Genre : Policier/Drama
Pairing : HP/DM (en quelque sorte…)
Rating : T
Disclaimer : Les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à JK Rowling.
Résumé : Harry enquête sur une affaire qui le hantera à jamais.
Remerciements : à Kissy (alias Rickiss) pour son aide précieuse et son enthousiasme. Merci aussi à ma bêta pour ses conseils et sa correction.
NdSs : Ho, ho, ho, JOYEUX NOËL ! Ma douce et tendre Kissy, j'ai envie de t'offrir cette histoire parce que je te sais très friande d'enquête policière. Ce n'est pas grand chose, mais j'espère que tu apprécieras cette fiction.
Il ne me reste qu'à vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année et une "Bonne lecture !" :)
Ooo Ghost whisperer ooO
Chapitre 1 : Tant qu'il y a de la magie…
« Tu sais Harry, à force de regarder ce tableau comme cela, tu vas finir par le transpercer. »
Le ton se voulait plaisantin. Face à l'absence de réaction, Ron Weasley continua, avec plus de gravité dans la voix : « Tu devrais rentrer chez toi. Dormir. La nuit porte conseil, comme on dit. »
Sans quitter des yeux le tableau sur lequel étaient affichés les différents éléments de sa dernière enquête, Harry dit simplement :
« A demain, Ron. »
Ron contempla Harry, avec inquiétude. Il n'avait jamais vu son ami aussi dévoué à résoudre une affaire. Harry était un excellent Auror, il ne disait pas le contraire. Il savait que le brun prenait son métier à cœur. Mais là, ça devenait carrément obsessionnel. Plus rien ne comptait. Ron aurait aimé aider son ami et collègue, malheureusement pour l'instant il devait enquêter sur une autre affaire. Tout ça parce qu'il était en congé lorsque c'était arrivé.
Ooo FCRCSM ooO
Une semaine plus tôt…
« Et là, elle a convoqué sa peluche. Tu te rends compte ? Elle n'a même pas un an ! »
« Et tu as sacrifié ton jour de repos uniquement pour me dire cela ? » Harry agita ladite peluche devant sa filleule qui émit de petits gazouillements rieurs.
« Ma fille est un génie ! Alors oui, ça méritait que je prévienne son parrain ! Au fait, tu viens toujours dîner à la maison ce soir, n'est-ce pas ? » Ron ne prit pas le temps d'entendre la confirmation de son meilleur ami que déjà il enchaîna : « Hermione veut tester une nouvelle recette, alors il faut que tu viennes. »
Ca sonnait comme une supplication, ce qui fit rire Harry.
« Haha, ne t'en fait pas, je ne voudrais manquer ça pour rien au monde et…
- Potter !
- Ah on dirait que les affaires reprennent.
- Alors on va vite te laisser. Bye tonton Harry. » Ron agita la main de sa fille qu'il tenait dans ses bras.
- Bye, Rosie… A ce soir ! »
Ron salua son meilleur ami et s'éclipsa rapidement avant que leur chef – Alex Zeller - arrive dans le bureau de Harry. Moins de trente secondes plus tard, une femme d'une quarantaine d'années, élégante dans son tailleur gris clair, se tint devant Harry lui tendant un dossier. Elle l'informa :
« Potter, on nous a signalé une noyade, près de la Tour de Londres… »
OooooO
Harry transplana au lieu indiqué par son chef. Une barrière magique dissimulait le périmètre de sécurité autour du lieu du crime. La seule information dont disposait la brigade était que le corps de la victime portait un tatouage sur l'avant-bras gauche : un crâne dont la bouche crachait un serpent. Il s'agissait peut-être d'un mangemort. Aussi, Harry avait été chargé d'identifier le corps, avant toute autre investigation. Il s'avança jusqu'à la rive où le médecin légiste l'attendait. Augustus Pye – surnommé Gus - était un sorcier assez jeune qui travaillait à mi-temps sous couverture chez les Moldus. Le corps retrouvé était à quelques pas derrière lui et il était recouvert d'un drap, près à être transporté, si nécessaire, à la morgue de Sainte Mangouste. Deux agents relevaient des indices près du corps et photographaient la scène. Un autre cherchait des empreintes de pas ou toute autre trace suspecte, au bord de l'eau.
« Ah Potter,… pardon, Harry, je ne m'attendais pas à te voir aussi vite. Pas de coéquipier avec toi, cette fois-ci ?
- Non, il a pris un congé. Alors qu'est-ce qu'on a ?
- Jeune homme de vingt-cinq ans, échoué au bord du fleuve, tôt ce matin. Un couple de Moldus qui faisait du jogging l'a trouvé. Pas de papiers d'identité sur lui, ni d'argent, ni baguette. Mais j'ai reconnu la Marque des Ténèbres sur son bras. Du coup, je vous ai appelés en renfort. Les Forces des tâches invisibles sont arrivées en premier et ont sécurisé la zone. Les Oubliators ont emmené les deux joggeurs pour les interroger.
Pour l'instant, la cause du décès est inconnue. Pas d'eau dans les poumons donc il était déjà mort quand il est tombé dans l'eau.
- Tu as pu établir l'heure de la mort ?
- Pas tout à fait, avec la température de l'eau, ça brouille les pistes, mais au vue de la rigidité du corps et de son état, ça fait seulement quelques heures. J'en saurai plus après l'autopsie.
- Merci Gus. Je peux jeter un œil ?
- Il est tout à toi. J'en ai fini ici. Jimmy Jogovitch est là, si tu as besoin de quelque chose. »
Harry le remercia encore une fois puis s'avança jusqu'au cadavre qui était en train d'être lévité sur une civière par l'assistant de Gus. Harry lui demanda un instant pour établir l'identification. Le jeune assistant immobilisa le corps sur la civière et s'éloigna pour rassembler le reste du matériel. Harry abaissa le drap pour dévoiler le visage de la victime.
Il était sous le choc.
Un nœud se forma dans son ventre, sans qu'il en comprenne la raison. C'est vrai, il n'appréciait pas cet homme. Pour être honnête, il le détestait. A une époque, il aurait même été satisfait de le voir ainsi. Mais ça ne l'empêchait pas d'être troublé par cette funeste nouvelle.
« Jogovitch ! » appela-t-il après être sorti de sa torpeur.
L'assistant du médicomage légiste accourut à ses côtés.
« Oui, Monsieur Potter ?
- Il s'agit bien d'un sorcier. Je veux le rapport de l'autopsie le plus rapidement possible. Affaire prioritaire, c'est compris ?
- Oui, Monsieur Potter. »
Jogovitch nota quelques mots sur un carnet puis transplana, avant même que Harry ait pu lui dire le nom de l'homme, étendu sans vie, en face de lui.
Harry se retrouva seul avec lui. Il le regarda longuement, avant de déclarer dans un soupir :
« Dans quelle galère tu t'es fourré cette fois, Malfoy ? »
OooooO
« Potter, pour ton enquête sur Draco Malfoy, tu travailleras en collaboration avec la brigade de police magique. Ils nous envoient l'un de leur meilleur tireur de baguette magique d'élite : Ernie Macmillan.
