Il
était une fois, dans un pays lointain, un jeune prince du nom
de Tsukasa se promenait dans les jardins royaux. Ce jeune homme de
nature timide et curieuse était en train d'humer le doux
parfum des roses au soleil couchant, un soir d'été. Il
était un peu triste ces temps-ci car il devait bientôt
épouser une princesse du royaume d'à côté.
Pourtant, cette jeune femme, il la haïssait. Depuis qu'ils
étaient tout petits, il avait été à ses
côtés car leurs parents étaient amis. Pourtant,
il n'avait jamais apprécié sa compagnie.En fait,
Tsukasa était de nature solitaire et ne parlait pas beaucoup.
Il répondait lorsqu'on lui parlait mais autrement, il ne
faisait qu'apprécier les petits plaisirs de la vie. Il se
pencha et cueilli une rose pour la mettre sur la tombe de sa mère,
décédée d'une chute douteuse en bas d'un
escalier. On avait vu la femme tomber et le père en haut de
l'escalier le visage horrifié, mais personne n'avait pu le
prendre sur le fait. C'est depuis ce jour qu'il ne parla plus
vraiment à personne. Il prit son cheval, l'attela et se
dirigea vers le cimetière de ses ancêtres où sa
mère reposait sous une effigie de la vierge Marie entourée
d'anges. Lorsqu'il y arriva, la nuit venait de tomber complètement.
Il y déposa la rose et se recueilli pour lui exprimer une
douce pensée. Il resta un long moment assis devant la tombe à
contempler les anges et la vierge, et à revoir le visage de sa
mère. Lorsqu'il se senti assez bien pour repartir, il prit sa
monture et la traîna vers la sortie. Avant même de
pouvoir s,en rendre compte, un rose noire fila devant lui et se
planta dans le sol. Il ne pouvait dire d'où elle provenait ni
qui l'avait lancée puisqu'il n'avait vu personne. Il alla tout
de même la ramassée. Sa couleur ne le fit pas bronchée.
En outre, on disait que lorsqu'on recevait une rose noire, c'étai
un signe annonciateur des dieux pour dire qu'on allait mourir. Il n'y
croyait pas bien sûre, alors il reprit son chemin, la rose sur
le cœur. -Mais pourquoi ne posez-vous pas toutes ces questions qui
vous perturbent? Il fit un bond en arrière, un peu
surpris de la rapidité avec laquelle s'était déplacé
l'être. Il le regarda un long moment, et se résigna,
sachant fort bien qu'il ne pouvait pas se battre contre ce qu'il
pensait être un vampire. À mesure que ses pensées
affluaient, il voyait un sourire se dessiner sur les lèvres du
démon, montrant ses deux canines, ce qui approuvèrent
enfin tout ses soupçons. Il le fixa intensément et,
après mûre réflexion, il choisit de lui demander
son nom. -Mon nom est Karyu... Approuvant en silence,
il lui proposa de s'asseoir. Karyu refusa, préférant
largement rester debout, pour mieux admirer chaque facette de cet
être si fascinant, mais qui pourtant, était si inférieur
à lui. Il s'approcha tout doucement de Tsukasa et, tout en
passant la main sur son visage, lui demanda pourquoi il ne s'asseyait
pas. -Avez-vous si peur de moi mon bon prince? Sachez que je
suis loyal envers les nobles, et vous êtes le plus noble de
cette maison. Le prince renversa la tête sur le côté
en signe d'interrogation, ce qui fit rire le vampire qui trouvait
amusante cette attitude d'enfant. Il fit une petite révérence
au jeune être humain qui lui faisait face, signe de sa bonne
volonté et de son entière fidélité. La
tête du prince se pencha encore d'avantage, ce qui
attendrissait bizarrement le vampire. Depuis qu'il avait commencé
à l'observer, il y avait quelques semaines à peine, il
avait recommencé à avoir des sentiments humains. Il
s'en était rendu compte et avait voulu le rencontrer pour
enfin comprendre pourquoi il ressentait ça. -Que
faisiez-vous à ma fenêtre? Karyu sorti
brusquement de ses pensées et plongea son regard dans celui du
pauvre mortel qui n'était pas moins que trop lucide pour un
moment aussi étrange. Il s'approcha dangereusement trop près
et recula, sachant qu'il allait le prendre dans son filet s'il était
