Deux heures du matin.
Dean ne dort toujours pas. Son casque est vissé sur ses oreilles, une chanson de Led Zeppelin le berçant doucement, mais il lui est impossible de fermer l'œil. Ses bras sont croisés, son visage figé sur la porte. Il sait qu'elle ne s'ouvrira pas. Il sait que son ange ne l'ouvrira pas. Ne l'ouvrira plus.
Il soupire et déglutit. Sa gorge est nouée si bien que sa soif et sa faim ne se sont pas montrées depuis plusieurs longues heures. Il est resté assit sur son lit tout ce temps et sans l'avoir demandé, son frère n'est pas venu le déranger une seule fois. Il n'a pas versé une seule larme depuis que son meilleur ami a succombé.
Penser à Castiel, à ses yeux bleus, à son trench coat, lui donne mal au ventre. Il a besoin d'air. Sans attendre une seconde de plus, il retire son casque et quitte sa chambre. Il a le vertige lorsqu'il se retrouve dans le couloir, mais sait que cet effort doit être fait. Plus il restera enfermé, plus se faire du mal deviendra une solution pour effacer sa douleur.
L'air de l'extérieur est agréable, doux. Complètement l'inverse de ce que ressens Dean. Il lève les yeux vers le ciel et sait qu'il ne résistera pas à l'afflux d'émotions qui l'enivrent. Dans l'herbe humide, la tête face aux étoiles, les genoux du chasseur lâchent, le laissant tomber. Et il s'effondre. Des larmes dévalent son visage, faisant étinceler ses yeux verts et lui arrachant un cri de désespoir. Il tape ses poings contre le sol et a soudain une terrible envie de se tirer une balle dans la tête pour que ses sentiments ne le prennent plus en otage, pour que son corps cesse de le faire souffrir.
Sans s'en rendre compte, il prend l'arme qu'il a machinalement emmenée avec lui et la regarde, les yeux embués de larmes. Il vérifie la charge, retire la sécurité et pose son index sur la gâchette. Il va tirer. Il en est certain. Il ferme les yeux et pose le canon sur sa tempe.
Mais le coup de part pas. Au lieu de cela, il continue de pleurer silencieusement en implorant le nom de son défunt ange. Il jette l'arme au loin et s'allonge sur la pelouse, trempant ses vêtements, lui arrachant un frisson. Et alors, il lâche un profond soupir et ferme les yeux.
– Cas, murmure-t-il. Dis-moi que tu m'entends.
Il attend un court instant avant de reprendre.
– Je t'en prie, dis-moi que tu m'entends. Dis-moi que tu es vivant. Dis-moi encore que tu seras là pour moi. Parle-moi, s'il te plaît. J'ai besoin de toi, Cas. Tellement besoin de toi.
Des larmes dévalent encore ses joues et il s'arrête, ses murmures s'évanouissant dans la nuit noire. Il se redresse et met sa tête dans ses mains, impuissant face au chagrin qui l'assaille.
– Dis-moi comment on fait pour ramener un ange à la vie. Dis-moi comment je peux t'aider. Reviens-moi, je t'en prie. Je...
Trois mots meurent ensuite sur ses lèvres. Il se surprend à les penser, d'abord avec douceur, puis avec passion et enfin, avec peine. Trois courts mots qu'il n'a jamais dit avant.
– Cas…
Il sent son cœur palpiter et soupire.
– Cas, je t'aime.
Un poids se libère de sa poitrine et il semble sentir une présence à ses côtés. Mais il ne tourne pas la tête. Il sait que c'est dans son esprit et ne veut pas en avoir le cœur net. Il veut continuer de sentir cette présence rassurante. Il veut continuer de sentir cette aura de bonté et de bienveillance. Il lève les yeux vers le ciel, efface ses larmes et se tord de douleur en chuchotant encore et encore ses mots, dans l'espoir que son ange les entendent un jour.
– Je t'aime, Cas.
