Hello, voici la suite de ma trilogie Resistance. Ici, pour débuter HBP, nous revenons un peu en arrière. Bonne lecture.

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Prologue: Rapports

Rapport du Ministère – Department of Magical Education – 28 juin 1996

Absence de Mrs Dolores J Umbridge à la réunion de bilan de l'année scolaire 1995-1996. Bilan établi par le chef du sous-département de la législation de l'éducation, en lien avec le Department of Magical Law Enforcement: application des Decrees rédigés l'été 1995 effective; application des Decrees rédigés par l'urgence de la situation décrite par Mrs Dolores J Umbridge en qualité de High Inquisitor effective. Respect desdites Decrees impossible à déterminer à cette heure. En prenant connaissance du rapport émanant du bureau Directorial de l'école de sorcellerie de Hogwarts, rédigé le 26 de ce mois, l'établissement scolaire a eu relevé quelques incidents mineurs de rébellion suite à l'application des Decrees mais de manière globale, tous les textes transmis par le Ministère ont été adoptés et appliqués tels quels.

A la suite du bilan annuel, le Department of Magical Education, en suivant les recommandations du Cabinet du Ministre, suspend les Decrees rédigés depuis le printemps 1995 jusqu'à nouvel ordre.

Rapport du Ministère – Cabinet du Ministre - 1er juillet 1996

Par la présente, nous signalons les Decrees d'éducation rédigés entre avril 1995 et juin 1996 comme nuls et non avenus, contraires aux principes de l'Education sorcière britannique, et sont passés en commission pour qu'ils soient abrogés.

Invitations émises pour consulter Mrs Dolores J Umbridge, en qualité de High Inquisitor, Mr Albus PWB Dumbledore, en qualité de Directeur de Hogwarts et Mr William A Melbourne, en qualité de professeur de Défense Contre les Forces du Mal pour l'année concernée.

Rapport du Ministère – Department of Magical Education – 5 juillet 1996

Tous les Decrees applicables du 1er avril 1995 au 30 juin 1996, sous couvert de la Crisis Exceptional and Emergency Measures Act, ont été abrogés en commission interne, avec présence de la Chaire de l'Education et du service juridique de l'Education rattaché au Department of Magical Law Enforcement, selon le motif que ces Decrees étaient contraires aux principes véhiculés par notre Démocratie et notre Ministère de l'Education. Par la suite, nous avons déchu Mrs Dolores J Umbridge de son statut de High Inquisitor de l'école de sorcellerie de Hogwarts, ainsi que de son titre provisoire de Directeur de l'établissement qui avait été effectif dans les dernières semaines de l'année scolaire 1995-1996 (dès le 6 avril 1996, par le Decree n°28). Mrs Dolores J Umbridge a été transférée à l'hôpital Saint Mungo fin juin, son état de choc prononcé non éclairci et déterminé, et sera hospitalisée jusqu'à nouvel ordre, un arrêt longue maladie lui ayant été rédigé. Mr Albus PWB Dumbledore a, quant à lui, repris ses fonctions de Directeur de l'établissement en question, sans délai, bien que cette courte période d'absence de Directeur eut été maîtrisée par Mrs Minerva McGonagall, Directrice-Adjointe de Hogwarts. Quant à Mr William A Melbourne, ce dernier reprendra ses fonctions de civil travaillant au sein du Department of Magical Education, dès lors que son arrêt maladie sera achevé.

Rapport interne du Department of Magical Education – 6 juillet 1996

Cas: Mr William Albert Melbourne, Muggleborn, né le 29 juillet 1966 à Londres, matricule n°34-1546-88

Absence depuis le 20 juin 1996: arrêt maladie 2-4, toujours effectif, rédigé et envoyé par Mr Severus T Snape, actuel professeur de Potions et Directeur des Slytherins à Hogwarts, sous motif d'un empoisonnement sans détails du contexte de la situation de cet empoisonnement.

