Disclaimer : Le personnage d'Olivier Dubois ainsi que tout ce qui touche à la merveilleuse invention du Quidditch ne m'appartient pas.

Note : Mini-fic en trois parties en réponse à un thème de dieuxdustade, "rivaux". J'espère que vous apprécierez.

Les bons comptes font les bons amis : partie 1

"Le survivant exilé à Jersey pour payer moins d'impôts, demandez la Gazette du sorcier" hurlait un jeune sorcier sous-payé sous les fenêtres des habitants du chemin de traverse.

Une femme dont l'énergie faisait oublier les boucles blanches envoya de son chic balcon une petite bourse et récupéra adroitement en échange le journal que faisait léviter l'adolescent. D'un geste énervé, la sorcière parcourut rapidement les pages qui l'intéressaient et laissa tomber brusquement la gazette sur la table basse. Le bruit mat fit sursauter le jeune homme assis sur le canapé censé détendre l'atmosphère d'un bureau au design trop épuré. Il leva les yeux au ciel avant de parler.

"Mais enfin, Penny, ce n'est quand même pas un drame qu'Harry n'ait pas voulu être imposé sur la fortune que lui a laissée Dumbledore. Il en a bien besoin pour entretenir Poudlard. Rien que le renouvellement des balais de chaque équipe est une vraie pompe à Gallions, pensez-y. Je ne vois vraiment pas pourquoi vous en faîtes une affaire personnelle.

- J'en fais une affaire personnelle parce que je suis ton agent, Olivier. Et que cette affaire a fait tellement de bruit qu'elle ne se cantonne plus à Harry Potter. La Gazette vient de publier la liste de toutes les fortunes sorcières exilées. Et tu es dans la rubrique "sportifs". Ça va être mauvais pour ton image.

- Mais je suis prêt à expliquer à tout journaliste que je fais ça uniquement pour le Noble Sport. Les carrières dans la Quidditch sont courtes et il faut que je garde mon salaire intact si je veux reprendre un club. Tout le monde ferait pareil à ma place.

- Justement, tout le monde n'est pas à ta place. Et donc ça fait très mauvais effet. Tu sais que ce patrimoine que tu chéris amoureusement pour l'investir plus tard vient aussi des contrats publicitaires, passés avec toi ou avec Flaquemare en général. Et si cette affaire est mauvaise pour ton image, elle l'est aussi pour le club !"

Pour la première fois de la conversation, le gardien pas tout à fait encore vedette sembla prendre conscience du problème.

"Comprends bien, Olivier, que tu es talentueux et en plus doté d'un physique agréable –et c'est un euphémisme. Tu fais figure de meilleur copain, grâce à ton esprit d'équipe, de super petit ami pour les filles et en plus jusque là avec la bénédiction des parents qui te voient comme le gendre idéal. Tu es bien sous tous rapports, sain de corps et d'esprit. Mais là, cette histoire va être considérée comme une trahison contre la nation."

Penny soupira et hésita un instant avant de lancer la "bombe".

"Ça risque de compromettre tes chances pour la sélection nationale."

- Quoi ?"

Cette fois-ci, Olivier Dubois avait hurlé. Après tout, tant que ça ne dépassait pas le stade de l'image et des gros sous, même s'il souhaitait plus que tout que Flaquemare recueille le plus d'opinions favorables, ça n'était pour lui que du domaine de la communication, vague annexe obligée du Quidditch. Mais si sa carrière venait à en pâtir, alors là...

"Penny, il faut absolument faire quelque chose ! Je n'en sais rien, proposez-moi tout ce que vous voulez, c'est vous l'agent. Mais il faut faire vite, la Coupe du monde approche à grands pas et la sélection encore plus.

- Je le sais bien, Dubois. Taisez-vous deux minutes, que je réfléchisse."

Voilà, Penny l'excédée redevenait Mrs. Pennyramble, l'agent bienveillante mais efficace qui l'appelait par son nom de famille, à la militaire, et ne s'embarrassait pas trop des convenances. Elle s'assit à son bureau, redressa deux plumes dans son pot à crayon, chassa une boucle blanche de son front et entama.

"Trop tard pour rapatrier ton argent, et de toutes façons un transfert de dernière minute à Gringotts paraîtrait trop hypocrite. Tu n'as pas les moyens de payer généreusement tout ce que tu devrais au ministère si ta banque était la même que celle de tous les Anglais... Tout va donc se jouer avec la presse. Je vais contacter un ami de Balais magazine pour savoir si on peut programmer un dossier sur toi. Avec un peu de chances, tout l'article se concentrera sur ta carrière et fera oublier le reste. Au pire, j'espère que tu seras convaincant s'il y a des questions délicates.

