Résumé : Iruka n'est qu'un adolescent lorsqu'il rencontre Kakashi pour la première fois. C'est au cœur d'un hiver rigoureux, loin de chez lui et au milieu d'une nature sauvage, qu'il apprend à connaître le mystérieux Anbu et à faire face au danger à ses côtés.

Disclaimer : Rien à moi, tout à Kishimoto Masashi.

Rating : M

Dernières notes : Ma toute nouvelle et dernière fanfic KakaIru. Je fais donc appel, une nouvelle fois, à votre indulgence. J'espère que ce premier chapitre ne vous paraîtra pas trop confus. Je l'ai voulu nostalgique. Un grand merci à Mayura-8 pour sa bêta-lecture. Les critiques constructives sont toujours les bienvenues.

Bonne lecture.

CHAPITRE 1 : Premières neiges

Les premiers rayons du soleil venaient à peine de percer la couche nuageuse, lorsqu'Iruka descendit jusqu'à la rivière chercher de l'eau. Malgré l'importante épaisseur de neige tombée durant la dernière nuit, il n'eut aucun mal à atteindre le rivage. Il s'agenouilla sur la terre froide avant de plonger son seau dans l'eau courante, puis il se redressa rapidement avant de repartir vers la petite cabane.

Il n'avait pas envie de s'attarder dans le froid, de plus, il ne voulait pas laisser trop longtemps sans surveillance son invité un peu spécial. L'adolescent fit coulisser la porte avant de la refermer hâtivement derrière lui. Une douce chaleur l'accueillit. Il poussa un long soupir de contentement, tandis qu'il se déchaussait dans l'entrée, puis il retira son épais manteau avant de le suspendre. Il récupéra ensuite son seau d'eau et le déposa à côté de l'unique table de la petite habitation.

A l'origine, le père d'Iruka s'était construit cette cabane près du cours d'eau, afin de pouvoir venir pêcher pendant ses congés. Il partait souvent plusieurs jours, loin de toute l'agitation qui régnait au village, pour retrouver le calme et le silence de la nature. La petite habitation était située à une centaine de kilomètres au nord de Konoha, isolée au milieu de la forêt, non loin de la frontière du pays de la Neige, dont on pouvait voir les massifs montagneux se dresser à l'horizon.

Avec les années, Emishi, le père d'Iruka, avait apporté plusieurs modifications pour améliorer le confort de sa "résidence secondaire" comme il se plaisait à la surnommer. En réalité, c'était surtout la mère d'Iruka, Nagisa, qui lui avait réclamé plus de confort, pas seulement pour elle mais également pour leur enfant.

Partout où Iruka posait son regard, il ne voyait que des lieux remplis de souvenirs heureux. C'était sous le couvert de ces arbres qu'il avait appris à marcher. Son père et lui pêchaient dans les eaux vives de la rivière et tiraient à l'arc sur cette vieille souche de chêne. Sa mère lui avait enseigné à reconnaître et à utiliser les plantes médicinales qui les entouraient. Le chûnin soupçonnait même ses parents de l'avoir conçu ici, lors de leurs fréquentes escapades en amoureux. Pour ainsi dire, il y avait beaucoup de bonheur et d'amour rattachés à cet endroit.

Chaque fois que l'adolescent venait se retirer ici, il se disait qu'il profiterait de son séjour pour terminer l'installation de la pompe à eaux à l'intérieur de la cabane. Quand il repartait, la pompe n'était toujours pas branchée. C'était la dernière amélioration que son père devait apporter. Malheureusement pour lui, il n'eut jamais l'occasion de le faire car il mourut au côté de son épouse durant l'attaque du démon renard à neuf queues.

Iruka jeta un œil, pendant un court instant, sur le corps d'un jeune homme masqué aux cheveux d'argent allongé sur le futon. Celui-ci semblait endormi, sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration lente et régulière.

Iruka fut quelque peu rassuré mais il ne put réprimer un tremblement. Il resserra son kimono plus étroitement contre son corps, pensant que le froid de l'hiver ne l'avait pas encore quitté malgré la douceur qui régnait dans la cabane.

