éclat. Pourtant, un drame était en train d'éclore, une catastrophe qui allait peut-être replonger le monde dans le chaos, alors qu'il venait tout juste de se remettre de la précédente calamité. Cette dernière avait fait bien trop de morts. Ce bouleversement serait-il contenu à temps ? Quelqu'un oserait-il se mettre en travers de son chemin ? Comment le monde sorcier allait-il à nouveau faire face à ce malheur ?

Après quelques heures dans la nuit, les cris s'étaient tus. La faible lueur de la bougie avait frémi toute la nuit afin d'apporter un éclairage sur la situation, mais personne n'avait assisté au malheur. Hormis un homme. Celui-ci sortit de la masure abandonnée avec un étrange colis dans les bras. Puis, un nouveau cri, comme celui d'un bébé se fit entendre. Sans même se retourner, l'inconnu s'enfonça dans la forêt en souplesse, emmenant avec lui les pleurs, laissant à nouveau la vieille ruine à son silence et à sa sérénité au milieu des bois. La silhouette noire disparut rapidement. Les lieux retrouvèrent leur quiétude. La lumière tremblotante émanant des décombres s'éteignit lentement, plongeant à nouveau les environs dans l'obscurité. Les évènements qui s'étaient passés cette nuit-là ne firent aucun bruit. Personne n'avait rien remarqué. La masure était bien trop éloignée de la civilisation, isolée dans son cocon d'arbres. Les années avaient continué à s'écouler paisiblement.

Jusqu'à ce que…