Position pendant l'année scolaire: a, selon les rapports réguliers rédigés par Mrs Dolores J Umbridge, suivi les Decrees appliqués du 1er avril 1995 au 30 juin 1996. Cependant, soupçons d'alliance avec l'Ordre du Phénix, association à but non lucratif créée par Albus WPB Dumbledore en 1970, mais non enregistrée comme telle dans la liste officielle des associations par le Ministère. De ce fait, remise en question totale de ce que Mrs Dolores J Umbridge nous a communiqué jusqu'ici.

Dossier du matricule n°34-1546-88 en cours de consultation, résumé succinct jusqu'ici: employé au Department of Magical Education, parrain George P Turner de 1988 à 1991, mêlé au dossier confidentiel n°445-12-17-1989, services qui relèvent aucune autre spécificité, rapports de ses supérieurs établis au cours de ces dernières années sans annotation particulière à relever.

Lettre émise par le Ministère daté du 1er de ce mois en attente de réponse de la part du concerné.

Le piège qu'il avait mis en place aurait dû fonctionner. La vision avait été parfaite, d'un réalisme à s'y méprendre après plusieurs mois à partager de vraies situations avec Harry Potter, conférant au mieux un réalisme troublant aux différentes visions et donnant un accès direct aux diverses émotions qui l'avaient traversé pour faire croire au garçon que tous les accès à son esprit étaient vrais. Les meilleurs Death Eaters avaient été mis sur le coup. Il en avait pris soin lui-même pour déterminer les rôles de chacun, tous connus pour leur intelligence et leur ruse pour mener à bien cette mission, qu'importe si Potter était seul ou accompagné. D'ailleurs, au fond, cela ne l'avait pas surpris que le garçon fut accompagné d'une bande de camarades. Potter et ses toutous, ses larbins, prêts à tout pour se sacrifier à sa place s'il le fallait. Le Ministère avait été presque désert grâce à son influence et les quelques thuriféraires y travaillant. Cela avait été complexe à mettre en place depuis l'attentat de 1989 qui s'était vu suivi d'un renforcement des règles de sécurité à l'intérieur du bâtiment; cependant, rien ne résistait au Mage Noir, absolument rien, même pas les lois de ce pays. Et pourtant, il se trouvait cette nuit-là à encore rejouer toute la scène en cherchant ce qui avait fait tout capoter. Il y avait de quoi le rendre furieux. Tout, absolument tout, avait été pensé, réfléchi, organisé pour que la prophétie lui revienne.

Ses longs doigts pianotaient d'un geste impatient sur l'accoudoir de ce fauteuil type Louis-Philippe version sorcière. Son choix de repli avait été avisé, au moins… Si tant est il fallait définir un quelconque point positif de toute cette déconvenue. La moindre des choses avait été de punir Lucius Malfoy, le seul et véritable responsable du fiasco du Department of Mysteries selon lui. Et quoi de mieux que de loger chez lui? Malgré cette satisfaction à obtenir ce qu'il souhaitait, c'est-à-dire l'impact psychologique sur le Death Eater, la colère qu'il éprouvait ne tarissait nullement.

Il ressentit sa présence avant d'ouïr les bruissements de sa robe derrière lui. Avec lenteur, un sourire sardonique s'esquissa sur le visage reptilien du mage noir. L'homme ne daigna pas se retourner. C'était à ses thuriféraires de venir à lui et de s'agenouiller devant lui. La personne prenait tout son temps. Les secondes semblaient s'étirer en minutes. Malgré le silence relatif du déplacement de son visiteur, Voldemort devinait qui c'était avec aisance, comme s'il avait fait ces personnages qui l'entouraient, tel un Pygmalion qui façonnait sa statue – ses statues. Enfin, l'ombre d'une silhouette à moitié dissimulée par l'obscurité ambiante parut dans son champ de vision et poursuivit sa trajectoire en arc de cercle pour se tenir face à lui, la tête baissée pour éviter les iris rouges de son Maître, le profil fier mais pas en tant que menace. Il savait qui dirigeait en ces lieux et était donc apte à maîtriser sa suffisance, que Voldemort connaissait que trop bien.