Il se détourna de son invité pour remplir la bouilloire d'eau puis, il plaça celle-ci au-dessus du foyer central pour la faire chauffer. L'adolescent en profita pour jeter quelques brassées de petits bois pour alimenter le feu. Pendant que l'eau chauffait, il s'approcha du futon en faisant attention de ne pas réveiller l'inconnu. Avec précaution, il posa sa main sur le front de ce dernier pour vérifier s'il avait encore de la température.

Iruka fit la grimace, l'homme aux cheveux d'argent était toujours aussi fiévreux qu'à son arrivée. L'adolescent se redressa pour aller changer l'eau de la bassine dont il se servait pour rafraîchir la compresse. Il en profita également pour préparer une décoction, faite à partir de plantes médicinales, qu'il laissa infuser dans l'eau chaude de la bouilloire. Après avoir versé le breuvage dans une tasse en céramique et récupérer sa bassine d'eau propre, il retourna auprès du malade. Il lui changea la compresse posé sur son front et essuya la sueur qui perlait le long de ses tempes.

Iruka n'était pas sûr que le jeune homme l'entende et encore moins le comprenne mais il s'adressait toujours à lui quand il s'apprêtait à faire quelque chose.

"Je vous ai préparé une potion qui devrait vous aider à vous sentir mieux, commença-t-il, je vais vous redresser."

Comme aucune réponse ne venait jamais, Iruka s'autorisa à se placer à la tête du malade pour le redresser. Lorsqu'il jugea que c'était suffisant, il coinça son torse contre lui, baissa le masque noir qui lui cachait la moitié inférieure de son visage, puis porta la coupe à ses lèvres.

"Buvez, cela vous fera du bien."

En effet, sans ouvrir les yeux, le jeune homme en but le contenu. Iruka essuya ensuite, avec un linge propre, la commissure de ses lèvres et son menton pour enlever la potion qui avait coulé, avant de replacer le masque dans sa position initiale. Peu après, il le recoucha avec le plus grand soin.

"Je dois vérifier l'état de vos blessures à présent," dit-il.

Un fois encore, il n'y eut aucune réponse. Iruka repoussa les couvertures suffisamment pour découvrir le torse du malade, puis il défit les bandages qui en recouvraient la quasi totalité. Il inspecta ensuite chaque entaille, minutieusement, à la recherche d'éventuelles signes d'infections.

La première fois qu'Iruka avait entreprit de soigner l'inconnu, il avait déduit, de part la forme et la netteté des coupures, que la plupart d´entre elles avait été infligée par une lame empoisonnée. Au contact du sang, le poison s'était activé, infectant les blessures et provoquant une forte fièvre.

L'adolescent avait ensuite poursuivit son examen du blessé, décelant d'autres lacérations au niveau des cuisses et des avant-bras puis, une cote cassée et deux autres fêlées. Pour le moment, il ne pouvait rien faire de plus, à part de faire en sorte que la cote cassée ne perfore pas le poumon. Le plus inquiétant demeurait la fièvre et l'infection qu'il fallait combattre par tous les moyens.

Il avait alors appliqué ce que sa mère lui avait enseigné. Après le nettoyage et la désinfection des blessures, il avait utilisé un onguent cicatrisant sur les coupures les moins sérieuses mais pour les entailles les plus profondes, il s'était servi d'un composé particulier d'herbes médicinales appliqué par cataplasmes. Le jeune garçon avait reconnu la composition du poison qui avait servi, simplement en inspectant l'aspect des coupures et l'odeur qui s'en dégageait.

Par la suite, l'adolescent avait été obligé de répéter plusieurs fois le processus, car les plaies se réinfectaient au bout deux heures seulement. Il savait qu'il devrait appliquer les mêmes procédures jusqu'à ce toute trace d'infection disparaisse. Iruka avait alors supposé que l'exposition au poison n'était pas récente mais devait bien dater de plusieurs jours, pour que les blessures redeviennent purulentes en si peu de temps.

Il s'était d'ailleurs étonné que l'homme ait pu survivre jusque là sans succomber à l'empoisonnement. De même, qu'il ait pu continuer son chemin malgré sa forte fièvre, sans perdre connaissance.

