Cette idée de fanfic m'est venue suite à un atelier sur la fanfiction auquel j'ai assisté à la Y/con de cette année. J'en cause un peu plus dans mes blablas de fin, pour ceux que ça intéresse. Dans tous les cas, bonne lecture ! :)
Ps : peut-être léger spoil, on me dira, mais le récit de début en italique n'est pas le vrai texte !
1 - Le petit théâtre de Reno
— T'es vraiment pas croyable ! Combien de fois faudra que j'te dise de m'appeler dans ce genre de situations ?
Ses semelles crissent contre le sol en béton. Sa batte tachée du sang de ses adversaires repose contre son épaule. Au milieu des corps évanouis ou gémissants, un jeune homme aux cheveux gris. Assis à terre, sa tête soutenue par une de ses mains, il a le visage amoché et la chemise souillée de rouge, déchirée, une partie de ses boutons jouant les abonnés absents. Ses lèvres abîmées ont pris une courbe douloureuse. Ses yeux verts aux pupilles félines se détournent. Il fronce les sourcils, lui donnant une expression agressive.
— Hé, je te cause, Kadaj !
Le roux s'arrête à sa hauteur. Sa veste d'uniforme scolaire ouverte se gonfle sous les assauts du vent. Un sourire aux lèvres, à la fois confiant et moqueur. Sur son visage, les traces de quelques coups reçus. Il a connu pire.
— J'aurais pu gérer ça tout seul ! crache son compagnon.
— Ouais, la preuve !
— Merde ! Merde, merde, merde ! Tu fais chier !
La voix de Kadaj éclate, se transforme en échos qui envahissent la ruelle. Un peu surpris, Reno l'observe. L'autre a levé ses yeux vers lui. Ce regard chargé de colère, de violence, qu'il lui connaît bien, brille de larmes qui disparaissent bien vite de sa vue, comme ses cheveux viennent faire écran entre eux. Un silence s'impose. Les sifflements du vent se mêlent aux gémissements de douleur des vaincus. Le roux porte une main à sa nuque, la masse un moment, sans savoir trop où poser son regard, avant de finalement s'agenouiller aux côtés de son camarade.
— Tu m'expliques… ?
Un reniflement agacé lui répond. Il insiste :
— Quoi, t'as perdu ta langue ? T'espérais quoi, au juste, en venant ici tout seul ? Te faire massacrer ? Bah bravo, parce que pour le coup, c'est réussi.
Cette fois, c'est le silence qui accueille ses questions. Kadaj a ramené ses jambes contre lui et, son visage toujours masqué par ses cheveux, a crispé les doigts sur ses genoux. Reno soupire, lève les yeux au ciel, avant de lui passer un bras autour des épaules. Si l'autre tressaille, il ne se dégage toutefois pas. Les secondes s'égrènent, filent, et, finalement, la voix de l'argenté se fait entendre :
— Je voulais leur prouver que j'en étais capable…
— De qui tu causes ?
— De la bande… je voulais leur montrer que tu ne t'étais pas trompé, que je mérite ma place de second lieutenant. Ils pensent que je ne suis pas capable d'assumer cette fonction. Que t'aurais dû désigner quelqu'un d'autre. Ils ne croient pas en ma force et moi je…
— T'as voulu te faire ces gus-là dans ton coin, histoire de leur prouver le contraire. J'te jure !
— Je peux pas les laisser douter de tes choix !
Presque un cri, où perce toute sa frustration. Son ton surprend tant Reno que celui-ci en reste sans voix.
— Je ne peux pas, reprend Kadaj. C'est ton autorité qui est en jeu… je peux pas trahir la confiance que tu as placé en moi, alors… je dois faire mes preuves ! Ils doivent comprendre que je…
Sur la fin, sa voix se brise et Reno devine les larmes qui s'échappent en cet instant de ses yeux, roulent le long de ses joues, avant d'être sèchement essuyées d'un coup de manche rageur. Un « merde ! » s'élève, puis le calme de nouveau.
Le roux, dont le bras est toujours passé autour des épaules de son compagnon, l'attire à lui. Un hoquet de surprise échappe à Kadaj. Il ouvre la bouche, va pour demander ce qu'il lui prend, mais Reno, déjà, lance :
— Laisse les causer !
Ses doigts ont raffermi leur prise sur l'épaule de Kadaj, comme pour empêcher celui-ci de s'écarter si l'envie lui prenait.
