Auteur : Crazyitachi-la-malade-de-Shaka~
Disclaimer : A Tite Kubo sauf les idées que je défendrai chèrement si besoin
Rating : T pour le moment, M plus tard, YAOI et si ça vous dérange DEGAGEZ AVANT QUE JE VOUS BOUFFE
Certains savent que les fics sont supprimées les unes après les autres, hé bah je continuerai d'écrire envers et contre tout, na d'abord.
Sinon hé bien... bonne lecture!
Une légende oubliée
CHAPITRE 1
Grimmjow Jaggerjack était un homme sans histoire.
Il vivait depuis maintenant 30 ans dans le même village, Ieron. C'était un village isolé du pays modernisé dans lequel il se trouvait. Un village où les gens pratiquaient encore le troc plutôt que les paiements par monnaie et on se demandait souvent si un jour la mondialisation toucherait enfin cet endroit reculé.
Le village était au bord de l'océan, il ne survivait que grâce aux fruits de la pêche, l'agriculture permettant peu de récoltes sur les pentes escarpées qui bordaient les alentours. La vie était parfois difficile, mais pas impossible. Il fallait juste que la mer soit clémente avec les pêcheurs, les héros du village. C'était eux qui assuraient la survie. Sans eux, le village aurait été déserté depuis de nombreuses années.
Il y avait peu d'hommes encore assez forts et motivés pour assurer cette fonction vitale. La plupart des jeunes gens quittaient le village dès qu'ils étaient en âge, effectuant leur lycée, puis leurs études dans les plus grandes villes et n'y revenant jamais.
Parmi les rares pêcheurs, moins encore pouvaient se vanter d'être doué. Et le seul qui le pouvait n'élevait jamais sa voix pour faire résonner sa vanité. Oui, de tous les 'héros' du village, Grimmjow Jaggerjack était le seul qui aurait pu avoir le droit de se faire remarquer.
L'homme était jeune, un peu moins de la trentaine. Il n'avait jamais eu à apprendre le métier de pêcheur. Né sans mère, sa maison était la cabine du bateau et l'océan était son jardin. A cinq ans il était le fidèle moussaillon de son père, à dix il commençait à conduire les expéditions de pêche. A la mort de son père vers ses quinze ans, il était l'Homme de la mer.
Usé par les vents et par les flots, Grimmjow était d'un naturel silencieux, bourru. Il parlait rarement aux gens, d'aucun disait que la mort de son père en pleine tempête l'avait traumatisé. Le concerné se fichait de ces ragots. Grimmjow ne parlait pas parce que, tout simplement, la mer ne parle pas. Elle chante, elle crie... parfois elle pleure aussi. Les humains piaillent, ils ne méritent pas qu'on leur parle. Enfin, c'était ainsi qu'il voyait les choses.
Grimmjow était aussi bel homme. Beaucoup de femmes espéraient un jour être choisies pour épouses, mais toutes avaient été éconduites. Parfois, cela se faisait en douceur. C'était lorsque le chat de Grimmjow était lové contre lui. Le plus souvent, c'était au prix d'une humiliation méritée.
Le pêcheur taciturne avait acquis une réputation presque correcte : celle d'un solitaire endurci pour qui rien ne comptait hormis son chat, Pantera, son bateau, et la mer. Les plus romantiques disaient qu'il lui était fidèle, que la mer serait toujours la seule chanceuse à pouvoir l'appeler sans être ignorée. Il y avait de ça, oui. L'océan qui avait englouti son père possédait aussi son cœur.
« Encore à reluquer notre beau pêcheur ? »
La jeune femme soupira. Elle était très jeune, seulement vingt ans à tout casser. Elle avait des cheveux noirs noués en deux couettes et était collée d'une autre de son âge aux cheveux courts et blonds. Elles traînaient souvent sur les quais à discuter avec les marins, essayant de leur soutirer quelques pièces moyennant certains services. Elles n'étaient pas les seules à le faire, mais elles étaient bien les seules à viser Jaggerjack.
« Allez quoi, il peut pas ne pas éprouver de besoins !
-Laisse tomber, Menoly ! Tu nous saoules à chouiner après lui !