- Mais, chef, c'est Ron mon partenaire ! protesta Harry, à son retour au bureau des Aurors.
- Oui, hé bien, Weasley n'est pas là. Mais si tu y tiens tant que ça, je lui demande de venir et de sacrifier son jour de repos ?
- Non, c'est bon, Macmillan fera l'affaire. » Harry avait dit cela à contre cœur, mais il ne voulait pas privé son meilleur ami de ce jour qu'il passait avec sa fille.
« Très bien, tu as prévenu les parents de Malfoy ?… Harry ?
- Oui, pardon, sa mère va me rejoindre tout à l'heure à Sainte Mangouste.
- Tu es sûr que ça va ? Je peux confier l'affaire à quelqu'un d'autre…
- Non, je m'en occupe.
- Très bien, tiens moi au courant quand tu auras du nouveau.
- Oui, chef. »
Harry se rendit à l'hôpital Sainte Mangouste.
Ernie Macmillan se présenta à Harry alors que ce dernier feuilletait l'agenda de Malfoy. L'agenda avait été récupéré dans une poche de son pantalon. Le Serpentard l'avait magiquement fait rétrécir et le médicomage légiste ne l'avait trouvé qu'au moment où il avait préparé le corps pour l'autopsie. Opération qui était en cours d'exécution. Harry attendait les premières conclusions du légiste. Pendant ce temps, Ernie chercha dans les archives, le dossier de Malfoy.
Il était de retour au moment où la mère de Draco arriva dans le service des admissions. Après avoir fait les présentations, tous les trois se rendirent sans un mot, à la morgue.
« Madame Malfoy, vous êtes prête ? »
Narcissa hocha de la tête. Harry abaissa le drap pour révéler le visage de la victime.
La mère de Draco le regarda quelques secondes puis éclata en sanglots. Elle confirma qu'il s'agissait bien de son fils. Harry lui dit :
« Madame Malfoy, toutes mes condoléances pour votre perte.
- J'aurais pu faire quelque chose, dit-elle après un temps, calmant ses pleurs.
- Vous ne pouviez pas savoir, inutile de vous culpabiliser, tenta Ernie.
- Si ! Je savais qu'il y avait quelque chose d'anormal. Il ne m'a pas appelé hier soir. Il m'appelait toujours, surtout quand son père est en voyage d'affaires. Oh, que va dire Lucius ? »
Après plusieurs minutes, Narcissa sécha enfin ses larmes. Elle embrassa une dernière fois son fils sur le front et caressa délicatement ses cheveux.
Harry l'emmena alors dans une salle vide afin de l'interroger. Ernie resta avec le médicomage pour connaître les conclusions de l'autopsie.
« Je vous en prie, installez-vous madame Malfoy. J'ai quelques questions à vous poser. » Harry sortit un carnet, ainsi qu'une plume à papote, puis demanda : « Madame Malfoy, Draco vivait-il seul ?
- Oui.
- Avait-il une petite amie ?
- Il fréquentait…quelqu'un, mais je ne connais pas son nom. Mon fils était discret à ce sujet.
- Vous pourriez nous en faire un portrait ?
- Non, je ne l'ai jamais vu.
- D'accord… »
Elle mentait, il le sentait, mais il préféra ne pas la pousser dans ses retranchements. Il continua sur un autre sujet :
« Son emploi du temps était plutôt chargé. Rien d'inhabituel à signaler, à part le fait qu'une semaine avant sa mort, le 8 septembre, l'après-midi, il avait plusieurs rendez-vous inscrits dans son agenda, mais il les a tous barrés et, à chaque fois, il a écrit : « annulé ». Est-ce que vous savez peut-être pourquoi il a fait ça ?
- Non.
- Avait-il d'autres activités que son travail ? Quelque chose qui aurait pu être dangereux ?
- Comme quoi ? La magie noire ? Mon fils est…était un homme bien, monsieur Potter. Respectable.
- Connaissez-vous quelqu'un dans son entourage ou un client peut-être, qui aurait pu vouloir lui faire du mal ?
- Si ça avait été le cas, il m'en aurait parlé.
- Très bien, je vous remercie, Madame Malfoy. Si le moindre détail vous revient en mémoire, ou si votre mari a quelque chose à ajouté à votre déclaration, n'hésitez pas à me contacter. Je vous tiendrai au courant de l'avancée de l'enquête.
- Monsieur Potter, je sais que mon fils et vous n'entreteniez pas de très bons rapports à Poudlard. »
Harry ne pouvait contredire ses propos, il la laissa simplement continuer :
« Mais j'espère que vous oublierez le passé et que vous ferez tout votre possible pour retrouver le… coupable » Elle avait les lèvres pincées en disant ce mot, Harry était presque sûr qu'elle se retenait d'utiliser des termes bien moins courtois pour en parler.
- Je vous le promets, Madame Malfoy. »
Après avoir raccompagné la mère de Draco, Harry retourna au bureau des Aurors. Ernie lui rapporta le dossier de l'autopsie et répéta ce que lui avait dit le médicomage légiste.
Fin du flashback
Ooo FCRCSM ooO
Ron resta encore quelques instants silencieux. Hermione et lui avaient été surpris en apprenant que Draco Malfoy était mort. Harry avait été plutôt silencieux pendant leur dîner et il n'était pas resté longtemps. Le lendemain matin, puis comme tous les matins depuis une semaine, Harry était venu tôt au bureau des Aurors pour poursuivre son investigation. D'après ce que Ron voyait sur le tableau, rempli d'informations diverses, Harry avait vraiment mis les bouchées doubles. Mais la case du suspect restait toujours vide. Et cela semblait préoccupé Harry.
« Sérieusement, pourquoi le Ministère s'embête à diligenter une enquête ? Celui qui a tué un mangemort…
- Ex-mangemort, Ron.
- …a rendu service à la société, par le caleçon de Merlin !
- Et il me semble que notre travail est de stopper les criminels, pas de juger les victimes. »
Harry, contrarié par les propos de Ron, regarda enfin son meilleur ami. Ce dernier affichait une mine satisfaite, mêlée à de l'agacement.
« Pourquoi tu me regardes comme cela ?
- Parce que j'ai enfin réussi à te faire décrocher plus de deux mots et surtout tu as quitté tes yeux de … » Il voulait dire « lui » (une photographie de Malfoy était affichée sur le tableau et Harry la fixait) mais il se ravisa à temps et ajouta : « ce tableau. »
De toute évidence Ron avait simplement cherché à le faire réagir face à ses propos. Résigné, Harry répliqua :
« Tu as raison, je ne devrais pas y attacher autant d'importance.
- Je n'ai pas dit cela, seulement tu as besoin de te reposer, comme tout le monde. Tu seras plus à même de résoudre cette affaire, tête reposée.