- C'est le seul moyen ? demanda Olivier en une dernière tentative avant de devoir se résigner au sacrifice.

- Ecoute, Dubois, tu es bien mignon, tu me fais penser à mon fils, mais le pétrin dans lequel tu t'es fourré, je n'ai pas quarante-six manières de t'en sortir. Alors c'est ça ou tu fais une croix définitive sur la Coupe du Monde. Vu la date, on n'a plus le temps de fignoler.

- Très bien, Penny. Bon, je rentre au club pour l'entraînement. Rappelez-moi quand vous aurez fixé le rendez-vous.

- J'espère que tu sauras prendre un air un peu plus enthousiaste, Dubois. Gare à ta carrière !

- Noté, Penny. Si ça ne dure pas trop longtemps, je devrais y arriver."

Ramassant sa cape et son sac de sport, il se leva pour saluer Penny. Elle le dispensa de cette formalité d'un geste de la main et le chassa d'une phrase :

"Bonjour au coach de ma part !"

Après un clin d'œil en guise d'assentiment, Olivier transplana. Il arriva directement dans le hall d'entrée du club et, le voyant désert, se précipita à toute vitesse vers les vestiaires. Il en ouvrit la porte à la volée et fut accueilli par un concert de protestations.

"Dubois, pervers ! Pas la peine de dévoiler notre anatomie parfaite à toutes les employées de Flaquemare.

- Ferme-la, Valence ! Si jamais les secrétaires du club venaient traîner dans les couloirs, ce ne serait sûrement pas pour ta plastique de rêve. Quant aux autres joueuses... Tu sais déjà ce qu'elles en pensent.

- Mauvais poil ? Penny t'as engueulé ?

- Ne pense surtout pas que ça va m'empêcher de bloquer tes tirs à l'entraînement.

- Comme si j'avais besoin de profiter de tes faiblesses !"

Les deux coéquipiers se laissèrent aller à un semblant d'empoignade, très vite interrompue par une deuxième ouverture brutale de la porte.

"Dubois ! Tu es en retard ! Dépêche-toi de te changer.

- Oui, Coach ! Vous avez le bonjour de Penny, au fait.

- Ce n'est pas une excuse" fut la réponse bourrue de l'entraîneur.

En deux minutes chrono, Olivier avait revêtu sa tenue de Quidditch, et il courut à nouveau pour entrer dans la salle de briefing en même temps que les derniers, qui étaient comme d'habitude les batteurs chahuteurs de l'équipe seconde (1). Olivier évita une rencontre malencontreuse entre sa tête et une batte, et se fit une place à côté de Valence pour qu'ils puissent se faire profiter de leurs habituels commentaires. Du même coup, il reçut une tape sur l'arrière du crâne de la part de son autre voisin.

"Tu pourrais dire bonjour, ours mal léché."

Rectification : son autre voisin était une voisine. Et pour être précis sa coutumière confidente forcée qui réussissait toujours à lui extirper des aveux sur ses secrets les mieux gardés avec des méthodes aussi diverses que les instruments de sa mallette de torture le lui permettaient. Mais aussi sa meilleure amie qui savait ensuite compenser sa "rudesse" – c'était un euphémisme - par un bon sens à toute épreuve, même s'il se rapprochait parfois d'une lucidité tranchante, proche du sadisme selon Dubois.

"Bailey, salut. Désolé, j'étais distrait.

- Distrait ? Tu veux dire « distrait » ?

- Non, Bailey. Je ne suis pas tombé soudainement amoureux de Penny, si tu veux tout savoir.

- Valence ne m'avait pas dit que tu passais la voir. Mais il ne perd rien pour attendre."

Dubois se représenta mentalement l'image de ce à quoi ressemblerait le poursuiveur quand Bailey lui aurait fait payer cette rétention d'information. Il grimaça.

"Un problème, Dubois ?

- Ce n'est rien, Coach. Je me suis mordu la langue."

Ne surtout pas laisser voir à miss Caroll Bailey qu'elle pouvait être effrayante. Non seulement elle en profiterait à mort mais en plus, elle se sentirait vexée et lui ferait d'autant plus sentir. Mauvais plan ! Si Olivier ne l'appréciait pas autant, il aurait déjà pris ses jambes à son cou. Mais paradoxalement, la demoiselle savait mystérieusement se rendre indispensable et la fuite n'était donc qu'une tentation que le gardien caressait parfois.

"Allez, balance la mauvaise nouvelle, Dubois.

- La routine, Bailey, je te dis.

