_ Les sédatifs ne servent plus à rien. Et la morphine ne semble plus faire effet.
_ Doublez la dose pour les deux.
John Mc Vaughen se mordit la lèvre mais n'ajouta rien de plus. Il savait qu'IL n'aimait pas être contrarié. Il savait que sa vie en dépendait. Il savait que la vie de sa femme et de ses enfants en dépendait. Mais son sens de l'éthique, même rabaissé au plus bas niveau, sommeillait encore en lui et il se refusait de retourner dans cette pièce. Et son Boss s'en rendit bien vite compte. Il se tourna lentement vers lui et planta son regard azur dans le sien. John déglutit mais resta immobile. A l'aide de sa canne, l'homme souleva son tee-shirt, laissant ainsi apparaître son arme à poing.
_ Soit tu doubles la dose... Soit tu lui tires dessus avec ça. Ça devrait le calmer.
John ferma les yeux et commença à trembler. Il dut se faire violence pour prononcer ces mots :
_ Je ne peux pas.
L'homme sourit. John recula d'un pas.
_ Tu veux que je le fasse moi-même?
_ Non! Non... Je trouve juste que...
_ Je ne te paye pas pour penser John. John! John! Voyons! Depuis quand te soucies-tu des prisonniers? Hum? Tu as déjà tué pour moi. Non?
L'homme se détourna de lui et clopina jusqu'à une chaise sur laquelle il s'installa.
_ Bien... Bien sûr mais là... Ils sont attachés et lui, souffre et... En faisant ce que vous me demandez... Je risque de le tuer.
_ Alors il en restera deux. Le principe de la torture, c'est de faire du mal à des gens qui ne peuvent se défendre afin de leur arracher des informations que nous n'avons pas.
John s'épongea le front à l'aide de sa manche et ses tremblements s'accentuèrent.
_ J'aimerais avoir une autre mission... S'il vous plaît... Tout mais pas ça...
Il essaya de relever les yeux vers lui, mais n'y arriva pas. Il sentait son regard posé sur lui, se l'imaginant parfaitement en train de se caresser le duvet en faisant mine de réfléchir.
_ Très bien. dit-il enfin.
John hoqueta. Il s'était préparé à sentir le métal chaud de la balle traverser son crâne. S'imaginant déjà en train de s'écrouler, avec une tête explosée et des yeux exorbités. Ou encore à sentir la lame froide d'un poignard pénétrer sa chair et se tourner avec aigreur, en malaxant au passage plusieurs organes. Cette réponse... lui avait glacé le sang. Il n'avait jamais été aussi condescendant envers quelqu'un. Et encore moins envers un homme de main. Ses personnes étaient-elles si précieuses? Avait-il déjà prévu de lui confier une autre mission?
_ Borris! appela l'homme.
John tressauta ; expulsé de ses pensées. Un homme entra alors dans la pièce. Il lança un regard noir à John et fit jouer de ses muscles. Ces russes... Toujours en train de se venter... John secoua la tête d'un air excédé et renvoya un regard noir au blondinet opportuniste.
_ Borris, tu t'occuperas de la torture. déclara l'homme.
Un sourire sadique se dessina sur le visage balafré du russe.
_ Pas de problème Monsieur H.
_ Ne m'appelle pas comme ça...
_ Ok Boss. Désolé Boss.
_ Tu vois John. Toi au moins tu avais un minimum de cervelle. fit remarquer l'homme.
Mc Vaughen pouffa de rire. Borris tiqua mais ne releva pas. L'homme se releva et fit signe à John de le suivre. Celui-ci fit un clin d'œil à Borris et suivit son patron. Avant de sortir de la pièce, il lui lança un dernier regard et son sang ne fit qu'un tour. Il souriait... Comment pouvait-il sourire alors qu'il venait de se faire rembarrer? John Mc Vaughen commença à transpirer. Quelque chose clochait...
_ John?
Il fit face à son boss... Ou plutôt, au canon de son pistolet.
_ Tu y as presque cru n'est-ce pas?
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House sursauta et ouvrit les yeux. Il regarda à sa droite, puis à sa gauche. Il était dans son bureau, allongé sur le sol et avait un goût amer dans la bouche. Il s'accouda et jeta un coup d'œil autour de lui. La pièce était plongée dans le noir et lui signalait que la nuit était tombée. Personne ne passait et repassait devant son bureau et l'hôpital semblait être plongé dans un silence mortuaire. Il se redressa et se passa la main sur le visage. Sa tête résonnait encore mais il ne savait pas pourquoi. Une odeur de poudre à canon lui vint alors jusqu'aux narines et lui donna envie d'éternuer. Une substance à la fois visqueuse et poisseuse recouvrait ses doigts mais il n'aurait su dire quoi. Et sans le vouloir, il s'en étala sur le visage. Il posa alors un doigt sur sa langue pour identifier la substance. Il frissonna quand il se rendit compte qu'il s'agissait de sang. Était-il blessé? Si c'était le cas, pourquoi n'avait-il pas mal? Il chercha à tâtons sa canne puis se releva en prenant appui dessus.
Enfin debout, il se dirigea vers l'interrupteur et alluma la lumière. Il pu alors enfin détailler ses mains et le sang qui apparemment... n'était pas le sien. Son regard se posa sur son bureau et un objet attira son attention. Il se rapprocha lentement et le saisit d'une main fébrile. Qu'est-ce que cette balle faisait là? Il la tourna et la retourna entre ses doigts, en essayant en vain de se rappeler comment il s'était retrouvé là. Il se souvenait juste d'avoir posé ses clefs sur sa table en rentrant chez lui... Des bruits de talons résonnèrent dans le couloir. Il se tourna et attendit que Cuddy apparaisse et franchisse la porte. A cette heure-ci et dans cet endroit, ça ne pouvait être qu'elle. Et qui sait, elle saurait peut être lui expliquer ce qui lui arrivait. Mais la femme qui arriva et entra dans le bureau n'était pas la doyenne de l'hôpital. Une blonde sulfureuse s'avança jusqu'à lui et lui fit face. Elle portait un tailleur sombre et court. Ses cheveux soyeux et noués lui arrivaient à la taille et le glosse sur ses lèvres accentuait leur côté pulpeux.
_ Réveillé docteur House?
_ Qui êtes-vous?
_ Peu importe qui je suis.
_ J'ai horreur de ce genre de réponse.
_ Pourtant, il faudra vous y faire docteur House.
_ Je suis en train de rêver...
_ Vous avez mal à la jambe?
Le diagnosticien resserra la prise sur sa canne et lui lança un regard interrogatif.
_ Comment...
_ Quand les infirmes hallucinent ou rêvent, ils sont toujours normaux.
_ Vous êtes soit psychiatre, soit call girl spécialisée dans l'infirmité.
_ Alors je suis parfaitement adaptée à vos besoins.
House fronça les sourcils. Cette femme se moquait de lui et il n'aimait pas du tout ça.
_ Je répète. Qui êtes-vous? articula-t-il.
_ Bonne nuit docteur House. déclara-t-elle en sortant de sa veste une arme.
Elle la braqua sur lui et tira. Le diagnosticien vit alors, avec impuissance, une fléchette se figer dans son cou. Il jeta un dernier regard interdit à la femme avant de replonger dans l'inconscience.
TBC...