-J't'ai pas sonné, Nnoitra ! »
Nnoitra n'était pas un pêcheur du village. Pour tout dire, on n'avait jamais bien su définir son rôle au sein de Ieron. Un genre de policier peut-être qui maintenait un semblant d'ordre par la terreur. Il était souvent flanqué de son second, un certain Tesla qui brillait pas sa discrète invisibilité.
« Je vais le voir !
-Il revient tout juste de sa pêche, c'est pas une bonne idée, Menoly…
-Allez, Loly ! Il faut essayer ! »
Les deux femmes se concertèrent du regard et quittèrent leur poste d'observation pour rejoindre l'homme aux cheveux électriques. Nnoitra éclata de rire en les voyant partir, leur souhaitant une bonne humiliation. Il savait qu'il était un salaud, mais en ce qui concernait les femmes, Grimmjow n'était pas tellement mieux que lui.
Sur le ponton, Grimmjow amarrait son petit esquif. Il venait de finir de fixer les cordages quand un miaulement lui fit esquisser un sourire. Il attrapa un petit poisson, trop petit pour la revente, et le lança à l'animal sans un mot, mais la femelle n'en avait pas besoin. Pantera et lui étaient sur la même longueur d'ondes : nul besoin de mots lorsque l'on se comprend si bien.
Pantera était un chat plutôt commun. Elle était rousse, tachetée de blanc et de marron, parfois un peu de noir. Quand il était petit, le père de Grimmjow lui avait dit que seule les femelles pouvaient avoir une telle robe et cette dite robe était révélatrice du caractère de chasseur de ces chats. Les 'Ecailles de tortue' comme on disait, étaient des chasseresses dans l'âme et jusqu'à présent, Pantera l'avait prouvé. Elle vivait depuis toujours au port, venant avec son maître sur le navire, lui prédisant la météo durant la toilette, chassant souris et autres nuisibles avec brio.
« Hé Grimmjow, tu voudrais pas t'amuser avec nous ? »
Le pêcheur fronça les sourcils et fit comme s'il n'avait rien entendu, s'asseyant sur le bord du ponton pour réparer un filet de taille modeste. Pantera dévorait son casse-croûte, gagnant plus de regards que les deux jeunes filles.
« Pourquoi tu nous ignores ? On est pas assez jolies pour toi ?
-Allez quoi ! lança Menoly. Si t'as pas d'fric c'est pas grave, t'es trop beau gosse pour qu'on s'en formalise. »
Grimmjow jura intérieurement. Pourquoi ces filles ne pouvaient pas comprendre ? Il avait eu la délicatesse de les ignorer, si elles étaient parties, elles auraient évité l'humiliation publique.
« Répond merde ! T'as pas l'droit d'nous traiter comme ça ! »
L'homme se redressa de toute sa hauteur et alla ranger le filet dans un gros sac de toile qu'il lança sur son épaule sans ménagement, effrayant par ses grands gestes les filles. Elles se mirent sur le ponton pour bloquer le pêcheur.
« Connard ! »
Grimmjow afficha un sourire carnassier qui fit frémir les deux importunes et il cracha purement et simplement aux pieds de la meneuse.
« V'là c'que j'en fais d'ta proposition. Casse-toi avant que j'm'énerve. »
Loly serra les poings, rouge de rage. Elle voulut lever le poing et frapper Grimmjow mais ce dernier lui attrapa le bras et le tordit au point qu'elle perdit son équilibre et qu'elle tomba dans l'eau. Son amie, indignée, voulut s'élever mais elle finit dans le même état.
Plongées dans l'eau, elles se mirent à piailler comme pas deux, agaçant plus encore le pêcheur qui décida d'y remédier. Il prit le filet qu'il voulait réparer auparavant et, concluant qu'il mettrait plus de temps à le rafistoler qu'à en récupérer un neuf, il décida de le lancer sur les deux sirènes affreuses.
« Avec un peu d'chance, un pêcheur bigleux vous ramassera pour vous vendre à la poissonnerie. »
Et il quitta l'endroit suivi de son chat trottinant. Il longea la jetée pour rejoindre sa modeste maison. Le père de Grimmjow avait construit cette cabane sur les conseils des vieux du village. On s'était moqué de lui en disant qu'à la première grande marée tout serait balayé. Mais seuls les ragots le furent.
