Titre : D'où je me tiens, rien n'a changé.

Auteur : lovePEOPLEandCOWBOY

OOO

Cet homme n'a fait que lui apprendre à souffrir en silence.

_Tu vas fermer ta gueule ?! Exige son tuteur en posant une paume épaisse sur sa bouche pour le faire taire.

La caravane tremble alors que Michael se débat. La vieille carcasse métallique ne filtre aucune de leurs engueulades. Il y en a plusieurs par semaine, mais ça ne semble pas perturber le voisinage. A l'occasion, le Sherif vient frapper à la porte pour apporter un peu de calme mais...

Mais pas ce soir.

Michael étouffe dans des larmes qu'il n'arrive pas à contenir. La main est hermétiquement scellée sur son visage, et la panique ne l'aide pas à économiser son souffle. Monsieur Guérin est toujours sur lui, en train de frapper ses côtes comme si ça pouvait le calmer. Au moins, Michael peut se concentrer sur la douleur et oublier ce qui est en train de se passer. Il ne pense qu'à la douleur.

Il n'y a qu'elle.

Une nébuleuse constante dans sa vie, et qu'il ne changerait pour rien au monde si ça peut épargner Max et Isobel. Ils méritent d'avoir une belle vie. Michael aime penser qu'ils les a sauvé d'une certaine manière. C'est ce qu'il se raconte quand il se sent seul la nuit, pour avoir moins mal. Michael a longtemps essayé d'être comme Max et Isobel, mais il y avait toujours un défaut. Puis, il y a eu ce jour horrible où ils ont été adopté sans lui... Il ne sera jamais comme eux.

Il est un putain d'animal...alors ils l'ont placé chez des animaux.

Là, où est sa place.

La caravane devient silencieuse aux heures sombres de la nuit. Michael est allongé sur le sol froid et humide. Non loin de lui, il peut entendre les ronflements de son tuteur alcoolisé qui s'est effondré sans le moindre remord après... Michael observe le vide devant lui. Tout est mort à l'intérieur, depuis longtemps. Lentement, il se reconnecte à la réalité et il est a nouveau capable de bouger ses membres. Il bouge légèrement une jambe avec le besoin furieux de vouloir prendre la fuite pour s'éloigner de ce tombeau. Il y va lentement car tout son corps lui fait mal et qu'il ne veut pas faire de bruit. Il aurait trop peur de le réveiller. L'angoisse dégouline le long de son dos car le froissement de ses vêtements sonne comme un concerto pour bariton. C'est à peine s'il ose respirer quand il enjambe son bourreau. Puis, avec mille précautions, Michael parvient à se faufiler dehors.

L'air frais sur son visage est comme une délivrance. Avec prudence, il s'éloigne de la résidence et des autres caravanes. Quand il sort du site sans avoir fait de bruit, il commence à accélérer la cadence de manière maladroite car il boitille. Il marche jusque dans le désert. Là, où il s'est écrasés avec Max et Isobel.

Là-bas, il observe le ciel. Il pense à ces gens qui le cherchent peut-être. Il pense à sa famille, à son père et à sa mère qui l'auraient probablement aimé. Il pense à ceux qui l'ont perdu sur une planète où il ne peut échapper à la douleur. Il se demande si toute cette souffrance en vaut la peine. Parfois, il perd espoir et il veut simplement crever. Malgré Isobel, et malgré Max. La vie serait tellement plus facile pour eux. L'équation est facile et logique. A deux, c'est mieux. Et puis, il ne veut plus voir les remords dans leurs regards, car ils auront eu la chance d'avoir une famille aimante, alors que lui…

Michael n'a personne.

Personne n'a jamais voulu de lui.

Michael est à l'endroit précis où la navette s'est crashée, et il s'effondre. Il se laisse tomber à genoux sur le sol poussiéreux, la tête résolument levée vers le ciel. Il n'arrive pas à crier mais son désespoir s'échappe en onde magnétique tout autour de lui. Il a tellement mal. Sa douleur est comme une prière faite aux étoiles pour le ramener vers quelqu'un. Il ne demande pas grand-chose.

Il demande pardon au ciel pour ce qu'il est, puis il se replie sur lui pour ne plus rien ressentir, et peut-être disparaître.

_Michael !

Mais Michael n'entend pas qu'on l'appelle.

Alex savait où le trouver. A l'instant précis où il a appris que Michael n'était pas avec Max et Isobel, Alex a compris ce qu'il se passait.

Il voudrait que ça soit la première fois qu'il trouve Michael ici, seul en plein milieu du désert, tremblotant de mal et de peine, bien incapable d'appeler à l'aide, mais ce n'est pas la vérité.

Alex s'agenouille près de la forme de Michael qui est replié sur lui. Michael n'est que trémulation, et son corps reste prostré à étouffer ses pleurs pour ne pas faire de bruit...jamais.

_ Quand j'ai vu que tu n'étais pas là... Commence doucement Alex en posant une main sur le dos de Michael. Ce dernier tressaille, alors Alex recule doucement sa main en soupirant son impuissance.

_Qu'est-ce qu'il t'a fait cette fois ? Demande Alex mais il n'est pas certain de vouloir entendre la réponse.

Michael ne lui répond jamais de toute manière.

Malgré la douleur, Michael bouge et relève la tête.

Le regard d'Alex s'assombrit en apercevant le visage en face de lui. Il tend une main vers la joue tuméfiée de son ami. Michael s'écarte car il a honte. Il ne devrait pas avoir honte.

_Tu ne peux pas rester là. Lui dit Alex.

Michael lève la tête vers le ciel noir et ses étoiles. Ils ne viendront pas.

_Je suis tellement fatigué…

La voix de Michael craque. Il n'ose ses moments de faiblesse qu'en présence d'Alex. Alex qui ne juge jamais.

_Allez, viens. Lui dit Alex en aidant Michael à se lever.

Le corps de Michael n'est plus drainé par l'adrénaline, et tout son corps hurle de douleur alors qu'il essaie d'avancer. Alex glisse un bras autour de sa taille pour le soutenir mais Michael siffle en s'écartant.

_Le salaud. Rage Alex entre ses dents, se sentant impuissant.

_ Ne dis rien à Max et Isobel.

Michael le supplie presque à chaque fois. Et Alex voudrait que ça ne soit pas le cas, mais Max et Isobel sont au courant de peu de chose.

Alex voudrait pouvoir faire plus.

_ Seulement si tu rentres avec moi. Mon père n'est pas là.

OOO

Alex n'arrive pas à dormir. Il observe Michael allongé dans son lit, le thorax recouvert de compresses et d'alcool qu'il a bandé lui-même. Un vieux truc pour désenflammer les traces de coups bourgeonnantes. Michael n'a pas tardé à s'endormir après les soins. Il était exténué. Alex n'a pas osé lui retirer son jeans et ses chaussettes, il ne veut pas rompre son repos qui est une grâce à ses yeux.

Mais les démons de Michael ne sont jamais bien loin. Ils rôdent pour s'abattre sur lui dans les moments de faiblesse. Dans son sommeil, le visage de Michael se crispe et ses lèvres remues sans faire de bruits.

Alex se lève pour se glisser près de son ami, et le corps de Michael se tend quelques secondes avant qu'Alex lui murmure :

_Tout va bien. Ce n'est que moi. Dors.

OOO

Dans l'espoir que certains aient regardé le reboot. Perso, j'ai eu du mal le premier épisode et après...ça a filé tout seul.