Titre : Vol de DDE

Auteur : Iroko

Base : Gundam Wing

Genre : yaoi

Disclamer : Les personnages ne sont pas à moi.

Blabla de l'auteur : Désolée pour la longue absence. J'ai eu un passage à vide pendant lequel je n'ai rien écrit et pas lu grand chose. À priori les parutions devraient repartir à un rythme un peu plus soutenu à partir de maintenant. Cette fic m'a servi en quelque sorte d'exorcisme, vu que j'y ai repris un drame qui m'a fortement ébranlée. Sauf qu'évidemment je n'ai pas eu autant de chance qu'Heero, moi j'ai tout perdu. À la base ça devait être un one-shot mais comme j'ai voulu être un peu cohérente et réaliste pour la fin, ça devrait faire au moins 1 ou 2 chapitres de plus.

Vol de DDE

Chapitre 1

Heero Yuy, informaticien de son état, passait paisiblement son samedi à travailler dans un cybercafé. En effet, son ordinateur avait traîtreusement rendu l'âme pendant la nuit, et il avait un gros projet à boucler pour lundi. Une fois la présentation faite au client il se prendrait une demi-journée de congé pour remplacer sa machine.

- Oh là là, j'y comprends rien. Comment je récupère les photos ?

La voix désespérée de la vieille dame assise deux sièges à sa gauche le tira de sa concentration. Traversé par un élan rare de générosité, il décida de laisser ses neurones se reposer cinq minutes.

- Bonjour (ne jamais oublier la politesse avec le troisième âge, gare aux coups de canne), je peux vous aider ?

- Vous êtes bien aimable jeune homme. Mon fils m'a envoyé ses photos de vacances, mais je ne sais pas comment les récupérer. Déjà que j'ai du mal à me rappeler comment lire et envoyer des mails avec cette machine infernale…

- Vous avez une clé USB pour y mettre les photos ?

- Une clé… ah oui, c'est ce petit machin qu'on branche sur l'ordi. Oui, la voilà.

- Bon, on la branche. On attend un peu… voilà elle est liée à l'ordinateur. On revient sur votre messagerie. Là vous voyez les photos attachées au mail, c'est la ligne avec les noms qui se finissent par .jpg. Pour les récupérer vous cliquez dessus. Sauvegarder. Enregistrer sous. On va sur la clé USB. On crée un dossier pour les photos… vous voulez l'appeler comment ?

- Euh… vacances de pâques.

- D'accord, je vous conseille de mettre aussi l'année, vous aurez peut-être d'autres photos l'année prochaine.

- Bonne idée.

- Sauver, voilà. Et maintenant on enregistre les autres photos.

La dizaine de photos se retrouva rapidement sur la clé USB, et Heero vérifia que la vieille dame arrivait à les retrouver avant de la laisser. Celle-ci le remercia chaudement, et Heero eut l'impression d'être sympathique et fréquentable pour la première fois depuis longtemps. Il devrait côtoyer plus souvent le commun des mortels. Enfin pas trop souvent, il serait vite énervé par la stupidité de la majeure partie d'entre eux. De toute façon on est asocial ou on ne l'est pas. Se rasseyant à sa place, Heero sauvegarda son travail par réflexe, même s'il l'avait fait avant de quitter son siège. Une fenêtre « Enregistrer sous » apparut.

Hein ?

Heero regarda avec incompréhension son disque dur externe. Ou plutôt l'emplacement vide ou il l'avait posé, branché à l'ordi. En l'espace d'une fraction de seconde, Heero eut l'impression que le monde s'écroulait. S'il y avait eu une fenêtre donnant sur le vide à proximité, il s'y serait volontiers jeté pour faire cesser immédiatement l'étau de désespoir insupportable qui lui broyait le cœur. Comme un fou il se précipita hors de la boutique, cherchant vainement la longue natte brune qu'il se souvenait vaguement avoir vu à sa droite, et qui avait disparu avec son précieux disque dur externe. Heero faisait toujours un minimum attention à ce qui se passait autour de lui. Il savait que personne d'autre n'était sorti. Et si quelqu'un s'était approché de l'ordinateur, un mouvement aussi flagrant ne lui aurait pas échappé. Son voisin de droite lui, avait les mains presque sur le DDE et – après avoir accompli son forfait – son départ tranquille n'avait pas été enregistré comme une menace. Après une brève course désordonnée dans les rues alentours, Heero finit par se rendre à l'évidence : son DDE était perdu, et avec lui ses souvenirs, plusieurs mois de photos de famille et ses débuts d'écrivain du dimanche. C'est comme si on lui avait arraché une part de sa vie, de sa mémoire. Hébété il tituba jusqu'au cybercafé, s'effondrant sur sa chaise, en retenant à grand peine des larmes qu'il ne se souvenait pas avoir jamais versé, si ce n'est quand sa sœur était morte. Le patron et les autres clients le regardaient d'un air désolé, ne sachant que dire.

