Bonjour tout le monde !
Me voici aujourd'hui, revenue dans le monde ff - net le temps d'une fic qui sera finie (elle est déjà bien avancée).
J'espère donc qu'elle vous plaira, et compte sur vous pour me le dire.
Bonne lecture !
Anais Didi

/!\ Spoilers /!\ : HP Tomes 1 à 7


Entretien avec un portrait

I √ Retrouvailles

Les lumineux yeux émeraude croisèrent les saphirs farouches de sa femme. Ils partagèrent un sourire, alors que le gamin enthousiaste filait dans le wagon rouge du Poudlard Express. Puis la jeune femme, âgée d'à peine la trentaine, passa son bras sous celui de son mari et s'éloigna avec lui.

Harry Potter lui adressa un clin d'oeil il amusé et se laissa entraîner vers la cheminée la plus proche.

-Tu penses qu'il appréciera, ma chérie ?
-Bien sûr ! C'est d'Albus que tu parles, il adore avoir ses parents avec lui, lorsqu'il doit passer une épreuve un peu difficile.
-Mais là, il va rencontrer les autres élèves pour la première fois...
-Cesse de t'inquiéter, mon Harry, et allons le retrouver !

Ils pénétrèrent dans la cheminée l'un après l'autre, et s'exclamèrent : ' Poudlard ! ' .

Et ce fut dans un étrange bureau qu'ils apparurent : celui de Minerva McGonagal, directrice de l'Ecole de Magie et de Sorcellerie Poudlard, depuis approximativement 13 ans, et anciennement professeure de Métamorphose.

La dite ex-professeure leur adressa un regard peu amène et les pria de ne pas malmener ainsi cette malheureuse cheminée qui n'avait, après tout, jamais demandé à être couverte de poussière et de cendres diverses.

Ce fut avec un regard contrit que le couple répondit à cette attaque en règle et calmèrent la sévère, mais juste, patronne des lieux.

-Bon, maintenant, fichez le camp, Monsieur et Madame Potter-Weasley.

Le couple allait donc se carapater loin de l'austère bureau rectangulaire, quand MacGonagal eu soudain une illumination.

-Pourriez-vous me dire ce que vous faites ici ?
-Ben... vous n'avez pas reçu notre hiboux ?
-Clairement non, Potter-Weasley.
-Faudra que vous me disiez comment vous faites, professeure, pour me donner perpétuellement l'impression d'être votre élève.
-Arrêter de marmonner et répondez-moi.
-Ben, on est venu voir la Répartition d'Albus Severus...
-Encore !

Le couple rentra la tête et courba les épaules.

-Allez dans l'Ancien bureau des Directeurs, en attendant. Cette fois-ci, vous assisterez à la Répartition de là, et je vous interdis de le quitter ! Un elfe de maison passera pour vous servir de la nourriture.

Suite à ça, Harry et Ginny, avec beaucoup de courage, s'enfuirent.

Ce fut une drôle de cavalcade, deux trentenaires élégants et respectés à travers le monde en train de courir éperdument le long de couloirs sombres faits de belle pierre, des couloirs qu'ils avaient parcourus si souvent qu'ils les connaissaient par coeur.

Et c'est ainsi qu'ils se retrouvèrent devant la Gargouille, qui barrait l'Ancien bureau des Directeurs.

-Dumbledore !

La gargouille ouvrit le passage, à l'audition du mot de passe essoufflé prononcé par Harry. Et ce fut lentement, pleins de souvenirs lourds de signification, qu'ils prirent place sur l'escalier en colimaçon.

-Harry, dis-moi, pourquoi MacGonagal ne s'est jamais installée dans le bureau du directeur ?
-Parce ce que, pour elle comme pour nous, ce bureau a toujours porté la marque de Dumbledore d'abord, de Snape, ensuite. C'est très dur de se dire qu'on remplace quelqu'un d'aussi imposant que Dumbledore, puis qu'on a méprisé la personne forte et courageuse qu'était Snape. Alors, en plus, utiliser ce qui a été leur bureau...
-Je comprends... Mais pour les portraits ?
-Elle a bidouillé un sort qui permet aux personnages des portraits d'aller très vite dans celui de son bureau. Mais ils restent avant tout dans l'ancien bureau.
-Alors... on va revoir Snape et Dumbledore.
-Oui...

Ginevra jeta un coup d'il surpris à son époux : cet acquiescement lui semblait suspect, prononcé d'une voix lourde, grave et solennelle, comme s'il signifiait quelque chose pour lui qu'il ne pouvait pas partager avec elle.

Elle secoua la tête pour se débarrasser de cette impression et posa sa main sur son bras, en matière de réconfort, alors que l'escalier se stabilisait.