- Hermione a vraiment déteint sur toi, ma parole ! » En disant cela, Harry s'était levé de son fauteuil et attrapa son manteau.
Ron lui lança un regard de travers.
« Ah là, on dirait plutôt ta mère. »
Ron ne dit rien et préféra rire de cette taquinerie. Au moins, il avait réussi à distraire son ami et à le convaincre de rentrer chez lui.
Harry était effectivement rentré chez lui. Ca lui évitait d'affronter le regard inquiet de Ron plus longtemps.
Une semaine était passée. Et la même question l'envahissait depuis qu'il avait reconnu le corps de Draco Malfoy, comme étant la victime du meurtre sur lequel il avait été assigné : « Pourquoi ? » et surtout « Qui ? »
Dormir.
Il n'arrivait pas à dormir…
Chaque fois qu'il s'endormait, il le voyait en rêve : il faisait sombre, froid et une sorte de brouillard épais lui voilait la vue. Puis une silhouette flottante apparaissait. C'était Malfoy. Il était debout. Tendant la main. Et Harry avait la même pensée stupide : « Si je peux lui serrer la main, alors je le sauverai. » Mais chaque fois qu'il essayait de le toucher, sa main passait à travers. Comme si Malfoy était constitué de fumée. Une fumée glaciale.
Et c'est avec cette sensation de froid glacial que Harry se réveillait en sursaut.
5 heures 23 du matin. Harry reposa son réveil. Puis il se leva et alla se préparer un remontant. Les potions calmantes avaient peu d'effet sur lui et il avait préféré arrêter les potions sans rêves. De toute façon, elles ne fonctionnaient pas.
S'installant sur son canapé avec une tasse de café bien fort, il feuilleta le dossier de l'affaire, pour l'énième fois.
Département de la justice magique - Affaire n° 1248H
Auror en charge du dossier : Harry Potter
Agent de la police magique : Ernie Macmillan
Légiste : Augustus Pye
VICTIME : DRACO LUCIUS MALFOY
Age : 25 ans
Date de naissance : 5 juin 1980
Date du décès : 15 septembre 2005 – Entre 22h00 et 23h00
Adresse : 240 Kensington High Street – W14 8NL - Londres
Profession : DIRECTEUR de la boutique Barjow & Beurk– Allée des embrumes, Londres
Cause du décès : Sortilège de la Mort
Signes particuliers :
Marque des Ténèbres sur l'avant-bras gauche (ancien Mangemort – réhabilitation)
Cicatrice en forme de croix sur le torse (ante mortem)
FAMILLE :
Fils unique de Lucius Malfoy et de Narcissa Malfoy - née Black – (cf. déposition page 3)
Célibataire
EMPLOYÉ(S) : Stephen Grevy et Lucie Sparks (cf. dépositions pages 5 à 7)
SUSPECT(S) :
Passant une main lasse dans ses cheveux, il soupira. L'enquête piétinait. Il ne savait pas avec exactitude où Malfoy avait été tué. Difficile donc d'établir un début de piste fiable. Il savait que Malfoy était venu travailler ce jour-là à la boutique et qu'il s'occupait de réparer le scrutoscope d'une sorcière nommée Mme Travis. C'était ce qu'avaient dit Stephen Grevy et Lucie Sparks, ses deux employés. Au moment où ils étaient partis, Mme Travis venait pour le récupérer. Cette dernière avait confirmé les témoignages de Stephen et Lucie. Mme Travis avait quitté la boutique autour de 18 heures 30. Peu de temps avant la fermeture. Malfoy était encore en vie à ce moment-là. Personne ne l'avait vu ensuite. Il n'était pas rentré chez lui, d'après les dires du gardien d'immeuble. En jugeant l'heure de la mort, ça laissait un trou de près de quatre heures à combler.
Ses affaires à la boutique semblait en ordre. Rien ne laissait présager à des transactions illégales ou dangereuses. Malfoy était apprécié. Mais sa vie privée restait un mystère – personne dans son entourage ne savait s'il fréquentait quelqu'un, comme l'avait laissé supposer Narcissa. Ses voisins de pallier étaient absents, il n'avait pas pu les interroger. Bref, Harry était dans une impasse pour l'instant. L'affaire allait être classée non résolue si une nouvelle piste solide ne faisait pas rapidement son apparition.
D'un sort, Harry intensifia le feu dans la cheminée en face de lui.
Quand soudain, un bruit suspect se fit entendre dans la chambre à coucher. Prenant sa baguette posée sur la table basse, il se dirigea vers sa chambre, d'un pas prudent. Il ouvrit avec précaution la porte et murmura un « Lumos ». Il constata alors qu'il n'y avait personne d'autre. Le bruit qu'il avait perçu était une branche d'arbre qui frottait contre la fenêtre. D'un mouvement de baguette, il lança un sort qui fit taire le bruit. Il retourna alors dans le salon mais se figea à l'entrée. Quelqu'un était devant la cheminée, lui tournant le dos.
« Ne faites plus un geste ! Ordonna le brun, prêt à se défendre. Retournez-vous lentement, les mains sur la tête. »
L'intrus obtempéra. Et lorsqu'il fut retourné, visage à découvert, Harry faillit en lâcher sa baguette. L'homme eut un sourire méprisant et dit :
« Tu en fais une tête, Potter. On dirait que tu viens de voir un fantôme.
- C'est impossible, dit Harry. »
Il devait être en train de rêver ou le whisky versé dans son café lui montait à la tête. Ca ne pouvait pas être lui. Il était mort. Il n'y avait aucun doute possible. Ils avaient même fait le test du polynectar pour être sûr que ce n'était pas un imposteur qui avait volé l'identité de …
« Malfoy… prononça Harry dans un souffle, incrédule.
- Ah bien, tu te souviens de mon nom, répliqua le blond, sarcastique. »
En d'autres circonstances, Harry lui aurait lancé un regard mauvais, mais là il était bien trop sous le choc pour faire quoi que ce soit, à part bafouiller des : « Mais » ; « comment » ; « c'est » ; « je rêve » ; « non » ; « impossible »
Malfoy l'écouta babiller son discours sans queue ni tête. Puis perdant patience, il lui coupa la parole : « Si je le pouvais, je te bafferais Potter, comme ça tu verras que tu ne rêves pas et tu pourras arrêter de parler comme un demeuré. »
Cela eut au moins le mérite de ramener Harry à la réalité. Et face à Malfoy, si c'était vraiment lui, il n'avait qu'une seule façon de réagir à la situation. C'est donc avec méfiance, qu'il pointa à nouveau sa baguette vers l'autre garçon et questionna :
« Qui êtes-vous ? »
Malfoy soupira d'agacement. Mais bon, il pouvait comprendre que le Gryffondor soit méfiant. Il répondit simplement :
« Je m'appelle Draco Malfoy, ça tu le sais. Et la vraie question que tu devrais me poser c'est plutôt : Qu'est-ce que tu es ? »
Hésitant un instant, Harry demanda : « Et qu'est-ce que tu es ? »
Malfoy eut à nouveau son sourire méprisant, comme s'il préparait un sale coup. Harry resserra son emprise sur sa baguette. Malfoy s'avança droit vers lui. D'instinct, Harry lança un sort qui n'eut aucun effet sur le blond, mais fit tomber la petite Tour Eiffel posée sur l'étagère au-dessus de la cheminée. Pourtant Harry était sûr d'avoir bien visé le corps du blond. Il réalisa alors à ce moment que Malfoy s'avançait droit vers lui, passant à travers la table basse puis le canapé avant de s'arrêter devant Harry à quelques millimètres de sa baguette. Draco fit ensuite un pas supplémentaire et Harry baissa légèrement les yeux sur son bras tendu. Sa baguette n'était presque plus visible. La partie cachée transperçait la poitrine du Serpentard. Harry éprouvait une sensation de froid intense au niveau de la main tenant sa baguette.
