Eloïse était tranquillement assise à une table de la bibliothèque, à rédiger son devoir de métamorphose, lorsqu'elle sentit plus qu'elle ne vit un regard la fixant intensément.
Elle n'y fit guère attention, l'habitude sans doute : tout le monde la dévisageait sans cesse comme si elle était un animal de foire, à cause de son acné. D'ailleurs, Eloïse n'avait quasiment pas d'amis : on la fuyait comme si elle avait la peste. Les seules filles qui l'approchaient se servaient d'elles comme faire-valoir auprès des jeunes hommes, jusqu'à ce qu'elle s'en rende compte. Au début bien sûr, cela l'avait perturbée, puis elle s'était dit que, de toute façon, son acné partirait bien un jour... C'est tout du moins ce qu'elle espérait.

Au bout d'un long moment, Eloïse finit par se retourner. Elle vit alors le regard scrutateur de Fred Weasley. Ne le connaissant pas vraiment, mais sachant de réputation que c'était un grand farceur, la jeune fille se demanda si elle n'était pas l'objet d'une blague « made in Weasley » et se mit à regarder s'il n'y avait pas un sac de bombabouses prêtes à exploser sous sa chaise, entre autres. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n'y avait rien ! Eloïse rassembla donc ses affaires pour partir avant qu'il ne lui arrive véritablement quelque chose.

En passant devant Fred, qui avait continué à l'observer sans vergogne, la jeune fille fut prise d'une soudaine impulsion et se vit demander :
"Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai un bouton sur le nez ?"
Fred en resta bouche bée : il ne s'attendait pas à ce qu'Éloïse plaisante sur ses boutons. Puis il éclata de rire et lui dit :
"C'est juste que j'ai remarqué que tu ne parlais à personne, et Hermione m'a dit qu'elle te voyait souvent à la bibliothèque… Je me demande bien pourquoi?
- Je ne vois pas en quoi ça te regarde. Au revoir." répliqua-t-elle sèchement.
Il était vrai qu'elle passait tout son temps libre à la bibliothèque : elle cherchait un moyen de mettre fin à son acné, mais n'allait pas le crier sur les toits !
Le jeune homme prit assez mal de se faire envoyer balader...

Le lendemain, lorsque Éloïse s'assit à sa table préférée, il y eut un énorme "BANG!" et tout s'enchaîna très vite : Mme Pince courut vers elle en menaçant de la faire suspendre au plafond par Rusard si jamais elle avait abimé un livre, les filles se mirent à crier en croyant à une attaque. Les livres eux-mêmes étaient agités : certains criaient, d'autres couraient dans tous les sens sur la tranche de leur couverture. Et par dessus le marché, les garçons et les Serpentards la regardaient en se tenant les côtes tellement ils riaient.
Seuls Fred et George semblaient effarés en la regardant, contrairement à leur habitude, et Eloïse comprit alors que c'était une de leurs farces. Mais, quand elle voulut essuyer ses larmes qui commençaient à couler, la jeune fille cria comme elle ne l'avait jamais fait : son nez ! Il était de travers !
Encore sous le choc, quelqu'un l'emmena à l'infirmerie où Mme Pomfresh lui remit le nez en place.

Quant à Fred et George, ils inventèrent une lotion anti-bouton "10 secondes montre en main!" et l'offrirent à la jeune fille pour se faire pardonner ; parce que, au fond, ces deux-là n'étaient pas méchants, juste un peu trop farceurs...
Finalement, Mme Pince rangea tous les livres, comme d'habitude, en maugréant contre les élèves qui n'avaient aucun respect pour le travail d'autrui, et elle interdit l'accès de la bibliothèque à Eloïse, croyant qu'elle seule était responsable de tout le tapage qu'il y avait eu. Mais la jeune fille s'en fichait royalement ! Maintenant, elle n'avait plus besoin d'y aller...