— On s'en fout, de ce qu'ils racontent. S'ils sont pas contents, je leur casserai la gueule. À tous ! Ouais, je vais te leur rappeler, moi, qui donne les ordres ici !
Là-dessus, il se tourne vers l'argenté, lui enfonce un doigt au niveau du torse et ajoute :
— Quant à toi, t'as rien à leur prouver. Si je t'ai choisi, c'est parce que je sais déjà ce que tu vaux. Qu'y en a pas un seul parmi eux qui t'arrive à la cheville !
Le regard de Kadaj est à présent rivé au sien. Plus aucune trace d'agressivité dans celui-ci. Juste une lueur tremblotante, encore fragile, qui hésite à dévoiler son identité. Reno, peu décidé à la laisser filer, attrape doucement le menton de son compagnon.
— Et puis, y en a pas un autre que je veux à mes côtés, Kadaj…
— Pour te seconder, tu veux dire ?
— Pour ça, et puis…
Le roux a un sourire en coin, tandis que dans le regard de l'autre la lueur s'enflamme, propage sa chaleur jusqu'à ses joues.
— En vrai, y a un truc que j'ai envie d'essayer avec toi depuis un moment… !
... ... ...
— Et après ça, on se serait envoyés en l'air ! Je te l'aurais fait grimper aux rideaux et notre belle camaraderie aurait prit un nouveau tournant !
Un lourd silence accueille les dernières paroles du roux. Son verre en main, celui-ci adresse un coup d'œil à Elena, qui secoue doucement la tête; puis à Rude, dont il ne parvient à déchiffrer l'expression; avant d'en venir à Kadaj qui, assis à sa gauche, le fixe d'un air dangereux. Il se racle la gorge, va pour ajouter quelque chose, mais l'argenté le prend de vitesse :
— Crétin !
— Hé ?
— Abruti !
— Je… !
— Connard !
— Non mais… ta gueule, à la fin ! (Puis, se tournant vers Rude :) C'était cool, non ?
Le chauve a croisé les mains devant lui. Il prend une longue inspiration, avant de répondre :
— Rarement entendu quelque chose d'aussi déplorable.
— Ah ! s'exclame Kadaj.
— Sérieusement, Reno, j'ai failli vomir, ajoute Elena.
— Comme si t'y connaissais quelque chose, toi !
Un soir de réveillon, peu de temps avant que ne sonne minuit. Sur la table, les vestiges d'un repas fastueux, qu'agrémentent de nombreuses bouteilles vides. Heaven est calme, la majorité de ses occupants ayant regagné des connaissances ou de la famille du côté d'Edge. Même Rufus a mis les voiles, acceptant à la dernière minute une invitation de son demi-frère Evan, obligeant Tseng à l'accompagner pour assurer sa sécurité. Les trois autres Turks s'étaient donc retrouvés les seuls maîtres à bord du quartier général actuel de la Shinra et, contraints de rester sur place, avaient décidé de s'organiser un petit réveillon bien arrosé – parce qu'il n'y avait pas de raison qu'ils soient les seuls à ne pas passer un bon moment.
— En tout cas, je sais que s'il y en a un ici qui n'a pas besoin d'être protégé par toi, c'est bien celui-là ! réplique Elena, en désignant du pouce Kadaj.
Vivant à présent chez Cloud en compagnie de ses frères, ce dernier a réussi l'exploit de devenir proche de Rude et de Reno au cours des derniers mois… enfin, en particularité de Reno qui, profitant de l'absence des grands patrons, a tenu à l'inviter à leur soirée. Et si le chauve n'avait pas mis longtemps à accepter, il en avait été différemment d'Elena, dont la relation avec l'Incarné reste compliquée.
— Pour commencer ! approuve Kadaj, hargneusement. Et dans quel univers est-ce que je pleurniche comme ça ?!
Néanmoins, après plusieurs verres – tant qu'elle en a perdu le compte – qui ont alourdi ses paupières, sa raison, mais aussi donné un peu plus de couleur à ses joues, la jeune femme est parvenue à se détendre et à accepter sa présence. De là à dire qu'elle commence à l'apprécier, ce serait pousser le bouchon un peu trop loin et elle ne comprend toujours pas ce que ses collègues peuvent bien lui trouver. À part de l'agressivité, l'autre n'a pas montré beaucoup de qualités humaines appréciables au cours de cette soirée.
— Suffit de causer de ta mère !
— Laisse ma mère tranquille !
— Et sinon quoi ? Tu vas taper une crise et te mettre à chialer ?