- Monsieur ?

Heero releva son regard embrumé vers une jeune fille qui lui tendait une feuille de papier. Heero plissa les yeux pour mieux y distinguer…

- C'est un garçon. Je le trouve tellement mignon avec ses cheveux longs que je le croque à chaque fois que je le vois. Je l'ai aperçu de nombreuses fois trainer dans le quartier des antiquaires. En sortant à gauche c'est juste à la fin de cette rue. Il y en a pour dix minutes de marche.

Heero sentit l'espoir l'étreindre. Tout n'était peut-être pas perdu. Il fouillerait la ville entière s'il le fallait. Après le crash de son ordinateur, les photos heureuses du temps où sa sœur vivait encore ne demeuraient plus que sur le disque volé.

- Je vous laisse le dessin, vous en aurez peut-être besoin.

- Me… merci beaucoup.

Heero prit le dessin en tremblant. Dans un élan de lucidité il sauvegarda son travail sur l'ordi et se l'envoya par mail. Après avoir supprimé le dossier du poste, il paya son temps d'utilisation et sortit rapidement dans la rue, marchant à bonne allure vers le lieu où, avec beaucoup de chance, il pourrait retrouver son voleur. Bien sûr il n'avait aucune véritable preuve mais ce n'est pas comme si le vol avait eu lieu il y a plusieurs jours. Le voleur était sans doute encore en possession de son larcin. Et, à moins qu'il ne connaisse un marchand véreux en qui il ait vraiment confiance ou qu'il soit stupide, il veillerait à effacer lui-même le contenu du DDE pour pouvoir le revendre sans danger.

Tout en marchant, Heero observa à loisir le dessin. La jeune fille était douée. Le portait semblait presque réel. À bien y regarder le garçon était plutôt mignon. Voilà qui pourrait aider. Il obtiendrait plus facilement des informations en cherchant un garçon dont il était « tombé amoureux » – sauf qu'Heero ne tombait jamais amoureux, il avait juste envie de se faire les hommes qu'il trouvait attirants – qu'un garçon qui l'avait volé et à qui il voulait casser la gueule. Sa réaction était peut-être un brin violente et primitive, mais bon, l'autre lui avait bien cassé le cœur. Quoique ça serait dommage d'abimer cette jolie gueule…hum. Une seule pensée à ses photos disparues, ses poèmes maladroits et la biographie plus ou moins romancée de sa sœur, suffit à effacer cette idée. Le voleur allait regretter son geste. Amèrement.

Arrivé dans le quartier désigné, Heero commença ses recherches. Il avait eu le temps d'apaiser un peu son humeur et de se concentrer sur son histoire de coup de foudre. Bien sûr, pour quelqu'un d'habitué à ce que ceux qui lui plaisent viennent se jeter tous seuls à ses pieds devant son charisme, sans qu'il ait à faire le moindre effort, ce petit rôle d'amoureux transi n'était pas des plus aisés. Mais Heero trouvait qu'il se débrouillait pas trop mal. Il réussit même à jouer la personne gênée et timide, bafouillant et baissant le regard, lui qui était d'une insensibilité et d'une assurance sans-gêne à se faire surnommer cœur de glace. Pour un peu il se serait lancé dans le théâtre ou le cinéma. Mais ces carrières nécessitaient un rien trop d'interaction sociale à son goût. Après une dizaine d'interviews plus ou moins couronnées de succès, il finit par apprendre une info très intéressante. L'oiseau ne faisait pas que trainer dans le coin. Il y nichait aussi. Alors qu'Heero se dirigeait vers la rue désignée par une informatrice fleur bleue – et probablement yaoiste, elle lui avait presque fait peur avec son enthousiasme – il cru apercevoir un bout de natte disparaître dans une échoppe. L'air de rien, se dissimulant du mieux qu'il pouvait derrière les passants, il jeta un coup d'œil à l'intérieur. Pas de doute, le dessin en chair et en os était en train de se commander un sandwiche. Heero se posta à proximité, faisant mine d'examiner des chemises indiennes – pas du tout son style mais le poste d'observation était parfait. Quand sa proie ressortit, il lui emboita le pas sans se faire voir. Le mieux était de le prendre au piège dans sa tanière. Ici il aurait tôt fait de disparaître dans la foule. Le natté s'engouffra soudainement dans un vieil immeuble. Heero eut juste le temps de se précipiter pour empêcher la porte de se refermer. Ouf. Il voyait mal comment il se serait débrouillé pour entrer sans le code. Heero pénétra prudemment dans le bâtiment dont les couloirs semblaient, par chance, déserts. Pas l'ombre d'une concierge à l'horizon. Par contre le bruit des pas de sa cible s'amenuisait dans les hauteurs. Heero prit les escaliers, avançant de manière à garder au moins un palier entre lui et le jeune homme, se collant contre les murs pour ne pas risquer d'être aperçu. Quand il entendit le bruit de clé tournant dans une serrure, il s'avança plus près et pu voir la porte de droite se refermer. Montant silencieusement sur le palier, il tendit l'oreille. Après deux minutes d'écoute silencieuse, il décida de tenter le coup. Le natté semblait seul dans l'appartement.