- Mon petit Olivier, si tu crois qu'une salle remplie de témoins va m'empêcher de te blesser si tu continues à mentir aussi mal, je vais devoir te détromper...

- Arrête, Caroll, c'est sérieux.

- Quidditch ?"

Car oui, si elle était devenue une amie essentielle de Dubois, c'est aussi parce qu'ils avaient les mêmes priorités et fonctionnaient sur la même longueur d'ondes.

"Ça pourrait me compromettre pour la sélection nationale."

Caroll eut un mouvement de surprise et se figea un instant. Mais elle se reprit bien vite et soupira.

"Tu l'as dit, Woody, c'est sérieux."

La pimpante brunette aux cheveux courts qu'on prenait parfois pour le frère de Dubois se mordait effectivement la lèvre d'un air affligé.

"Toutes mes condoléances, gars, souffla-t-elle en lui pressant le bras.

- Merci."

Les deux joueurs restèrent silencieux et Dubois reporta son attention sur le coach. Jusqu'à ce que la pression sur son bras s'accentue et devienne même fort douloureuse.

"Aïe ! Bailey, qu'est-ce que tu fous ?

Fin du deuil, Woody. Arrête de pleurer, il faut rattraper le coup, maintenant. Bouge toi."

Le changement d'attitude de Caroll – qui marquait le retour à son tempérament habituel - et son ordre impétueux trouvèrent leur écho à la fin de l'entraînement dans un message laissé par Penny. Elle avait téléphoné pour prévenir qu'une séance de photos précèderait l'interview. Une séance photo "en décor", avait scrupuleusement noté la secrétaire sur un pense-bête. Rejoignant Caroll à la sortie des vestiaires, Dubois lui avait donc demandé ce que ça pouvait bien dire.

"Vu que le rendez-vous est pris chez toi et ce soir, je pense que c'est le langage de Penny à distance pour te dire que tu as intérêt à mettre un peu d'ordre dans ta garçonnière."

Oups.

"Un peu d'ordre ?

- De quoi laisser croire à la sorcière de moins de cinquante ans que tu es l'homme moderne et idéal.

- Je vois" acquiesça Dubois en hochant la tête d'un air pénétré.

"Fais pas l'intelligent, Woody. Tu n'as aucune idée de ce que ça signifie. Bon, file, je te rejoins dans le hall le temps de rameuter Valence, et on va te filer un coup de main. Ce sera sa punition pour tout à l'heure.

Olivier sourit, vaguement soulagé et l'idée suspecte que Caroll était plutôt indulgente pour une fois effleura son esprit. Mais bientôt il pensa plutôt à son propre problème et se rassura en se disant que Bailey était efficace et qu'après tout, derrière sa cruauté exacerbée, elle aussi était une sorcière de – largement - moins de cinquante ans. Quant à Valence, il serait sûrement content de devoir faire disparaître les bouteilles de Firewhisky qui feraient tache dans le "décor". Et avec un peu de chance, ils passeraient même tous les trois un après-midi amusant.

"Enlève ce sourire idiot de ton visage, Woody, on est là."

Amusant, c'était vite dit.

"Arrête, Bailey. Moi je le trouve mignon quand il est aussi optimiste.

- Je ne veux pas que tu me trouves mignon, Valence.

- Trop tard, répondit l'intéressé en lui claquant une main aux fesses.

- Hey ! protesta Dubois, rougissant, en renvoyant une claque plus haut placée.

- Laisse-le, Will. Tu vois bien qu'Olivier manque totalement de sens de l'humour, sourit Caroll.

- Je n'appelle pas "humour" des gestes qui mettent en doute mon orientation sexuelle ! Et qu'est-ce que vous avez à me persécuter, aujourd'hui ?

- T'es une cible trop facile quand t'es de mauvaise humeur, Woody.

- Bon, c'est pas tout Caroll, mais je croyais qu'Olivier avait des bouteilles pour moi."

Bailey envoya un clin d'œil à Dubois et tira ses deux coéquipiers par le bras.

"En route, mauvaise troupe !"

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Ils y avaient mis le temps qu'il fallait mais l'appartement était passé du statut d'antre de mauvais garçon noctambule à celui de chambre d'étudiant studieux et bien sous tous rapports.

"On peut dire que je les ai bien gagnées mes bouteilles, soupira Valence, avachi sur le canapé, en désignant un sac de sport bien rempli.

- C'est bien parce que c'est toi, Olivier, renchérit Bailey qui regardait la taille d'un soutien-gorge oublié sur un abat-jour. Tu pourrais pas les prendre un peu moins pulpeuses, dis? Je pourrais au moins récupérer leurs petites affaires."

