Chers lecteurs, l'histoire que vous vous apprêtez à lire n'est pas de moi mais de deux grandes auteurs américaines. En conséquence, si votre anglais vous le permet, allez lire la fic' en version originale car malgré le soin accordé à la traduction, cela reste une simple traduction. Malgré tout, si j'ai tenu à traduire ces nombreuses pages et ces nombreux chapitres, c'est parce que l'histoire est à couper le souffle, c'est de loin ma préférée. Mais je vous laisse maintenant à votre lecture, n'hésitez pas à poster des reviews, même si, encore une fois je ne suis pas l'auteur, je suis curieuse d'avoir votre avis et j'espère que vous partagerez mon enthousiasme.

disclaimer: FFVIII et ses personnages sont la propriété de Squaresoft. L'histoire est la propriété de Ashbear et Wayward Tempest que vous pouvez retrouver sur ce site. La traduction (et les erreurs qu'elle pourrait comporter) est de mon fait ;) bonne lecture !

Perdu entre deux mondes

Chapitre 1

Sous un ciel désert

Ecrit par Ashbear et Wayward Tempest

Traduit de l'anglais par ChrisVIII

Pourquoi les rêves parfaits sont-ils si rares ? Peu importe la ferveur avec laquelle, dans la solitude du sommeil, on les supplie, on les implore, ils ne reviennent qu'une fois oubliés. Ils attendent, enfouis sous les cauchemars et les apparitions jusqu'à ce qu'ils se décident à inonder vos sens d'une enivrante vague de sérénité que vous ne voudriez jamais quitter. Ces rêves dans lesquels le monde entier est parfait, où le temps et le chagrin n'existent pas, où tout a un sens. Qu'est-ce qui peut amener l'esprit à laisser s'échapper ces fragiles aperçus de ce qui ne pourra jamais être ?

Et pourquoi, oh pourquoi, est-ce que ces rêves sont toujours immanquablement interrompus ?

Quistis grogna comme le téléphone, posé sur la table de nuit, sonna une troisième fois, émettant une nouvelle plainte stridente à travers la pièce plongée dans la pénombre. Elle tendit le bras vers la table de chevet, tâtonnant à la recherche de la lampe. Elle ferma les yeux alors que la lumière envahit la pièce, repoussant les ombres dans les coins. Clignant des yeux, elle saisit le menaçant combiné et le laissa tomber à la cinquième sonnerie. Elle se traîna hors du lit, le ramassa et s'apprêta à répondre avec virulence: ça avait intérêt à être une urgence d'au moins niveau cinq.

" Qu'est-ce qu'il y a ?" répondit-elle sèchement. A trois heures du matin, on pouvait rompre avec la politesse.

" Qui ? "

Ses yeux fatigués s'ouvrirent soudainement tout grands sous le choc.

" Quand ? "

Elle rassembla toutes ses forces pour ne pas lâcher le téléphone alors que la voix à l'autre bout continuait à parler.

" Comment ? Comment avez-vous … Je pensais que … on ne pouvait pas …" Sa voix tremblait.

" Où ? "

" Je peux pas y croire… Je … Quoi ? Oui, bien sûr, je suis partie."

Il y avait longtemps que la voix à l'autre bout avait raccroché quand elle reposa le combiné. Il atterrit sur la descente de lit dans un bruit sourd. Dans sa tête, la voix répétait - on l'a fait-. Après tant d'années, des mots qu'elle pensait ne jamais entendre. Sa vision se brouilla comme les larmes lui montaient aux yeux. Elle avait perdu tout espoir.

On l'a fait -

Tout comme les rêves parfaits que l'on appelle avec ardeur, l'espoir revient quand on s'y attend le moins.

Tout se passera bien pour elle -

"Oh, mon Dieu" murmura-t-elle la tête entre les mains. "Oh mon Dieu".