Dring

Pendant que les pas, qui s'étaient immobilisés un instant, se rapprochaient, Heero se prépara à coincer la porte une fois qu'elle serait ouverte. La poignée tourna et la porte s'entrouvrit.

- C'est pour qu…

La lueur de panique dans les yeux de son vis-à-vis conforta Heero dans ses soupçons. Le garçon tenta de refermer la porte mais le pied d'Heero était déjà en place et celui-ci saisit la porte pour l'ouvrir en grand.

- C'est plutôt moi qui devrait demander pourquoi.

Son ton glacial sembla terroriser le jeune homme qui recula, se cognant contre le mur en levant les bras pour se protéger.

- Pourquoi.

Heero fusillait du regard le jeune voleur. Il ne s'attendait pas à une réponse honorable mais il ressentait le besoin de connaître les raisons du jeune homme, pour mieux l'accabler. Etait-ce pour le fun, pour s'acheter des gadgets high-tech ou de la drogue ?

- Ma… ma sœur va mourir. Si on ne paie pas son opération. J'ai arrêté l'école pour prendre deux petits boulots mais ça ne suffit pas.

Le cœur d'Heero se serra. Etait-ce une histoire pour l'attendrir ou ce garçon connaissait-il vraiment la même douleur que lui ? Voyant le jeune homme plonger la main dans une des poches de son pantalon, Heero se remit sur ses gardes. Mais c'est son disque dur externe qui en sortit.

- Tenez, je vous le rends. Je suis désolé pour la peine que je vous ai causée. Je n'aime pas agir comme ça mais je ne sais plus quoi faire.

Heero reprit son DDE. Son cœur battait fort, heureux de retrouver cette partie de lui si précieuse, qu'il avait cru perdue. Puis il regarda à nouveau le garçon. Celui-ci se tenait craintivement contre le mur, la tête baissée, les épaules rentrées.

- Il te manque combien pour ta sœur ?

Heero avait posé la question d'une voix neutre et son visage était redevenu impassible comme à son habitude. Le DDE en poche il maitrisait à nouveau la situation.

- Vingt… vingt cinq mille euros.

Effectivement, c'était une sacrée somme, surtout pour un gamin qui devrait encore être à l'université. Heero lui, avait eu assez d'argent. Mais la science des hommes avait été impuissante à sauver sa sœur.

- Et ta famille, tes amis ?

- Mon père dilapide tout l'argent qu'il gagne, oubliant même souvent de garder assez pour les impôts. C'est moi qui ramène l'argent pour payer le loyer et la nourriture. Et mes quelques amis ne font pas partie de familles aisées.

Heero ne savait pas trop quoi dire. Lui qui ne portait jamais la moindre attention aux mendiants et appliquait la maxime « marche ou crève » à tout le monde (y compris lui-même), allait-il flinguer ses économies pour un gamin qui avait failli le tuer (mais non il n'exagérait pas) ? Heero n'eut pas le temps de se triturer les méninges longtemps, une masse percuta la porte d'entrée mal refermée. Celle-ci s'ouvrit sous la poussée, laissant s'échouer une épave aux relents d'alcool.

- Oups.

Avant qu'Heero ait pu distinguer les traits de l'homme, il se sentit brusquement entrainé par le bras, atterrissant finalement dans une chambre avec deux lits superposés.

- Désolé. Restez là le temps que mon père ne soit plus dans l'entrée. Quand il a bu il peut avoir des réactions dangereuses.

Une plainte d'animal blessé retentit dans l'appartement.

- Uuuuooooooooooooooo !

Heero vit le jeune homme trembler avant que celui-ci ne lui jette un regard suppliant avant de refermer sur lui la porte de la chambre. Heero rentrouvrit la porte. Si l'alcoolique devenait violent, hors de question de laisser le gamin y faire face seul. De là où il était, Heero ne parvint pas à saisir le sens des propos sans doute inintelligibles de l'ivrogne. Par contre il n'eut aucun mal à identifier le bruit de la gifle. Il gagna immédiatement l'entrée, trouvant le natté, à moitié sonné, effondré contre un mur tandis que son père l'abreuvait d'insultes en agitant le poing. Heero saisit l'ivrogne par le col et l'entraina vers le salon où il le projeta dans le premier fauteuil qu'il vit. Quand l'homme se cassa la figure par terre en tentant de se relever pour l'attaquer, il n'en fit aucun cas. Revenant au natté, il constata que la gifle avait sans doute fait moins de dégâts – juste une marque rouge qui devait être douloureuse – que le choc contre le mur qui avait fait naître une belle bosse. Cela nécessitait-il un tour à l'hôpital ? Le mieux était sans doute de demander à l'intéressé. Heero aida doucement le natté à reprendre entièrement ses esprits, surveillant du coin de l'oreille les tentatives de reptations de l'épave à figure paternelle.

