Sa décision était prise depuis des mois mais il avait peur qu'en la voyant sa volonté chancèle. Son bagage à la main, il prit une grande inspiration et se dirigea vers la sortie des voyageurs. Une foule compacte attendait les passagers en provenance de Washington, mais il la remarqua instantanément. Bronzée, détendue et le sourire aux lèvres.
Elle s'avança d'un pas décidé dans sa direction et s'arrêta devant lui. "Bienvenue à Paris" lui lança-t-elle avant de se blottir contre lui. Sans réfléchir, il l'accueillit dans ses bras, heureux de la sentir contre lui. Il n'avait pas envie de gâcher l'instant alors il resta silencieux.
Au bout d'une minute, elle rompit leur accolade et déposa un baiser sur sa joue avant de lui dire :
"On trouve un taxi, on dépose les affaires à l'hôtel, on se prépare et on file au restaurant". Il sourit en constatant qu'elle n'avait pas changé : elle était toujours aussi directive.
"Oui, madame, bien madame" dit-il en la suivant avec leurs bagages.
En arrivant dans la chambre d'hôtel, il la regarda comme à chaque séjour s'activer à ranger soigneusement ses costumes dans la penderie. Ce geste familier lui rappela qu'il fallait lui faire part le plus rapidement possible ses intentions.
"Je ne veux plus venir à Paris" dit-il abruptement quand elle eut fermée le placard.
Elle lui lança un regard interrogateur avant de lui dire :
"Je sais que le chauffeur de taxi a été antipathique et que la réceptionniste n'a pas compris ton français, mais de là à ne plus vouloir venir ici, c'est un peu exagéré comme réaction!"
" Ça n'a rien à voir avec la France et les français "répondit-il
Elle haussa les sourcils, perplexe, attendant la suite.
Il soupira avant de se lancer : " Je, je ne peux plus venir en weekend prolongé avec toi."
Elle resta immobile, seuls ses yeux avaient quitté les siens pour se poser derrière lui.
Il était nerveux. Il s'attendait à ce qu'elle demande des explications, qu'elle hurle, qu'elle le gifle, qu'elle le frappe. Mais elle resta impassible.
Elle se retourna et se dirigea vers la salle de bains. En refermant la porte, elle lui dit seulement d'un ton neutre : "notre réservation au restaurant est dans une heure. Je vais me préparer."
Epuisé, il s'affala sur le lit. Il était soulagé de lui avoir fait part de sa décision mais elle devait le détester. Faire 6 heures de vol, payer un séjour de trois nuits dans un hôtel de luxe dans la capitale française, tout ça pour s'entendre dire que cela est terminé.
Elle était à l'initiative de ces week-ends. Sur le moment, il était heureux comme jamais. Il avait sa dose d'amour, de fous rires, de complicité et de disputes futiles. Mais le retour tout seul à Washington était une descente difficile à appréhender. Les bouteilles de son bar se désemplissaient à un rythme trop soutenu. Il était persuadé d'avoir fait le bon choix. Il ne savait pas ce qui était le plus cruel, lui dire au début ou à la fin du weekend. Mais c'était fait et il fallait en assumer les conséquences.
Ziva, sortie enroulée dans une serviette, sentant divinement bon, légèrement maquillée et parfaitement coiffée.
"A ton tour, lui dit-elle en lui indiquant de l'index la salle de bain. Il s'approcha d'elle et ouvrit la bouche mais elle posa ses mains sur la bouche et lui dit "profitons de ce dernier week-end".
Ils allèrent à pied au restaurant et Ziva fit tout pour que la conversation reste légère. Elle lui raconta les derniers mois passés en Israël, sa nouvelle passion pour le professorat mais aussi sa découverte du paddle board. Elle lui demanda des nouvelles de chacun des membres de l'équipe de Gibbs. Il répondit avec plaisir, en partie soulagé par son apparente absence de rancœur à son égard. Il éclata de rire quand il comprit que la réservation au restaurant avait été faite sous le nom de Ranier. Un excellent souvenir.
Le repas fut délicieux et Ziva rayonnante, pleine d'entrain et terriblement séduisante. En sortant du restaurant, il fut surpris quand elle lui prit la main et l'entraina vers les quais en contrebas. A cette heure tardive, il n'y avait que des couples d'amoureux admirant les remous de la Seine et le clair de lune. C'était romantique à souhait et quand Ziva s'approcha de lui, le regard coquin rivé sur sa bouche, il ne refusa pas son baiser.
Mais il se dit rapidement que c'était une idée stupide et que cela rendrait leur séparation prochaine encore plus douloureuse. Il s'écarta alors légèrement d'elle en lui adressant un regard navré.
Elle est en colère se-dit-il en l'observant, froncer les sourcils.
Elle lui demanda sèchement : "c'est Jeanne, n'est-ce pas ?"
Interloqué par la question, il mît un peu de temps à répondre
« Non et pourquoi me parles tu d'elle? » lui demanda-t-il doucement
« Abby m'a dit que tu la revoyais. » répondit-elle en cachant mal son énervement
« et elle te fait des comptes rendus à distance de toutes mes rencontres » dit-il en levant la voix
« Apparemment pas assez puisque je ne sais pas qui c'est. » lui cria-t-elle
« Il n'y a personne d'autres, Ziva » affirma-t-il fermement
« Menteur » lui dit-elle avant de lui tourner le dos et de partir loin.
Il la rattrapa après être passé à côté de plusieurs couples lui lançant des regards noirs.
Il se positionna devant elle et la força à s'immobiliser.
« Il n'y a pas d'autres femmes dans ma vie, même si je préférais mille fois qu'il y en ait une » lui dit-il sous le coup de l'énervement.
Il regretta immédiatement ses paroles en observant les yeux de Ziva se troubler.
Il n'eut ni le temps de s'excuser ni de la retenir quand elle partit loin de lui, cette fois-ci en courant.
...