- J'ai peur, Squall. Je ne veux pas rentrer. -

Pourtant, il l'avait conduite jusqu'à eux et l'avait laissée sans même dire un mot. Alors que son cœur hurlait et que quelque chose qu'il n'avait connu qu'un bref instant restait désormais mort en lui, il n'avait rien dit.

- Prêtresse Linoa -

-Descendante d'Hyne -

- Venez avec nous. Nous devons sceller vos pouvoirs, pour le salut du monde -

Ils n'étaient que deux ; il aurait pu s'en débarrasser d'un coup. Pour elle,il aurait vaincu des milliers d'hommes, une armée entière. Ils auraient pu s'échapper d'Esthar, être hors de vue de leurs radars avant même qu'ils ne se réalisent que quelque chose s'était produit.

Peut-être.

Rien n'était sûr. Ca aurait pu finir de la même façon. Ca aurait pu être pire.

- On ne peut pas prévoir le futur, rien n'est sûr. Ce sont tes mots Linoa.-

Mais il aurait pu essayer. Au lieu de ça, il n'avait rien fait. C'est ce sentiment mourant en lui qui s'était élevé face à son silence et s'était exprimé de cette petite voix, lamentable.

- Linoa ! Ne pars pas ! -

Elle lui avait dit qu'elle le devait. Il aurait pu discuter, lui donner un million de raisons de rester, de rester… avec lui.

" Aussi longtemps que je serai libre, elle continuera à se servir de moi pour atteindre son but. Je … On ne peut pas la laisser faire, hein… ? …Je dois y aller. "

C'était son choix, sa décision. De quel droit pouvait-il s'opposer à elle ? Il faisait ce qu'il devait faire. C'était ce qu'elle souhaitait et il devait s'y plier. Il ne serait pas égoïste ; c'était ce qu'elle voulait.

Etre tenue retirée du monde à tout jamais ?

" Etre une sorcière lui fait peur… Elle a peur d'être crainte… D'être haïe… Elle a peur que personne ne veuille l'approcher… Elle m'a dit qu'elle ne le supporterait pas. "

" Pourquoi es-tu allé jusqu'à te jeter dans l'espace pour la sauver ?! Pour la confier à Esthar ?! Pour ne plus jamais la revoir ?!" Lui avait demandé Quistis, stupéfaite.

" Non, n'est ce pas ? Tu l'as fait parce que tu voulais être avec elle ! Tu es un idiot."

Ses amis le connaissaient mieux qu'il ne se connaissait lui-même. Il était le plus grand idiot du monde. Il venait de laisser passer l'amour sans faire le moindre geste pour le retenir. Pourrait-il risquer la vie de millions de personnes dans l'unique but d'être avec une ? Pourrait-il la choisir elle plutôt que le bien du monde ?

Bien sûr oui ! Répondit son cœur.

" Selphie, cap sur Esthar. Elle est sûrement au mémorial. On va sauver Linoa."

Ils avaient volé plus vite que n'importe quel appareil, s'élevant au-dessus des plaines rouges d'Esthar alors que le soleil se couchait derrière eux. Il entrerait en trombe dans le mémorial et il jouerait au héros. Il la sauverait. Il se sauverait. De la même manière qu'il l'avait fait à des milliers de kilomètres de la Terre.

Il ne serait pas en retard. Les héros n'arrivent jamais trop tard.

" Vous voulez dire au revoir à votre amie…OK. Je veux bien faire une exception. Allez-y. "

" Que faites-vous là ?! Cette zone est interdite ! "

" … Faire ce que j'aurais du faire plus tôt… Si je ne fais rien, je ne saurai jamais."

" De quoi parles-tu ?"

" Je sais ce que je veux, et ce que je dois faire… Il me reste encore une chance. Je ne ferai pas marche arrière. J'emmène Linoa avec moi."

" Quoi ?! Tu n'es pas sérieux. C'est trop tard."

Il repoussa cette idée. Il n'était jamais trop tard. Ses amis entrèrent, armes dégainées, lui apportant l'aide dont il avait besoin.