Harry releva la tête pour rencontrer le regard de Malfoy. Ils se fixèrent un moment, sans bouger. Seul le crépitement du feu et la respiration de Harry, qui assimilait lentement la réponse, se faisaient entendre.
Le temps semblait s'être arrêté.
Des dizaines de questions se bousculaient dans la tête de Harry, mais il était incapable de les formuler à voix haute. Il avait peur que s'il disait quelque chose, Malfoy disparaîtrait. Alors il le fixait droit dans les yeux. Des yeux qui n'exprimaient rien de négatif, simplement une patience tranquille. Une attente sereine. Attendre que lui, Harry Potter fasse le prochain mouvement, qu'il dise à voix haute la réponse à sa dernière question.
Harry abaissa sa garde et se recula de quelques pas. Il avait du mal à le croire. Malfoy était bien mort et voilà qu'il venait hanter Harry.
« Tu es un fantôme, dit enfin le Gryffondor. Comment est-ce possible ? »
Mais Malfoy ne lui répondit pas, à la place il énonça simplement :
« Tu dois m'aider, Potter. »
OooooO
Harry resta de longues minutes sous le jet de douche. Ca l'aidait à s'éclaircir les idées. Il avait toujours du mal à croire que Malfoy était un fantôme. Le blond lui avait assuré que s'il était revenu, c'est parce qu'il devait l'aider à retrouver le coupable.
Pour cela, Draco lui avait raconté ce qu'il savait : Après le départ de Mme Travis, juste avant la fermeture, un client était venu dans sa boutique pour faire réparer un objet. Pour une raison inconnue, Draco ne pouvait pas dire quel était cet objet. Ni à quoi ressembler son client car celui-ci portait un manteau noir à capuche qui dissimulait son visage. Tout ce qu'il savait c'est qu'il s'agissait d'un homme, d'après le son de sa voix et qu'il était grand.
Puis le noir complet. Et c'était malheureusement tout. Autant dire, pas grand chose pour faire avancer l'enquête.
Draco avait compris qu'il était un fantôme quand après s'être réveillé, il avait vu son cadavre sur la table d'autopsie. Il avait aperçu le nom de Harry sur la feuille de visite, et s'était retrouvé aussitôt dans l'appartement du brun.
Quand Draco eut fini son témoignage, il était presque l'heure pour Harry de partir au boulot. Il avala un rapide petit-déjeuner avant d'aller dans la salle de bain.
Tirant le rideau de douche, Harry attrapa une serviette et une fois sorti de la douche, il frictionna ses cheveux. Il sursauta en entendant la voix traînante de Malfoy derrière lui :
« Je savais bien que la rumeur était fausse. Je parle de celle de ton tatouage, précisa-t-il lui faisant un clin d'œil. »
- Oh, sors d'ici, Malfoy ! Ou sinon…
- Ou sinon quoi ? Tu vas me jeter un mauvais sort ? » Malfoy ricana.
Harry enfila sa serviette autour de la taille, puis remit ses lunettes. Il était en colère mais préféra ne rien répliquer. Draco était près de la porte. Harry entreprit de se brosser les dents, ignorant l'autre garçon qui l'observait attentivement.
Reposant sa brosse à dents dans son gobelet, Harry jeta un coup d'œil à travers le miroir et dit : « J'ai parlé à ta mère. Elle… » Harry ne put finir sa phrase car Malfoy avait disparu.
Le Gryffondor s'habilla rapidement et regagna le salon. Vide. Il appela le blond. Pas de réponse.
Harry se demandait encore s'il n'avait pas rêvé tout cela. Après tout, il manquait de sommeil, son imagination pouvait bien lui jouer des tours.
Ooo FCRCSM ooO
« Niveau 4 : Département de contrôle et régulation des créatures magiques, Section des êtres, animaux et esprits, Bureau de liaison des Gobelins, Agence de conseil contre les nuisibles. » annonça la voix féminine et suave de l'ascenseur lorsque les portes s'ouvrirent.
Harry n'était pas sûr de ce qu'il faisait là. Malfoy n'était pas réapparu. Il avait peut-être simplement rêvé. Il ne fit pas trois pas qu'il vit de loin sa meilleure amie avancer vers lui précipitamment. Il eut le réflexe de lui retenir la porte avant qu'elle ne se referme complètement.
« Ah merci Harry. Qu'est-ce que tu fais là ? Tu voulais me parler ? Désolée, je suis pressée. J'ai une réunion importante. Repasse à midi. On ira déjeuner ensemble, ok ? »
Et la porte de l'ascenseur se referma sur Hermione, sans qu'il ait eu le temps de dire quoi que ce soit. Harry sourit de l'attitude de son amie, puis arpenta les couloirs du service. Il s'arrêta lorsqu'il vit sur une porte l'écriteau qu'il recherchait : La section des esprits.
OooooO
Après avoir épluché pour la seconde fois les comptes de Malfoy, Harry finissait de rédiger au propre l'interrogatoire de Narcissa Malfoy, ainsi que des deux employés de la boutique Barjow et Beurk quand Ernie Macmillan débarqua dans son bureau :
« Harry, j'ai de bonnes nouvelles pour l'enquête. J'ai enfin pu parler à ses voisins. Ils étaient partis en vacances à Rome. Une ville magnifique. J'ai toujours…
- Ernie, viens en aux faits.
- Oui, pardon. Personne n'a vu Malfoy en compagnie d'une femme. Mais, ils m'ont parlé d'un homme qui venait régulièrement chez lui.
- Un homme ? Ca explique pourquoi sa mère ne m'a rien dit. Tu as une description ?
- Mieux, j'ai un nom : Blaise Zabini.
- Bon boulot Ernie. Fais une demande auprès du Magenmagot pour obtenir un mandat d'arrêt, puis prends trois officiers de la brigade de police magique et fais-le venir ici.
- Tu ne viens pas avec ?
- Non, pas tout de suite, je viens de recevoir un mémo : Augustus veut me parler de toute urgence. On se retrouve plus tard. »
OooooO
« Tu voulais me voir Gus ?
- J'ai deux nouvelles à t'annoncer : une bonne et une mauvaise. Je commence par quoi ?