La cabane en question était montée sur pilotis. En réalité, on ne pouvait dire que cette habitation empiétait sur la mer comme certains ports. C'était plutôt la mer qui annexait ce lopin de terre.
Grimmjow lança son sac sur le parvis et balança distraitement ses chaussures à côté. Il chercha une cigarette dans tout le bazar de sa cabane quatre pièces et se l'alluma avant d'aller s'asseoir sur le bord des pilotis, pieds au-dessus de l'eau. Il tira une ou deux bouffées avant que Pantera ne vienne grogner après l'odeur. Ce chat était horripilant parfois, à l'image de son maître. Elle détestait l'odeur de la cigarette de son maître et généralement, elle se débrouillait pour cacher les paquets.
Grimmjow écrasa le poison miniature sur le sol et soupira. Ce soir... C'était le soir où les poissons se réunissaient en nombre imposant près des récifs. Mais c'était aussi la période où les vents se levaient à l'improviste. Une de ces nuits où son père était mort. Une pêche comme celle-là signifiait au moins trois jours de nourriture pour le village entier.
Le pêcheur n'était pas altruiste pour un sou, mais son éducation l'avait plus ou moins formaté pour penser à pêcher pour le village. Et ce soir... il irait braver la chance pour lui.
Pantera grogna, tout à coup ignorée. Son maître lui lança un sourire amusé et lui tapota la tête.
« Prépare-toi, ce soir est peut-être le dernier.»
Et l'idée de la mort ne lui faisait ni chaud ni froid.
Il devait y avoir une religion spéciale pour les marins. Les vrais n'avaient pas l'angoisse de se perdre, de voir le navire couler. Grimmjow n'avait aucune peur et n'était attaché à rien.
«Oi! Bâtard des mers!»
Grimmjow leva les yeux au ciel en soupirant. Il remarqua Pantera qui s'en allait, dérangée par la présence du nouvel arrivant. Son maître ni Nnoitra ne s'en offusquèrent.
«Tes deux sirènes foutent le souk au port.
-Les deux thons tu veux dire?
-En même temps on peut s'nourrir sur un thon.»
Grimmjow esquissa un sourire.
« Et puis les vrais sirènes sont forcément mieux.
-Tu crois à ces conneries ?
-C'est l'pêcheur endurci qui m'dit ça ? Tss…
-Ouais, sinon, qu'est-ce qui t'amènes alors, Grand Con?
-Tu vas faire la Grande Pêche cette nuit?
-Ouais.»
Nnoitra frémit discrètement. Il avait eu vent, comme tous au village, de l'histoire du pêcheur qui part en mer pour la Grande Pêche et dont le bateau ne revient qu'en une planche avec un enfant accroché dessus.
«T'as peur de rien, hein?
-Si j'étais un trouillard comme toi j'me ferais grave chier.»
Le plus grand éclata de rire et commença à rebrousser chemin. Avant de trop s'éloigner il lança :
«Mais moi j'tiens à ma vie, Grimmjow ! »
Le concerné eut une moue amusé mais qui restait assez figée. Ce n'était pas qu'il ne tenait pas à sa vie, mais il n'avait pas d'utilité à la protéger coûte que coûte. Grimmjow se redressa et alla attraper un filet dans la cabane. Il prit le plus gros et le plus résistant et entreprit de vérifier qu'il y ait le moins de trou possible. Il était encore tôt et il avait toute la journée pour se préparer et bien dormir.
La mer était calme toute la journée, la nuit serait sans doute pareille. En plus, il n'y avait pas eu de tempêtes depuis un moment. Le seul risque cette nuit-là, c'était les vents violents. Mais il avait Pantera pour l'avertir du danger : le chat était le meilleur météorologue. Patte derrière l'oreille pendant la toilette signifiait pluie dans la journée.