- Hé, ça va ?

- Je… je crois.

- Tu t'es cogné fort ?

- Pas trop, c'est moins douloureux que la joue. J'vais juste avoir une p'tite bosse.

- Tu l'as déjà. Bon. Tu ne peux pas rester avec cet ivrogne. Qui sait ce qu'il pourrait faire dans son délire.

- Mais, c'est quand même mon père. Et puis je n'ai nulle part où aller.

- J'ai un ami qui a toujours une chambre d'ami de libre. Et il adore jouer les bons samaritains. Va prendre tes affaires, ton père est assez grand pour se débrouiller tout seul.

- Mais…

Le regard froid et autoritaire d'Heero coupa toute velléité de discussion et le natté s'empressa de rassembler ses affaires et celles de sa sœur. Après quoi il suivit Heero d'un pas incertain.

- Comment tu t'appelles ?

- D…Duo.

- Moi c'est Heero et mon ami s'appelle Quatre. Demain on verra ce qui est le mieux pour tes jobs et lundi on passera à la banque pour le prêt de Vingt-cinq mille.

- Quoi ! Mais ils ne voudront jamais.

- Je te prête vingt-cinq mille euros. À taux 0 et je ne te donne pas d'échéance pour le remboursement mais je m'attends à recevoir au moins 1 ou 2 billets chaque mois.

- C'est… c'est… vous êtes trop généreux, je ne pourrais jamais vous remercier assez… pourquoi…

- Ma sœur est morte de maladie l'année dernière, point. Si tu veux poser d'autres questions tu verras avec Quatre, c'est une vraie pipelette. Moi j'ai déjà parlé pour une semaine.

- Merci.

Le reste du chemin se fit en silence, mis-à-part un appel à Quatre pour le prévenir de leur arrivée. Celui-ci les accueillit avec un grand sourire.

- Salut Heero ! Que me vaut l'honneur de ta visite ?

- J'aurais besoin d'un toit pour ce jeune homme. Comme tu te plains toujours d'avoir trop de chambres vides dans ton palace…

- Toute compagnie est la bienvenue. Et comment se nomme mon invité ?

- Duo, prononça le dénommé d'une voix timide, en tendant une main que Quatre serra chaleureusement.

- Asseyez-vous sur le canapé.

- Je…

- Taratata. Heero, mon ami, tu ne vas tout de même pas abandonner comme ça ton protégé ? Un peu d'humanité que diable ! Reste donc pour l'apéro, si ce n'est le dîner.

- Hn. J'ai du travail à faire…

- Bourbon ou cognac ?

- Cognac, capitula Heero en soupirant.

Quatre sourit de toutes ses dents et les commissures des lèvres de Duo se soulevèrent à leur tour. Le Heero si sûr de lui, si autoritaire et empli de violence contenue, paraissait tout de suite moins terrifiant. Quatre ne mit pas longtemps à mettre à l'aise Duo, racontant des anecdotes faisant parfois se récrier Heero. Un Heero qui ne parvint même pas à s'échapper – malgré tous ses efforts – et fut contraint de subir cette torture pendant tout le dîner. Le seul point positif étant que Duo semblait à présent en pleine confiance. S'il s'entendait bien avec Quatre, supportait l'asociabilité d'Heero, et que tout allait bien, il ne tarderait sans doute pas à redevenir le jeune garçon joyeux que son naturel laissait entrevoir. Et Heero pourrait toujours ressortir cette bonne action les prochaines fois que Quatre lui ferait des reproches sur son égoïsme. D'ailleurs c'est bien pour ça qu'il le faisait tenta-t-il de se convaincre alors que son regard semblait irrémédiablement attiré par les yeux de Duo. Les lumières chez Quatre étaient traîtres, on aurait dit qu'ils étaient violets.

La nuit était déjà bien avancée quand Heero quitta la demeure. Le lendemain matin, il reviendrait squatter un ordinateur chez Quatre pour finir son boulot, avant de s'occuper de l'emploi du temps du natté et des modalités de son prêt. En attendant il allait profiter d'une bonne nuit de sommeil… après avoir repassé ses chemises et pris une douche froide. Rien de mieux pour se coucher avec l'impression du travail bien accompli.

TZUSUKU