- La bonne.
- Eh bien, j'allais transférer le corps de Draco Malfoy au service funéraire quand j'ai remarqué quelque chose d'étrange. Je t'ai dis qu'il a été touché par le sort de la Mort, ce qui est, dans 99,99% des cas, fatal. Par conséquent toute la magie d'un sorcier disparaît de son corps et s'évapore dans la nature. Seulement, il semblerait qu'une partie de la magie de Monsieur Malfoy soit intacte. Regarde. »
Le légiste agita sa baguette au-dessus du corps de Malfoy. Un halo bleuté entoura le serpentard. Le médicomage montra ensuite un écran :
« Tu vois, ces fonctions vitales sont à zéro. Mais des petits pics de magie sont toujours visibles, preuve que sa magie fonctionne toujours à l'intérieur de lui.
- Comment est-ce possible ?
- Je ne sais pas. Je n'ai jamais connu de cas de ce genre.
- Ca veut dire qu'il n'est pas mort ?
- Si, il est bien mort. La magie seule ne peut garder en vie une personne si elle est dépourvue de son âme ou de son esprit. Sauf dans le cas de la magie noire, peut-être, où il est possible de ranimer un cadavre. Mais les Inferi ne sont pas de vrais êtres humains. »
Harry mit un petit temps pour assimiler les paroles de Gus. Il finit toutefois par demander, levant les yeux du visage de son ancien camarade de classe.
« Quelle est la bonne nouvelle ?
- Grâce à cette magie résiduelle, nous allons pouvoir identifier la baguette qui a lancée le sort.
- Et donc son propriétaire.
- Exactement, le département de contrôle de l'équipement magique nous transmettra le nom du propriétaire de la baguette ayant lancé le sort sur Malfoy dans cinq jours.
- Cinq jours ?
- Oui, c'est la mauvaise nouvelle, ils sont débordés et m'ont assuré faire aussi vite que possible. »
Harry remercia Gus. Il n'allait pas trop se plaindre, il avait peut-être enfin une piste prometteuse.
« J'y pense, si sa magie est intacte, est-ce que ces derniers souvenirs sont récupérables ?
- J'y ai pensé aussi. Apparemment le tueur est malin. Il a pris ses précautions et il nous a devancé, désolé.
- Tu n'as pas à t'excuser. Merci encore pour ton aide. »
OooooO
Harry était de retour de son déjeuner rapide avec Hermione, lorsque Ernie le trouva :
« Harry, je te cherchais. Nous avons arrêté Blaise Zabini. Je l'ai mis en salle d'interrogatoire 4.
- Ok Ernie, allons-y. »
OooooO
« Monsieur Zabini, quand avez-vous vu Draco Malfoy pour la dernière fois ?
- Je vous en prie, Monsieur Zabini, c'est mon père. Appelez-moi Blaise.
- Répondez à la question, Blaise.
- Hm, il y a presque deux semaines, un samedi je crois.
- C'était le 8 septembre ?
- Oui, pourquoi ?
- C'est moi qui pose les questions. Draco a annulé ce jour-là ses rendez-vous de l'après-midi. Il l'a passé avec vous ?
- Non, on a juste pris un café ensemble, à Holland Park. Il était pressé de partir : il avait un rendez-vous avec un client. Il ne m'a pas dit son nom.
- Vous savez où il devait se rendre ? »
Blaise hocha négativement de la tête.
« De quoi avez-vous parlé ?
- Hé bien, Draco a rompu avec moi. Il ne m'a pas dit pourquoi, mais je parie qu'il voyait quelqu'un d'autre. Ce client mystère était peut-être son amant, allez savoir.
- Oh, je suppose que ça n'a pas du vous plaire, vous êtes donc retourné le voir. Une dispute éclate et vous le tuez.
- Hé, c'est faux !
- La jalousie est un mobile fréquent, vous savez.
- Je ne l'ai pas tué !
- Dites-moi alors où vous étiez samedi soir, le 15 septembre.
- Dans un pub, à Soho. Et ensuite, j'ai pris un dernier verre au Pulse, avant de rentrer chez moi, seul.
- Très bien, nous allons vérifier votre alibi. Vous ne bougez pas d'ici. »
Harry sortit de la salle d'interrogatoire. Il s'assura que Blaise ne quitterait pas les lieux avant qu'il en donne l'ordre. Il prévint Macmillan qu'il allait interroger le patron du bar nommé le Pulse.
Il entra dans l'ascenseur, une photo de Blaise à la main.
Arrivé au rez-de-chaussée, il se retrouva nez à nez avec Narcissa Malfoy.
Elle semblait contrariée : « Ah vous tombez bien, j'allais monter vous voir. » Harry n'eut pas le temps de demander à quel sujet elle lui rendait visite, qu'elle enchaîna : « J'ai attendu plus d'une heure avec mon mari au service des pompes funèbres jusqu'à ce qu'on nous informe que vous réquisitionnez le corps de notre fils jusqu'à une date indéfinie ! C'est scandaleux ! Vous n'avez pas le droit de… Lucius est allé voir le Ministre et moi j'attends une explication de votre part ! »
Harry n'avait jamais vu Narcissa Malfoy dans un tel état d'hystérie. Il essaya de la calmer :
« Écoutez Madame Malfoy, un élément nouveau est apparu, et pour résoudre notre enquête, nous avons besoin du corps de votre fils encore quelques temps. Je suis désolé pour les désagréments encourus. Comprenez bien que notre décision de garder le corps de votre fils est nécessaire pour trouver qui l'a tué. Il vous sera rendu dès que possible, je vous le promets.
- Quel est ce nouvel élément ? »
Harry hésita à lui dire ce qu'il avait appris quelques heures plus tôt. Il préféra ne rien lui dire jusqu'à ce qu'il en sache plus lui-même.
« Je suis désolé, c'est confidentiel.
- Je suis sa mère ! J'ai le droit de savoir !
- Je suis vraiment désolé, je vous en dirai plus quand notre piste sera confirmée. Veuillez m'excuser, mais je dois partir. » Harry partit sans se retourner, même lorsque Narcissa lui dit : « Vous pouvez fuir, mais sachez que nous n'en resterons pas là ! »
OooooO
De retour chez lui, installé sur son canapé, Harry contemplait la photo de Blaise Zabini. Il sursauta légèrement lorsqu'il entendit Malfoy derrière lui, dire: « Blaise n'a rien fait. »
« Premièrement, il faut que tu arrêtes d'apparaître à l'improviste. Deuxièmement, comment peux-tu en être sûr, puisque tu n'as pas vu ton agresseur ?
- Désolé de t'avoir fait peur, j'apprends toujours à contrôler mes apparitions d'un lieu à un autre. Et crois-moi, je connais Blaise.
- Je devais en être sûr. C'est en partie cela être un Auror. Interroger des suspects et vérifier leur alibi.
- Et alors, Blaise disait-il la vérité ?
