Bonjour tout le monde. Je tiens à vous préciser quelques petites choses sur cette histoire.

Il faut absolument que vous vous mettiez en tête que cette fiction se passe en pleine seconde guerre mondiale, dans une Allemagne des plus catastrophiques. Alors il est "normal" que certaines paroles ou certains passages peuvent vous rendre mal à l'aise. Je tiens à vous dire que je n'ai absolument aucun problème avec personne et que je n'irai certainement pas dénigrer un peuple sous prétexte que j'en aime un autre. Non. Des paroles peuvent être mal interprétées, j'en suis consciente mais je ne les changerai pas pour autant parce que tout cela a malheureusement bien existé.

J'essaie de coller au mieux avec les personnalités de chacun et même si dans ce premier chapitre, ce n'est peut-être pas visible (surtout pour le "voleur"), rassurez-vous, ce n'est que le début. Ne vous butez pas à ça, s'il vous plait.

Même si il est question de Levi et d'Eren, JAMAIS je ne les mettrais ensemble dans cette fiction, qu'il en soit bien clair. Ce n'est qu'une histoire d'une poignante amitié. (Enfin, personnellement, ça, c'est à vous de juger.)

Les chapitres seront assez longs à venir, j'en suis vraiment désolée.

Bien maintenant que tout est clair entre vous et moi, je peux vous laisser à votre lecture. Et n'hésitez pas à formuler toutes vos critiques, cette histoire me tient vraiment à coeur alors tout mais VRAIMENT TOUT est bon à prendre.


Et le monde tombe en ruines. Pourquoi n'arrêtez-vous donc pas ce massacre ? Ces bruits sont assourdissants, faites que cela cesse.


Décembre 1941.

Les doigts gelés, j'observe le triste spectacle que m'offre la fenêtre. Ma mère me dirait encore de ne pas m'approcher autant de celle-ci, "les balles perdues ou les attaques surprises existent". Je le sais tout ça, maman, mais tu n'es plus là pour me rappeler à l'ordre. D'ailleurs, plus personne n'est là pour le faire.

Je m'emmitoufle dans les couches de vêtements que j'ai pu trouver afin de me protéger du froid. Certains appartiennent aux cadavres qui jonchent le sol de la pièce dans laquelle je me trouve. C'est horrible de penser que l'on porte l'habit d'un mort mais je préfère porter une chemise de mort plutôt que l'inverse.

Devant mes yeux, ou plutôt plus bas dans la rue, défile une tonne d'inconnus. J'entendais des bébés pleurer et des mères qui criaient à pleins poumons afin que les allemands ne prennent pas leurs fils pour les amener aux champs de bataille. Combien de fois ai-je entendu ce fatidique coup de feu qui annonçait la fin de la discussion ? Pour faire taire la résistance que ces personnes tenter ? Trop de fois, malheureusement. Beaucoup trop de fois. Je n'ai que quinze ans mais j'ai déjà connu et vu plus de tragédies d'une vie de quatre-vingt balais pouvait en voir. Je suis peut-être un allemand mais je ne cautionne absolument pas ce que mon peuple fait. C'est de la torture gratuite. De la barbarie sans nom. C'était tout sauf une vie. La seule chose qui m'animait dans cette foutue vie était justement de la garder intacte. Peu importe les moyens employés, je veux rester vivant.

Et je suis là à regarder la tristesse des gens et le vide dans leurs yeux me font avoir la nausée. J'ai vomi plus de fois que je ne l'avais fait auparavant. Mon corps est rachitique et pourtant, il lui arrivait encore et toujours à expulser quelque chose. Au bout d'un moment, seul mon sang s'étalait au sol. Je survivais.

J'entends un allemand gueuler après un juif. On les reconnaissait facilement avec leurs étoiles jaunes sur leurs manches et leur obligation de marcher dans les caniveaux. Peu importe la crasse, le sang ou encore l'urine ou la merde qui étaient là : ils devaient marcher ici.

Ce ne sont pas des animaux, ce sont des êtres humains comme moi (je ne peux pas dire qu'ils étaient humains comme ceux qui les mettaient dans cette posture, ils ne sont en rien des humains. Juste des monstres. Et ceux qui les laissaient faire et ne s'occupaient pas d'eux étaient une "race" encore pire. L'indifférence est le pire des fléaux sur cette Terre.) alors pourquoi cette différence ? Pourquoi cette aberrance ? Je ne le comprenais même pas et je suppose que je ne le comprendrais jamais. Pourquoi l'Allemagne s'est-elle d'un coup déclarée comme étant LA "race" supérieure ? Je suis allemand et j'ai honte de l'être. Sachez que non, les allemands ne sont que des salopards sanguinaires prêts à dévorer tout ce qui se trouvent sous leurs bottes. Je hais ces salopards de nazis, je les hais tellement.

