Sherlock Holmes contre Irène Adler
Cela faisait déjà deux mois, que Sherlock Holmes n'avait pas reçu de demande d'enquête. Il était devenu morose, et avait dû, même s'il m'assurait du contraire, augmenter ses doses d'héroïne. Il jouait du violon tous les soirs, signe d'un grand ennui. Il avait donc décidé de déménager à Boston, où semblait- il, l'activité criminelle était en pleine effervescence. Holmes étant parti chercher un télégramme de son frère, je lisais le Times en attendant son retour. Après quelques minutes, j'entendis des pas précipités dans l'escalier. Holmes ouvrit la porte violemment et me dit, encore essoufflé par sa course, tout en s'asseyant sur le fauteuil à côté de moi :
« -Watson, nous avons reçu une lettre codée ! Une lettre codée ! Vous vous rendez compte ! Ah ! Quelle excitation ! Mais pourquoi donc a-t-elle six mois de retard, me dit-il en regardant la date d'expédition ? Elle aurait permis de m'occuper !
-Et que dit-elle cette lettre ?
-Je ne sais pas, puisqu'elle est codée ! Ah ! Attendez, une phrase n'est pas cryptée Manipuler l'Occis, Trouver un Couteau, L'Eventrer Avec Délicatesse, puis Lever l'Estomac Rapidement.
-Que peut bien signifier cette phrase ?
-Regardez Watson ! Les premières lettres des mots principaux, en majuscules, forment une phrase Mot Clé… Adler ». Cette lettre vient sûrement d'Irène mais pourquoi donc m'écrit-elle ? Voyons, quel langage crypté se sert d'un mot clé ? Mais oui bien sûr je sais… le code Vigenère. Voyons voir… »
Sherlock sortit une feuille de papier et prépara une planche, qui me dit-il, servira à décoder le message. Je le vis donc s'asseoir à son bureau et commencer le décryptage. Puis une fois terminé, il m'en fit prendre connaissance :
Voilà !« Venez me retrouver dans six mois, à 11h00, sur les quais de la Tamise à Londres, entrepôt vingt-trois. Je dois vous parler. Irène. J'avais raison, c'est Irène, que me veut-elle ? »
Sherlock regarda le cachet et me fit remarquer que c'était aujourd'hui.
Nous sautâmes dans un fiacre, et nous nous rendîmes sur les docks. Après avoir cherché quelques dizaines de minutes, nous aperçûmes l'entrepôt 23. Personne ! Sherlock fouilla alors tout l'entrepôt et trouva une nouvelle lettre.
« -Watson pouvez- vous me la lire, demanda Sherlock ?
-« L'horloge de la City sonne quand le soleil est à son zénith ». Que peut bien signifier cette phrase ?
-Réfléchissez donc Watson !
-Je ne sais pas… Big Ben peut être!
-Exact ! Et le soleil à son zénith désigne sûrement midi. Cela veut donc dire que nous devrons nous rendre à Big Ben avant midi… Vite ! Le temps presse ! Aujourd'hui il y a une fête à Londres, si nous voulons arriver à temps, nous devons partir immédiatement. »
Nous repartîmes, Sherlock semblait fort inquiet, et quand je voulus le questionner sur son anxiété, il me répondit :
« -Je ne suis pas soucieux. Cependant, je trouve cette affaire, bien que particulièrement intéressante, fort inquiétante.
-Pourquoi donc ?
-Je ne sais pas c'est peut-être simplement un pressentiment, un mauvais pressentiment. »
Le reste du trajet se fit en silence. Après de nombreux embouteillages, nous arrivâmes enfin devant Big Ben. Comme nous ne savions pas vraiment ce que nous cherchions, nous nous mîmes à explorer séparément les environs. Après cinq bonnes minutes de recherche et alors que je m'apprêtai à abandonner, je levai les yeux au ciel et aperçus comme un morceau de papier accroché bizarrement à l'aiguille de l'horloge, qui allait bientôt sonner midi. Je prévins donc Holmes et nous nous rendîmes au sommet de Big Ben, à l'endroit où l'on pouvait accéder au mécanisme de l'horloge. A peine arrivé, Sherlock se précipita sur l'aiguille, car m'expliqua-t-il, passé midi il nous serait impossible de récupérer: ce qui semblait être un nouveau message. Après plusieurs essais infructueux, Sherlock y parvint enfin à décrocher le message. Il me le tendit et me demanda de le lire. Ce que je fis.