trop proche et qu'il finirai par le mordre. Il regarda autour de lui,
à la recherche de quelque chose qui pourrait avoir l'air de
retenir son attention et s'attarda sur la rose noir qu'il lui avait
lancé. Il la prit dans ses mains et dit d'un air absent qu'il
l'observait, tout simplement. -Tout simplement? Mais si vous
ne faisiez que m'observer avec autant de légèreté,
pourquoi avoir laisser le soleil vous brûler? Il avait
visé juste. Ça n'aurait pas du arriver. Habituellement,
il serait parti bien avant la tombée du jour, mais son esprit
lui avait fait défaut. Il avait été aveuglé
par cette obsession nouvelle pour cet être si ordinaire. -Car
j'étais absorbé dans mes pensées... -Qu'est-ce qui vous a pris
de simplement m'observer alors que vous auriez pu tout simplement me
mordre? Voilà! C'était ça là
question! Pourquoi ne l'avait-il encore jamais mordu? Pourquoi
n'avait-il aucune intention de le mordre sans qu'il ne s'en rende
compte? Pourquoi toute ces semaines à aller le voir dormir
alors qu'il ne voulait que le voir éveiller. Pourquoi ne
voulait-il pas le toucher lorsqu'il ne le sentait pas? -Puis-je
vous poser une question cher Tsukasa? -Pourquoi êtes-vous si
attirant alors que vous n'êtes qu'un simple mortel? La
question sembla ne pas atteindre Tsukasa sur le coup. Lorsqu'il
sembla comprendre le sens direct de cette phrase, ses yeux
s'arrondirent et il recula. Ne sachant trop pourquoi, il n'avait pas
envi de reculer. Il se sentait attiré par cette être
sublime. Pourtant, quelque chose l'incitait à ne pas
l'approcher, à ne pas le toucher comme le lui dictait son
envie. Il senti le lit et se stoppa. Karyu approchait trop à
son goût. Quelque chose le poussait à s'enfuir, à
quitter la pièce ou bien à ouvrir les rideaux, et il y
avait autre chose qui l'empêchait de bouger, qui désirait
voir ce qui se passerait ensuite. Son envie de savoir surpassa celle
de s'enfuir et il regarda le vampire s'approcher, le laissa même
frôler son visage avec ses doigts délicats. Il le laissa
approcher son visage. Il le laissa frôler ses lèvres, il
faillit lui-même les mettre en contact, mais préféra
attendre. Il approfondit lui-même le baiser qui semblait
vouloir se prolonger tout en restant volage. Il ne savait trop
pourquoi, il lui semblait avoir attendu ce moment toute son
existence, comme si il n'avait vécu que pour ça, comme
si c'était lui, l'être tant désiré. Karyu
le faisait reculer sans le vouloir, comme s'il ne voulait pas qu'il
s'en aille. Bien sûre, il allait le mordre, mais l'autre ne
semblait pas réticent à tout contact. Ils tombèrent
sur le lit, tout deux soudés. Ils ne pouvaient plus se lâcher,
comme s'ils étaient nés ainsi, aimant et passionnés.
Le vampire délaissa les lèvres du jeune mortel et alla
humer le cou de celui-ci. Il se mit à y laisser de furtif
baiser après quoi, il s'apprêta à mordre, mais
fut gentiment repoussé par le prince. Il se laissa faire, non
pas à contre cœur, mais avec compréhension. Par
contre, il reprit possession des lèvres du jeune homme et lui
griffa une épaule. Il lécha la blessure et, tout en
regardant le prince, lui donna une explication. -Pour toute
les fois où tu me repoussera, je te marquerai. Lorsque tu
seras enfin prêt, toutes ces marque disparaîtront. Il
se releva et regarda l'objet de ses désires. Il avait l'air
soumis, ce qui le rendait encore plus attirant. Il aurait voulu le
mordre, prendre son cœur et son sang, tout prendre et tout garder.
Pourtant, il se rendait bien compte que cette situation était
des plus anodine pour un vampire. Le jeune homme s'assit en tailleur
et regarda fixement la belle créature devant lui, fasciner par
ce comportement qui ne lui correspondait nullement. Ils passèrent
le reste de ce jour à se contempler, sans rien dire. À
un moment, le vampire s'étendit à côté du
jeune homme et ferma les yeux. Le mortel se laissa aller et
s'effondra à côté de lui. Ils sommeillèrent
jusqu'au coucher du soleil, après quoi Karyu se réveilla.