- Oui, le barman a confirmé qu'il l'avait vu vers 22 heures. Il lui a servi plusieurs verres. Blaise est resté au bar jusqu'à une heure du matin. Puis il est parti, euh accompagné. Donc oui, il disait en partie la vérité.
- Huh, tant mieux pour lui. »
Harry rangea la photo de Zabini dans le dossier. Retour à la case départ.
« Il m'a dit que tu avais rompu, une semaine avant ton meurtre. Je peux savoir pourquoi ? Pour les besoins de l'enquête, ajouta-t-il précipitamment. »
Blaise lui avait certes donné une explication, mais Harry voulait s'assurer qu'elle était vraie, et peut-être avoir plus de renseignements.
Draco semblait amusé par tant de curiosité : « Bien sûr, pour les besoins de l'enquête, Auror Potter. Si j'ai rompu, c'est parce que je l'ai surpris un soir avec Theodore Nott. Et à voir ta tête, ce n'est pas ce que Blaise t'a dit.
- Il m'a dit que tu avais une liaison. »
Malfoy hocha simplement des épaules, comme si ce mensonge de la part de Blaise ne l'affectait guère.
« Où étais-tu passé ? J'ai dis que j'avais interrogé ta mère et là tu as disparu.
- Comme je te l'ai dis, Potter, je ne contrôle pas encore complètement mes nouvelles capacités dues à ma condition de fantôme, notamment les déplacements. Je peux transplaner d'un lieu à un autre, mais à croire que de n'être qu'un esprit, rend la tâche beaucoup plus sensible. Quand tu as parlé de ma mère, j'ai eu envie de la revoir. Avant même que je m'en rende compte, j'étais au Manoir.
- Oh, et comment a-t-elle réagi ?
- Elle dormait et heureusement. Je ne veux pas qu'elle me voit ainsi. Quand je suis revenu ici, tu étais parti, alors je suis retourné chez moi.
- C'est une scène d'investigation, interdit au public ! fit Harry agacé.
- Ne t'inquiètes pas, je n'ai rien touché. »
Si Malfoy voulait le rendre mal à l'aise avec sa remarque, c'était réussi. Mais Harry n'eut pas le loisir de s'en formaliser car Hermione l'appela via la cheminée. Une minute plus tard, la jeune femme se tenait dans son salon, une pile de livres dans les bras qu'elle faillit renverser en apercevant Malfoy.
Elle posa les ouvrages sur la table basse du salon et s'exclama : « Alors c'est bien vrai, Malfoy est un fantôme ! » N'attendant pas de réponses, elle se précipita vers le blond, l'étudiant sous toutes les coutures en répétant : « C'est fascinant !»
Malfoy se recula, anxieux et voulant calmer les ardeurs d'Hermione, il lui dit : « Ravi que ma mort te fascine, Granger. Mais tu peux arrêter ça. » Il désigna la main que la Gryffondor s'obstinait à faire passer à travers le corps de Malfoy, comme pour s'assurer qu'il était un fantôme de tout son long.
Se rendant compte de son attitude déplacée, elle s'excusa et s'éloigna du blond. Celui-ci lui fit remarquer : « Il y avait des fantômes à Poudlard, pourtant je ne t'ai jamais vu faire tout ce cirque.
- Parce que je n'osais pas le faire. » Hemione rougit légèrement : « Et tu n'es pas un fantôme ordinaire. »
- Oh, vraiment, Granger, je ne pensais pas que j'avais cet effet sur toi… commença Draco d'un ton charmeur.
- Ah non ! se récria-t-elle en rigolant, ça c'est Harry qui me l'a dit. »
Harry et Draco eurent la même expression de surprise en entendant les propos de Hermione. Son étonnement passé, Draco lança un regard espiègle à Harry qui se dépêcha de clarifier les choses. Il lui répéta ce qu'il avait appris de Gus.
« Il s'avère que ta magie est toujours présente. La raison a ceci reste un mystère.
- C'est justement pour ça que tu es un fantôme différent des autres, intervint Hermione.
- Elle a raison, tu ne devrais pas être là, continua Harry. Je suis passé à la Section des esprits. Normalement, on devient un fantôme, si l'on en fait le choix avant de mourir.
- Je n'avais pas prévu de mourir aussi jeune, Potter. Je suis là pour t'aider dans ton enquête.
- Ca semble logique, dit Hermione. »
Un petit silence s'installa.
« C'est quoi tous ces livres Hermione ? » demanda Harry en parcourant rapidement la pile de livres apportée par son amie. Ce changement de sujet redonna à Hermione une euphorie propre à la jeune femme.
« Oh, après notre déjeuner, je suis allée récupérer des ouvrages qui peuvent vous intéresser, tous les deux. »
Harry lut quelques titres à voix haute, étonné quoique assez amusé et avec une pointe de scepticisme grandissante au fur et à mesure de sa lecture - Où Hermione avait-elle pêché des livres pareils ? - : Comment vivre avec un fantôme ? ; Dialogue avec un revenant ; Comment aider un esprit à trouver son chemin ? ; Au secours ! Ma belle-mère est un fantôme ! ; Incubes, Succubes, mode d'emploi. Hum…
- Oui, bon, tu pourras te passer de certains livres, mais je n'ai pas eu le temps de faire le tri. Vous trouverez peut-être des réponses sur cette histoire de magie intacte. »
Malfoy, qui s'était posté à côté de Harry pour regarder les livres d'un peu plus près, dit : « Bien que Le KamaSutra : les fantômes aussi en ont le droit ! m'a l'air passionnant. Tu oublies, Granger, que je ne peux pas toucher d'objets.
- Je sais, mais Harry te fera la lecture… euh, le temps que je trouve le sort adéquat pour tourner magiquement les pages d'un livre, ajouta Hermione ne comprenant pas vraiment pourquoi Harry lui faisait les gros yeux. Bon, je dois y aller ! A bientôt, Harry. Malfoy. » Ce dernier leva la main sans même lui jeter un regard, il était occupé à essayer de convaincre Harry de reprendre le livre qu'il avait mis tout en dessous de la pile. Hermione s'en alla par la cheminée, souriante.
Après le départ d'Hermione, Harry informa Draco qu'il avait parlé à sa mère le jour même, mais qu'il ne lui avait pas avoué que Draco était un fantôme.
« Tu as bien fait. Pour l'instant, je ne veux pas que mes parents le sachent. »
Après un petit silence, Draco demanda : « Dans cinq jours alors tu auras le nom du coupable ?
- Normalement, oui. »
Malfoy sembla plus préoccupé que content de l'apprendre.
