Auteur : Drusilla
Paring : HG/SS bien sûr
Rating : R
Disclaimer : Je n'ai toujours rien. Je patiente, je patiente. Sev finira bien par arriver.
Résumé : On a beau fuir le plus loin possible, un jour notre passé nous rattrape. Et il faut l'affronter Hermione. Mais qui peut t'aider ? Severus ?
L'enfer d'où je viens
Chapitre 1 : Souvenirs
Dernière année. C'était comme un mantra dans leur tête. Ils regardaient avec envie les petits nouveaux, terrorisés, assis à présent à leurs tables respectives. Ils auraient tout donné pour y revenir, pour ne pas avoir à quitter définitivement le château à la fin de l'année.
La prochaine fois qu'ils prendraient le train, ce serait pour partir à tout jamais. Il n'y aurait plus de sortie à pré-au-lard, ce lieu magique où le temps passait trop vite. Plus de prédiction fumeuse de Trelawney, leur assurant de ce qui risquait pas de leur arriver. Plus de nouveau professeur de défense toujours pire que le précédent.
Quoique, se corrigea Hermione, ils avaient atteint l'apogée puisque l'an dernier Voldemort en personne s'était substitué à leur professeur. Causant sa perte par un tranquille jeudi de juin. Sans vagues ni chaos, sans que personne ne sache qui l'avait tué, car tout le monde dans la grande salle ou presque avait jeté un sort, du Legardium Leviosa à l'Avada Kedavra.
En parlant de professeur de défense, Dumbledore montrait le nouveau. Qu'est-ce qui pouvait leur arriver de pire ? Rien pensaient les 7èmes année, l'enfer réalisa Hermione quand elle porta les yeux sur cet homme aux cheveux grisonnant, présenté comme M. Lendev, professeur en Russie.
Son instinct premier fut de sortir sa baguette et abattre froidement ce monstre, avant qu'il fasse, ici aussi, de leur vie un cauchemar. Elle était née dedans, mais Harry, Ron, Ginny, tous ses camarades, jamais ils ne pourraient survivre. A 17 ans, on n'apprend pas la perfection, le travail jusqu'à l'épuisement, la famine. C'est marqué dans les gènes ou ça ne l'est pas.
Mais elle ne pouvait pas tuer cet homme, pas sans devenir son égale. Il avait abattu un des siens dans une démonstration du sortilège de la mort. Elle ne pouvait pas oublier, elle ne voulait pas oublier. Cette vision lui donnait encore envie de hurler. Hurler pouvait d'ailleurs être une bonne idée, crier au monde, en commençant par la grande salle, qui était cet homme.
Non, ils la retrouveraient, ils l'emmèneraient. Elle devait disparaître, se faire aussi discrète qu'autrefois. Baisser les yeux et prier pour qu'il ne reconnaisse pas une de ses anciennes élèves. Pour que le sortilège qui masquait son tatouage reste en place. Pour que jamais il ne voit autre chose que Hermione Granger, et jamais Tatiana Vlamiska.
Le numéro 79473614, membre de Laaclach, camp dans lequel il enseignait les sortilèges. Goulag. Ce mot qu'elle haïssait si fort, parce qu'il lui rappelait sans cesse que des gens avaient décidés qu'elle n'était pas assez bien pour être libre. Seulement pour travailler, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ce qu'elle ne se relève plus comme tant des siens, jusqu'à ce qu'un garde lui tire froidement une balle dans la tête sous le regard résigné des autres.
Elle avait risqué sa vie dans l'évasion, elle avait réussi. Ce n'était pas pour y retourner, elle devait maîtriser sa peur irrationnelle de cet homme. Dumbledore était là, personne ne lui ferait du mal sous les yeux du directeur. Oui, elle était en sécurité. C'était exactement ça. En sécurité. Alors pourquoi avait-elle aussi peur ?
- Tu ne mange rien Hermione ?
- Hein ?
- Les plats sont arrivés, alors détache ton regard de la table des professeurs, Rogue va finir par se demander si tu ne prépares pas un mauvais coup.
- Excuse moi Harry, j'étais perdue dans mes pensées. Je n'ai pas très faim, je crois que je commence à angoisser pour les ASPICS.
Sa phrase manqua de tuer Ron, qui commença à tousser pour recracher ce qu'il avait avalé de travers. Complaisante, Ginny tapa dans le dos de son frère à lui en détacher les poumons. Mais Hermione s'en moquait, elle regardait toute cette nourriture appétissante avec envie. Ce n'était pas pour elle. Elle ne devait prendre que le strict nécessaire à sa survie.
Encore et toujours ne pas se faire remarquer, disparaître. Elle aurait voulu quitter la grande salle pour mettre le plus de distance entre ce monstre et elle. Il lui fallait attendre que tout le monde se lève, dans la cohue, elle se glisserait discrètement. Et ensuite ?
Monter, faire ses bagages et partir le plus loin possible. Sans diplôme, sans identité, à nouveau un numéro. Sans avenir. Elle s'était crue libre, finalement elle n'avait jamais quitté Laaclach. Elle ne voulait pas passer sa vie à courir. Pourquoi n'avait-elle pas le droit de vivre simplement ? Qu'avait-elle fait pour mériter ça ?