Elena grogne. Le problème avec Reno, c'est qu'une fois ivre, il a la fâcheuse tendance à chercher les ennuis… et à ne pas trop regarder à qui il se frotte. Son regard, en cet instant, est insupportable de condescendance et son sourire un peu trop méprisant. La jeune femme se crispe, comme elle sent monter la colère en Kadaj, le voit se tendre, sans doute prêt à se jeter sur l'autre. Le roux, toutefois, ne semble pas conscient du danger – à moins qu'il ne s'en moque –, car du ton le plus détestable possible, voilà qu'il ajoute en guise de provocation :
— Tu veux que je t'explique ce qu'on lui faisait à Jenova, à l'époque ?
Avant qu'il ne puisse prononcer un mot de plus, l'Incarné a bondi sur ses pieds pour l'agripper par le col. Au passage, il renverse son verre, dont le contenu se répand sur la nappe et commence à goutter au sol. La situation aurait pu sérieusement dégénérer si Rude, d'une voix forte, n'était intervenu :
— Reno !
Et comme les deux autres suspendent leurs gestes, tournent les yeux dans sa direction, il ajoute, d'un ton où sourde la menace :
— Ne gâche pas la soirée !
Son allure, à cet instant, est si inquiétante; son expression – que durcit le port de ses lunettes noires – si porteuse de sales promesses que Reno décide de lâcher l'affaire. Levant les mains, il dit :
— Ok, ça va, je suis désolé.
Sans qu'on ne sache vraiment à qui s'adresse ces excuses. D'ailleurs, Kadaj ne semble pas décidé à passer l'éponge aussi facilement. Les doigts encore crispés sur le col du roux, ses paupières se sont étrécies, en une ligne de mauvais augure. Néanmoins, et parce qu'il ne veut sans doute pas être celui qui foutra en l'air la soirée, il finit par relâcher sèchement sa proie, lui faisant comprendre d'un regard qu'il a de la chance qu'ils n'aient pas été juste tous les deux. Comme il se laisse retomber sur sa chaise, il ne peut toutefois retenir un :
— Toutou du président !
Auquel Reno répond d'un :
— Fifils à sa maman !
D'un même mouvement brutal, les deux ont de nouveau tourné le regard vers l'autre, se toisent, trop près, beaucoup trop près et ce n'est que le raclement de gorge de Rude qui permet d'apaiser cette nouvelle tension. Rompant le contact visuel, Kadaj laisse entendre un sifflement dangereux, avant d'attraper sa serviette et de commencer à éponger les dégâts, redressant de l'autre main son verre à présent vide.
Avec un petit soupir, Elena se gratte les cheveux. Vraiment, vraiiiiment, elle ne comprend pas ce qui leur plaît tant chez lui.
Constatant que son propre verre est vide, elle tend les doigts vers la bouteille la plus proche, en effleure à peine le goulot que sa cible lui échappe. Aussitôt, elle s'insurge :
— Hé ! J'allais la prendre !
— Premier arrivé…, ricane le roux qui, après s'être resservi, en fait de même pour Kadaj – dont l'expression renfrognée reste inquiétante.
— Tu fais chier, Reno !
Là-dessus, elle jette un regard trouble autour d'elle, avise d'autres bouteilles à proximité, constate avec déception qu'elles sont toutes vides et adresse un coup d'œil suppliant à Rude. Celui-ci, sans un mot, se lève pour marcher en direction de leur cuisine commune – l'une des nombreuses pièces qu'ils partagent, la seule exception étant leurs chambres qui, elles, sont individuelles.
Venant soutenir sa tête d'une main – celle-ci lui semblant soudain beaucoup trop lourde pour son pauvre cou –, elle observe son collègue qui, comme si de rien n'était, tente d'engager la conversation avec l'Incarné. Les manches de sa chemise retroussées, il sourit, leur altercation déjà oubliée, son regard bleu pétillant de malice. Elle ne parvient toutefois à saisir la teneur de ses propos, tant son esprit brumeux semble loin de là, loin de tout.
