Bonjour à tous ! C'est ma première fic' sur ce forum, j'espère qu'elle vous plaira ! ;)
L'univers du Seigneur des anneaux appartient à Tolkien. M'appartiennent quelques personnages ainsi que la race des Nerácar.
Voilà bonne lecture ! :)
Je courais. Eldan, devant moi, fonçait sur le petit sentier que nous connaissions si bien. Je le vis disparaître dans un buisson d'armoise et sautai à sa suite en grognant. Il ne gagnerait pas cette fois ; j'étais décidée à lui montrer de quoi j'étais capable. Mes foulées s'agrandirent. Mes pattes martelaient le sol et à chaque bond, je croyais m'envoler. La gueule ouverte afin de capter les divers parfums de la prairie, je m'arrêtai soudainement. Je dressai le museau, tournai la tête sur la gauche. Lapin. Eldan s'était immobilisé lui aussi, la queue dressée, en alerte. Nous échangeâmes un regard, indécis. Normalement, nous n'avions pas le droit. Cependant, l'odeur était si alléchante… Nous démarrâmes d'un même mouvement. Eldan rabattit la petite proie vers moi et je l'attrapai sans difficulté. Mes crocs s'enfoncèrent dans le cou tendre de la proie et le sang afflua dans ma gueule. Ce fût une explosion de saveurs. Je grondai envers Eldan qui ne se laissa nullement intimidé, étant de deux ans mon aîné, et de ce fait, plus gros que moi. A respectivement treize et quinze ans, c'était la première fois que nous attrapions quelque chose de vivant et que nous le dévorions. Cette nouvelle expérience n'était pas pour me déplaire. Nous avions à peine fini de tout manger et de ronger les os quand le sifflet retentit. Immédiatement, l'inquiétude nous prit. S'ils le découvraient… Cependant, nous n'avions pas le choix, il fallait repartir. Eldan partit devant, au petit galop. Je le suivis, la queue basse. Il allait falloir retrouver la captivité.
Nous arrivâmes bons derniers et Irhork ne manqua pas de nous le rappeler en nous balançant un coup de pied dans les côtes avant que nous ne montions dans le chariot avec les autres jeunes de notre âge. Je réprimai un grondement, je détestais cet homme. Je haïssais ses yeux enfoncés dans leurs orbites, sa balafre au milieu de la joue, ses mains rustres, les peaux de loup qu'il portait pour se couvrir, ses bottes ferrées. Tout me répugnait chez lui. Cependant, mon audace fondit comme neige au soleil à la seconde où Naff, le molosse d'Irhork, vint nous renifler les babines, à Eldan et moi, et se mit à aboyer comme un forcené.
-Tiens, tiens.
Irhork fit signe à deux de ses sous-fifres et automatiquement ils passèrent des chaînes à nos épais colliers de fer et nous emmenèrent à l'écart. Le chariot repartit, sans nous, obéissant au mugissement du Chef. Je poussai un gémissement étouffé et m'aplatit au sol, tant ma terreur était grande. Allaient-ils nous tuer pour avoir chasser ?
-Changez.
Personne ne bougea. C'était contre-nature pour nous. Quand un jeune Neráca avait peur ou était en colère, il restait sous sa forme animale, moins vulnérable.
-Maintenant, hurla-t-il.
Irhork porta sa grosse main à son fouet. Nous nous exécutâmes à contre-coeur. Quelques secondes plus tard, nous nous dressions devant lui, comme deux hominidés normaux, vêtus de de pantalons et de chemises de toile, à la manière des esclaves. La seule chose qui n'avait pas changé étaient ces horribles colliers de métal. Nous les haïssions tous, cela nous rappelait en permanence notre condition. Un grand magicien, paraît-il, es avait confectionnés il y a peu et ils résistaient à la Transformation. Même s'ils étaient rembourrés de cuir pour ne pas nous blesser, cela restait des colliers et qui aurait supporté d'en avoir un ? Nous avions l'impression d'être de vulgaires chiens. Mais c'est ce que nous étions, en un sens, les chiens de garde du Mordor.
Je me pressai près d'Eldan. Il était aussi plus grand que moi en tant qu'hominidé. En fait, nous ne nous ressemblions pas tant que ça, pas plus que sous forme lupine d'ailleurs. Il avait les cheveux bruns foncés et les miens étaient châtains clairs. Il était costaud alors que j'étais plutôt svelte. Mais nous avions la même peau, très légèrement dorée, qui nous distinguait de la pâleur de celle des elfes "normaux". Nos yeux étaient ambrés et restaient identiques quelque soit notre forme - animale ou hominidée. Nous avions le même nez en trompette, paraît-il. Et nos oreilles étaient pointues mais cela, comme les yeux, était le standard des Nerácar. Bon, en plus de cela, Eldan et moi avions souvent des ennuis, comme aujourd'hui par exemple. Finalement, peut-être nous ressemblions-nous un peu.
-Alors, vous vous êtes fait un petit festin, c'est bien ça ?
Aucun de nous deux n'osa parler. Irhork s'approcha.
-Le frère et la soeur, toujours fourrés ensemble, hein ? Bon si vous ne voulez pas me répondre, on va jouer à un petit jeu.
Il tira violemment la chaîne accrochée à mon collier et je tombai au sol. Le souffle coupé, j'haletai pour reprendre mon souffle. Le fouet claqua. Une cuisante douleur - hélas bien trop familière - me vrilla le dos. Les larmes me montèrent aux yeux et je fermai violemment les poings.
-Lève-toi.
J'obéis.
-Alors, vous n'avez toujours rien à me dire tous les deux ?
Il leva à nouveau son fouet et je ne pus m'empêcher de me détourner instinctivement. La lanière de cuir lacéra mon épaule et mon bras. Je grimaçai.
-C'est moi. J'ai chassé et mangé un lapin je l'avoue, capitula Eldan, la mâchoire serrée.
-Non, moi aussi. Nous l'avons fait ensemble.
J'ignorai le regard noir que me lança Eldan, il était hors de question qu'il prenne tout seul cette responsabilité. Je plantai mes yeux dans ceux, petits et vicieux, d'Irhork. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire doucereux.
-Nous sommes désolés, nous ne le referons plus jamais, ajouta Eldan, comme si cela pouvait changer quelque chose.
-Je préfère ça, les jeunes.
Un instant, je crus qu'il nous laisserait rentrer à la maison et uqe nous pourrions faire comme s'il ne s'était rien passé. Il ordonna :
-Bon aller, à genoux. Et le premier qui se transforme, je le tue, c'est compris ?
La panique me reprit. Qu'allait-il faire de nous ? Nous exécuter ? Nous étions trop jeunes ! Il ne le fit pas. Il se contenta de nous fouetter. L'un après l'autre. Pas assez pour que nous perdions connaissance ni assez forts pour nous permettre de demander une journée de repos. Juste assez pour que cela fasse mal, très mal. Aucun de nous ne cria. Plutôt se mordre la langue que de supplier cet homme !
A la fin, ils nous relevèrent.
-Bon, félicitations les louveteaux. Vous passez chez les grands !
Il se mit à rire méchamment, suivi de ses acolytes ; j'échangeai un regard inquiet avec mon frère. Cela ne signifiait rien de bon : au contraire, les choses difficiles s'annonçaient.
Voilà, fin de ce très court chapitre ! Les autres seront plus longs, rassurez-vous. A bientôt pour la suite ! :)