Dans ce jardin règne la royauté, tout n'y est que pureté, dans le vase de Napoléon se trouve l'objet de votre passion ». Encore une énigme, voyons le bon côté, elle n'est ni codée, ni limitée dans le temps.
Vous avez raison Watson. Rentrons. Vous devez être fatigué. Il vous faut vous reposer. »
Nous rentrâmes en silence. Je savais pertinemment qu' Holmes réfléchissait, c'est pour cela que je ne le questionnai pas. Une fois rentrés, Holmes me dit d'aller me reposer car en fin d'après-midi nous commencerions les recherches. Ce que je fis volontiers, épuisé par ce début de journée mouvementée.
Trois heures plus tard…
Après ma sieste, je me rendis dans le salon et y trouvai Sherlock attablé semblant m'attendre, pour entamer le repas. Je pris donc place.
« -Vous vous êtes bien reposé, me demanda Sherlock ?
-Oui merci, et vous, avez-vous compris le sens de cette énigme ?
-Oui, mais cherchez donc Watson, elle n'est pas si compliquée.
Si vous voulez…Alors un jardin où règne la royauté… Peut-être le jardin de Buckingham Palace ?
-Excellent Watson ! Continuez, je vous prie !
-Après le vase de Napoléon, non je ne vois pas.
-Voyons Watson cela est pourtant évident dans les jardins du Buckingham Palace se trouve une grande urne commandée par Napoléon 1er pour feter ses victoires à venir. Cependant, je crains fortement que cette urne n'ait pas été choisie au hasard.
-Que voulez-vous dire ?
-Un cadavre y entrerait aisément. Souvenez-vous du premier message Manipuler l'Occis, Trouver un Couteau, L'Eventrer Avec Délicatesse, puis Lever l'Estomac Rapidement ». J'ai bien peur que cette phrase ne nous annonce une bien mauvaise surprise.
-Un cadavre !
-Oui ! Allez, dépêchons nous, cette affaire deviens des plus intéressante. »
Nous prîmes nos vestes, et alors que nous nous apprêtions à sortir, nous tombâmes nez à nez avec un homme relativement grand et massif.
«- Ah ! Monsieur Holmes, nous dit-il, où se trouve les cartons ?
-Je ne déménage plus. Prévenez votre patron et désolé pour le dérangement. »
Une fois dans la rue, Holmes héla un fiacre, mais avant de monter, il confia à un gamin qui trainait, un télégramme. Une fois installé confortablement sur la banquette, je l'interrogeai.
«- Quel était donc ce message?
-Un télégramme à l'intention de l'inspecteur Lestrade.
-Et que disait-il ?
-Je l'ai prié de nous rejoindre à Buckingham Palace avec ses hommes de manière à pouvoir extirper et examiner le cadavre. »
Nous arrivâmes donc au palais. Après une assez longue discussion avec les gardes, ils nous permirent d'entrer et nous informèrent que Lestrade était déjà arrivé. Nous nous dirigeâmes alors vers l'endroit où se trouvait l'urne.
Bonjour Holmes ! Watson ! Vous aviez raison, comme toujours. Nous avons trouvé un cadavre, voulez-vous le voir ? demanda Lestrade.
Bien sûr ! Mais, pendant que nous nous rendons sur les lieux, j'aimerais vous poser quelques questions.
Bien entendu, je vous écoute.
Le cadavre est-il éventré et manque-t-il l'estomac ?
… Oui… mais comment le savez-vous ?
J'ai reçu ce matin, une lettre cryptée expédiée il y a six mois, j'ai donc annulé mon déménagement, pour me pencher sur cette enquête. Je dois vous avouer, que je l'ai trouvée des plus étrange, d'autant qu'elle m'a été envoyée par Irène Adler, une femme que vous connaissez sûrement et qui comme vous le savez a toute mon estime.
Cela est inquiétant en effet, mais voilà le corps, regardez le donc, me dit Lestrade
Intéressant, dit Holmes tout en examinant le corps, l'estomac a été enlevé par un médecin à n'en point douter. Cette affaire est des plus passionnantes, rentrons Watson, il se fait tard nous continuerons l'enquête demain.
Une fois couché, j'eus du mal à trouver le sommeil. De nombreuses questions se bousculaient dans ma tête. Pourquoi donc Irène Adler nous avez-t-elle amenée sur la piste de ce cadavre ? Était-elle la meurtrière ? Et pourquoi avoir envoyé cette lettre qui avait mis six mois à être acheminée? Le retard était-il prémédité ? Malgré cela, je finis par m'endormir tout en me disant que cette enquête était loin d'être terminée…