Il se mit alors à contempler fixement l'être à
côté de lui. Il était en boule et collé
contre le corps de l'immortel, comme un enfant qui cherche protection
auprès de l'être qui lui est si cher, sa mère. Il
était si attendrissant de voir à quel point cet être
avec son masque d'impassibilité pouvait être si
inoffensif. Lorsque le jeune prince se réveilla, Karyu s'était
levé et s'était installé près de la
fenêtre. Il regardait la nuit et l'horizon avec une telle
concentration que le prince en profita pour faire un tour à la
cuisine, histoire de manger. Lorsqu'il revint, son amant n'avait pas
bougé d'un centimètre. Il se tourna toutefois vers lui
lorsque le jeune vivant referma la porte. Il l'invita à le
rejoindre et lui prit la main. Il la baisa et serra le frêle
mortel dans ses bras. Il lui dit de bien s'accrocher après
quoi il sauta en bas de la chambre pour atterrir sur les murs qui
entouraient le palais. Il se déplaçait si vite que
personne n'aurait pu discerner ce que c'était ou bien voir que
le jeune prince était pendu à son cou. Ils s'arrêtèrent
enfin à l'entrée du cimetière. Karyu n'avait pas
l'air épuisé, mais amer. Voyant qu'il laissait
transparaître ses émotions, le vampire referma son
esprit et expliqua que c'était là qu'il vivait. Que
c'était là qu'il l'avait vu et aimé. Le jeune
garçon pencha la tête en signe d'interrogation, mais
décida qu'il savait déjà ce qu'il devait savoir.
Ils se mirent à discuter, débattre sur ce qui les
entourait, ce qui vivait et ce qui se passait dans l'univers. Arriva
un point où toute idées n'avaient plus de sens, où
l'irréaliste surpassait la réalité où
aucun être ne s'aventurait sans devenir fou. Pourtant, le jeune
mortel restait serein, et le vampire semblait trouver leurs propos de
plus en plus logiques. Sentant que le jour approchait, l'immortel
s'approcha lentement du prince, l'embrassa tendrement, le prit dans
ses bras et le fit descendre du perchoir, après quoi il
disparut sans un bruit, laissant le jeune homme seul dans le
cimetière. Voyant que le premier rayon de lumière
perçait la noirceur, Tsukasa sut qu'il ne pourrait revoir
Karyu qu'à la nuit, et décida d'aller lui-même
dormir. Lorsqu'il arriva au château, il vit que personne
n'était réveillé, ce qui lui laissait environ
cinq minutes pour gagner sa chambre. Lorsqu'il se réveilla,
l'immortel était assis à sa fenêtre, le
contemplant d'un air songeur. Il lui sourit, ce qui fit sourire le
jeune mortel qui avait, durant un moment, été sûre
que tout n'avait été qu'un rêve. Le buveur de
sang se pencha sur sa proie et lui embrassa tendrement le front, puis
les lèvres. Le soleil venait à peine de se coucher, le
jeune pouvant voir un tapis orangé couvrir le sillon des
montagnes. Il passa sa main sur la joue glacée de son
vis-à-vis et se mis à jouer avec l'une des mèches
qui tombait devant son visage avant de s'asseoir et de l'écarter
pour déposer à son tour un baiser sur les lèvres
du vampire. Karyu sentait le sang du prince qui circulait dans ses
veines, ce qui lui donnait très envie. C'est avec une immense
maîtrise de sois qu'il réussissais à ne pas lui
sauter à la gorge. Il allait repousser Tsukasa quand celui-ci,
relâchant son emprise, souffla : Tu as faim? Il
avait de la malice dans le regard. Il posa ses mains dans les cheveux
de l'immortel et, après l'avoir fixé passionnément
dans les yeux, approcha sa tête de son cou. Karyu aurait bien
voulu refuser, mais la tentation était encore plus forte et le
sang lui était offert. Il prit son temps, se faisant délicat
sur la peau fragile de son amant, déposant quelques baiser
avant de transpercer la chaire de ses canines. Le sang se mit à
ruisseler dans sa bouche et l'épais liquide coulait, chaud,
lentement le long de sa gorge. La faim qui le rongeait disparaissait
à mesure qu'il vidait le jeune de son sang. À un
moment, il se rendit compte qu'il allait tuer l'objet de son désir
s'il n'abandonnait pas le sang qu'il aimait temps. Il repoussa
aussitôt le prince qui tomba sur le lit, par chance encore
conscient, un peu faible cependant. Cela se reproduisit