Olivier lui enleva le morceau de tissu des mains et alla le déposer dans le vide-ordures magique.

"Je t'assure que ce ne sont pas avec ces broutilles en dentelles que tu serais à l'aise pour les matchs.

- De Quidditch, non, mais les autres...

- Pitié, Caroll, arrête-toi là. Déjà que le cuir qui a dépassé de ton sac tout à l'heure m'a affolé, ne me parle pas de match en dentelle.

Petite nature, va ! Dans mon sac, c'était même pas un sous-vêtement qui t'a choqué. »

Olivier accueillit de bonne grâce l'ébouriffement de cheveux. Il en était désolé mais imaginer ses coéquipières, même amies à la ville aussi bien que sur le terrain, en pleins ébats sexuels, c'était au dessus de ses forces. Pire, même, que le jour où il avait vu Penny glousser quand le coach lui avait pincé les fesses. Et ces deux-là étaient mariés depuis vingt-cinq ans...

"Bon, je fais quoi, maintenant Bailey chérie ?

- Vraiment incapable de te débrouiller tout seul, Dubois.

- Valence, idiot, il redevenait aimable là. Et puis je te signale que si Woody n'as pas de tête, tu ne peux pas te vanter d'en avoir plus. Lui au moins sait qu'on ne mélange jamais une demi-douzaine de Firewhisky avec une graine d'argan. Surtout quand on est trop saoul pour draguer correctement.

- Encore ce vieux dossier ? Tu sais bien que je croyais que l'argan me tiendrait éveillé. Comment voulais-tu que je sache que mélangé à l'alcool, ça tournait en aphrodisiaque ultra puissant ? Et puis, je te parie qu'Olivier ne l'a appris que ce soir-là.

- William, ingrat ! J'ai été le premier à t'assommer ! Ce n'était pas par pure envie de bagarre."

Valence soupira en repensant avec nostalgie à l'époque de l'équipe seconde où ils étaient tous coutumiers des virées nocturnes jusqu'à plus soif. Si seulement cette histoire ne l'avait pas associé pour toujours à des plaisanteries paillardes sur cette fameuse aventure, qui était loin d'être représentative, il le répétait à qui voulait bien l'entendre.

"J'ai vraiment failli sauter sur la danseuse blonde ?

- En tous cas, c'est ce que tu hurlais en essayant de défaire ton ceinturon.

- Ah !"

Valence eut un hurlement de triomphe.

"Olivier n'a donc fait que réagir à la situation. Il ne savait pas plus que moi les effets combinés de cette de graine et du whisky !

- J'ai saisi le plateau du serveur au moment même où tu as avalé cette graine.

- Non ?

- Si !" affirma Bailey pour couper court à la discussion absurde (Si ! Non ! Si !...) qui suivrait immanquablement.

"Mais ce n'est pas le moment de régler le problème de pourquoi il n'a pas eu le bras assez rapide pour t'empêcher de l'avaler, la dernière fois vous avez tenu trois heures là-dessus. Pour le moment, je finis de préparer l'appart' avec Olivier. Valence, on se voit demain, n'oublie aucune bouteille. Et toi, Woody, à la douche ! Je vais m'occuper de toi."

Les deux garçons eurent un même mouvement d'arrêt.

"Après la douche !" précisa Caroll, soupirant d'une telle démonstration de virilité choquée.

Reprenant enfin vie, Valence attrapa son sac et fit de rapides au revoir avant de claquer la porte.

"Allez, Dubois ! À la douche, toi. Qu'est-ce que tu fais encore ici ? Moi, je vais choisir tes habits pour la séance photo.

- Je peux au moins prendre des sous-vêtements ?"

Bailey leva les yeux au ciel.

"J'ai tant que ça l'habitude de te torturer ?"

Jugeant son silence aussi éloquent que dangereux, Olivier fila dans sa chambre puis gagna la salle de bain avec un boxer. Caroll se dirigea vers les placards et cria sur le chemin, à travers la porte en bois qui séparait de la salle d'eau.

"Et lave-toi les cheveux !"

Une fois accomplis tous ces ordres, Olivier sortit de sa douche et commença à se sécher les cheveux devant son miroir. Profitant de ce que Caroll et lui étaient séparés par une porte protectrice, il osa, d'un ton faussement détaché.

"Tu vois Valence pour quoi demain ?"

Mais le gardien si stratège avait mal calculé son coup en se croyant à l'abri. La porte s'ouvrit brutalement et il eut tout juste le temps de camoufler son intimité.