La journée s'écoula tranquillement. Le pêcheur ne fut pas dérangé une minute. Rares étaient les fous qui s'aventuraient jusqu'à son antre depuis qu'il avait montré de manière brutale sa volonté d'isolement. Et même si sa cabane ne payait pas de mine, c'était tout ce dont il avait besoin pour vivre. Mais pour être heureux, c'était une autre histoire.
La nuit tombait lentement maintenant, le soleil près de se coucher sur son lit d'horizon. Grimmjow était déjà sur le pont du bateau, en route pour les récifs. Une partie du village s'était réunie pour le regarder prendre le large avec quelques autres marins. Grimmjow était toujours seul sur son bateau. L'esquif était assez petit pour ne pas avoir besoin de main d'œuvre, du reste, c'était fait pour.
Quand le soleil fut caché et que Grimmjow alluma la lanterne, il était déjà au large, filets prêt à être lancés. Un cri étrange le surprit tout à coup et il fit volte-face.
« Pan' ? »
Le chat était sur le qui-vive, de toute évidence, le bruit ne venait pas de lui. La chasseuse demeura un long moment immobile et finit par se frotter l'oreille de sa patte.
« C'est maintenant qu'tu l'dis, sale bête… »
Grimmjow grogna et commença dès lors à harnacher les éléments au ponton. Il avisa le gilet de sauvetage et le canot au cas où, même s'il espérait que cette fois il ne rentrerait pas en flottant sur une planche.
Le début de la nuit se déroula sans grand problème. Parfois, une bourrasque réveillait le capitaine solitaire et lui donnait une bouffée d'adrénaline pour continuer la pêche fructueuse. Oui, pour le moment, c'était génial. C'était comme la dernière fois. Quand Grimmjow regarda les étoiles et la course de la lune pour avoir une idée de l'heure, il frémit malgré lui.
C'était bientôt l'heure.
Il fit signe à la chasseuse qui rejoignit son poste dans la cabine. Le pêcheur était sur le qui-vive. Les éléments étaient bien plus prévisibles qu'il n'y paraissait pour ceux qui savaient les décoder. Et Grimmjow était un maître pour ça. Son père aussi l'était.
« Ça y est… »
Grimmjow essuya la première violente bourrasque avec brio, se débrouillant pour ne pas perdre ses filets dans la manœuvre. Il entendit, au loin, les cloches des autres bateaux signifiant qu'ils rebroussaient déjà chemin. Le pêcheur grogna. Il ne rentrerait pas en même temps que ces fillettes, non. Il vaincrait la mer pour une fois.
Tout le monde disait qu'il entretenait une relation fusionnelle avec elle. Erreur. La mer était son ennemi, son frère implacable. Tous les deux aussi impétueux, sûrs d'eux. Parfois plus calme. Mais cette rivalité était toute la vie de Grimmjow : vaincre la mer qui avait gagné une fois.
Et quand la mer gagne, elle réclame toujours une vie.
« Merde ! »
Grimmjow avait été surpris par cette bourrasque-là. Il cracha un juron et fronça les sourcils en voyant le mouvement anormal des vagues. Il jeta un coup d'œil à Pantera qui s'était réfugié en hauteur.
« Putain… »
Les animaux qui se réfugient en hauteur… Grimmjow se pencha sur la rambarde et aperçut grâce au spot la surface de l'eau. Il y avait des bulles anormales. Le signe avant-coureur d'un tsunami. Mais le pêcheur ne rebroussa pas chemin, pas tout de suite. Il essuierait au moins la première vague meurtrière qui vint plus vite que prévu.
Trempé jusqu'à l'os mais s'en fichant éperdument, Grimmjow continuait de diriger son bateau. Il avait remonté les filets et s'apprêtait à retourner au port avec les cales regorgeant de poissons. S'il rentrait à bon port, il aurait tenu quatre heures une nuit de Grande Pêche, le record de son père.
Les vagues violentes et hautes se succédaient maintenant, donnant peu de répit à Grimmjow. Cependant, l'homme ne se laissait pas dépasser par les évènements, il restait un exemple de sang-froid et aucune angoisse ne lui nouait le ventre. Il jouait contre la mer, c'était comme un combat à mort et s'il perdait, il s'en fichait bien. Au moins, il se serait bien amusé !
