Chair et sang

One-shot en trois parties sur Walburga Black et ses fils.

Disclaimer : Les personnages et l'univers appartiennent à J.K. Rowling.


Walburga Black n'avait pas toujours été cette femme amère et cruelle. Elle avait été jeune, belle, insouciante, pleine de vie. Elle avait été la rebelle de la famille, adolescente. L'aînée de la famille, même, mais tous les espoirs avaient été reportés sur Cygnus, le premier mâle – son seul souci était de faire un beau mariage. Et Dieu, qu'elle n'avait pas été pressée de se marier ! Mais le sang des Black s'était tari ; Cygnus n'avait eu que des filles et Alphard ne semblait jamais vouloir adhérer aux valeurs familiales, prônant l'égalité des sorciers et des moldus. De sa génération, presque tous les Black étaient des filles qui ne pourraient guère porter le nom de la famille. Une chose impensable pour les ancêtres de cette maison.

Et c'est ainsi qu'il fut décidé de l'alliance, tardive, entre Orion Black et Walburga Black – pour sauver la lignée. Elle fut enchaînée.

Elle avait tenté d'être une bonne épouse, de combler son mari, de l'aimer. Mais il la regardait à peine, lui préférait la compagnie de catins. Ne lui parlait pas, préférant la compagnie et la conversation d'autres hommes. Leurs fils ? Un devoir conjugal, une alliance pour conserver le sang si pur des Black – rien de plus. En produire juste assez pour avoir un héritier et un de rechange.

Alors Walburga devint aigrie avant l'âge. Amère devant les chaînes, devant la honte de cet époux qui tolérait à peine sa vue. Honteuse de voir sa maison souillée par cet homme qui ne la méritait pas. Les joues brûlantes d'humiliation quand il la touchait. Walburga devenait folle – folle de jalousie, de chagrin, de honte. En cage, réduite à n'être plus qu'une servante et une bête à saillir.

Et puis vint le jour où elle apprit qu'elle était enceinte. L'envie de faire disparaître cet enfant, de le tuer par magie. Tout mais pas un enfant de lui !

Mais toujours, sa mère lui rappelait son devoir : « tu portes l'avenir des Black ». Alors Walburga se taisait, maudissait cet enfant à naître, le haïssait déjà de toute son âme.

Il la rendait grosse, malade, irritable. Walburga détestait être enceinte, détestait cet être qui grandissait en elle. Elle aurait voulu frapper le ventre, juste peut-être pour lui communiquer la haine qu'elle ressentait à son égard – elle aurait voulu un accident pour le perdre. Elle aurait voulu être stérile, pour avoir l'excuse pour qu'Orion ne la touche plus jamais.

Et pourtant, quand il poussa son premier cri, quand elle le tint dans ses bras, quand il ouvrit les yeux pour la fixer et serrer déjà si fort ses doigts – elle l'aimait. Elle l'aimait d'un amour immense, sans limites. Un amour qu'elle n'avait jamais accordé à autrui. Un amour de mère.

Sirius, l'étoile la plus brillante du ciel, Sirius, l'ardent.

Sirius Orion Black. Son fils.

Elle fut une mère jalouse et possessive, ne tolérant pas que quiconque s'occupe de son fils. Orion n'avait quasiment aucun droit de le toucher – c'était son fils à elle. Elle le regarda avec fierté s'émerveiller et s'intéresser à tout, souriait à ses éclats de rire à chaque nouvel objet posé devant ses yeux. Sirius était un rayon de soleil, une bouffée de fraîcheur dans la sombre maison qu'était Grimmauld Place.

Pour lui, elle allait dehors profiter du soleil, s'amusait à le voir saisir herbe et feuilles. Et quand il fit ses premiers pas, son cœur se gonfla de fierté pour son enfant.

Pourtant, elle tomba enceinte, à nouveau, à son grand désarroi. Sirius lui suffisait amplement, pourquoi vouloir d'un deuxième enfant ? Elle ignora cet enfant non-désiré. Il n'avait même pas droit à sa colère ou sa haine ; elle était trop obnubilée par Sirius.

Quand Regulus naquit, elle lui adressa à peine un regard. Le petit roi était le fils d'Orion, pas le sien. Qu'Orion s'occupe de son engeance ! Et le malheureux enfant fut confié à une nourrice.

Elle regarda avec fierté Sirius grandir, tirant un peu plus d'arrogance chaque jour dans ce fils parfait, le plus pur des Black. Elle l'aimait, d'un amour exclusif et féroce. Sa chair et son sang.

Une chair et un sang qu'elle accusa plus tard d'être corrompu par les Gryffondors. Et malgré ses efforts, malgré ses remontrances, Sirius devint un peu plus rebelle chaque jour. Alors la tendresse disparut. Ne restait plus que cette volonté désespérée de ramener son fils dans le droit chemin. Un fils qui désobéissait, qui était trop plein d'arrogance, qui lui tenait tête. Quand elle lui lança un Doloris, c'était pour son bien, pour lui apprendre. Quand les insultes fusèrent, c'était pour qu'il prouve qu'il n'était rien de tout ça. Il fallait lui tirer de la tête toutes ces sottises – et tous les moyens étaient bons pour ça. Fussent-ils cruels et illégaux.

Et bientôt, elle apprit qu'elle ne pouvait plus rien pour ce fils renégat. Il fugua, quitta la maison. Brisa un cœur qui peinait à battre et qui pourtant avait tant aimé.

Alors, elle reporta son amour froid et aride sur celui qui restait.

« Rends-moi ma fierté, Regulus. »


Une soudaine envie d'écrire sur les rapports entre Sirius et Walburga. Finalement, cet OS a pris une tournure assez inattendue. Il a été divisé en trois parties car en trois points de vue : Walburga, Sirius et Regulus. Ils ne sont pas très longs mais comme ils sont tous séparés, j'ai préféré diviser l'OS en 3 "mini-chapitres" plutôt que de tout coller d'un coup.

Sans prétention, un-jet, pas réellement retravaillé. Il y a possibilité que je me sois inspirée d'une fic (ou plusieurs) en ce qui concerne la vision de Walburga – ça remonte bien trop loin pour ma mémoire. Je précise également que je l'ai écrit entre minuit et 2h du matin.

J'espère que cet OS vous plaira =)

Sorn