Chapitre I :
-Bon, cela serra tout pour aujourd'hui. A demain.
Un brouhaha monstre se fit entendre dès que ces mots furent prononcés par le professeur. Tous rangeaient leurs affaires pour se diriger vers l'extérieur, certains en bavardant avec d'autres. C'était le dernier cours de la journée. Il était 19h. La plus grosse journée de la semaine était terminée. Je m'étirais de tout mon long, tel un chat qui sortait de sa sieste. J'avais passé les quatre dernières heures assise à la même place. Je n'avais qu'une envie, c'était partir d'ici, de rentrer chez moi et de me détendre. Alors que je me levais, Jessica, une de mes deux meilleures amies, me sauta littéralement dessus.
-Bella, ça te dit de venir avec nous à la soirée ? Tu sais, celle dont je t'ai parlé…
-Oh, c'est ce soir ? Demandais-je.
-Ouaip. Tu viens, hein ?
-Désolé Jess, mais je suis fatiguée. Je préfère aller me reposer. Une prochaine fois, peut-être.
-T'es pas drôle, Bella. Tu ne viens jamais, t'as toujours une excuse. Tu es trop sérieuse. Détends toi un peu et viens t'amuser, ça te ferra du bien. Et puis, tu pourras peut-être te trouver un mec.
Je ne pus m'empêcher de rire. Cette bonne vieille Jessica. Toujours la même, à courir après les hommes et à ne pas comprendre quand les autres, surtout ses amies, ne faisaient pas de même. La jeune brune sautait sur le moindre beau mec qu'elle rencontrait et obtenait souvent ce qu'elle voulait, c'est-à-dire une nuit avec. Angela, mon autre amie, étaient plus calme de ce point de vue là. Contrairement à Jessica, elle n'appréciait pas les aventures d'une nuit et préférait les longues relations. Elle sortait d'ailleurs avec Eric, son petit ami, depuis maintenant deux mois, et apparemment, ça se passait bien pour l'instant. Moi, pour ma part, les mecs n'étaient pas ma priorité. Je passais mon temps à étudier, ce qui faisait que j'étais l'une des premières de la promo. Je passais mes soirées à étudier, ce que ne comprenait pas Jessica, qui n'arrivait pas à rester plus d'une heure sur un livre de droit.
-Tu sais, Jess, tu devrais penser, toi, à moins t'amuser et à travailler plus. Je suis sûre que tu réussirais.
-J'ai pas envie. Tu sais bien que c'est mes parents qui voulaient que je fasse ces études de droits, pas moi. Peut-être que si je rate cette année, ils seront tellement écœurés d'avoir payé pour rien qu'ils me flouteront la paix.
-Tout ce que tu récolteras, Jess, c'est qu'ils te laissent choisir l'école que tu veux et que tu devras la payer toi-même, la prévint Angela.
-On verra bien à ce moment là. Au fait, Bella, tu peux nous prêter ta voiture, steplait ?
-Et la tienne ? Demandais-je
-Au garage pour une révision et il n'avait plus de voiture de rechange.
-Qui conduira ?
-Surement moi, vu que Jess serra bourré à la fin de la soirée, rigola Angela.
-Alors d'accord.
Je lui lançais les clés de ma petite Clio. Alors que je mettais mon sac sur mes épaules et que je me dirigeais vers la sortie, j'entendis Jessica.
-ça veut dire quoi, ça ? Tu me fais pas confiance ?
-Exactement, lui répondis-je sans la regarder, avant de me mettre à rire quand elle commença à me traiter de fausse amie.
Je sortis du bâtiment pour me diriger vers chez moi. Nous étions en hiver, il faisait donc déjà noir à cette heure si. Malgré ça, la rue était bondée de monde. Normal, à Seattle. Je me mis en marche.
ça faisait maintenant cinq mois que j'étais dans cette ville. Je venais de Fork, une petite ville sans histoire où il pleuvait tout le temps. J'avais toujours eu deux rêves : le premier, devenir Avocat de la défense, le deuxième, partir de cette ville si déprimante. J'avais réussi, à force de travail, à me faire accepter à l'une des écoles de droits les plus prestigieuse du pays. Etant donné que c'était trop loin de chez moi, j'avais dû me trouver un appartement pour loger sur place. Lorsque je l'avais annoncé à mes parents, ma mère était devenue hystérique à l'idée que sa petite fille s'en aille si loin. Mon père et moi avions eu un mal fou à la convaincre que c'était mieux pour moi. En échange de sa bénédiction pour partir, elle m'avait fait promettre de l'appeler tous les soirs. Au fil du temps qui passait, j'avais réussi à changer le tous les jours en toutes les semaines. J'avais mis des mois à la convaincre.