Une vague plus imposante que les autres s'éleva d'un coup face au bateau. Elle le happa sans souci, l'aspirant presque en son sein. Grimmjow la regarda fixement, yeux vers le ciel. Ça, c'était un coup de grâce. La mer avait encore gagné et tenait à le faire savoir. Le pêcheur afficha un sourire carnassier, remué jusqu'aux tripes par ce combat trépidant.
« Pff, t'es qu'une mauvaise perdante. »
Et la vague se laissa choir de tout son poids de titan, réduisant le bateau à une coque de bois ballotée par les flots, puis des morceaux de bois flottants. Grimmjow parvint à attraper une planche et s'y attacha à l'aide d'une corde de toutes ses forces. Il chercha Pantera du regard mais elle avait disparu. Il étouffa un rire. Cette chasseresse avait déjà survécu à un naufrage, elle gagnerait encore. A croire que seuls les animaux pouvaient jouer à armes égales avec la mer.
« Ouais, une sale mauvaise perdante… »
Grimmjow essaya de rester conscient mais un choc à la tête le sonna et, progressivement, le plongea dans un demi-sommeil. Il n'avait pas remarqué la large entaille qui lui barrait le torse et saignait abondamment, sinon, il n'aurait pas attendu pour mettre fin à ses jours. Attirer les requins n'était pas futé si l'on voulait mourir rapidement.
CCC
Tout était si calme. C'était étrange, il ne se rappelait pas avoir jamais connu pareil calme sur la mer. Grimmjow toussa tout à coup, crachant un trop plein d'eau qui menaçait de le noyer. Il ouvrit lentement les yeux et grogna de douleur. Son torse le faisait souffrir affreusement, le sel de l'eau creusant la blessure.
Grimmjow parvint tout juste à se concentrer pour aviser sa situation. C'était le lendemain de la tempête, il y avait grand soleil, il devait être 7 heures du matin, il mourait de froid et il laissait une belle lignée de sang sur son sillage imposé par le courant.
Dans deux heures il tomberait dans un profond coma. A moins que les requins ne s'en charge avant. C'était d'ailleurs anormal qu'il soit encore en vie. Le sang se sentait à des kilomètres.
Il allait mourir, c'était certain. Mais à y réfléchir, rapidement ça aurait été mieux. Grimmjow lâcha un énième grognement de douleur et referma les yeux. Le soleil se levait et bientôt il grillerait après avoir souffert d'hypothermie.
Et comme son père, la mer l'emporterait. Mais contrairement à lui, elle aurait pris son temps.
Les minutes s'écoulèrent normalement, non perturbées d'être le compte à rebours de la vie d'un homme. Grimmjow était déjà endormi, se réveillant de temps en temps en sursaut. Il avait si froid...
Un bruit étrange le tira vaguement de sa torpeur mais il n'eut pas la force d'ouvrir les yeux pour voir. Il sentit que quelque chose le frôlait à l'occasion, cela provoquait des remous dans l'eau. Il était résigné à se laisser dévorer quand une main lui toucha l'épaule. Il voulut sursauter, crier sous la surprise, mais il était trop fatigué. Cela n'empêchait pas son corps de trembler en plus de peur, que faisait la main de quelqu'un sur son épaule en pleine mer?
« Protecteur...»
Grimmjow fronça les sourcils à l'entente du murmure. C'était comme une voix qui prononçait un mot avec un accent étranger. La voix se tut ensuite, la main sur l'épaule devint deux bras qui l'enlaçaient. Grimmjow sentit à peine qu'on le détachait de la planche flottante mais il remarqua quand la créature inconnue l'emporta, nageant en douceur.
Le naufragé avait peine à croire ce qu'il vivait. Délirait-il? Etait-il en fait plus près de la côte qu'il ne le croyait? A ce moment... pourquoi avait-il senti comme une nageoire l'effleurer...?
Grimmjow ne pouvait dire combien de temps son sauveur l'emporta dans la mer, mais quand il sentit ses pieds toucher le fond, il s'accorda un soupir de soulagement dans son esprit comateux.