souvent, au moins une fois au deux jours. Depuis sa rencontre avec
Karyu, Tsukasa n'était plus le même. Il ne pensait même
plus au mariage qui l'attendait. Il vivait de nuit, tout comme son
compagnon et dormait le jour. Il ne mangeait que lorsqu'il se sentait
sur le point de perdre connaissance dans l'escalier, se dirigeant
alors vers les cuisines pour se préparer un énorme
repas. Seulement, les gens du château commençaient
sérieusement à s'inquiéter pour lui. Même
son père, qui ne pensait pourtant qu'à lui-même,
avait l'esprit embrouillé par l'inquiétude qui le
rongeait depuis la disparition de son fils diurne et de l'apparition
de son fils nocturne. Lorsque le jeune successeur se regardait dans
une glace, il se voyait très pâle et des cernes lui
dessinait le contour des yeux. Pourtant, il était au comble du
bonheur, tout comme le vampire qui avait trouvé ce qu'il avait
tant espéré depuis des centaines d'années. Mais,
plus il y réfléchissait et plus il trouvait que quelque
chose clochait. Si ça continuait de la sorte, le petit allait
soi mourir de fatigue, soi mourir de vieillesse. Mais dans les deux
cas, lui continuerait à vivre, avec une souffrance de plus a
gérer. Il n'avait aucune envie d'être séparé
du prince, seulement celui-ci était décidé à
rester humain jusqu'au bout, quoi qu'il advienne. Cela faisait
près de deux mois que les deux hommes se fréquentaient,
sans que personne ne le sache, et le mariage approchait bientôt.
Bien sûre, ils en avaient déjà discuté et
en avait conclut que le Tsukasa ne se marierait pas avec elle, mais
la question était de savoir comment il allait réussir à
convaincre son père. Et s'il ne parvenait pas à
convaincre son père, que ferait-il. Mais encore là,
Karyu lui-même n'était pas prêt à
transformer qui que ce soit en vampire, et surtout pas l'être
qui lui était le plus cher. Il n'aimait pas du tout être
ce qu'il était, alors s'il devait en faire souffrir un autre,
même si celui-ci l'aurait voulu, ce qui n'était pas le
cas du prince, il ne le ferait pas. Ses pensées
s'embrouillaient à mesure qu'il essayait de trouver un
solution. Même après les centaines d'années qu'il
avait passé dans le monde, il ne voyait pas comment il pouvait
faire sortir son amant indemne de cette histoire qui n'aurait jamais
du avoir lieu. Tout ce dont il était sûre, c'est que soi
il faisait de Tsukasa un vampire, soi il le quittait, mais il ne se
sentait prêt ni pour l'un, ni pour l'autre. Il en avait
irrésistiblement envie, mais ce geste était si égoïste
et la situation serait si difficile à gérer. Dans tout
cet embrouillement d'idée, la seule chose dont il pouvait être
sûre, c'est qu'il aimait tendrement le jeune mortel, mais qu'il
était impossible que leur relation continue ainsi. Il se
sentait tellement coupable. Il avait embarqué le jeune homme
dans une situation impossible, ce qui lui coûterait sûrement
très cher. Et même s'il le transformait en vampire, il
savait que tous deux ne pourraient rester indéfiniment
ensemble. Les buveurs de sang étaient tous de grands
solitaire, et ils ne s'enduraient qu'une centaine d'année
avant de tomber amoureux d'un autre vampire ou même, d'un
mortel, beaucoup plus fascinant que tout ces de leur race. Il savait
qu'il le quitterait d'une manière ou d'une autre, et il décida
que le plus tôt serait le mieux, pour lui comme pour Tsukasa.
Tout à coup, tout devint clair. Il devait simplement s'en
aller, le quitter, lui éviter de souffrir, et s'éviter
à lui-même de souffrir inutilement par la même
occasion. Seulement, le perdre serait sûrement la pire chose
qui lui arriverait jamais, car il n'avait jamais ressenti autant
d'amour pour n'importe quel être. Il avait fini par prendre sa
résolution. Et puis, il y avait si longtemps qu'il n'avait pas
vu le soleil. Ce soir-là, l'être de la nuit se
fit réveiller par le jeune prince qui avait pénétré
dans sa crypte, qu'il avait enfin découverte. Il avait passé
sa journée à ratisser le cimetière à la
recherche d'une entrée secrète pour la tombe de son
amant. Il s'était installé bien collé contre son
corps, la tête sur son torse, attendant qu'il se réveil.