"Ça ne te regarde pas, Dubois."

Le regard, pourtant nuancé d'un sourire amusé, le mettait au défi d'en dire plus.

"Allez, enfile un caleçon, qu'on se bouge. Le photographe arrive dans vingt minutes et je ne voudrais pas qu'il te trouve dans une situation encore plus compromettante que celle de ton compte en banque. La mise à nu pourrait être à leur goût mais...

- C'est bon, assez de jeux de mots vaseux, merci, grommela Olivier. Tourne-toi."

Bailey lui présenta docilement son dos, sans même essayer de tricher.

"Ça y est ?

- Allons-y."

Les vingt minutes furent mises utilement à profit. Caroll fit enfiler à Olivier un jean et une chemise blanche aussi basique que bien coupée. Cadeau du club.

"Ouvre un bouton, pas deux. Tu es le gendre idéal, je te le rappelle."

Tout ça ne ressemblait pas franchement à la mise habituelle d'Olivier, souvent plus débraillé, mais il devait convenir que le reflet dans le miroir convenait parfaitement pour cette occasion.

"Mais qu'il est mignon, le petit Woody. C'est un ou une photographe ?

- Penny ne me l'a pas précisé. Elle a juste dit que finalement le dossier sera publié dans Sorcière Hebdo et pas dans Balais Magazine.

- Je vois. Alors t'as toutes les chances de séduire et de revenir en lice pour la sélection, t'en fais pas."

De son geste préféré, elle lui ébouriffa encore savamment les cheveux. Il était prêt, elle pouvait passer le relais au responsable photo du club. Si Olivier se contentait de sourire, tout irait bien.

"Je te laisse maintenant. Si tu as besoin de me joindre, n'essayes peut-être pas ma cheminée à moi."

Son sourire fit comprendre à Olivier qu'elle serait joignable chez Valence.

"Et la règle n°2 ?

- Après L'arbitre a toujours raison ?

- Celle-là.

- Il me semble que c'est Si l'arbitre a tort, se référer à la règle n°1 , je me trompe ?

- L'autre règle n°2."

Bailey eut ce qui selon Dubois était le premier sourire gêné de sa jeune vie.

"Ça ne nuira pas à l'équipe.

- C'est ce qu'on dit toujours quand ça se passe bien."

Là, il s'avançait sur le chemin délicat de donner des leçons à Caroll.

"Si tu veux tout savoir, ça ne se passe même pas encore, répondit d'ailleurs Bailey assez vertement.

- Je ne veux pas savoir. Je ne veux pas que ça se voie sur le terrain, c'est tout. Et puis tu n'aurais pas pu plus mal tomber. Mince, Bailey, réagis ! C'est un poursuiveur et tu es une poursuiveuse. Même si ça finit bien il y aura forcément des séquelles sur le jeu. Et si ça finit mal, alors là...

- Oh, la ferme, Dubois. Je pense exactement la même chose, tu t'en doutes. Seulement ça ne me sert à rien que tu me fasses culpabiliser, là c'est de moi qu'il s'agit."

Olivier devinait sans peine combien ça pouvait coûter à sa meilleure amie de trahir le Quidditch comme ça.

"Vivement que tu sois capitaine, Woody. J'ai hâte de ne plus être la seule à te voir avec cet air d'avoir un balais dans le..."

Dubois la bâillonna à temps et l'injuria copieusement, accusant la tenue qu'elle lui avait fait mettre, mais au moins, ils riaient, et la situation s'était détendue.

"Allez, je m'en vais avant que l'équipe du journal ne sonne. Je ne veux pas te faire de mauvaise pub."

À dire vrai, Olivier eut l'impression d'un grand vide lorsque la présence pour le moins autoritaire de Caroll laissa place à la solitude. Pour la première fois depuis le matin et l'annonce de la nouvelle, il n'était pas entouré, soutenu, un peu brusqué peut-être mais actif. Ce n'était que maintenant qu'il se rendait compte du gâchis que serait cette affaire si ses répercussions prenaient toute leur ampleur. Sa carrière tuée dans l'œuf parce qu'il avait voulu voir plus loin... Bien que gardien, il n'avait jamais contré avec autant d'avance. Non, définitivement, il devait rattraper le coup. Olivier se dirigea vers le miroir, arrangea le col de sa chemise et sourit à son reflet d'un air charmeur. Il n'avait qu'à se comporter comme à la dernière soirée du club où Valence s'était plaint de concurrence déloyale. Quand il pensait que ce mec allait faire dévier Bailey du Quidditch, ça serait la moindre des punitions ! Et il allait l'entendre, se promit le gardien.