- Maître, murmura Severus Snape alors qu'il se posta en génuflexion, dans une attitude de soumission tolérable tout en ne réfrénant pas entièrement ce qui le définissait.

Il y avait vraiment de quoi rire avec ce Death Eater. Le Corbeau était sans doute l'un des plus loyaux parmi tous ceux qui gravitaient autour de Voldemort, cependant il demeurait égal à lui-même: fier, hautain, intelligent, calculateur, manipulateur, imbu de lui-même. Il était presque incroyable que cet homme se plie à la volonté d'un autre – ou de deux autres, car il espionnait Dumbledore après tout, qui n'était qu'un autre chef de file – malgré le caractère trempé dont il était doté. C'était cela qui faisait ricaner le Mage Noir, montrant de facto les propres limites de ce Death Eater – et il en jouait par moments, le titillait, l'irritait au possible, surtout ces derniers temps. Cependant, en ce soir, il était nullement question d'enquiquiner le Maître de Potions. En sus de son déploiement de colère sourde, Voldemort se devait de préparer sa prise de pouvoir avec soin. A défaut d'avoir choisi la manière de reparaître dans le monde des sorciers, pouvait-il instrumentaliser la population en se faisant discret dans un premier temps. Il n'y avait rien de plus terrible qu'une menace invisible et passive pour plonger la communauté dans une peur panique, une paranoïa grandissante et une méfiance qui les pousserait à commettre des erreurs qui finiraient par se retourner contre eux. Non, il voulait agir tel un réel Slytherin, son ambition grande mais accessible s'il mettait en avant toutes les qualités des Serpents, et rien de mieux que de consulter et réfléchir avec l'un des plus brillants d'entre eux. A la différence d'autres qui auraient pu perdre leur sang froid à un moment donné ou à un autre, il comptait sur le professeur de Hogwarts qui, par chance et par choix, avait dû rester au château, notamment pour asseoir sa couverture de Death Eater repenti auprès de tous ses collègues, surtout auprès des membres de l'Ordre qui travaillaient à ses côtés en Ecosse.

- D'après toi, qu'est-ce qui nous a ralentis, demanda le Lord sans ambages, rentrant directement dans le vif du sujet, sûr que s'ils n'avaient pas été ralentis, l'Ordre n'aurait eu le temps de s'en mêler.

- J'ai bien peur de devoir vous annoncer que la chance a malheureusement permis à Potter et ses amis de se montrer assez habiles dans cette entreprise alors qu'il n'y aurait jamais dû avoir une telle déconvenue de notre part, susurra Snape. Ce sont des personnes qui ont défié l'autorité de la High Inquisitor et du Ministère en montant un club de Défense pour s'entraîner. Néanmoins, il semblerait que cela seul n'a pu expliquer notre déroute car leur niveau demeurait insuffisant. Je crois, si je ne m'abuse, que nous fûmes mal renseignés sur ce qui pourrait se trouver au travers de notre chemin dans le Department of Mysteries.

- Et quand bien même cela aurait été tangible, rien, je dis bien rien, n'aurait dû déstabiliser des meurtriers aguerris, gronda Voldemort, fulminant, tapant du poing sur l'accoudoir, tant sa colère menaçait de le submerger. Potter et ses amis ne sont que de formalités banales pour nous! Pourquoi Malfoy, et même Lestrange!, se sont laissés avoir par des gosses?!

- Ils n'avaient pour ordre que de s'emparer de la prophétie, Maître, murmura le Maître de Potions. Pas de tuer, lâcha-t-il avant de le regretter et de bien fixer le dallage sous ses orbes d'onyx.

Et il avait eu raison de regretter d'être aussi franc, aussi transparent. Voldemort se leva d'un bond et informula un Crucio bien vicieux, faisant couper son souffle à son subalterne qui dut concéder d'exhaler un léger cri à la fois de douleur et de surprise.