Pan ! Je ferme les yeux à la détonation. Je devrais y être habituer mais non, je ne veux pas que ce bruit devienne chose commune. ça serait accepter que c'est un son logique hors ça ne l'est pas. Je m'écarte un peu de la fenêtre et, adossé au mur, j'observe la scène du coin de l'oeil. Je me cache pour survivre alors que je devrais me battre pour le faire. Ce que je fais n'est pas louable, ce que je fais est faible. Mais je n'ai que quinze ans, que puisse-je faire à cet âge-là ? Je n'ai même pas d'arme pour me protéger. Non. La seule chose que j'ai, c'est mon corps crasseux de toutes les choses possibles et inimaginables. Je ne supporte plus du tout cela. Je veux que cela cesse. Je veux sortir de cet immeuble en ruines, qui est ma prison, et faire quelque chose de ma vie. Et même si elle est courte, tant pis. ça sera toujours mieux que de rester là à attendre que la Mort vienne me chercher, non ?

Mon ventre gargouille et je souffle à ce bruit. Il est presque aussi horrible que les coups de feu. Allons chercher quelque chose à manger. Moi qui voulait sortir, mon corps me pousse à le faire.

Je traverse la pièce délabrée et pleine de débris, tout en prenant soin de ne pas marcher sur un cadavre et je sors de cette atmosphère pesante et odorante. Mes habits empestent la mort mais en même temps .. c'est l'odeur générale alors on n'y prête plus attention. Mais on devrait. On devrait trouver cela illogique. On devrait se dire un jour "non mais attendez, pourquoi cette odeur nauséabonde est lot quotidien de nos vies ? Depuis combien de temps est-elle présente sans que nous en ayons le moindre souvenir ?" Mais non. Plusieurs ont abandonnés l'idée même de penser. Et c'est triste. Mais ce ne sont pas nos pensées qui le sont, c'est le monde qui l'est. Et c'est intolérable.

J'emprunte une entrée secrète et je débouche dans une petite ruelle à l'écart de la rue principale. Il faut savoir rusé en ces temps merdiques et surtout, il faut avoir une connaissance parfaite du coin. Je n'avais que ça à faire alors j'ai dessiné au sang, les plans des endroits environnants. C'est peu lisible mais ça me convient. Je ne suis pas du genre à me plaindre parce que je n'écris pas à la plume ou je-ne-sais-quelle-merde : je fais avec les moyens du bord.

J'avance jusqu'au coin de la rue et je me faufile parmi les marcheurs. Pour se cacher, il faut justement ne pas rester cacher. Aux yeux de tout le monde, je ne suis qu'un adolescent crasseux alors qu'au final, je suis plutôt un résistant. Mes yeux se déplacent rapidement, à l'affût de quelque chose de potable à manger. Cela fait quelques jours que mon estomac se tord et me réclame de la nourriture et un petit quelque chose comme du pain me remplirait de joie. Je suis capable de voler sans que l'on me remarque. C'est une compétence que j'ai bien vite appris. Il le fallait bien sinon sans ça, je serais déjà mort il y a bien longtemps. Sans nul doute.

Je me déplace sur le côté afin d'être le plus proche du mur que possible. Comme ça, si il y a le moindre problème, je peux déguerpir le plus rapidement possible par un endroit dérobé.

- « Au voleur ! Au voleur ! »

Je me retourne en direction de la voix et je remarque qu'un homme est en train d'ameuter tout le quartier. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Je me mets sur la pointe des pieds quelques secondes pour analyser la situation mais je ne vois pas grand chose. Il y a tellement de monde, des gens morts comme vivants, que je suis incapable de voir quoique ce soit.

- « Espèce de sale race de juif ! »

Je fronce les yeux à cette insulte. De quel droit se permet-il d'insulter quelqu'un qui essaie comme lui, de vivre ? Je ne comprends pas cette mentalité de crevard. Une personne me pousse dans sa course, ainsi que d'autres personnes autour de moi, pour se frayer un chemin parmi cette foule et je remarque immédiatement son étoile jaune brodée au bras. C'est elle que l'on poursuit.

