Série de drabbles sur les couples de Saint Seiya, qui s'aiment comme on s'aimait autrefois : avec douceur, maladresse et franchise. Petits morceaux de vie quotidienne partagée dans un cadre de paix.
Bonsoir à toutes et à tous.
Me voilà pour une nouvelle aventure : en effet, j'arrive enfin à commencer la publication d'une série de drabbles sur les couples de Saint Seiya. Cela faisait un petit moment que je voulais le faire, mais systématiquement, le flot de mon imagination ne s'arrêtait pas et je devais transformer en One-shot ce que je prévoyais en drabble initialement. Enfin bref.
Le principe est donc le suivant : j'écrirai chaque semaine sur un couple que j'affectionne, en précédant chaque écrit d'une citation de poème que j'apprécie, et qui me semble bien illustrer le duo que je mets en scène. Vous avez parfaitement le droit de ne pas être d'accord, et je serai ravie d'avoir votre opinion. Voilà, voilà...
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Masami Kurumada.
Couple : Angelo & Aphrodite.
Je vous souhaite une très bonne lecture. Merci de prendre le temps de venir ici, cela me fait plaisir, sincèrement.
« Violâtres comme leur cerne et comme cet automne,
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne »
Les colchiques, Apollinaire
Allongé sur le flanc, le corps à demi-nu et les cheveux en bataille, Angelo veille sur le sommeil de l'homme qu'il aime. Il se sent bien, là, au milieu de ces draps à demi-défaits témoins de la lutte érotique qui s'y est jouée, tandis qu'un mince rayon de soleil frappe son dos et le réchauffe agréablement. Il a les traits un peu tirés, comme une personne qui n'a pas suffisamment dormi la veille, mais également une petite lueur dans le regard de celui qui sait que c'était pour une bonne raison. Hier, Aphrodite était insatiable. Ses seuls mots intelligibles de la soirée furent probablement « Encore Angelo... Encore, Encore... » Et ce n'est sûrement pas lui qui va s'en plaindre, au contraire. Il fait tout pour entretenir cette flamme dans le regard du chevalier des Poissons. Et il y parvient sans aucun mal, depuis plusieurs années maintenant, preuve s'il en fallait que leur couple est encore fait pour durer un certain temps. Au début, personne n'y croyait vraiment. Pas même leurs amis, qui connaissant leur tempérament respectif, avaient même craint que leur union ait des conséquences explosives pour le sanctuaire. Ils en avaient même joué à l'époque, histoire de leur faire les pieds, et de leur faire comprendre surtout de se mêler de leurs affaires.
Son regard coule sur la silhouette à ses côtés qui dort sur le ventre, le visage tourné vers la fenêtre, appuyé sur un bras. Sa respiration est calme, preuve que le jeune homme dort encore profondément, sans faire de cauchemars. C'est bien. Eux aussi sont finalement parvenus à passer des nuits de plus de quelques heures, sans être réveillés brutalement par des songes violents, les torturant sans relâche. On ne fait pas aussi facilement abstraction de son passé. Lui, ça ne le dérangeait pas. Il savait que cela arriverait, il s'y était préparé. Mais il avait peur de la réaction d'Aphrodite, une fois confronté aux horreurs de leurs rêves.