Le sauveur l'allongea dos sur le sable en douceur. Il toucha son visage de la main et eut une moue inquiète. Il n'avait pas sorti complètement le pêcheur de l'eau car il ne pouvait pas marcher. Le bas de son corps était celui d'un poisson. Le haut, quant à lui, était humain.
Il avait de longs cheveux orange et brillants de reflets qui s'emmêlaient avec plaisir sur son torse nu. Il avait un regard clair, naïf mais sérieux. Ses sourcils froncés en étaient la preuve d'ailleurs. Il se maintenait le corps hors de l'eau penché sur le naufragé, la queue battant occasionnellement les faibles remous.
Il observa un long moment la blessure, la touchant prudemment vu sa gravité. S'il ne faisait rien, l'humain mourrait. Il regarda tout autour de lui, comme s'il guettait un ennemi et posa une main sur le visage de l'homme, sur ses yeux.
Grimmjow était bien incapable de réagir. Il n'avait pas l'impression que son vis-à-vis était belliqueux, c'était déjà ça. Quand une intense chaleur se répandit dans son corps depuis sa tête, il soupira de soulagement. Il avait cru mourir de froid, cependant, cette délicieuse sensation, malgré tout le bien qu'elle lui procurait, réveillait les muscles et les nerfs engourdis.
« Nhhngh...»
L'homme-poisson eut un air inquiet et plaça son autre main au-dessus de la plaie pleine de sel. Aussi mystérieusement que précédemment, elle se referma presque, ne laissant qu'une longue trace d'un rouge rosé. Grimmjow se détendit d'un coup. Il se sentait presque d'aplomb. Réunissant ses forces, il ouvrit les yeux. L'hybride ôta sa main immédiatement pour ne pas déranger la vue du pêcheur.
« Putain...»
Grimmjow n'avait pu retenir ce juron en avisant la créature qu'il avait sous les yeux. C'était ce qu'il avait vu de plus beau, même si la queue de poisson donnait un air incroyable à la scène.
L'hybride hocha la tête, perplexe.
« Qui es-tu? Pourquoi tu as...»
Grimmjow tenta de se redresser mais sa blessure le maintint au sol. Son vis-à-vis posa ses mains pour le retenir de retenter l'opération.
« Pêcheur pas guéri. Dit-il avec des efforts d'articulation. Bouger dangereux!»
Grimmjow écarquilla les yeux. C'était cette voix qu'il avait entendu.
« Tu me comprends? Tu sais parler ma langue?»
L'homme-poisson hocha à nouveau la tête, donnant sa réponse au naufragé. Mais cela ne l'agaça pas, au contraire, Grimmjow sourit pour la première fois depuis longtemps.
« Pantera?»
L'hybride fronça les sourcils. Il voyait son naufragé s'agiter. Il voulait le retenir quand ce dernier imita des miaulements.
« Pantera? Répéta-t-il. Pantera maon?»
Grimmjow comprit là que son interlocuteur voulait savoir si le chat et Pantera était pareil.
« Oui! Sur le bateau!
-... Moi voir après.»
La manière que l'hybride avait de parler était adorable. Presque trop comparé à son regard sérieux. Grimmjow eut une expression adoucie.
« Moi, Grimmjow. Expliqua-t-il lentement. Toi?»
Le concerné sourit, visiblement heureux qu'on le lui demande.
« Ichigo ! Moi Ichigo !»
Grimmjow s'amusa de cet engouement et répéta le nom, Ichigo suspendu à ses lèvres pour en écouter toutes les consonances.
« Grrrrimdjoo...»
Ichigo grimaça, très peu content de son essai. Le pêcheur redit :
« Gr-im-jow.
-Grimm... djow?
-Tss...
-Grimm?»
Le naufragé tiqua au raccourci. Rares étaient ceux qui osaient en user.
« Ouais, Grimm.
-Grimm! Répéta joyeusement Ichigo. Toi mal?
-Un peu...
-Moi...»
Ichigo ne semblait pas connaître les mots alors il montra ses yeux et le large.
« Tu vas me regarder de loin?
-Oui! Moi protecteur!»
Ichigo avait dit cela avec un air très sérieux. Il regarda tout autour et remarqua que son naufragé haletait légèrement, bouche entrouverte.