Après s'être occupé de l'inconnu, Iruka s'était souvenu que dans l'un des placards de rangement se trouvait le matériel de sa mère. Il n'y avait plus retouché depuis la dernière fois qu'il avait séjourné ici avec ses parents. À l'intérieur du placard, il trouva un mortier avec pilon, des fioles étiquetées, des éprouvettes poussiéreuses, ainsi que quelques rouleaux médicaux. Certains traitaient de l'anatomie humaine, d'autres sur le système circulatoire du chakra et il y en avait même un sur les jutsus médicaux.

Il se remémora qu'à leur dernier séjour, sa mère l'avait fait travailler avec ce dernier rouleau. Elle lui avait appris comment concentrer son chakra pour stopper une hémorragie et comment refermer une blessure.

Un souvenir en particulier refit surface où Nagisa utilisait ses dons, ici même dans cette pièce, pour soigner un genou qu'il s'était écorché en tombant. La lueur de son chakra de guerison rayonnait de sa paume, tandis qu'un léger picotement s'étendait sur toute la surface de la peau abîmée, réparant peu à peu la chaire.

"Etre un ninja, lui avait-elle dit tandis qu'elle s'affairait, ce n'est pas seulement maîtriser le plus grand nombre de jutsus, c'est aussi savoir exploiter ce que la nature a mit à notre disposition. C'est pour cela qu'il est important de connaître son environnement. Les plantes peuvent nous soigner comme elles peuvent nous tuer, tout n'est qu'une question de dosage. Avec le chakra c'est pareil."

Elle ne lui avait jamais parut aussi belle qu'à ce moment là. Qui aurait cru que cette femme à l'apparence fragile et à l'attitude gracile était un redoutable kunoichi capable de tuer comme de guérir. Son teint pâle, ses magnifiques cheveux d'ébène, ses mains fines et ses yeux de biche étaient des plus trompeurs mais c'était aussi ce qui faisait son charme, comme le répétait souvent Emishi.

Peu de temps après leur retour à Konoha, Kyûbi attaqua le village. Iruka qui avait échappé à la vigilance de ses gardiens pour rechercher ses parents, les trouva finalement tout les deux au milieu d'un champ de ruines. Il avait eu alors recours aux techniques qu'il avait apprit durant ces quelques jours de vacance pour ranimer ses parents. En vain. Sandaime avait alors trouvé Iruka en train de se vider de son chakra et son intervention évita que le jeune garçon ne succombe à l'épuisement.

L'adolescent chassa aussitôt ses souvenirs terribles. Certes, il était un peu rouillé mais les bases médicales que lui avait inculquées sa mère étaient toujours présentes. Son traitement semblait fonctionner, malgré la présence tenace de la fièvre, il passait moins de temps à soigner les blessures, ou bien peut-être, avait-il finit par acquérir une certaine dextérité. Quand il eut terminé, il replaça de nouveaux cataplasmes avant de refaire les bandages, puis il utilisa le reste de l'eau de son seau pour désinfecter les pansements.

Cela faisait deux jours et deux nuits qu'Iruka s'occupait sans relâche de son patient, répétant inlassablement le même processus toutes les cinq heures maintenant mais tant que les plaies resteraient purulentes, il ne pourrait pas les refermer.

A l'aube du troisième jour, l'infection semblait avoir nettement reculée et les blessures les plus importantes étaient en voie de guerison. Tant mieux, car Iruka était épuisé et il n'aurait pas tenu un tel rythme deux jours de plus.

Aussi, il ne fut pas mécontent de s'allonger près du foyer afin de s'octroyer quelques heures d'un repos bien mérité. Il se couvrit d'une couverture et en deux battements de paupières, il s'était endormi. Peut-être, lorsqu'il serait un peu plus en forme, il pourrait utiliser un jutsus médical pour refermer les plus importantes blessures mais pour l'heure, il avait surtout besoin de sommeil.

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A son réveil, il prépara une soupe de légumes qu'il fit ensuite absorber à l'inconnu. La fièvre avait nettement diminuée mais le jeune homme était encore très faible, peut-être encore trop pour pouvoir reprendre conscience.