Harry s'avança doucement, prit lentement le marteau en main, et caressa la porte avec - à ce degré de violence, on ne pouvait pas parler de frappe.
Elle s'ouvrit et ils rentrèrent, entourés pour la première fois depuis quasiment quinze ans, par les portraits des directeurs morts de Poudlard.

Et pour la première fois depuis si longtemps, Harry, comme Ginny revirent ces personnes qu'ils avaient respectivement aimée et détestée.

Ils revirent Dumbledore, leur mentor, leur guide, qui les avaient formés durant tant de temps, qu'ils avaient suivi aveuglément, malgré ses erreurs occasionnelles, et qui avait été leur espoir.

Et ils revirent Severus Snape, et ses yeux si noirs, si froids, si vides, les yeux d'un espion, obligé de cacher ses sentiments quoi qu'il arrive, cet homme qu'ils avaient haï puis, soudainement, violemment admiré.

A ce moment-là, Ginevra réagit d'une manière qu'elle regretta pendant la quasi-totalité de sa vie restante. D'une manière qu'elle ne comprit pas sur le coup, mais qu'elle finit par appréhender plusieurs mois plus tard, quand elle vit ce que ça avait impliqué.

Elle s'évanouit.

Pendant une heure, elle resta inconsciente, après avoir croisé le regard des deux portraits.
Puis, quand elle se réveilla, dorlotée par un mari qui lui parut étrange, elle n'eut pas le courage de regarder à nouveau le mur qui portait ces hommes qu'elle avait connus, et se retrouva à pleurer stupidement sur un canapé, pendant que Harry lui caressait le dos.

Elle sanglota très longuement, submergée par les souvenirs de ces hommes valeureux qui lui manquaient depuis si longtemps, et fini par s'endormir, sans prendre le temps de se questionner sur ce qui lui paraissait bizarre chez son mari.

Harry lui, se sentait légèrement coupable, du petit mensonge par omission qu'il se permettait. Mais il ne savait pas comment il pourrait expliquer à Ginny pourquoi il avait décroché ce tableau du mur, avec le consentement du propriétaire, et pourquoi il l'avait miniaturisé et glissé dans sa poche.

Il savait déjà qu'elle ne comprendrai pas. Il avait du mal à saisir lui-même.

En effet, comment expliquer, même à une jeune femme fabuleuse avec qui l'on vit depuis plus de dix ans, une femme intelligente et vive, qu'on avait besoin de voir ce portrait chez soi. Ce portrait-même qui lui avait causé un évanouissement. Ce portrait représentant une personne qui lui donnait des cauchemars depuis vingt longues années. Ce portrait d'une personne qu'il n'avait jamais vraiment accepté de voir mourir aussi stupidement.

Ce portrait de...

Harry secoua la tête. C'était mal d'agir ainsi, il en avait conscience. Il en avait d'autant plus conscience que des larmes continuaient de couler sur les joues de sa merveilleuse femme endormie sur le canapé bordeaux où il l'avait transporté, après avoir pris le portrait poussiéreux sur le mur - cela faisait plus d'une décennie sans faire le ménage, tout de même.

Il la regarda dormir pendant plusieurs heures, voyant défiler par moment les elfes de maisons aux yeux écarquillés - on ne rencontre pas tout les jours la star des médias, et une des personnes les plus compréhensives envers les créatures magiques du monde sorcier ! - sans vraiment en prendre conscience : sa petite voix intérieure discutait ferme avec lui pour qu'il dise la vérité à Ginevra.

Mais la petite voix intérieure pouvait argumenter autant qu'elle voulait, elle ne pouvait obtenir sa sincérité. Il avait trop d'estime pour sa femme, sa belle rouquine de femme, pour lui avouer son léger méfait.

Mais après tout, qui, dans le monde magique, n'a jamais voulu discuter avec un portrait ?

Ce fut juste à l'arrivée du Poudlard Express que Ginny ouvrit les yeux. Elle se restaura, puis ils assistèrent, via un miroir à la Répartition.

Ce fut avec beaucoup de plaisir et d'estime que Harry vit son fils rentrer dans la maison du Serpent.

Ginny, elle, fut déçue mais moins que ce que prévoyait Harry.

Et suite à cette annonce, ils laissèrent un mémo à Minerva, qu'ils transmirent via un Patronus, et prirent la cheminée pour rentrer chez eux.

Ginny n'avait pas redirigé ses yeux vers le mur des Ex-Directeurs.


Une fois rentrés chez eux, Ginevra partit se coucher, encore étourdie d'émotion, et se jeta un sort pour contrer une éventuelle insomnie.

Harry, lui, descendit à la cave, et rentra dans une pièce secrète dont il était le seul à connaître l'existence - ça lui aurai été utile en cas de nouvelle guerre.

Et ce fut là qu'il installa le Portrait de Severus Snape.