C'était l'odeur du sang qui avait fini par le tirer de son
sommeil. Lorsqu'il consentit à ouvrir les yeux, il vit bien
que son amant savait depuis plus longtemps que lui ce qu'il allait
faire. Le prince déposa un tendre baiser sur les lèvres
glacées qui lui faisait trouver l'Eden et se blottit contre le
corps sans vie qui venait de prendre possession de ses moyens. Le
vampire se leva et sortit du cercueil après quoi il en tira
l'être aimé. Il n'avait pas besoin de lui expliquer quoi
que ce soit, puisque son prince savait tout, mais il devait
simplement lui dire qu'il avait vu juste. Karyu prit Tsukasa dans ses
bras et le serra contre lui. Le mortel se laissa docilement aller. Il
restèrent un bon moment l'un contre l'autre, leurs corps
soudés par cette amour irréel. Soudain, l'immortel
senti que sa veste était humide. Il ouvrit les yeux et
constata avec désarroi que son amant pleurait. Avant qu'il ait
pu réagir, le jeune se pendait à son cou et murmurait à
son oreille. Si tu t'en vas, fais au moins en sorte
que je t'haïsse à jamais, fais en sorte que mon amour
pour toi soit aussi grande que la haine que j'éprouverai après
le cadeau empoisonné que je te demande... Cette requête
paraissait si absurde contenu du fait qu'il n'en avait jamais voulu,
mais qu'il le voulait maintenant, car il allait partir pour ne jamais
revenir. Pourtant, c'était si simple et si pur, c'était
la seul chose qu'il restait à faire pour ne pas faire sombrer
le pauvre dans la folie, dans l'amour éperdu, dans le suicide
par amour, pour lui, avec lui. Il le prit dans ses bras et sorti de
la crypte pour aller au palais, dans la chambre de Tsukasa qui avait
laissé la fenêtre ouverte. Ils pénétrèrent
à l'intérieur et s'installèrent d'une part et
d'autre de la pièce; le vampire accoté au mur près
de la fenêtre et l'homme assis les jambes écartées
à côté de la porte, la tête pendant entre
ses jambes. Les heures passaient et aucun d'eux ne soufflait mot.
C'est à peine si le jeune prince respirait encore. Lorsque les
premiers rayons de soleil firent voir le minimum de leur éclat,
le jeune homme releva la tête et le vampire s'avança
vers lui. Il s'accroupit pour se retrouver à peu près à
sa hauteur et l'embrassa. Longtemps, passionnément, un baiser
d'amour, celui que l'on ne veut jamais terminer. Pourtant, il dut
abréger pour déposer son baiser ultime sur l'artère
du cou de son amant. Ses crocs pénétrèrent la
chaire et la veine, laissant jaillir un flot de sang chaud, coulant
dans la gorge du vampire et sur le cou de Tsukasa qui, toujours
docile, s'accrochait aux bras de son prédateur. Plus le sang
affluait, plus sa vision se voilait, laissant la douce lumière
qui entourait son amant éblouir chacun de ses sens. Lorsqu'il
senti qu'il était vide, il essaya de pousser un gémissement,
mais il fut interrompu par un épais liquide qui s'insinuait
entre ses lèvres. Le goût était merveilleux,
l'extase venait de remplacer le doux instant de paix que l'on appel
la mort. Il s'accrocha à la source de ce liquide, serrant très
fort le dos du vampire pendant qu'il échangeait avec lui son
dernier baiser ponctué de sang. Après cet échange,
le plus vieux des deux regarda tendrement l'autre, et se dirigea
lentement vers la fenêtre où les rayons du soleil
avaient presque dépassé l'horizon. Avant même que
l'autre ne reprenne conscience de ce qui allait se produire, Karyu
était assis sur le bord de la fenêtre et commençait
à se dissoudre en poussière. La petite brise qui
soufflait balayait toutes les cendres que produisait le suicide du
vampire, et les seuls mots qui sortirent de sa bouche furent à
l'adresse de Tsukasa. Celui-ci pleurait, la haine l'envahissant en
même temps que la tristesse et que son dernier élan
d'amour pour son créateur. Il alla se réfugier dans le
coin le plus sombre de la pièce, laissant les dernières
paroles de son amour le pénétrer jusqu'au plus profond
de son cœur. Owari
Une silhouette sortie de l'ombre, observant ce
magnifique prince aux allures solitaires et à l'effluve de
rose partir jusqu'à sa noble demeure. Un sourire obscène
se dessina sur le visage parfait de cet être si impure. Il
avait la grâce d'un prince, mais il y avait une aura autour de
lui qui le faisait paraître effrayant, mais si attirant à
la fois. Il attendit un long moment, seul, dans cet endroit sinistre
après les lueurs de l'aurore, et se mit en route pour le
château que le jeune prince venait d'atteindre. Il l'atteignit
après seulement la moitié du temps que le prince avait
pris pour parvenir chez lui.