Iruka comptabilisa ensuite le stock de plantes médicinales. Il avait presque tout utilisé dans la préparation des décoctions et des cataplasmes, il devrait bientôt partir en chercher. Il poussa un soupir, cela attendrait le lendemain. Tout ce dont il avait envie pour le moment, c'était de pouvoir se détendre en prenant un bain.

Le reste de la journée se déroula comme les jours précédents, partagé entre les soins qu'il prodiguait à l'inconnu, la préparation des onguents et la désinfection des bandages. Il n'avait pas vraiment le temps de s'ennuyer.

Le soleil commençait à se coucher quand il put enfin se glisser dans l'eau chaude de la baignoire. Ses muscles contractés par ses activités des derniers jours, se délassèrent enfin. Il ferma les yeux et laissa son esprit vagabonder. Celui-ci le ramena vers les circonstances de sa rencontre avec le jeune homme aux cheveux d'argent allongé sur son futon.

Il y avait maintenant trois jours, lors d'une chasse, Iruka perçut un mouvement au détour d'un bosquet d'arbres. Lentement et silencieusement, il banda son arc et s'approcha. En chasseur aguerri, il se redressa d´un seul mouvement fluide, prêt à décocher mortellement sa flèche mais au lieu de tirer comme il l'avait prévu, il se figea. Un immense loup à l'épaisse fourrure argenté le dévisageait. Aucune trace de peur ou d'agressivité, l'animal se contentait de l'observer.

Le chûnin détendit son emprise sur l'arc avant de l'abaisser totalement, d´un geste qu'il voulut lent et rassurant. Le loup en lui-même était fascinant, Iruka n'avait jamais vu une bête aussi imposante et majestueuse de si près, qui inspirait le respect et non la crainte. Sans aucun doute, il s'agissait d'un mâle.

Celui-ci n'avait pas bougé un muscle, son regard toujours fixé sur l'adolescent, puis son oreille droite se mît à frémir comme s'il venait de percevoir un bruit. L'animal quitta des yeux Iruka et s'en alla aussi discrètement qu'il était apparut. Iruka relâcha son souffle et inspira profondément, jusqu'à présent, il n'avait pas eu conscience qu'il s'était arrêté de respirer. Une rencontre comme celle-ci était tout de même impressionnante.

Curieux de ce qui avait poussé l'animal à partir, il prit la même direction que lui et qu'elle ne fut pas sa surprise de tomber face à un Anbu de Konoha. Il l'avait immédiatement reconnu à son uniforme ainsi qu'au tatouage symbolisant une flamme qui ornait son épaule gauche. Le soldat, quant à lui, regardait droit devant mais sans pour autant esquisser le moindre geste vers l'adolescent, comme s'il ne le voyait pas.

Intrigué par cette soudaine apparition, aussi inattendue que celle du loup, Iruka s'était avancé de quelques pas vers l'inconnu. Il avait alors remarqué que les vêtements du shinobi d'élite étaient non seulement déchirés mais que ce dernier paraissait également blessé. Il tenait encore dans sa main droite un tanto avec une lame de chakra couverte de sang, tandis que de son autre main, il tentait de ralentir un saignement au niveau de ses cotes.

Le sang qui gouttait de sa lame et de sa blessure avait fini par teinter la neige immaculée d'un rouge presque noir. L'Anbu avait dû combattre férocement pour être blessé de cette manière.

Iruka allait s'adresser au shinobi lorsque celui-ci vacilla et s'écroula dans la neige. En moins d'une seconde l'adolescent était auprès de l'homme, celui-ci prononça quelque chose d'incompréhensible avant de sombrer dans l'inconscience.

Le jeune garçon regarda autour de lui, à la recherche du loup mais ce dernier avait disparu. Sans attendre d'avantage, il avait ensuite transporté l'Anbu jusqu'à sa cabane mais avait laissé sur les lieux de leur rencontre, un clone pour que celui-ci efface toutes traces qui pourraient mener d'éventuels ennemis jusqu'à leur refuge. Iruka était doué pour brouiller les pistes, son passé de plus grand farceur de Konoha lui avait quand même appris beaucoup de choses utiles.