" Vas-y Squall ! " Cria Zell.

" Va la chercher Squall ! " l'encouragea Selphie.

Et il courut.

Elle était debout, au centre de la chambre de cryogénisation, ses mains refermées sur les deux bagues passées à son collier.

" Linoa, attend ! Je vais te sortir de là en un clin d'œil !" Lui cria-t-il, comme s'il savait exactement comment faire.

Elle semblait surprise de le voir. Gardant les bagues serrées dans une main, elle posa l'autre sur la paroi de la chambre dans un élan vers lui. Il monta les quelques marches et s'approcha de la vitre, la frappa à plusieurs reprises. Les coups se répercutèrent comme un séisme dans toute la pièce et pourtant ils n'eurent aucun effet sur la paroi, seulement une douleur à la main, mais rien qui puisse rivaliser celle de son cœur.

- Qu'est ce que je peux faire ?! Allez, fais quelque chose ! -

Elle faiblit et tomba à genoux. Ses doigts laissèrent de fines traces sur la vitre gelée. Ils étaient maintenant face à face, elle le regardait de ses yeux tristes. Elle prit une légère inspiration qui brouilla la vitre les séparant. Elle tenta de parler, mais les mots se perdirent comme elle s'affaiblissait.

" Lutte Linoa, reste avec moi ! " Cria Squall alors qu'il regardait frénétiquement autour de lui à la recherche de quelque chose qui puisse briser la vitre et interrompre le processus de cryogénisation. Une série de câbles courait le long de la pièce jusque dans la chambre. Il dégaina sa gunblade et la leva à sa hauteur pour faire une coupe propre.

" A votre place je ne le ferais pas."

Il se retourna.

"Elle vient avec moi. Maintenant. Alors que le Ciel me soit témoin : si vous approchez encore ne serait-ce que d'un pas, vous ramasserez vos tripes dans l'instant." Il menaça le minuscule professeur de son arme un bref moment avant d'en revenir aux câbles.

" Très bien, pourquoi pas. Mais je me demande en quoi une sorcière morte pourra vous aider."

" De quoi parlez-vous ?"

"Je parle de ces câbles que vous vous apprêtez à couper. Sans eux, c'est le choc thermique. Coupez-les et elle meurt, dans les secondes qui suivent."

" Choc thermique ? Mais, Adel… Elle n'a pas été gelée."

"Non, mais c'était le processus d'il y a vingt ans. Vous avez vu comme elle est revenue intacte, même de l'espace. Le nouveau processus allie gel et cryogénisation, il est infaillible. Pour éviter que des idiots ne fassent des choses idiotes comme libérer l'enfer sur Terre. Et, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, il attend à la sortie d'Esthar."

En un clin d'œil il fut sur le docteur Geyser. Sa main gantée l'empoignant fermement, il le souleva à sa hauteur et le jeta contre le mur sans pour autant le lâcher.

" Maintenant écoutez-moi, bâtard, inversez le processus et relâchez-la ou je vous écrase la trachée. Il me suffit d'un geste."

" Je ne vois pas en quoi me tuer vous aidera. Après tout, c'est moi qui ait créé cette machine." Dit le professeur, la respiration difficile. "On ne peut pas inverser le processus, jeune fou. Ne vous ai-je pas dit qu'il était infaillible ? Qui serait assez idiot pour vouloir libérer une sorcière ?"

Squall retint un cri de rage et jeta une nouvelle fois le professeur contre le mur, cette fois il le lâcha, ce dernier s'écrasa sur le sol. Squall pointa sa gunblade sur l'homme et l'arma, menaçant.

" Je vais vous tuer… Je vais vous tuer !"

" Vous ne devriez peut-être pas gaspiller ses derniers moments à me tuer. Je dirai que son corps est maintenant à environ 28°. Elle va sombrer dans l'inconscience d'ici quelques minutes. Si vous voulez lui dire au revoir, c'est le moment." Le professeur regarda Squall en essuyant le sang qui coulait de sa lèvre fendue. Il eut un sourire triomphant.