Doucement, elle bat des paupières, rejette en arrière une mèche de cheveux qui lui tombe au milieu du front et fronce les sourcils. Elle a cru comprendre que lui et Kadaj sortent… plus ou moins ensemble – et après la petite fiction de Reno, elle n'a plus vraiment de doutes que ce soit bien le cas. Une anomalie qui ne cesse de la troubler, tant ces deux-là sont mal accordés. Du reste, si elle peut concevoir que le roux ait développé… un semblant d'amitié pour l'Incarné – et encore ! – l'idée qu'il puisse y avoir plus entre eux lui donne la chair de poule. Pour sa part, elle ne pense jamais réussir à s'entendre avec lui, peu importe les efforts qu'il fera dans ce sens – s'il en fait un jour, ce dont elle doute. Le passé ne peut s'effacer aussi facilement et, en début de soirée, chaque fois que Kadaj posait les yeux sur elle, elle pouvait sentir les cicatrices récoltées lors de leur précédente rencontre se réveiller, presque s'enflammer.
Non, elle a beau avoir les nerfs solides, il y a des choses, des expériences, difficiles à oublier…
Et qui nous dit que demain, il ne sera pas de nouveau notre ennemi ?
Elle en est là de ses réflexions quand Rude revient avec le ravitaillement. Il dépose une bouteille devant la jeune femme, avant de placer les autres au milieu de la table. Il se réinstalle tout juste sur sa chaise que Reno questionne :
— Bon, à qui le tour ?
Son regard vole autour de lui, s'attarde sur ses trois compagnons. Elena, qui se bat avec le bouchon de sa bouteille, peste intérieurement. Elle avait presque oublié… le petit jeu de Reno ! Avec pour base : Imaginez vous de nouveau lycéen, ou bien en membre du personnel d'un lycée quelconque, et racontez donc la scène qui aurait conduit à votre première… rencontre, baiser, coucherie… ce que vous voulez, du moment que votre histoire inclut l'un de nos proches ou connaissances communes. En d'autres termes, lâchez-vous et assurez-vous que ce soit bien honteux !
Et comme pour donner l'exemple, le roux avait inauguré le bal avec un récit absolument affligeant. À la place de Kadaj, elle l'aurait certainement étripé. Ou lui aurait arraché les yeux, au minimum. Comme quoi, il existe des situations où elle pourrait se révéler pire que l'Incarné.
C'est d'ailleurs avec insistance que Reno fixe à présent ce dernier – qui, s'employant à l'ignorer, finit par le gratifier d'un doigt d'honneur, le regard porté sur sa gauche. Le roux grimace, cherche à attirer l'attention de Rude, doit y renoncer, pour se tourner finalement vers Elena. Au même instant, cette dernière parvient enfin à faire sauter le bouchon hors de sa tanière et laisse entendre un petit cri de victoire, inconsciente du sourire de requin qui vient étirer les lèvres de son collègue.
— Allez, Elena : on t'écoute !
La jeune femme trésaille et ses yeux marrons, affolés, croisent ceux de Reno. Une erreur qu'elle regrette aussitôt : plus moyen de se défiler à présent !
— Non, attends… je suis pas prête, je…
— Blablablablabla ! la coupe le roux en s'avachissant contre le dossier de sa chaise, avec un air hautement satisfait. On a dit chacun son tour et puisque le sort a bien voulu te désigner…
— Mais c'est toi qui… !
— Alors, tu nous racontes. Allez : ta première ce-que-tu-veux avec Tseng !
Elena ouvre la bouche pour protester de nouveau, cherche de l'aide du côté de Rude, avant de se ratatiner, résignée, comme celui-ci, d'un signe de tête, lui fait savoir qu'elle ne doit pas espérer de sacrifice de sa part.
Le visage déjà en feu, elle se mord la lèvre, avant de se verser un plein verre d'alcool : les dieux savent qu'elle va en avoir besoin !
Pour en revenir à cet atelier, celui-ci nous laissait un peu de temps pour écrire une fanfiction avec pour obligation de faire un choix parmi plusieurs contraintes / genres proposés : j'ai donc choisi UA (Même si je triche un peu, l'UA se trouvant principalement dans les « récits fantasmés »), ainsi que les… contraintes (? Je ne sais plus le mot employé pour les désigner) suivantes : Première rencontre, premier baiser et Noël.
Eeet... si je ne l'ai pas terminée, je pensais naïvement que je serais capable d'en venir à bout et de la poster dans son intégralité avant Noël (Parce que c'est la bonne période, 'voyez ?). Haaa… tristesse !
Cette fanfic va donc se découper en 4 chapitres + un bonus. Et entre nous, j'ai peu d'espoir de trouver le temps de tout écrire ce mois-ci. J'espère néanmoins pouvoir proposer le deuxième chapitre d'ici à la fin du mois et, le reste, sans doute le mois prochain.
En attendant, j'espère que ce texte aura au moins réussi à vous amuser et je vous dis à la prochaine ! :)