- « Arrêtez ce voleur, cette sous-merde ! »

Tout le monde entendait les horreurs que proliférait cet homme mais personne ne faisait quoi que ce soit pour l'arrêter, bien au contraire. Ces ignobles gens essayaient de capturer ce "voleur". Je ne pouvais l'accepter. C'était ma chance de faire quelque chose de bien pour une fois. C'est décidé et tant pis si ça me conduit à la mort. On est tous voués à ça, non ? Alors je m'en fous.

Je longe les murs et je profite de la cohue générale pour me faufiler vers une trappe dérobée. Je me dessine le plan en tête et j'opte pour la solution la plus logique. Si il n'est pas con, il devrait passer à l'angle de la rue Sud. Je descends les escaliers et j'emprunte un couloir escarpé et sombre. Je tâte les murs afin de me déplacer et quelques minutes plus tard, je me retrouve à l'endroit où j'avais prévu d'être. C'était un raccourci alors je devrais être là bien avant lui. Ou elle. Je ne sais même pas si c'est un mec ou une fille. Je le verrais bien. J'entrouvre un coin du mur et guette son passage.

Quelques secondes après, je l'aperçois et en vitesse, je passe mon bras pour l'attraper et je le tire en arrière. Je n'ai pas le temps d'observer sa réaction que je le place derrière moi, une main sur sa bouche, mes yeux scrutant à nouveau la vue que le petit trou dans le mur me donnait. Les hommes qui le poursuivaient été juste devant moi. Je vis alors ma deuxième main sur ma propre bouche pour éviter qu'ils ne captent ma respiration.

- « Où est-il ? Où est cette putain d'aberration ? »

- « Il a dû s'enfuir »

- « Si je le retrouve vivant celui-là, il ne le sera plus pour très longtemps. »

J'attends qu'ils rebroussent chemin puis je libère nos deux bouches afin de respirer à nouveau normalement. Je l'amène un peu plus loin dans le couloir, je ne sais toujours pas à quoi il ressemble réellement, et je décide de le ramener dans ma cachette. Enfin sérieusement, l'endroit était visible mais comme je l'ai déjà dit "l'endroit le plus visible fait de lui la meilleure des cachettes. Pourquoi irait-on chercher dans un endroit aussi évident en premier ?"

- « Je m'en sortais très bien tout seul avant que tu n'arrives. »

- « Sans aucun doute. »

Il a l'air brut de décoffrage celui-là. Au final, il n'avait peut-être pas tort de dire qu'il s'en sortait. Enfin, je ne sais pas. Il a l'air d'être un gars qui sait comment se débrouiller tout seul, sans l'aide de personne. Il a couru à travers la foule pour se barrer, il n'a pas eu froid aux yeux. Ouais au final, il maîtrisait peut-être la situation mais bon, je ne m'avancerais pas trop dans cette hypothèse-ci.

- « Si tu penses que je vais te remercier pour ça, tu peux te fourrer ce que tu veux dans le fion. »

- « Je ne te demande rien. »

Je le vois enfin pour de vrai, sous la lumière que la pièce voulait bien m'offrir, et je remarque qu'il a les traits durs. Le froncement de ses sourcils lui donne un air renfrogné, comme si il était furieux de tout et de tout le monde et ses yeux gris assombrissaient encore plus sa présence : ça le rend tout de suite antipathique . Non, je ne le juge pas. Tout le monde a plus ou moins ces traits sur le visage mais chez lui, c'est vraiment marqué. Ses cheveux noirs corbeaux ne faisaient qu'accentuer sa froideur. Il est plus petit que moi d'un bon dix centimètres et son corps parait encore plus léger que le mien. Il n'a pas une couche de vêtements comme moi, non, il a juste de quoi s'habiller. Mon dieu, il doit mourir de froid à cause de ce froid glacial.

- « Tu n'as pas froid ? »

- « Qu'est-ce que ça peut te foutre ? »

- « Je demande, c'est tout. Ne sois pas si agressif. »

- « J'ai pas de compte à te rendre, connard. »

Il ressemble davantage à une panthère plutôt qu'à un chaton comme on pourrait le dire en voyant son visage. Malgré ces traits durs, il n'était pas si moche que ça. Il était monnaie courante pour les officiers allemands de se taper des putes et je peux imaginer que les homosexuels prenaient là où ils pouvaient prendre. Je ne dis pas que cet inconnu est gay ou bien qu'il s'amuse à faire ça de son temps libre (comme si, on pouvait avoir du temps libre ?) non, je dis simplement que son physique a dû lui valoir quelques nuits de vie en plus. Mais avec sa personnalité, j'en suis beaucoup moins sur. Il semblait vraiment torturer. Je pouvais la sentir qui émanait de ses os. Il était si mince. Non, il n'était pas mince, il était vraiment maigre.