Petite après son évasion, elle s'était comparée aux autres enfants de l'orphelinat où elle avait échoué. Elle n'était pas différente de eux, juste plus mature, forcée de grandir par les épreuves de la vie. Mais rien qui ne justifiait qu'elle soit enfermée. Puis avec son adoption elle avait cessé de vouloir comprendre pour se contenter d'oublier son passé.
Et maintenant qu'elle regardait autour d'elle, elle ne trouvait toujours pas de différence. Peut-être à cause des uniformes. Elle savait ce que cachait le sien. Les cicatrices mais surtout la marque, cette série de chiffres discrètement implantée au fer rouge sur sa hanche.
- Tu sais Hermione tu es vraiment pale, tu devrais pas autant t'inquiéter, ton examen tu l'auras avec 120 de bonnes réponses.
- Ca t'en sais rien du tout Ron.
Sa voix lui parut bizarre, comme éraillée. Elle se demanda si ça terreur se lisait sur son visage, mais apparemment pas puisque sa version du stress avait été gobée. Elle était pale. Sans blague. Elle avait la tête qui tournait un peu. Comme si elle tombait dans un tourbillon sans fin.
Elle fut tellement soulagée quand les Gryffondors se levèrent qu'elle faillit se mettre à courir. Mais non, il ne fallait pas, ceux qui sortaient du rang étaient abattus. Et si elle avait une certitude c'était bien qu'elle ne voulait pas mourir. Ho ça non. Alors elle baissa la tête et suivit la foule hors de la grande salle.
Bien qu'elle se sache loin de ce monstre à présent, elle garda son masque d'impassibilité. Personne ne devait savoir, ça viendrait forcément aux oreilles des professeurs, donc de Lendev. Tout le monde à présent était un ennemi. Ca lui déchira le cœur. Autrefois au moins, elle pouvait compter sur les siens. Maintenant elle était seule.
- Honnêtement je regrette d'avoir abandonné histoire de la magie, j'ai perdu deux heures de sommeil gratuit.
- Binns te manque Ron ?
- Que signifie ce ton ironique Ginny ? Oh j'oubliais, on ne peut pas abandonner avant la septième année. Quel dommage, encore un an à écouter sa voix monotone.
La dispute entre le frère et la sœur permit à Hermione de réaliser qu'ils étaient affalés dans la salle commune. Harry la fixait en fronçant les sourcils. Elle lui sourit pour le rassurer sur son regard lointain, puis se leva.
- Excusez moi, je suis épuisée, je vais me coucher. Bonne nuit tout le monde.
- Repose toi bien Hermione.
Elle se traîna jusqu'à son lit, hésitant toujours entre prendre ses bagages ou tenter de rester ici. Dehors elle n'avait nul part où aller, ici elle avait au contraire un endroit où elle risquait de retourner. Dur dilemme, paradoxe amer. Elle devait pourtant choisir.
Ses gestes étaient toujours aussi mécanique quand elle passa sa chemise de nuit, défit les draps et se glissa dedans. Hermione n'était toujours pas là, c'était les réactions de Tatiana, de cette gamine terrorisée qui s'était réfugiée en Finlande avant de partir pour l'Angleterre en transitant par le Danemark.
Ce fut seulement une fois les rideau fermés qu'elle s'autorisa à redevenir la vrai elle-même. Elle jeta d'un geste de la main un sortilège de silence rendant inaudible ses sanglots. Malgré tout elle mordit l'oreiller pour étouffer le cri qui lui venait du cœur. Cela lui rappelait trop amèrement les soirs où, lorsque c'était le jour pendant 6 mois, elle ne parvenait pas à dormir.
Les soirs où toutes ses questions lui revenaient en mémoire, et où elle pleurait sous les draps, effrayée de faire trop de bruit. Après le couvre-feu, le moindre son était puni par la privation de nourriture. Et la jeune fille brillante qu'elle était savait que personne ne pouvait supporter une journée de travail sans avoir manger le peu qu'ils leur offraient.
Elle avait beau se répéter qu'ici elle pouvait manger à sa faim, que personne ne l'entendrait, elle ne put se résoudre à exprimer à haute voix sa douleur. Car se remémorer tout ce qu'elle avait vécu, tout ce qu'elle avait si bien fui, tout ce qu'elle avait quasiment oublié, d'un coup, en une soirée, lui faisait physiquement mal. Elle avait l'impression que son estomac était un bain d'acide et que sa tête allait exploser devant toutes ces images refoulées.
Elle avait consulté suffisamment de psychiatres pour savoir que c'était normal, et puis de toute façon qui pouvait-elle aller voir ? Elle était seule. Ce fut entourée de ce sentiment si horrible qu'elle s'endormit d'un sommeil agité, revivant en boucle le cauchemar de sa vie.
Voilà, le premier chapitre des huit chapitres, un peu trop axé sur le passé mais nécessaire à la suite. Comme une sorte de prologue j'ai établi le décor. J'espère que ça vous plait déjà.
Comme toujours, l'histoire est entièrement écrite, un chapitre chaque jour.
Bisous
Drusilla
