Comme au ciel
Scribouilleuse : Shakes Kinder Pinguy
Genre : fond de tiroir fluffy et hors saison
Date :Décembre 2006
Disclaimer :Je ne convoiterai pas l'anime de mon voisin.

Note :En faisant un peu de rangement de disque dur, j'ai retrouvé cette série de ficlettes de Noël que j'avais entamées sans jamais terminer leur cycle il y a un peu plus d'un an. Comme la relecture ne m'a pas été trop douloureuse, je me suis dit, autant les poster (et puis ça me forcera peut-être à écrire la dernière ficlette). :)

1.Wu Fei

« Chaaaaaang Wuuuuu Feeeeeeiiiiiii… »

Pris par surprise, le lugubrement susnommé Chang Wu Fei, jusque-là plongé dans une série de rapports qu'il avait la sensation de connaître par cœur, releva la tête. Les bureaux du quartier général londonien s'étaient vidés peu à peu de ses Preventers et depuis bien une heure, le seul bruit que Wu Fei entendait était le ronronnement de son ordinateur.

« Ouuuuuuuh Chaaaang Wuuuuu Feeeeeiiii… Je suis le fantôme des Noëls passéééééés préseeeeents et fuuutuuuuuurs…

– Maxwell, qu'est-ce que tu fiches ici ? Je te croyais dans les Colonies. »

Duo Maxwell apparut dans l'embrasure de la porte, sourire de conspirateur aux lèvres. Wu Fei haussa les sourcils.

« Joli costume.

– Magnifique costume, tu veux dire. Et le mien. Pas loué ! »

Wu Fei était honnêtement impressionné. Maxwell, costume trois pièces qu'on aurait dit sur mesure, une main dans la poche de son pantalon, et cheveux coupés de façon impeccable, aurait eu ses entrées dans les soirées les plus selects de Londres. Il ne lui manquait plus que la starlette au bras.

« T'as deux minutes cinquante sept pour terminer ce que tu fais, annonça-t-il. Nous sommes attendus.

– Pardon ? »

Le sourire de Maxwell s'était fait en coin, son attitude restait nonchalante, mais ses yeux étaient d'un sérieux plus commun qu'on ne le pensait.

« Deux minutes cinquante deux. »

Wu Fei perdit encore quelques secondes à fixer le châtain. Puis sans un mot, il enregistra son travail, éteignit son ordinateur et rangea ses dossiers. Les sourcils de Maxwell se haussèrent jusqu'à la racine de ses cheveux. Wu Fei se leva, prit sa veste et l'enfila.

« Tu me déçois, Fei, se lamenta Maxwell, l'air sincèrement désolé. J'avais tout prévu ! J'ai du chloro et un flingue à cotillons dans ma veste !

– C'est bien ce qu'il me semblait. Est-ce que j'ai le droit de savoir où l'on va ? Il faut que je me change ?

– Tu pourrais au moins faire semblant d'être difficile.

– Je n'ai pas pour habitude de te donner satisfaction.

– Oh, cœur froid, glacial et gelé ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette amitié ! »

Wu Fei se retint de se masser les tempes.

« On passe chez toi pour que tu sois présentable, reprit Duo, le ton joyeux. Tro et Quat devraient venir nous y chercher d'ici une petite heure, alors prends pas trop de temps à te pomponner !

– Je ne voudrais surtout pas te faire concurrence », rétorqua Wu Fei.

Alors Bloom et Winner étaient dans le coup aussi.

« C'est en quel honneur ?

– Hum, 24 décembre ? Noël, tout ça ? Je suis sûr que t'as dû voir une ou deux déco dans les rues.

– Merci, Maxwell. Ce n'est pas ce que je demandais. »

Et tu le sais très bien.

Il n'y avait pas encore si longtemps, c'était pour lui qu'il aurait fallu apporter le chloroforme. Maxwell, assez bon correspondant lorsqu'il était à des milliers de kilomètres, arrivait toujours à ne voir personne s'il se trouvait dans les environs. « On va pas rester accro au passé, bordel. Les petites réunions c'est bien gentil mais j'ai pas envie de me mettre à radoter à mon âge. »

Ce qui ne l'empêchait pas de donner des nouvelles et d'en réclamer.

« Duo aime faire des compartiments, lui avait dit Yuy un jour, une de ses répliques les plus longues depuis leur altercation lors de la Guerre de Noël. Si les choses changent ou ne sont pas ce qu'elles devraient être, il panique. Il n'aime pas l'idée que nous puissions être autre chose que ce que nous étions pendant la guerre. Différents de ce qu'il a décidé que nous sommes. »

Ce qui, plus ou moins traduit, signifiait que l'hôpital se foutait de la charité, que Yuy l'avait signalé à Maxwell, et cela n'avait pas dû bien passer. Wu Fei s'était longtemps demandé s'ils avaient résolu ce problème-là sans oser le demander, et Yuy n'en avait plus jamais parlé, mais il savait par Relena Darlian-Peacecraft que la tension entre eux n'était pas dissipée.

Maxwell déverrouilla sa voiture et s'installa au volant. Wu Fei s'assit sur le siège avant.

« J'ai terminé ma crise d'adolescence », répondit le châtain avec une sérénité surprenante.

J'ai accepté ce que je suis, entendit Wu Fei.

Quelqu'un qui, même après des années, se trouvait incapable de former une relation durable ou autre que superficielle avec qui que ce soit.

Quelqu'un qui aimait le monde qu'il avait aidé à créer mais qui s'y trouvait toujours en marge.

Quelqu'un, surtout, qui n'était pas le seul dans ce cas.

Wu Fei comprenait Maxwell. Il s'était posé les mêmes questions. Ils n'avaient eu que la guerre en commun ; ils ne se seraient jamais rencontrés s'il n'y avait pas eu les Gundams. La réponse de Bloom, autour d'un mauvais café de la machine du rez-de-chaussée, avait été simple : « Il faut bien construire à partir de quelque chose. Si on ne s'entend pas, on arrêtera de se voir et puis c'est tout. »

Wu Fei laissa un sourire se former sur ses lèvres.

« Bienvenu au club », dit-il simplement, et Maxwell éclata de rire.

/fin

(à suivre : 2. Quatre)