DESTINS CROISES OU FATALITE ?

Auteur : Heleanora.

Disclaimer : Aucun droit sur la série à ce jour, juste sur les idées qui hantaient mon imagination.

Résumé : Que se passerait-il si le passé de Lisbon, depuis longtemps enterré et oublié, ressurgissait tout à coup et apportait un nouvel éclairage sur les affaires du temps présent ?


PREMIER ACTE

« A moins que la chance ne nous sourisse, nous ne l'attraperons probablement pas de si tôt. »

Il n'y tenait plus. Il ne pouvait en entendre davantage. D'un mouvement brusque, Jane se redressa, se leva et gagna la sortie du bureau d'un pas vif, son regard évitant sciemment toutes les personnes présentes. Partir loin. Le plus loin possible. Vite. Il perdait le contrôle. La porte claqua. Sans importance. Comment avait-elle pu… Comment avait-il… Trop, c'était trop. Inadmissible !

Elle l'avait trahi ! Point. Toutes ces années, elle leur avait menti, lui avait menti. Sans le moindre remord. N'avait rien laissé filtrer, alors qu'il y aurait eu tant d'occasions…

Comment avait-elle réussi à lui cacher quelque chose d'aussi énorme alors qu'il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert ? Comment l'avait-elle osé ? Et lui ? Pourquoi n'avait-il rien vu ? Comment n'avait-il pu lire correctement la situation ? Interpréter les signes ? Car il devait bien y avoir eu des signes, non ? Il n'y avait jamais de feu sans fumée, alors un tel brasier ? Impossible !

Une seule chose ne comptait plus qu'à cet instant : comprendre comment il avait pu se leurrer à un point tel sur elle.


DERNIER ACTE

Lisbon jeta un coup d'œil nerveux dans le rétroviseur. Le Break marron était toujours là. Elle l'avait remarquée des kilomètres auparavant quand elle s'était volontairement insérée dans leur file en proie à un ralentissement sévère. On circulait parfaitement bien sur les autres voies. Elle n'aimait pas cela n'aimait pas cela du tout.

Un regard à Jane lui indiqua qu'il n'avait rien remarqué, mais cela ne voulait rien dire : malgré sa fréquentation du CBI et ses talents indéniables, il n'en restait pas moins un agent en herbe. Sans oublier qu'il se passionnait actuellement pour le « Rocher » et la « chance » de Steve de pouvoir voyager autant dans le cadre de son métier. Steve… Le métier de Steve… Bon sang ! Comment n'avait-elle pas envisagé cette hypothèse auparavant ? Une telle évidence…

Sans prévenir, elle parqua le SUV sur la bande d'arrêt d'urgence et coupa le moteur, fébrile. Elle constata avec soulagement que le Break les dépassait sans faire mine de ralentir. Elle devait devenir paranoïaque… Mais qui pouvait l'en blâmer après les événements des mois derniers ? Si improbables et fous, si macabrement
rocambolesques que même les plus mauvais films ne mettraient pas en scène un tel scénario. Des événements auxquels elle ne croirait pas un instant si elle n'en était pas le centre. Un des centres, se corrigea-t-elle machinalement.

Rassurée, elle reconsidéra méticuleusement son idée, en testa la solidité, faisant fi de la curiosité dévorante du consultant. Une idiote. Elle n'était qu'une idiote. Elle ne se le pardonnerait pas de longtemps. Inspirant profondément, sûre d'elle, elle fit part de sa théorie à son compagnon, dont le visage refléta le tumulte des émotions qu'il ne pouvait manquer de ressentir. L'excitation de la chasse, l'espoir, la détermination, le choc, la culpabilité, le remord. S'ils aboutissaient, il lui faudrait du temps pour que la solution fût en réalité si simple, qu'il aurait pu atteindre son but bien plus tôt s'il ne s'était perdu dans des considérations alambiquées, qui avaient obscurci son cerveau au lieu de l'éclairer. Tant de gâchis…

Son mauvais pressentiment la reprit de plus belle tandis qu'ils se remettaient en route pour Sacramento. Elle ne pouvait s'empêcher de scruter attentivement les autres conducteurs, cherchait vainement à y discerner un visage qu'elle ne connaissait pas, ou encore un visage qu'elle ne connaissait plus. Les paris étaient ouverts. Deux kilomètres monotones d'autoroute plus tard, alors qu'elle s'apprêtait à relâcher sa vigilance, se fustigeant intérieurement de son excès de prudence, un Break marron qui stationnait moteur ronflant sur la bande d'arrêt d'urgence se réinséra dans la circulation quelques automobiles devant elle, ralentit insensiblement, se laissant doubler de nombreuses fois pour reprendre sa place antérieure, cinq automobiles en arrière, file de droite. Le même Break. Elle n'était pas paranoïaque. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : l'équilibre précaire dans lequel Jane et elle flottaient depuis des mois venait de se rompre.

L'un de leurs deux vieux démons les avait finalement pris en chasse et entendait bien se faire justice sans attendre…