L'adolescent s'enfonça un peu plus dans l'eau chaude de son bain. Il était souvent jugé par les autres qui le considéraient comme un garçon insouciant et puéril. Si seulement ils savaient, peut-être changeraient-ils d'opinion à son sujet. Contrairement à toutes ces personnes qui se croyaient meilleur ninja que lui, Iruka savait parfaitement ce que signifiait être Anbu.

Un jour, lorsqu'il était encore un petit garçon, il avait découvert un coffre soigneusement caché dans la chambre de ses parents. Lui qui était à la recherche d'une cachette secrète, voilà qu'il venait de découvrir un trésor. Le coffre contenait un uniforme, une armure deux plaques, des protections pour les membres, un masque de porcelaine blanc et diverses armes, dont un katana avec une lame en chakra.

Aussi jeune qu'Iruka était à l'époque, il reconnut sans difficulté à qui appartenait le contenu de ce coffre. En d'autres circonstances, il aurait certainement exulté de joie à la simple idée de partager le même sang avec l'un de ces shinobis d'exception mais c'était sans compter les nombreux évènements inexplicables qui avaient jalonnés sa courte vie et qui soudain prenaient un sens.

Tous les jeunes ninjas qu'Iruka connaissait, espéraient intégrer un jour cette cellule prestigieuse. Les missions périlleuses, la crainte respectueuse inspirée par le masque de porcelaine, ainsi que l'aura mystérieuse qui entourait ses membres, attiraient les shinobis les plus ambitieux.

Iruka était un des rares jeunes ninjas de son âge à avoir le recul nécessaire sur les soldats d'élites. Il n'envisageait pas d'y postuler, même dans un futur lointain. Sans doute, parce qu'il avait été le témoin de beaucoup trop de choses lorsqu'il était enfant. Iruka connaissait le prix à payer et les sacrifices demandés pour faire parti de ce groupe d'élite.

Alors, oui, contrairement à tous ceux qui le regardait de haut, il savait ce que signifiait être Anbu.

De toute façon, peu importait ce qu'il en pensait, les Anbu étaient nécessaires au village et il ne pouvait pas laisser l'un d'entre eux mourir dans la neige, surtout quand il possédait les moyens de le soigner. Il y avait un homme sous ce masque, avec une identité et peut-être même une famille qui attendait son retour au village.

Un sourire se dessina sur les lèvres de l'adolescent lorsqu'il repensa aux heures qui suivirent le recueil de l'inconnu. Après l'avoir installé sur le futon, vint se poser le problème des soins. Iruka n'avait jamais déshabillé qui que se soit, de toute sa vie, à part lui-même.

Rien qu'à l'idée de devoir le faire, il en rougissait mais le temps pressait et la vie de cet homme était en jeu. Alors, prenant son courage à deux mains, il retira d'abord l'armure puis les vêtements déchirés.

Il avait longtemps débattu avec lui-même à savoir s'il devait ou non enlever le pantalon mais la vilaine coupure qui lui lacérait la cuisse, l'incita à le faire. Iruka remercia les dieux de leur indulgence, heureusement que l'Anbu était inconscient sinon il se serait certainement moqué de sa pruderie.

Après avoir retiré les vêtements de l'homme, il ne restait plus que son masque de porcelaine encore en place. Tiraillé entre les conséquences d'un tel acte et la santé du ninja, Iruka hésita avant de se décider finalement à l'enlever.

Avec précaution, il délia les lacets qui maintenaient le masque en place et tandis qu'il l'ôtait en retenant son souffle, il aperçut avec un certain soulagement qu'un autre masque en tissu opaque lui dissimulait la moitié inférieure du visage.

Iruka ne put s'empêcher de ricaner, les Anbu étaient tous les mêmes. Porter un masque sous un autre masque démontrait la paranoïa du jeune homme; cependant, par respect pour lui, le chûnin laissa le bout de tissu en place mais il déposa celui en porcelaine avec les autres affaires du soldat d'élite.