Je passais devant un super marché. ça me rappela qu'il me manquait certains aliments, comme des pâtes ou du café. J'entrais donc et me dirigeais vers le rayon qui m'intéressait quand mon portable vibra. Poussant un soupir de lassitude, je le sortis et décrocha, sachant très bien qui allait parler à l'autre bout.
-Maman, je t'ai déjà dit que je t'appellerais le week-end. Imagine si j'avais été en cours.
-Je sais ma chérie, mais j'avais trop envie d'entendre ta voix. Tu me manque tellement.
-Moi aussi, tu me manque, Maman. Mais je ne t'appelle pas toutes les dix minutes pour autant.
-Oui, mais tu ressemble plus à ton père de ce côté-là. Bon, raconte-moi tout. ça se passe bien ?
-Depuis dimanche, sachant que nous sommes mardi, c'est-à-dire depuis deux jours, oui, je vais bien.
-Tu sais, beaucoup de chose peuvent arriver en deux jours.
-Au gens qui ne sont pas prudent, ce qui n'est pas mon cas. Tu devrais me faire plus confiance, Maman. Et je te rappelle que j'ai vingt et un ans. Je suis assez grande pour me débrouiller seule
- Au lieu de me parler comme ça, raconte-moi comment sont tes cours.
-Toujours pareil, puisque j'ai les même profs. Maman, si tu n'as rien à me dire d'important, ça ne sert à rien de m'appeler, d'accord ? Je reviens pour les vacances de février, c'est promis. Tu pourras me parler autant que tu veux à ce moment là.
-Et les garçons ? Ils sont bien ? Certains t'intéressent ? Tu fais attention, n'est ce pas ?
Aie, on entrait dans un terrain délicat. Parler de ça avec Jessica et Angela, passe encore. Mais avec ma mère, c'était hors de question. Je lui dis rapidement au revoir, sans écouter ses protestations et raccrocha avant de continuer mes courses. Je sortis rapidement, n'ayant pas besoin de grand-chose. Je regardais l'heure. 19h30. à cette heure, je n'aimais pas être dehors. J'avais un mauvais souvenir qui me restait dans la tête. Un mois après mon arrivé ici, Angela, Jessica et moi avions été accostées, alors qu'elles venaient chez moi, par des gars un peu…douteux. Nous avions eu du mal à ce qu'ils nous lâchent. Je ne voulais pas revivre cette expérience. Je décidais donc de rentrer chez moi au plus vite. J'avançais rapidement dans la rue avant de passer par une ruelle étroite, certes pas très rassurante, mais c'était plus court. Les bâtiments de chaque côté empêchaient la lumière des réverbères de passer, ce qui faisait qu'on ne voyait pas à deux pas autour de soi. Mais je connaissais le chemin, je n'avais donc pas besoin de lumière. Je m'avançais donc parfaitement calme.
Mon calme ne tarda pas à disparaître quand j'entendis quelqu'un hurler. Je me stoppais net, le ventre tout d'un coup noué. Après un court silence, un nouveau hurlement jaillit du noir, suivi de plusieurs gémissements. Je déglutis avec difficulté. Il fallait mieux que je m'en aille. La raison me disait de partir. Il s'agissait surement d'une bagarre entre deux personnes qui tournait mal. Mieux valait ne pas être mêlée à ça. Pourtant, mon corps ne voulait pas faire demi-tour. Je restais là, figée. Mes yeux s'habituaient peu à l'obscurité. La scène qui se déroulait devant mes yeux sans que je ne la vois m'apparut enfin. J'écarquillais les yeux de terreur.
Un homme, d'une cinquantaine d'année, était allongé à même le sol. Je pouvais distinguer partout sur son corps de longues entailles d'où s'échappait un liquide vermeil dont l'odeur me rendit malade. Debout à côté de lui, un jeune homme, je dirais de mon âge, aux courts cheveux sombres, le regardait. Un sourire sadique ornait son visage. Ses mains étaient couvertes de sang. Je me retins d'hurler d'horreur quand je me rendis compte que ses doigts se finissaient en griffes noires. C'était impossible. Je rêvais forcement. Oui, c'est ça. Un cauchemar. Rien qu'un cauchemar. Alors pourquoi je n'arrivais pas à me réveiller, peu importe le nombre de fois que je me pinçais ?