Il se gorge de la vision des mèches turquoise qui s'étalent dans tous les sens sur l'oreiller blanc, comme des reflets d'océan exotique à la texture délicate. Ces cheveux sont tellement magnifiques, qu'il en a bien souvent le souffle coupé. Lorsque le Suédois avait parlé de les couper un peu, c'est lui qui s'était emporté violemment en criant au crime. Amusé, son amant avait cédé, pour le plus grand bonheur d'Angelo. Il caresse de ses prunelles le dos musclé dont il retrace les courbes, percevant ça et là plusieurs cicatrices, plus ou moins grandes, plus ou moins profondes. Sur ses bras nus, il voit les marques zébrées laissées par la tempête nébulaire d'Andromède. Il grogne légèrement. Il aime bien ce gamin, mais il supporte quand même très mal qu'il ait abîmé le corps de l'homme de sa vie. Son regard glisse encore un peu plus bas, contemplant la chute de reins enivrante, parfaite, absolue. Son regard s'allume, inconsciemment. Et puis il grimace, un peu. Un drap se dresse entre lui et la vision des fesses exquises de son compagnon. Il doit donc se contenter de se laisser porter par la blancheur des longues jambes interminables, qui portent à certains endroits la marque possessive d'un Cancer amoureux. Il s'arrête un instant sur le tatouage discret qui orne la cheville gauche d'Aphrodite, et qui le fait sourire d'une satisfaction démoniaque. Ce petit signe du Cancer qu'il a fait graver dans sa chair a valu au chevalier des Poissons un aller simple pour une nuit interminable au septième ciel, tant Angelo était gonflé de l'orgueil et de la fierté que lui procurait ce dessin. Il avait peur à l'époque : peur que le Suédois le quitte, qu'il ne se lasse, qu'il cède à l'une des trop nombreuses demandes appuyées des personnes de tout sexe qui s'approchaient de lui. Il ne se sentait pas à la hauteur, tout simplement. Lui qui n'avait jamais l'impression de posséder suffisamment son amant, voilà que ce dernier lui prouvait par quelque chose d'indélébile qu'il était à lui pour toujours. Il n'en avait jamais espéré autant. Comblé... Voilà ce qu'il l'était. «Pervers fétichiste » avait grogné Aphrodite contre ses lèvres alors que son amant le renversait pour la quatrième fois sur un meuble quelconque du temple.
Pervers... Ils le sont. Tous les deux, sans aucun doute. Seulement, ce que son amant ne semble pas toujours réaliser, c'est qu'Angelo agit ainsi uniquement parce que c'est lui. Il ne se met à nu, aux deux sens du terme d'ailleurs, pour personne d'autre. C'est con, et pour lui qui a horreur du sentimentalisme, c'est probablement le comble. Kanon ne manque pas de lui faire la remarque. Il n'y peut rien. Pour un sourire d'Aphrodite, il serait capable d'aller défier l'intégrité de l'Olympe. Enfin, ceux qu'ils n'ont pas encore affronté du moins. Par amour. C'est absolument aberrant.
Et puis bon, il avait tellement hésité à se déclarer... C'est Shura qui, excédé d'avoir un Cancer à moitié ivre chez lui trois soirs par semaines avait fini par lui balancer, plus menaçant que sérieux : « Ecoute mon vieux, tu fais comme tu le sens. Mais bouge ton cul, parce que sinon, c'est moi qui lui saute dessus, compris? ».
Argument extrêmement convaincant. Sa déclaration valait le détour d'ailleurs. Un instant de honte mémorable pour l'arrogant Cancer, qui se trouvait pour la première fois de sa vie dans une situation qu'il ne maîtrisait pas. Embrasser, il était un dieu en la matière. Tirer son coup, il savait faire, plutôt bien même. Obtenir ce qu'il voulait de qui il voulait, il n'avait pas besoin de se fouler pour ce que ça arrive. Seulement là, il ne s'agissait pas de recevoir. Il s'agissait de donner. Et pas n'importe quoi. Donner de l'amour. Des sentiments donc. Quelque chose qu'il avait toujours été incapable de fournir sans y ajouter une pointe d'ironie, comme pour se défendre en cas de rejet.
Aphrodite était l'un de ses meilleurs amis avec Shura. Un trio d'inséparables. Il devenait d'autant plus effrayant de lui dire la vérité. C'était quitte ou double. Il jouait gros. C'est pour ça que Shura l'avait engueulé, en lui rappelant gentiment qu'après tout ce qu'ils avaient vécu, il était plus que temps d'ajouter une petite touche de bonheur à leur vie. Sa menace de sauter sur le Suédois n'en était pas vraiment une : il n'avait jamais voulu coucher avec Aphrodite. Enfin peut-être, à une époque, mais cette attirance avait disparue comme elle était venue. Ce qu'il souhaitait aujourd'hui, c'était que ses deux amis se mettent enfin ensemble, depuis le temps qu'ils se courraient après.