- « Alors c'est là que tu crèches ? »

- « En quelques sortes. »

- « Charmant comme déco. »

Il fait glisser son doigt sur l'encadrement de la porte et en ramène une bonne couche de poussière. Il fait une tête de dégoûté puis il l'essuie grâce à son maillot. Il a l'air assez maniaque. Et bien, il n'a vraiment pas de chance. Il doit souffrir le martyre à voir le monde comme il est actuellement. Cependant j'aimerai rire à son sarcasme mais le décor n'était vraiment pas fait pour. Des pierres étaient au sol et tenaient compagnie à quelques âmes sans vie. Les murs étaient repeints de couleur rouge et certains endroits avaient pourris. C'était absolument infect mais je dormais ici. Je ne sais pas comment je pouvais faire mais je le faisais. Je n'avais guère d'autre choix. Quand certains officiers allemands débarquaient dans l'immeuble, je me couvrais de sang et je jouais le mort. Je me suis dégoûté à le faire la première fois mais j'avais bien compris que c'était l'unique solution pour rester en vie. Je prenais toujours bien soin de me remettre dans la position que j'avais prise au départ au cas où, ça parlerait entre les officiers. Et jusqu'à maintenant, je suis toujours en vie.

- « Qu'as-tu fait pour qu'on te poursuive ? »

- « Huh ? Pourquoi tu veux le savoir ? Tu fais parti des jeunes espions ? »

- « Tu me soupçonnes ? »

- « Évidemment. »

- « Pourquoi je prendrais le risque de mourir pour sauver ta peau ? »

- « Pour me livrer. »

- « Te livrer ? A qui ? Tu vois bien dans quel endroit j'habite. »

Il semblait être assez intelligent et extrêmement méfiant. Je ne peux pas le blâmer pour ça et je le comprends parfaitement. Si moi-même, j'étais dans sa situation actuelle, je me poserais exactement la même question : Pourquoi cet inconnu m'a-t-il aidé ? Et ma réponse ne m'apporterait que du doute et des suspicions.

Contre toute attente, il dirige sa main en ma direction.

- « Prends. »

Un bout de pain se tient au creux de cette dernière et je le regarde d'un air méfiant. Cependant, j'avance d'un pas vers lui et je prends cette nourriture sacrée et l'avale lentement comme pour me délecter de ce repas. ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de pain aussi moelleux à me mettre sous la dent. Je sens la mie fondre dans ma bouche et le goût en fût exquis. Je ne m'en rappelais pas et c'était bon de retrouver cette sensation de mon enfance. Maman me préparait souvent des tartines, au matin. Elle achetait le pain tôt, juste avant que l'on se réveille, ma soeur et moi, et ma journée commençait bien. Je me rappelle également de son grand sourire et de ses yeux malicieux. Nous étions bien. Nous étions mieux. Je sens une perle salée rouler le long de ma joue rosit par le froid hivernal de décembre.

- « Il est si bon que ça ce pain, pour que tu en pleures ? »

- « Hein ? Non. »

J'essuie la larme de ma main et je termine le morceau de pain offert par cet inconnu. Je ne sais toujours pas son prénom et d'ailleurs, il ne sait toujours pas le mien. Mais est-ce important dans le fond ? Oui. Oui, je crois que c'est important de mettre un nom sur un visage. Surtout aujourd'hui, surtout maintenant. On ne sait pas de quoi est fait demain. Les gens marchent tous les jours à côté de personnes (qu'elles soient vivantes ou mortes) mais aucune d'entre elles ne s'est un jour demander qui ça pouvait être. Quel est le nom de la personne étendue à même le sol ? Avait-elle une famille ? Un frère ou une soeur qui tenterait par tous les moyens de savoir où est-ce qu'elle est ? Je serais heureux et triste à la fois, de pouvoir savoir qu'une personne que je connais est ici, quelque part sur ce trottoir d'ordures. Triste parce qu'elle serait dans un état déplorable mais heureux car je n'aurais plus à m'en faire pour elle; je saurais la vérité. Je plains réellement toutes ces personnes qui vivent dans le déni total et la désillusion d'une bien plus belle "vérité" que la vraie réalité. Il est bien mieux de savoir ce qu'il en est plutôt que de rester avec un espoir qui ne sera jamais réel.

- « Eren. Je m'appelle Eren. »

- « Levi. Moi, c'est Levi. »