Ce n'était pas le moment, pas encore, de réfléchir à tête reposée, ou il tuerait le meilleur potioniste de Grande-Bretagne… Malgré tout, il en profita encore un peu pour se défouler, au point que lorsqu'il donna enfin congé à son sous-fifre, ce dernier clopinait, avait le visage tuméfié et devait sûrement saigner…

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L'Ordre du Phénix avait exceptionnellement autorisé l'accès à l'une de leurs réunions à un ensemble de mineurs, et pour bien faire comprendre aux réfractaires ce manquement à leurs règles, il avait été martelé l'ordre du jour une semaine durant: il fallait demander aux jeunes de ne plus se lancer dans une telle bravade que celle qui s'était déroulée au Department of Mysteries. Ainsi, Harry, Ron, Hermione, Neville, Luna et Ginny se trouvaient dans la cuisine en sous-sol de la demeure des Black, entourés par des adultes qu'ils connaissaient mais qui ne semblaient pour autant amènes, tous penauds, osant à peine s'échanger des coups d'oeil. A défaut d'avoir un autre lieu où discuter de cela en privé sans risque d'être entendus, les membres de l'Ordre du Phénix avaient fini par tous se mettre d'accord sur cette démarche. Pour que personne ne se doute de quoi que ce soit, Dumbledore avait demandé aux six jeunes de se débrouiller à n'être qu'entre eux dans un compartiment du Hogwarts Express sur le chemin du retour, et de toucher une vieille montre cassée à midi pile. Les adolescents avaient obéi, après s'être interrogés sur la motivation de leur Directeur à leur faire faire cela sans plus d'explication une heure durant, et ils faisaient face au douze Grimmauld Place en un clignement d'yeux, le Portkey cessant de briller, tombant mollement dans l'herbe du parc de l'autre côté de la route.

Harry ne sut trop pourquoi, mais dès qu'il mira Melbourne assis à un coin de la grande table, un sentiment de colère et de peine entremêlés avait pris possession de ses lobes frontaux. Melbourne qui restait ici à demeure jusqu'à nouvel ordre à cause de son empoisonnement, en lieu et place de son parrain. Oh, bien sûr que l'adolescent ne lui en voulait pas pour ce triste sort, cependant la colère était réelle. La colère, une phase somme toute classique dans un processus de deuil, surtout si la mort en question avait été injuste, incontrôlée, impensable. Sirius n'aurait pas dû mourir, Sirius n'aurait pas dû périr de la façon la plus facile au monde, facilement distrait par sa cousine… Il déglutit avec peine, un nœud bloqué dans sa gorge. Il essaya du mieux qu'il pouvait de considérer son enseignant, de considérer sa propre souffrance, de considérer le fait qu'il n'avait émis aucun jugement, et qu'il ne semblait toujours pas en porter à leur égard, car c'était le seul adulte à ne pas les toiser de colère ou d'inquiétude comme tous les autres. Le jeune homme était affalé dans sa chaise et avait encore l'air d'être en pyjama au vu de sa tenue que Harry ne lui avait jamais vu porter au sein du château: un t-shirt ample et un pantalon de jogging, clôturés par de bonnes grosses chaussettes et un plaid bien chaud sur ses épaules. Ses traits étaient tirés, ses cernes creuses et sa chevelure plus rebelle que jamais. Son air fatigué accentuait l'hypothèse qu'il venait de se lever et qu'il éprouvait des difficultés à émerger. Un bâillement peu caché malgré sa main devant sa bouche renforça l'idée de l'adolescent, et sa compassion prit toute son ampleur. Clairement, l'homme n'avait pas choisi sciemment de se trouver dans cette maison maudite, alors que son ancien propriétaire avait traversé un voile dans le Department of Mysteries et ne reviendrait jamais. C'était peut-être cela le plus dur dans ce deuil: il n'y avait pas de corps à enterrer. Rien de concret, de tangible, de palpable pour pleurer ce mort.