Ne sachant pas comment aborder le sujet, Angelo était d'abord allé faire le truc le plus idiot de l'histoire de l'humanité. Il était allé acheter des fleurs à Aphrodite. Des roses rouges en plus. Sur le moment, ça lui avait paru une bonne idée. Une très bonne même. Il avait monté quatre à quatre les marches des temples, sous le regard quelque peu amusé ou étonné de leurs habitants. Et puis il était arrivé au dernier étage, et s'était dirigé rapidement vers la serre à l'arrière de la maison des Poissons. Et au moment même où il avait voulu reprendre sa respiration, il avait eu le souffle coupé. Une chose était sûre, s'il n'était pas convaincu qu'il était déjà fou de son ami, il serait probablement retomber amoureux à l'instant même : Aphrodite était là, au milieu de ses roses au mille et une couleurs nuancées, le bout de ses doigts frôlant une fleur en train de bourgeonner. Les cheveux noués en catogan, l'air absorbé à sa tâche, un mince sourire sur ses lèvres pleines pour lesquelles il se serait damner de nouveau dans la seconde, habillé d'un simple pantalon blanc et d'une chemise bleue légère. Et ses yeux... Bon sang, cet homme n'était pas humain. Son prénom ne pouvait pas avoir été choisi par hasard, ce n'était pas possible autrement.
Il avait alors eu une pensée pour toutes les personnes qui disaient du chevalier d'or des Poissons qu'il était beau : ils ne pouvaient s'agir que d'ignorants attardés, et complètement aveugles. Beau, ce n'était pas suffisant. Beau, ce n'était pas à la hauteur de la pureté absolue issue de la splendeur de l'homme qu'il aimait. Beau, c'était presque dégradant. Aphrodite était d'une inqualifiable magnificence. D'une perfection telle que les dieux eux-mêmes devaient en être jaloux. Et lui, pauvre mortel, il était là, le sachant que faire, pétrifié devant cet incroyable spectacle, avec son bouquet minable. Des roses... Mais quelle idée à la con avait pu lui traverser l'esprit? Aphrodite pouvait en avoir autant qu'il voulait des roses! Il lui suffisait de toucher le sol, ou de faire brûler un peu de cosmos pour qu'elles poussent entre des doigts fins. Il allait éclater de rire en voyant de ce qu'il tenait à la main, c'était certain. Mais lorsqu'il s'était rendu compte de sa présence et qu'il s'était tourné vers lui, Aphrodite n'avait pas ri, non. Il avait été surpris d'abord. Puis son visage s'était éclairé. Et il avait fait une chose complètement inattendue : il l'avait aimé en retour, tout simplement.
Un mouvement dans le lit le tire de ses souvenirs heureux et peu glorieux. Ses yeux s'illuminent doucement en voyant son amant commencer à s'agiter entre les draps, s'étirant lentement.
« Tu es déjà réveillé? Lui demande l'objet de ses pensées en tournant son visage vers lui.
-Ouais.
-Qu'est-ce que tu faisais?
-Je t'admirais. »
La réponse arrache un léger sourire à l'homme encore à moitié endormi. La tête posée sur ses avant-bras, il plonge son regard dans celui de son amant dans une invitation silencieuse à venir lui dire bonjour d'une bien agréable façon. Ce que l'autre s'empresse de faire, tandis qu'Aphrodite roule sur le dos avant de glisser ses bras autour des épaules terriblement musclées de l'homme qui le domine actuellement. Le corps du Cancer est brûlant contre le sien, et il adore ça. Ils sont encore à demi emmêlés dans les draps, et cela donne un côté presque érotique à la scène : leurs peaux sont collées, mais pas entièrement, pas de partout. C'est chaud, et frais en même temps. Doux, mais pas complètement. Ses doigts tracent de petites arabesques sur la peau qu'il a malmené la veille, et il perçoit le petit soupir de bien être du Cancer qui bouge lentement contre lui. C'est agréable, non mieux, c'est parfaitement divin.
