Author note : Juste un court One-Shot parce que la plume me démangeait. Bonne lecture !


Me voilà marchant seule sur une vaste plaine de Kanbal. Au début, je ne m'en étais pas aperçue. C'était futile. Or, il m'arrivait parfois de me retourner dans le lit de l'auberge, ou même sur le gazon quand je dormais à la belle étoile, et de vérifier si Chagum était bien au chaud, s'il dormait bien. S'il avait besoin que quelqu'un sèche ses larmes et sentir ses bras autour de mon cou.

« Chagum, tu dors ? »

Je m'arrêtais aussitôt de parler. La place qu'occupait autrefois celui à qui j'ai été le garde-du-corps était vide. C'est vrai, me disais-je, Chagum est reparti au palais... Du petit prince égocentrique et pleurnicheur qu'il était auparavant, il est devenu un jeune homme intelligent, courtois et altruiste. Je suis fière de ce qu'il est devenu.

Et pourtant, j'ai toujours cette pensée, cette – puis-je dire – bête noire qui me suit et me guette. Cette question à la fois pensée : « Qui étais-je pour Chagum ? Qui Chagum était-il pour moi ? ».

Cette question, pensée, venait toujours avec ces phrases lancées au hasard par quelques personnes de mon entourage.

Ça veut dire que tu vas devenir sa mère, m'avait dit Tanda à l'oreille.

Protège le prince pour le restant de tes jours, m'avait supplié Ninokisaki.

Je l'ai protégé, je lui ai appris des leçons de la vie, des habitudes, nous avons ri, nous avons pleuré ensembles, nous avons dormi l'un contre l'autre lors des grosses neiges dans la grotte des chasseurs. Il n'était plus seulement comme un client, il était presque devenu mon fils. Même si je ne l'avais pas mis au monde.

Tu n'es pas ma mère... alors, tu ne peux pas me comprendre, avait-il pleuré, en pleine crise de désarroi émotionnel.

Encore aujourd'hui, je me demande qui j'étais pour lui. C'est vrai, il avait déjà une Maman. Ninokisaki. Qui l'attendait au Palais tout ce temps-là. Il avait grandi avec. Il ne pouvait certes, pas l'oublier en un claquement de doigts. Je n'étais pas « sa vraie Maman » en tant que telle. Étais-je devenue une mère de substitution à ses yeux ? Peu importe ce qu'il en pensera, même si je suis une mère remplaçante aux yeux des autres, moi je me suis sentie comme une Maman durant ce laps de temps. Juste comme... une Maman. Une mère qui prend soin de son fils et dont le cœur se gonfle d'une joie et fierté immense quand elle parle de ses exploits et réussites.

Voilà ce que j'en pense. Je ne désire que son bonheur avant tout.

Ma cape claque dans le vent, volant à chacun de mes mouvements. Doucement, je continue mon chemin.