L'homme à terre commença à ramper, cherchant à fuir. Il me vit alors et posa sur moi un regard suppliant. Je reconnus alors Mr Banner. Une petite lueur d'espoir apparut dans ses yeux.
-Melle Swan, aidez moi, je vous en supplie.
Je me raidis encore plus, si c'était possible. Le fait que mon professeur m'ait parlé avait attiré l'attention sur moi. Lorsque je croisais son regard, je poussais un petit cri de terreur. Ses yeux brillaient d'une lueur rouge malsaine. On aurait dit qu'ils brillaient dans le noir. C'était terrifiant. On se croyait presque dans un film d'horreur. Tout mon corps tremblait, je n'avais qu'une envie, c'était de partir, mais mes jambes refusaient de bouger.
Le regard rouge de cet homme resta cependant, sur moi ce qui me sembla être, une éternité. Ses yeux m'observaient avec avidité. J'avais l'impression qu'il me déshabillait du regard, ce qui me mit encore plus mal à l'aise. Je lisais dans ses pupilles un désir de posséder. J'avais déjà vu ce regard chez d'autres garçons qui reluquaient les filles. Mais jamais aussi fort.
Un gémissement attira notre attention. Le professeur avait réussi à faire quelques mètres dans ma direction. Le désir se changea en fureur et, en quelques enjambées, l'homme atteignit le professeur. Il l'attrapa par la tête et le mit à genoux violemment, sans écouter les supplications du blessé. Je savais que j'aurais dû faire quelques choses, appeler la police par exemple, mais j'étais paralysée.
La suite fut rapide mais incompréhensible pour moi. Quelque chose, une sorte de fumée rouge, commença à se dégager du prisonnier pour se diriger vers la main ouverte de son bourreau. Je vis avec horreur que les jambes du premier commençaient à disparaître. Peu à peu, les hurlements de douleur se tarirent. Bientôt, la deuxième main du monstre était vide. Le professeur avait disparu. Il ne restait aucune trace de lui, comme si il n'avait jamais été là. Puis le tueur se retourna vers moi. Il commença à s'approcher, doucement, comme si il ne voulait pas m'effrayer. Toute trace de plaisance avait disparu de son visage. Il était rempli maintenant de curiosité ou quelque chose dans le genre. Comme si ma présence l'interloquait. Au bout d'un moment, il s'arrêta et me tendis la main. Je pus vois les griffes se rétracter, laissant des doigts normaux, recouvert de sang. Il voulait que je vienne jusqu'à lui. Mais je ne bougeais pas. De un parce que je n'étais pas folle, et de deux parce que j'étais trop terrifiée pour bouger.
Voyant que je ne bougeais pas, de la colère rempli à nouveau son regard.
-Viens.
Je fus surprise. Je m'attendais à une voix forte, dure, pourtant elle était douce et mélodieuse. C'était un doux appel qui m'incitait à venir vers lui. Mais il était hors de question que j'aille à lui. Retrouvant d'un coup la faculté de bouger, je me retournais et m'enfuis en courant, sans prendre la peine de regarder derrière moi si il me suivait. Je ne faisais pas attention à ce qui se trouvait autour de moi. Je rentrais même plusieurs fois dans quelqu'un, qui commençait à me râler dessus jusqu'à voir mon air paniqué. Au bout de plusieurs minutes, j'arrivais enfin à mon immeuble. Je grimpais les étages le plus vite possible, entrais dans mon appartement et m'enfermais à l'intérieur, avant de me laisser tomber, hors d'haleine, le cœur allant à cent à l'heure. Je ramenais mes genoux contre moi et les entourait de mes bras, cachant ma tête contre eux. C'est dans cette position que je mis à pleurer. Mon corps tremblait encore, sans que je puisse m'arrêter. Au bout de longues minutes, je commençais à me calmer. Mais la fatigue de la journée plus celle accumulait par ma course apparut. Mes paupières se fermaient presque toutes seules. Je me relevais pour me diriger vers mon lit sur lequel je me laissais tomber avant de m'endormir dans les minutes qui suivirent.