Alors que les lèvres habiles glissent contre les siennes, Aphrodite perçoit la douceur dont peut faire preuve son amant lorsqu'il l'embrasse ainsi au réveil. Il se rappelle que la plupart des personnes dans leur entourage croient que le Cancer lui a sauté dessus en bonne et due forme il y a quatre ans et que, mués par un appétit sexuel insatiable, ils sont restés ensemble pour profiter des capacités physiques de chacun. L'amour serait venu après selon eux. Ni l'un, ni l'autre n'ont jamais cherché à démentir cette manière de concevoir leur couple. Pour Angelo, c'est même pratique : cela lui permet d'éviter d'enlever complètement son masque bestial. Ça le rassure, un peu. De cette façon, il peut encore s'accrocher un minimum à ce qui a constitué le but de son existence jusqu'à présent. Abandonner tout ce pour quoi on a vécu, c'est extrêmement angoissant, et cela ne s'est pas fait sans mal. Alors si Aphrodite et Shura sont les seuls à savoir comment les choses se sont vraiment passés entre eux, il ne va pas s'en plaindre. Car il n'y a qu'avec le chevalier des Poissons que le Cancer se laisse totalement aller, et qu'il laisse l'intégrité des faux-semblants à la porte de chez eux. Ca a pris du temps, et ce n'était pas toujours facile. Ils se sont beaucoup engueulés là-dessus. Mais petit à petit, les barrières de méfiance et de défense ont fini par tomber. Pour leur plus grand bonheur.
La langue habile et possessive se fait plus tentatrice, venant rejoindre sa comparse pour un ballet terriblement torride. Les mains d'Angelo glissent dans ses cheveux, caressant tendrement la peau sous ses oreilles, avant de venir cajoler sa nuque, et il se sent devenir un brasier. Ses doigts glissent dans les cheveux courts en bataille du Cancer, et il s'accroche tant qu'il le peut à la réalité, gémissant doucement sous les assauts de l'Italien qui semble parfois oublier à quel point il est un excellent amant qui lui fait bien trop souvent tourner la tête. Le corps musclé heurte le sien de manière un peu plus appuyée, lui arrachant un cri de pure délectation, tandis que lui-même retrace du bout des ongles les marques qu'il a faites la veille sous les vagues de plaisir qui l'ont saisi. Les yeux mi-clos, il se sent partir, lentement. Et puis les lèvres quittent les siennes, et viennent se contenter de petits baisers légers sur sa bouche un peu gonflée. Angelo sourit de le voir ainsi, haletant légèrement et les joues rosies. Aphrodite grogne un peu pour la forme, avant de répondre à son sourire, glissant ses doigts sur la joue tannée de son amant.
« Bonjour à toi aussi... » Murmure-t-il tout bas.
Un autre matin dans son paradis personnel. En voyant cette petite lueur dans les yeux du quatrième gardien, il pense que c'est beau, cette confiance absolue qu'ils ont l'un en l'autre. Ce n'est rien de plus, rien de moins. Ils sont un peu tordus, passablement pervers, et extraordinairement romantiques parfois. Un couple fou et passionné, cela va sans dire. Mais un couple qui s'aime depuis longtemps surtout.
Voilà, premier petit drabble. J'aime ce couple, vraiment. Plus ça va, et plus je les adore. Un jour, j'écrirai quelque chose de plus long sur eux je pense. Ils le méritent, sincèrement.
Merci de m'avoir lue en tout cas. Je n'ai qu'une seule faveur à vous demander : si vous devez ajouter des histoires à vos favoris, n'oubliez pas de glisser un petit mot au passage. Savoir qu'on fait partie des favoris, c'est formidable. Savoir pourquoi, c'est encore mieux :)
A la semaine prochaine,
Saharu-Chan.