« Toi...»
Ichigo mima quelqu'un qui buvait. Grimmjow acquiesça.
« J'ai soif oui...
-Soif...»
L'hybride avait répété comme pour mémoriser le mot. Il s'écarta ensuite et replongea dans la mer. Grimmjow se demanda s'il allait chercher à boire ou les secours.
Quand il revint, quelques minutes plus tard, il tenait une bouteille en plastique. Grimmjow trouva l'anachronisme amusant mais la douleur le rappela à l'ordre.
« Grimm a mal? S'inquiéta Ichigo. Eau!»
Grimmjow sourit malgré lui, comme s'il voulait rassurer son sauveur. Ichigo fronça les sourcils, bien conscient de la volonté du pêcheur. Il soupira et porta la bouteille aux lèvres de Grimmjow, versant très lentement le liquide dans la bouche. Grimmjow le remercia d'être si prévenant et quand il n'eut plus soif, Ichigo retira la bouteille.
« Qu'est-ce que tu es?»
Ichigo étouffa un rire et répondit d'une phrase prononcée rapidement dans sa propre langue. Grimmjow ouvrit de grands yeux et Ichigo éclata de rire. Le pêcheur comprit ensuite le pourquoi de ce rire et il soupira. Pour essayer de se faire comprendre, il montra la queue de poisson et Ichigo reprit un air sérieux, concentré. Il sembla réfléchir un moment et haussa finalement les épaules signifiant qu'il ne connaissait pas le mot.
Grimmjow montra simplement que ça ne le dérangeait pas et il essaya de se détendre un peu quand la douleur dans son torse tira à nouveau. Ichigo eut une moue triste et tenta :
« Moi... rester...»
Il semblait vouloir dire autre chose mais butait sur les mots.
« Moi... Il montra le large. Protéger quand pas comme toi...»
Grimmjow fronça les sourcils.
« Toi protéger tant que pas humains pour moi?»
Ichigo acquiesça vigoureusement.
« Oui! Toi fort pour...
-Pour comprendre.
-Oui! Grimm est gentil. Content avoir protégé!»
Grimmjow ne sut pas tellement comment le prendre, aussi, il sourit.
« Ichigo aussi est gentil... Merci.»
L'hybride souriait doucement et, après un court silence, il posa sa main sur le front de Grimmjow et ce dernier sentit ses paupières s'alourdir. Progressivement, il s'endormit.
Ichigo regarda tout autour d'eux et retourna dans l'eau, assez loin pour être immergé complètement mais pas trop pour être encore capable de veiller sur Grimmjow.
Les heures s'écoulèrent ensuite et Ichigo craignait que personne ne vienne chercher un survivant sur cette plage. L'ennui, c'était que, en théorie, personne ne devait savoir qu'il existait... S'il déposait Grimmjow sur une autre plage plus fréquentée, on le démasquerait à coup sûr.
Ichigo pensait bien à un autre moyen mais il n'était pas très enclin. Un cri soudain le tira de sa torpeur.
« Grimm!»
L'hybride se précipita sur la plage et se pencha sur le marin. La blessure se rouvrait... Évidemment, il ne savait pas très bien soigner... Son regard s'affolait et il tournait la tête dans tous les sens, à l'affut du moindre espoir. On sentait qu'il était sous pression et hésitait réellement sur le choix à faire...
« Nngh...»
Ichigo se mordit la lèvre et plongea rapidement dans l'eau. Arrivé assez loin, il se mit à chanter de toutes ses forces. Peut-être alerterait-il ainsi des secours sans qu'on ne le voit.
Dans son état semi-comateux, Grimmjow reconnut le cri qu'il avait entendu avant la tempête. Il parvint à entrouvrir les yeux et aperçut le dessus de la tête orange.
Pourquoi Ichigo faisait-il ça pour lui? Cette question lui occupa l'esprit quelques instants avant qu'il ne se laisse emporter par le chant de la sirène.
A bientôt!
Et au fait, je me suis fait un compte fb pour, par exemple, les anonymes qui voudraient échanger! (ou les autres hein!) rdv sur ma page de profil :)