L'œil droit était visible mais le gauche était caché derrière une mèche de cheveux argentée. Iruka souleva la paupière du droit pour constater l'état de la pupille. Celle-ci était dilatée. Cela avait confirmé ce qu'il soupçonnait déjà en étudiant les différentes blessures que l'Anbu avait reçu, un empoisonnement par un alcaloïde puissant.

Il n'avait pas eut besoin de ses précieux rouleaux pour savoir qu'il s'agissait de la marque de fabrique des ninjas du pays de la Terre. Heureusement pour son invité, Iruka connaissait le contrepoison exact et possédait tous les ingrédients nécessaires à sa fabrication.

Par acquis de conscience, le jeune garçon dégagea la mèche d'argent qui cachait l'œil gauche. Il y découvrit une cicatrice verticale qui sillonnait la paupière. Elle prenait sa source au-dessus de l'arcade sourcilière pour disparaitre sous le masque au niveau de la pommette.

La balafre paraissait ancienne comme la plupart de celles qu'il avait découvert en soignant l'Anbu mais en soulevant la paupière, il sursauta en mettant à jour un iris rouge agrémentée de trois virgules noires.

Iruka connaissait l'origine de tels yeux puisque dans le village de Konoha, une seule famille avait développé une telle caractéristique mais il était évident que l'homme qu'il avait recueillit n'était pas un membre de ce clan.

Qui pouvait-il bien être pour posséder un Sharingan ?

Trois jours s'étaient écoulés depuis leur rencontre et le jeune homme n'avait toujours pas repris conscience. L'adolescent espérait sincèrement que bientôt il se réveillerait, même s'il redoutait un peu la confrontation avec l'Anbu. Iruka regarda par la fenêtre et fut surpris de constater qu'il faisait déjà nuit noire.

Il ignorait combien de temps il était resté dans l'eau mais il était temps pour lui de retourner auprès de son patient. Il sortit aussitôt de la baignoire, enfila son kimono et franchit la porte où il était attendu.

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Une fois de plus, Iruka vérifia les signes vitaux de l'homme aux cheveux d'argent. La fièvre était toujours présente mais moins forte qu'au premier jour et l'infection des plaies avait presque disparut. L'adolescent jeta un œil par la fenêtre, le temps était encore gris, tandis que le thermomètre extérieur affichait toujours une température en dessous de zéro.

Iruka était arrivé quelques jours auparavant, avec les premières neiges. Celles-ci avaient commencé à tomber le jour même de son arrivée à la veille cabane et depuis elles n'avaient cessé de chuter de manière régulière recouvrant, petit à petit, le paysage forestier. La veille de sa rencontre avec l'Anbu, il y avait eu une tempête qui avait duré une bonne partie de la nuit.

Iruka se demandait encore comment l'homme avait pu y survivre car, non seulement, la région offrait très peu d'abri naturel mais elle était également inhabitée, mise à part quelques cabanes comme celle-ci mais pour la plupart elles étaient abandonnée et délabrées. De plus, l'Anbu avait combattu peu de temps auparavant et en était ressorti grièvement blessé. L'adolescent avait du mal à concevoir qu'une telle résistance pouvait exister chez un être humain et il n'en était que plus admiratif.

De toute manière, les circonstances de son état resteraient un mystère tant que le shinobi serait inconscient et donc, incapable de lui expliquer quoique se soit. Quand bien même il pourrait, il n'était pas autorisé à divulguer des informations sur sa mission.

Iruka dégagea quelques mèches de cheveux collées sur le front de l'Anbu. L'adolescent ne pût s'empêcher de faire le parallèle avec le loup qu'il avait croisé le jour même de sa rencontre avec le shinobi d'élite. D'ailleurs, sans l´animal, le chûnin n'aurait jamais trouvé l'Anbu. Quand il y réfléchissait, il avait peut être eut affaire à un Kami, un esprit protecteur de cette forêt qui avait pris en pitié le jeune soldat et l'avait conduit à la première personne capable de l'aider.

