Bonjour à vous !

En guise de préambule, je dois vous prévenir que cette histoire aura lieu en grande partie dans un milieu hospitalier, avec mention de soins médicaux, de blessures, d'accidents, et autres. Sans trop vous spoiler, je pense pouvoir vous dire qu'il vaudrait mieux ne pas lire cette histoire si ces sujets vous mettent mal à l'aise.

Aux autres, je souhaite une excellente lecture, et merci pour vos reviews !


- Je t'avais dit que ces voitures moldues étaient dangereuses !
- Ron, tu ne m'apprends rien, c'est un fait : conduire fait partie des activités les plus mortelles qui puissent exister dans la vie quotidienne des moldus, et...
- Et vous persistez à le faire ! Comment se fait-il qu'ils ne soient pas tous éteints, s'ils ont aussi peu d'esprit de conservation !?
- Ron...

Ron Weasley porte les mains à ses cheveux roux en un geste anxieux, presque désespéré. Son regard se pose sur la porte du bloc opératoire, au sein duquel le coeur de son meilleur ami papillonne si faiblement. Hermione se mord la lèvre, et passe son bras par dessus les épaules de son mari. Ce débat sur les transports moldus allait devoir attendre.

Autour d'eux, la vie normale de Ste Mangouste s'écoule tranquillement, entre les sorciers à tête de légumes divers et autres petits accidents magiques. Étrangement, c'est bien l'accident de voiture - ou "le pliage de véhicule moldu métallique sur quatre roues caoutchouteuses" d'après le formulaire fourni par la sorcière d'accueil - qui faisait figure d'extraordinaire.

Les magicomages, tout comme Ron et la majorité de la population magique, avaient considéré la chose avec un effroi teinté d'amusement. La plupart trouvaient le concept même de voiture particulièrement absurde, ce qui avait poussé Hermione à s'interroger sur la pertinence de Ste Mangouste pour soigner Harry. Ron s'était cependant fermement opposé à ce que son ami soit aux mains de médecins.

En conséquence, Hermione se tenait nerveusement dans un couloir de cet hôpital qui ne correspondait en rien à ses standards habituels concernant le soin. Elle avait beau avoir grandit au milieu des sorciers, elle gardait de ses parents une certaine habitude de la médecine moldue, et n'avait pour ainsi dire aucun repère dans cet endroit incongru, dépourvu de machines à bips incessants ou autres technologies très chères et très incompréhensibles.

Certains signes, cependant, sont universels. Parmi eux, une porte de bloc ouverte à la volée sur un soignant sanguinolent hurlant "ON A BESOIN DE RENFORTS !".

Aussitôt, une nuée de sorciers en blouse couleur vert menthe se précipite dans le bloc, baguette brandie, air grave. L'un d'eux, plus grand, plus blond, se détache de la masse, et entre tête la première dans le sas de décontamination.

Ron agrippe les épaules d'une Hermione décomposée. Il n'a pas remarqué un de ses vieux ennemis parmi la cohorte de médicomages, tout inquiet qu'il est de l'état de nervosité de sa femme.

- Hermione, risque-t-il, ils savent ce qu'ils font.
- Non, ils ne le savent pas ! La plupart d'entre eux ne sait même pas conduire, Ron !
- C'est peut-être bien la raison pour laquelle ils sont toujours en vie, dit Ron.

Les coins de sa bouche tressaillissent à sa mauvaise blague jusqu'à ce qu'il croise le regard furieux mais humide d'Hermione.

- Pardon, pardon, évidemment qu'il va s'en sortir ! Il ne va pas mourir, Mione..., fait-il, l'attirant à elle.

Il la serre encore dans ses bras, caressant ses cheveux broussailleux, lorsque Drago Malefoy sort du bloc opératoire, la robe tâchée du sang rouge d'Harry Potter. Il essuie son front luisant de sueur tout en dictant son rapport à une apprentie qui le suit de près :

- ... pour des accidents aussi exotiques que ceux-ci, la difficulté est de ne pas sous-estimer les dégâts. Ce n'est pas parce qu'il s'agissait d'une voiture moldue qu'il n'y a pas lieu de garder le patient en observation.

Drago remarque le couple livide qui se tient là, et adresse un signe à l'apprentie aux cheveux rouges flamboyants qui trottine derrière lui. Puis, se tournant vers les Weasley, il inspire un grand coup, avant d'annoncer :

- Je n'ai pas d'excellentes nouvelles, dit-il.

Après une pause pour s'éclaircir la gorge, il développe sa pensée.

- Potter n'est pas encore sorti d'affaire, mais il y a de bonnes chances qu'il s'en remette.

Un soupir soulagé accueille ces paroles. Drago tend la main vers son apprentie, qui lui tend aussitôt ses notes. Le sorcier s'y plonge.

- C'était bien un accident de voiture ?, demande-t-il.
- Oui, c'est bien ça, répond Hermione d'une voix tremblante. Est-ce qu'on peut le voir ?
- Pas encore, Mme Granger, il va falloir attendre encore un peu que son corps se remette de tout ça. Il est encore inconscient. D'ici quelques heures, nous ferons un point sur la situation... Qu'est-ce qu'il y a, Miss Jones ?

L'apprentie, qui tirait discrètement sur la manche de son instructeur depuis un moment, lève aussitôt le nez de sa montre. Elle fait signe de se pencher vers elle, et lui glisse un mot à l'oreille.
C'est au tour de Drago de regarder sa montre, avant de courir vers la porte du bloc opératoire.

- Excusez-nous, dit Miss Jones, une urgence est survenue. Veuillez vous asseoir, nous reviendrons vers vous dès que possible.

Ses cheveux rouges disparaissent aussitôt derrière la porte du bloc. Pendant un temps qui paraît infini, presque figé, les yeux horrifiés de Ron Weasley et Hermione Granger peuvent y déchiffrer, en lettres fluorescentes : "Harry Potter, accident de véhicule moldu, état critique".