Melbourne marmonna des trucs pour lui-même, puis eut l'air de se rendre compte qu'il était un sorcier, car bientôt une grande tasse fumante vint à lui. Il s'en empara et la huma longuement. Harry fut très tôt arraché par cette observation lorsque Dumbledore commença à parler. C'est parti pour les reproches, les suggestions, les alertes, les promesses de ne plus recommencer… Il n'écoutait que d'une oreille distraite, sa culpabilité le bouffant littéralement déjà suffisamment pour en rajouter une couche. Seul Snape se délectait du spectacle, nota l'adolescent, dégoûté. Lui alors… Il le haïssait tellement…! Lui qui avait provoqué, titillé, lancé des pics non-stop à Sirius… S'il avait fermé sa bouche, jamais son parrain n'aurait commis toutes ces erreurs, il en était sûr, il en mettrait sa main à couper!

Et alors qu'il pensait que Melbourne ne jugeait pas ce qu'ils avaient fait tous les six, Harry se sentit se décomposer sur place lorsque le jeune homme lâcha, en plein milieu d'un silence épais suite au speech du Directeur, d'un ton très détaché, limite déplacé dans un contexte aussi grave, que le Department of Mysteries était sans doute l'endroit le plus dangereux du Ministère et qu'ils avaient été téméraires de s'y être rendus tête baissée. Plusieurs échanges de regard fusèrent à cet instant, les adultes entre eux, les adolescents entre eux, les adultes et les adolescents entre eux, à en avoir le tournis.

- Venant d'une tête en l'air comme vous, il est étonnant que vous qualifiez cette escapade comme telle, commenta même Snape, qui fixait son futur ex collègue droit dans les yeux.

- Il me semble que je peux me permettre ce genre de commentaire, car j'y travaille depuis 1988, contra Melbourne avant de se désintéresser de son interlocuteur de manière abrupte, tout concentré sur son thé dont la tasse réchauffait ses mains, comme s'il n'avait pas été l'auteur de ces mots.

Le Maître de Potions tiqua, en silence, marmonna ensuite une suite de mots, sans doute quelque chose comme 'cet idiot alors...' si tant était qu'une personne dans l'assemblée était capable de lire sur les lèvres. Et bien que Melbourne n'avait émis qu'un commentaire sans valeur de jugement, Harry le prit comme tel, et s'en vit un peu blessé. L'adolescent croisa les bras et accentua sa mine butée. Il se refusait d'entendre ce que les adultes leurs disaient. Soit, oui, volontiers qu'ils avaient pris de grands risques, surtout qu'il n'aurait jamais pensé que la vision de Voldemort eut été fausse et donc un traquenard, mais la mort de Sirius n'avait-elle pas été suffisante comme leçon de morale? Pourquoi s'entêter à remuer le couteau dans la plaie?

- Et si je puis me permettre, il me semblait vous avoir mis en garde, Potter, serina Snape, qui ne se départit pas de son penchant des plus déplaisants à l'exposer en public pour l'humilier.

Le haussement de sourcils de la part de Melbourne à cette remarque fut la goutte qui fit déborder le vase chez Harry qui se leva, en manquant de renverser sa chaise, fusillant son enseignant du regard de ses yeux vert-bouteille. Ce simple geste provoqua un léger et bref rire moqueur au professeur de Potions et une expression interrogative chez son collègue.

- Ben quoi, demanda-t-il comme s'il atterrissait, ce qui énervait davantage Harry. En soi, c'était normal que le professeur Snape vous mette en garde contre les dangers de la Legilimencie, non? Il est le mieux placé pour…

- Assez, hurla Harry, qui tremblait de tout son corps.

Le silence qui s'ensuivit immobilisa tout le monde pour de bon et attira leur attention commune vers lui, à son plus grand déplaisir, le déstabilisant même un tantinet.

- Harry, commença Dumbledore dans une tentative de l'apaiser.