Nagisa lui racontait souvent des histoires sur ces esprits bienfaiteurs qui parcouraient la montagne et ses vallées. L'adolescent avait passé l'âge de croire en ces légendes mais, par amour pour sa mère, il décida de déposer une offrande au loup pour le remercier d'avoir épargné la vie du jeune homme. Il avait alors mis dans une petite assiette un peu de viande de bœuf séchée avant de la déposer sur la vieille souche d'arbre, celle dont il avait l'habitude d'utiliser comme cible pour tirer à l'arc. Il doutait que le loup les ait suivit jusque là, jamais l'animal ne s'approcherait d'aussi près d'une habitation humaine, même pour un peu de nourriture; néanmoins, Iruka aurait la satisfaction d'avoir respecté une tradition.

Le lendemain, en sortant chercher de l'eau, il eut cependant la surprise de trouver des traces de pattes autour de la cabane. Il n'était peut-être pas un expert mais il sut reconnaître les empreintes d'un loup. Il s'agissait peut-être de son loup, ou bien, peut-être d'un autre mais en tout cas, la viande séchée avait disparu. Iruka se mit à sourire béatement. Il aurait tellement aimé que sa mère puisse voir ça.

Plus tard dans la journée, l'adolescent s'était penché sur les affaires de l'homme aux cheveux d'argent qu'il avait jusqu'à présent délaissé. Rapidement, il établit une liste des objets que le shinobi d'élite avait en sa possession comprenant vêtements, armes et rouleaux. Les habits qu'il avait retirés à son patient étaient déchirés à plusieurs endroits, il lui faudrait les recoudre, ainsi que nettoyer l'armure et le tanto. En attendant, il mit le tout dans un tiroir de la petite commode, en se jurant qu'il s'occuperait de tout cela quand il aurait un peu plus de temps.

Il y avait plus urgent. Son stock de plantes médicinales s'amenuisait à vue d'œil, il avait besoin d'aller en rechercher, sinon il ne serait jamais en mesure de faire tomber cette fièvre tenace. Il dut se résoudre à sortir malgré le temps et son appréhension à laisser l'Anbu tout seul mais il n'avait pas vraiment le choix. La fatigue accumulée ces derniers jours, en plus du manque de sommeil, l'empêchait de reformer correctement ses propres réserves de chakra. Il faudrait qu'il pense également à se préparer pour lui-même un fortifiant.

C'est à contre cœur que le jeune garçon sortit. Il faisait froid malgré le fait qu'il soit bien couvert mais il n'y avait pas de vent. C'était déjà ça. Iruka connaissait un endroit où poussaient les herbes dont il avait besoin. L'hiver rude et la neige n'étaient pas un problème car elles poussaient dans une terre volcanique fertile et proche d'une source naturelle d'eau chaude.

L'adolescent se revoyait enfant donner la main à sa mère et l'accompagner jusqu'à cette fameuse source.

"Tu devras te souvenir du chemin, lui disait-elle en lui tenant la main, qui sait, peut-être qu'un jour tu devras t'y rendre tout seul."

Il devait avoir sept ans quand Nagisa avait commencé à lui enseigner ses secrets. C'était aussi l'âge auquel où il avait commencé à maîtriser son chakra. Iruka était surtout connu pour ses frasques commises durant sa jeunesse mais peu de gens savait qu'il était entré à l'académie à sept ans et qu'il avait été un élève assidue et sérieux, jusqu'à la mort de ses parents. Leur disparition lui avait fait perdre pied. Si Sandaime n'avait pas été présent pour le remettre dans le droit chemin, il ne sait pas ce qu'il serait devenu.

Plus tard, quand Iruka avait voulu faire un choix de spécialisation, c'est tout naturellement que le vieux Sarutobi lui proposa la voie médicale mais le chûnin avait décliné l'offre poliment, préférant effectuer un stage à l'académie ninja de Konoha. Sandaime avait cherché à le faire changer d'avis car il était conscient des capacités de guérison du jeune garçon mais celui-ci s'était obstiné dans son choix. Le vieil Hokage n'avait alors pas insisté, comprenant les raisons de ce refus catégorique.

L'adolescent concentra un peu de chakra sous ses pieds pour éviter de s'enfoncer dans la neige puis il commença son périple. Il n'eut aucun mal à retrouver le chemin menant à la petite source d'eau chaude malgré la neige et le temps écoulé depuis la dernière fois où il s'y était rendu.