Cependant Harry ne s'y attarda guère, il avait encore des zones d'ombre à éclaircir sur l'affaire. Il rangea les livres donnés par Hermione sur une petite table de chevet, dans sa chambre, et poursuivit son interrogatoire auprès du blond :
« Tu peux me dire ce que tu as fait l'après-midi du 8 septembre ? »
Malfoy prit un air grave :
« Tu fais allusion aux rendez-vous que j'ai annulés ? »
Harry acquiesça. Draco poursuivit son récit :
« Blaise et moi étions ensemble depuis un an, le jour où on s'est séparé. Il ne s'en ai même pas rendu compte. J'avais reporté mes rendez-vous d'affaire pour avoir mon après-midi, avec lui. Il se plaignait parfois que je travaille trop. J'ai tout annulé auprès de mes clients à la dernière minute pour qu'il ne se doute de rien. Mes employés n'étaient pas au courant de ma liaison avec Blaise. Ma vie privée ne les concerne pas, voilà pourquoi ils ne t'ont rien dit sur ce que je faisais cet après-midi là. En revanche, ma mère le savait.
- Je m'en doutais.
- Elle voulait me protéger, ne lui en veux pas pour cela.
- Oui, je comprends. Continue.
- La veille, j'avais tout planifié. Avant de rentrer, je suis passé par le restaurant pour confirmer ma réservation. Quand je suis ressorti, il s'est mis à pleuvoir. Je me suis abrité sous un abri de bus. C'est là que je les ai vu. Sur le trottoir en face, ils s'embrassaient, se fichant qu'il pleuve. Au début, je me suis dit : « C'est une erreur » Mais non, c'était bien Blaise avec Theodore Nott. On l'avait croisé, Blaise et moi, deux mois auparavant à une réception donnée par mes parents.
- Et qu'est-ce que tu as fait ? » Harry avait la gorge nouée en demandant cela. Il avait clairement de la peine pour le blond.
- Je les ai suivis. Ils sont allés chez Blaise. Ils n'ont même pas pris la décence de tirer les rideaux de la chambre. »
Un silence de plomb s'abattit entre les deux hommes. L'histoire racontée par Draco avait ému Harry. Il imaginait le Serpentard, trempé jusqu'aux os, la pluie mêlée à ses larmes, observant l'infidélité de Blaise avec Théodore. Harry revint à la réalité lorsque Malfoy énonça :
« Et toi alors, depuis que je suis ici, je n'ai pas vu l'ombre d'une conquête passer cette porte. Ca fait un moment maintenant que Weasley-fille t'a jeté comme une vulgaire chaussette pour ce Dean Thomas.
- Ca ne fait que deux jours que tu es ici. Et pour ta gouverne, Ginny et moi, nous sommes séparés d'un commun accord, rectifia Harry.
- Ce n'est pas ce que la presse disait.
- Des calomnies, rien de plus. C'est toujours plus vendeur les scandales.
- Mouais, ça ne change rien au fait que niveau scandale, c'est le désert chez toi.
- Tu comprendras qu'avec un fantôme sur le dos, c'est préférable.
- Haha, je parie que c'est à cause de ton « humour » qu'elle est partie.
- Bonne nuit, Malfoy, dit simplement Harry pour mettre fin au sujet. »
OooooO
« … les algues peuvent aussi bioconcentrer des quantités significatives d'arsenic sans en mourir. Le cycle et la spéciation de l'arsenic a été étudié pour certains légumes, dont la carotte. Voilà, c'est tout pour l'arsenic. Passons à la suite. Numéro 34 : Le sélénium. Il appartient à la famille des …
- Par le caleçon de Merlin, la ferme, Malfoy !
- Tu vas me dire pourquoi vous avez rompu ?
- Non.
- Alors je continue. La liste est encore longue pour aller jusqu'à 118. Où j'en étais ?… Ah oui, le sélénium. C'est un chalcogène dont le symbole s'écrit…
- Ok, ok, tu as gagné ! Je vais te le dire !
- Vraiment ? Parce que ça ne me gêne pas de continuer. Je ne dors pas, alors il faut bien que je m'occupe à quelque chose.
- Tais-toi, s'il te plait. »
Harry était épuisé. Avant de se coucher, Draco l'avait harcelé de questions pour savoir pourquoi Ginny et lui n'étaient plus ensemble, si la presse disait faux. Lorsqu'il s'était couché, Harry n'avait toujours pas cédé. Il pensait que Draco abdiquerait. Il n'en fût rien. Pendant près de quatre heures, le blond lui avait récité des leçons de potions, avec une liste interminable d'ingrédients. Puis, il avait dit vouloir faire une pause. (Au grand soulagement de Harry) Il était alors passé au tableau périodique des éléments. (Au grand désespoir du Gryffondor qui malgré son coussin sur les oreilles pouvait entendre le blond déblatérer ses leçons apprises à l'école) Harry préférait mettre un terme à ses souffrances en lui disant ce que le serpentard voulait savoir : la raison de sa rupture avec Ginny.
« Oh, alors Pansy disait vrai.
- Comment ça ?
- Pansy était aux même cours de préparation à l'accouchement que ton amie Granger. J'ai appris une chose des filles, Potter : elle parle de vraiment tout entre elles !
- Si tu le savais, pourquoi m'emmerder pendant des heures avec tes potions ?
- Parce que je me demandais combien de temps tu tiendrais avant de me le dire. Je suis plutôt impressionné que tu aies tenu aussi longtemps.
- T'es vraiment toujours aussi con.
- Le manque de sommeil te rend grognon, ma parole ! fit Draco, amusé. Et un brin vulgaire, ajouta-t-il en réponse au geste grossier du brun qui s'était recouché. Oh, il fait jour ! Je vais faire un tour. »
Bon débarras, songea Harry. Heureusement, il n'avait pas besoin de travailler le lendemain.
Ooo FCRCSM ooO
« Ca fait quoi d'être un fantôme ? »
Ron ne savait pas quoi demander d'autre. Mais il trouvait que les cinq minutes de silence, passer à regarder Malfoy étaient suffisantes et qu'il devait engager la conversation d'une manière ou d'une autre.
Le blond haussa simplement des épaules et dit :
« A part le fait que je ne peux rien toucher ou ressentir, c'est plutôt pas mal. Je me sens libre de tout faire. Même si mes possibilités sont en réalité limitées.
- C'est quoi le truc que tu regrettes le plus de ne plus pouvoir faire ?
- Manger. »
Ron allait dire qu'il comprenait parfaitement son point de vue, quand la porte de la chambre à coucher s'ouvrit. Harry apparut, baillant au corneille, surpris de trouver son meilleur ami qui le salua puis dit :
« Tu as battu ton record, Harry. Il est presque 15 heures. Ce n'est pas dans tes habitudes de dormir autant.
- Je me suis endormi vers 7 heures, à cause de lui. » Il pointa négligemment son index en direction de Malfoy qui lui sourit narquoisement en retour, avant de s'étirer les bras.
- C'est marrant, la dernière fois qu'un homme t'a tenu éveillé aussi longtemps, c'était quand…
- Hum, pourquoi tu es là, Ron ? coupa Harry pour l'empêcher de dévoiler des détails trop personnels.
- Tu as oublié ? On a un match de Quidditch prévu, à 17 heures. Aurors contre Forces des tâches invisibles. J'espère que tu es en forme, j'ai parié gros pour ce match.