- Non, souffla l'adolescent, se retenant à grand peine de crier ou de pleurer, ou les deux à la fois. Non, ça va, j'ai compris, je n'aurais jamais dû laisser les autres me suivre, j'aurais dû écouter Snape – le professeur Snape, corrigea le Directeur, ce que Harry ignora tout bonnement – j'aurais dû faire attention, je n'aurais pas dû impliquer tant de personne au point de… Il reprit sa respiration, l'émotion le faisant suffoquer, au point de faire tuer Sirius, termina-t-il un octave plus haut que la normale. Vous croyez que je n'ai pas compris la leçon, lâcha-t-il au bord des larmes, se contenant le plus possible, se mordillant la lèvre inférieure pour retenir ses sanglots de sortir.

- Harry…

L'adolescent convergea son regard sur sa gauche. Tiens, maintenant Melbourne l'appelait par son prénom? Il lui lança un regard dur, ne lui cachant pas qu'il était contre cette familiarité à la manière de Dumbledore.

- Harry, s'il te plaît… Je sais que ça doit être dur de perd…

- Qu'est-ce que vous en savez, le coupa Harry, épuisé d'entendre ce même refrain, en colère contre trop de monde et de choses en même temps, contre lui-même avant toute chose.

Personne ne put anticiper quoique ce fut, lorsque soudain, Melbourne s'était levé et se tenait désormais le plus proche possible de Harry, le garçon pouvant mirer son propre reflet dans les orbes azur du jeune homme.

- J'en sais… quelque chose… Parce que mes parents sont morts sous mes yeux, chuchota-t-il dans un souffle, si bas qu'il ne put atteindre personne autour d'eux. Je sais ce que c'est que de perdre quelqu'un, alors s'il vous plaît, vous allez reprendre vos esprits sur-le-champ et accepter qu'on vous plante ce fichu couteau un bon millier de fois, parce que plus tard, vous vous rendrez compte que la douleur ne disparaît jamais, vu?

Melbourne maintint le contact visuel quelques secondes supplémentaires et ne retourna à sa place que lorsqu'il releva un signe de tête presque imperceptible de la part de son élève. Interdit, Harry le fixait, un peu trop remué, un peu trop perturbé, ne s'étant pas attendu à cette réaction, encore moins à ces mots… Il avait pu sentir la peine suinter de tous les pores du jeune homme. Ce dernier semblait ne pas s'en soucier, de nouveau focalisé sur son thé, se comportant comme s'il n'était pas assis parmi une assemblée de personnes s'opposant au Mage Noir qui prenaient de leur temps pour engueuler des adolescents.

Plus tard, aux alentours de treize heures, les jeunes furent conviés à utiliser un autre Portkey pour retourner dans leur compartiment dans le Hogwarts Express, l'air de rien, passablement remués par ce qu'il s'était déroulé. Ou comment entamer un été dans un état d'esprit lugubre…

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Rapport du Ministère – Department of Magical Education – 8 juillet 1996

Cas: matricule n° 34-1546-88 Motif: abandon du poste de professeur de Défense Contre les Forces du Mal, suite au procès survenu courant juin 1996.

Bien que les Decrees et le poste de High Inquisitor ont pu être abrogés, la sentence du procès concernant William A Melbourne vis-à-vis de son poste d'enseignant à Hogwarts lors de l'année scolaire 1995-1996 ne peut être modifiée. L'intéressé a, par ailleurs, adressé au sous-département en question dans sa lettre émise le 7 de ce mois qu'il abandonnait sa carrière d'enseignant titulaire, en justifiant notamment qu'il est spécialiste de la législation de l'Education secondaire et non diplômé comme précepteur particulier (cf. dossier personnel dudit matricule qui prouve ses dires).

Subséquemment, l'intéressé, par l'arrêt maladie 2-4, ne peut quitter sa demeure mais est prêt à être entendu par la commission interne mise en place pour régler les problèmes inhérents à l'année scolaire en question dès lors qu'il le pourra.

A défaut d'avoir encore toutes les réponses à notre enquête, nous sommes confiants quant à la coopération future de William A Melbourne.

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