Les souvenirs heureux de son enfance avec ses parents affluèrent, au fur et à mesure qu'il avançait. Il savait pertinemment que rien, ni personne ne les ramènerait et qu'il devait laisser tout cela au passé mais le fait de se retrouver de nouveau dans cette cabane et d'y exercer ses compétences médicales comme s'ils étaient toujours en vie, le déroutait.

Il savait que son retour dans cet endroit où il avait été si heureux ne serait pas sans nostalgie et l'Anbu n'avait pas amélioré ce sentiment. Bien au contraire, sa présence n'avait fait que l'exacerbé, lui rappelant à quel point un être aimant manquait à ses cotés.

La forêt devenait plus dense à mesure qu'Iruka s'enfonçait sous le couvert des arbres. Bientôt, la lumière du soleil filtrait à peine au travers des branches. La première fois qu'il avait accompagné sa mère, il lui avait demandé s'il y avait des Yôkais tapis dans le noir. Elle avait ri avant de lui répondre qu'ils n'avaient rien à craindre car elle était là pour les protéger et que, de toute façon, c'était les Yôkais qui avaient peur d'eux. Malheureusement, Kyûbi, lui, n'avait pas eu peur des valeureux ninjas quand il avait attaqué le village et tuer ses parents.

Après une heure de marche, il arriva enfin à destination.

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Iruka était revenu à la cabane peu avant midi, juste à temps pour préparer une nouvelle décoction de plantes fraîchement cueillies, refaire les cataplasmes et changer les bandages de son patient. L'adolescent était content de constater qu'il n'y avait plus aucune trace d'infection des blessures, d'ici un jour ou deux, il serait en mesure de pouvoir les refermer avec un jutsu médicale. Pour cela, il lui faudrait de nouveau étudier les rouleaux de sa mère pour se remémorer les étapes et peut-être même s'entraîner sur quelques cobayes qu'il irait pêcher dans la rivière.

Il avait ensuite mangé rapidement des râmens instantanés avant de commencer à nettoyer les armes et l'armure de l'Anbu. Heureusement qu'il avait emmené avec lui son nécessaire de nettoyage et quelques chiffons propres. Tandis que la neige s'était remise à tomber en ce début d'après-midi, Iruka enlevait le sang et la terre pour mieux huiler, lustrer, laver et recoudre. Seul, le crépitement du feu l'accompagnait dans sa tâche.

Alors qu'il était en train de raccommoder les vêtements déchirés de l'Anbu, celui-ci remua. Le jeune garçon se pencha au-dessus de lui et posa sa main sur son front pour vérifier sa température. Le ninja ouvrit l'œil droit à ce moment là. Pendant un long moment, ils se dévisagèrent sans dire un mot. Le jeune garçon finit par rougir sous l'examen intense de cet œil noir et retira sa main rapidement.

"Est-ce que je suis mort ?" demanda l'Anbu d'une voix faible et rauque.

Un sourire lumineux naquit sur les lèvres d'Iruka.

"Non, bien sûr que non !"

L'Anbu voulut se redresser mais n'y parvint pas, il était encore trop faible.

"Attention ! Le prévint l'adolescent en le repoussant délicatement contre le futon, vos blessures ne sont pas refermées. Restez couché, c'est plus sûr."

L'homme blessé prenait petit à petit conscience de son nouvel environnement. Il tourna la tête comme il le put afin d'avoir un meilleur aperçu de l'endroit où il se trouvait.

"Où suis-je ?" demanda-t-il en parcourant de son œil mi-clos la cabane chaude et douillette avant de s'arrêter sur le jeune garçon.

"Vous êtes chez moi, en sécurité."

L'Anbu se raidit quelque peu, comme s'il venait de se rappeler soudainement ce qui lui était arrivé.

"Qui es-tu ?"

"Je m'appelle Umino Iruka."

"Iruka ?" répéta le shinobi.

Le jeune garçon acquiesça toujours avec le même sourire. L'Anbu se détendit et se laissa aller. Sa paupière visible se referma mais avant qu'il ne se rendorme, il ajouta d'une faible voix que c'était un beau prénom pour un shinigami.