- Le temps de me préparer et d'avaler quelque chose et on pourra y aller. »
OooooO
Arquant un sourcil, Draco Malfoy demanda, avec un ton qui se voulait à la fois sceptique et agacé : « Tu es sûr que tu pourras encore voler sur un balai avec tout ce que tu manges ?
- Harry fait les meilleurs pancakes du monde. Si je ne devais pas suivre ce régime qu'Hermione m'a fait promettre d'honorer d'un serment inviolable, crois-moi que je me gaverais aussi. »
Ron soupira d'envie alors qu'il changeait de main pour soutenir sa tête. Harry lui fit un sourire compatissant avant de reprendre un morceau de pancake qu'il plongea dans du sirop d'érable puis le mis en bouche avec un soupir appréciateur.
« Coulis de framboise. »
Harry marqua un temps d'arrêt avant d'avaler son morceau de pancake. Il regarda Draco avec incompréhension. Ron aussi s'était retourné pour fixer le blond, attendant son explication.
« A Poudlard, tu prenais toujours du coulis de framboise pour le mettre sur tes pancakes. Jamais de sirop d'érable.
- Où est-ce que tu veux en venir ? demanda Ron. »
Harry reposa ses couverts. Visiblement, il connaissait déjà la réponse mais demanda néanmoins le plus innocemment possible :
« Oui, qu'est-ce que tu insinues Malfoy ?
- C'est bas Potter, petit et mesquin, dit Draco plissant les yeux et serrant la mâchoire. »
Harry devait avoir entendu lorsque le Serpentard avait confié à Ron qu'il regrettait de ne plus pouvoir manger. C'était la raison pour laquelle Harry avait pris du sirop d'érable à la place du coulis de framboise. Draco adorait le sirop d'érable. C'était son pêché mignon. Apparemment Harry le savait.
« La vengeance est un plat qui se mange froid, répliqua Harry lui rendant son regard. »
Ron regarda tour à tour les deux hommes, ne comprenant pas quel était leur problème. Il haussa simplement des épaules et profita de l'inattention des deux autres pour chiper un petit pancake. Il était 16 heures, il avait le droit à un petit goûter.
Ooo FCRCSM ooO
« Salut Ron. Je cherche Harry, tu sais où il est ?
- Il interroge un suspect, salle 3. C'est son rapport de sortilèges ?
- Oui, tu peux le lui remettre s'il te plait ?
- Pas de soucis, Ralf.
- Merci, Ron. »
Salle d'interrogatoire 3 :
« Vous n'avez pas de preuves !
- Monsieur Zabini, un témoin vous a vu vous disputer avec Draco Malfoy, un jour avant son meurtre. A propos de quoi ?
- Je ne dirais rien de plus sans mon avocat ! »
Harry se leva de sa chaise, énervé.
« Et je vous ai déjà dit de m'appeler Blaise.
- Pourquoi tu t'obstines à croire que Blaise a fait quelque chose ? »
Harry regarda sur sa droite. Draco traversa le miroir accroché dans la salle, passa à ses côtés et se mit près de Blaise. Zabini ne semblait pas le voir. Il pianotait machinalement de sa main droite sur la table, regardant dans le vide.
« Il est coupable » murmura Harry, troublé. Il le fut encore plus lorsqu'il constata que le sol était mouillé. Il suivit des yeux le chemin humide jusqu'au miroir. De la pluie tombait au travers.
« Tromper quelqu'un n'est pas un crime aux yeux de la loi, Harry. »
Harry reporta son attention sur Draco. Ce dernier lui souriait tristement. Puis, d'un coup, il demanda joyeusement :
« Tu veux voir un tour de magie ? »
Harry fronça les sourcils. Draco s'assit à la place de Blaise, prenant possession de son corps. Celui-ci eut un soubresaut et arrêta de bouger. Puis il leva la tête en direction de Harry et lui sourit, de la même manière qu'avait fait Draco trente secondes plus tôt.
Il se leva et se rapprocha de Harry. Il lui prit la main - Harry avait des frissons. La main de Blaise était froide.- et la posa sur son torse, au niveau du cœur. Harry sentit les battements : ils étaient vigoureux. Blaise tourna la tête. Harry suivit son regard. Il se vit dans le miroir. La pluie avait cessé. Un soleil irradiait et l'aveugla. Quand il ne fut plus ébloui, Harry se vit tous les deux. Sauf que dans le reflet, ce n'était pas Blaise qui lui tenait la main, mais Draco. Harry tremblait légèrement. Il contempla leur reflet quelques instants, plus attentivement. Il constata que le paysage à travers le miroir avait changé : Ils étaient debout sur une sorte de pont en fer. Harry pouvait voir l'eau s'étendre à perte de vue. Gardant l'image de Draco en tête, il ferma les yeux et se pencha en avant. Il sentit un léger froid effleuré ses lèvres.
Harry se réveilla en sursaut.
Ron toqua doucement à la porte, une nouvelle fois, trois coups. Celle-ci s'ouvrit à la volée, laissant apparaître un Harry fatigué.
Harry avait profité de l'absence de sa chef pour faire un somme dans une salle d'interrogatoire vide qu'il avait réquisitionnée. Ron le couvrait en cas de demande. Ce n'était pas dans les habitudes de Harry de faire ce genre de chose, mais il n'avait pas trop le choix. Quand il était chez lui, Draco ne le laissait pas beaucoup dormir.
Il y avait ça, et le rêve qu'il faisait à répétition. Oui, bon, c'était surtout à cause de ce rêve qu'il ne dormait pas correctement.
Draco ne lui avait fait passer qu'une autre nuit blanche. C'était sa punition suite à l'affaire du sirop d'érable. Mais cette nuit-là s'était avérée – bizarrement - plutôt sympathique, car Harry avait entamé la discussion avec Draco. Ils avaient parlé toute la nuit. Au départ, Harry voulait des réponses qui pourraient l'aider à résoudre rapidement l'enquête. Il supposait que Draco était revenu de l'Au-delà, comme il l'avait dit, pour l'aider à trouver le coupable. Plus vite il découvrirait de qui il s'agissait, plus vite Malfoy pourrait rejoindre l'autre côté ou hanter d'autres lieux si tel était son choix. Bien vite, les questions s'éloignèrent de ce but. Draco voulait en savoir tout autant sur Harry. C'était son compromis : Harry posait une question et Draco pouvait en faire de même.
Les autres soirs, après avoir fait le point sur sa journée d'enquête, Harry cuisinait sous le regard envié du blond. Puis, après le dîner, ils lisaient les livres qu'Hermione avait donnés. Harry finissait par s'endormir et se réveillait en sursaut, la sensation du froid sur ses lèvres encore présente comme dans son rêve. Il était toujours seul à son réveil.
« Harry, désolé, mais il faut que tu lises ça. »
Se frottant les yeux, Harry referma la porte puis parcourut le rapport d'analyse. Il regarda Ron confus et lui dit :
« C'est forcément une erreur. »
A suivre…