Squall se détourna, furieux.

" Vous pouvez toujours essayer de fuir. Où que vous soyez, je vous retrouverai."

"Il serait plus sage de me garder en vie, M. Leonhart, je suis l'inventeur de cette machine après tout. Moi seul peux trouver le moyen d'inverser le processus."

Il n'écoutait déjà plus le professeur, il s'approcha de la vitre qui lui faisait face. Elle n'avait pas bougé. Sa peau était d'une pâleur effrayante, sa respiration faible et douloureuse. Elle regardait le sol. Il frappa doucement sur la vitre et elle redressa lentement son regard. Elle lui adressa un faible sourire. Les larmes lui brûlaient les yeux comme il posa sa main sur la paroi. Elle suivit son geste et plaça sa main contre la sienne.

" Je suis désolé… Je suis tellement désolé" Murmura-t-il.

Elle secoua la tête pour le faire taire.

" Il… faut… le … faire." Parvint-elle à articuler.

" Je trouverai le moyen de te sortir de là." Promit-il.

Elle acquiesça légèrement.

" Je … t'aime…" Seules ses lèvres bougèrent, elle ferma les yeux pour la dernière fois.

Il appuya son front sur la paroi et pleura, pour la première fois en douze ans. C'étaient des sanglots sourds emplis d'amertume qui s'échappaient de sa poitrine. Ils se répercutaient sur les parois pour se perdre dans les profondeurs de la salle. Comment avait-il pu arriver en retard ? Comment le destin pouvait-il être aussi cruel ? Il entendit ses amis hoqueter en entrant dans la pièce. Il n'eut pas besoin de se retourner pour voir leurs têtes horrifiées.

" Non… Non ! Oh, mon Dieu, non !" Entendit-il sangloter Selphie.

" Merde !" Il entendit quelque chose s'écraser sur le sol. Apparemment Zell avait trouvé de quoi passer sa colère.

Squall en prit la responsabilité ; il assumerait tout. Il s'était ouvert à quelqu'un et ses pires craintes s'étaient révélées vraies. C'était sa malédiction. Il n'était pas fait pour être un héros.

Ses yeux la regardèrent une nouvelle fois. Elle était si calme, si belle. Sa main était restée contre la sienne, maintenant gelée à jamais. Du bout des doigts il en redessina les lignes.

-Il faut le faire.-

Pour qui Linoa, Hyne, pour qui ?

Ses yeux furent attirés par une larme, elle s'était arrêtée à mi-chemin sur sa joue et était maintenant gelée, scintillante, comme un bijou permanent sur son visage.

" Comment …"Répétait-il dans sa tête. "Comment ai-je pu arriver en retard ?"

Squall hurla en se redressant brutalement dans son lit. Haletant, il chercha de l'air, son corps en sueur brillait sous les reflets de la lune. Il posa une main sur sa poitrine dans le vain espoir de calmer les battements de son cœur. Il se détendit en reconnaissant le cadre familier de sa chambre. Il passa une main sur son visage en sueur et sentit quelqu'un serrer doucement l'autre.

Avec l'expression d'un gamin effrayé, il se tourna vers la personne allongée à ses côtés. Elle se redressa et l'enlaça dans un geste rassurant. Ses doigts coururent dans ses cheveux moites. Elle se recoucha et l'amena doucement avec elle sur l'oreiller. Il ne résista pas, se blottit contre elle, s'agrippant à elle comme à son dernier lien avec la réalité. La tête posée contre son épaule, il regardait à travers la fenêtre, sans voir. Le vent froid soufflait et la glace en tombant frappait la vitre déjà givrée.

Elle le garda près d'elle et chantonna doucement lui caressant le visage avec amour. Encore une fois les mêmes gestes, comme un rituel, ça n'avait rien de nouveau. Ca faisait maintenant trois ans qu'elle vivait avec ses démons.