Le jeune prince entra dans sa
chambre et referma la porte discrètement. Au lieu d'aller se
coucher, il alla à sa fenêtre et l'ouvrit pour laisser
l'air frais se balader sur son visage et dans ses cheveux. Il alla
ensuite s'étendre sur son lit sans même prendre le temps
d'enlever ses vêtements. Il s'assoupit après un long
moment de contemplation de son plafond. Ce qu'il ne savait pas, c'est
que l'être du cimetière l'observait, l'admirait, le
dévorait du regard, une sorte de sensation exquise au fond des
reins. Il y avait une espèce de rage dans le ventre de cette
créature enchanteresse pour cet homme si simple et si bon, une
envie incroyable. Ce parfum si enivrant, cet silhouette si attirante,
sa démarche si gracieuse. Pourtant, cet être avait
lui-même tout cela, seulement, lui paraissait toujours
irréelle, surréaliste tandis que ce jeune prince était
si parfait, si normal. Il aurait tout donné pour avoir ça.
Il se laissa aller à sa contemplation, assit sur le bord de la
fenêtre grande ouverte. Il y resta si longtemps, tellement
émerveillé, qu'il ne se rendit pas compte que le soleil
commençait à se lever. Il senti alors une agréable
chaleur dans son dos. Il avait l'impression qu'il était
redevenu un homme et que le soleil léchait son corps. C'est à
se moment qu'il se rendit compte que c'était la réalité.
Le soleil était en train de le brûler mortellement. Le
prince s'était réveillé entre-temps et regardait
maintenant cet être magnifique brûler. Il se leva d'un
bond, et alla chercher le vase de rose sur sa table. Il prit bien
soin de les déposer délicatement après quoi, il
arrosa l'être qui avait prit feu d'un rien. Il le tira à
l'intérieur et il vit celui-ci se cacher dans un coin d'ombre
de la pièce. La délicieuse apparition lui dit d'un ton
ferme de fermer les rideaux et d'empêcher une quelconque
parcelle de soleil entrer dans la pièce. Il tira les épais
rideaux de velours noirs et se retourna vers l'étrange
apparition. Il se doutait bien que c'était un vampire puisque
celui-ci avait pris feu justement au levé du soleil.
Seulement, il voulait une affirmation, un autre signe qui lui
prouverait qu'il avait raison ou qu'il avait tord. Il se retourna et
se mit à dévisager l'homme devant lui. Qu'il était
beau, il avait l'air d'un prince. Ses cheveux bruns lui tombant
devant le visage le rendait adorable, sa jolie bouche donnait
tellement envi d'y déposer un baiser, ça en était
presque insupportable, alors il préféra détourner
son regard. En le détournant, on pouvais sentir toute cette
attirance disparaître, comme une corde que l'on coupe ou une
chaîne que l'on scie. Il avait un tel pouvoir d'attraction. Il
lui avait fallut une grande volonté pour se détourner,
et aussi beaucoup d'appréhensions. Il se dirigea vers la porte
mais fut arrêter par l'homme qui lui barrait le chemin. Il dit
:
On
entendit cogné et la servante de Tsukasa demanda si elle
pouvait pénétrer dans la pièce. Celui-ci dit
qu'il n'avait pas encore besoin de ses services et qu'elle pourrait
repasser lorsqu'il aurait quitté. On l'entendit quitter
l'étage et il se retourna vers son visiteur qui l'observait
sans aucune expression apparente.
L'interpellé
acquiesça d'un signe de tête et, tout en se rapprochant
de lui, l'autre s'exécuta.
