Coucou tout le monde ! Je reviens avec cette fois-ci un three-shot centré sur une relation... ambigüe entre trois garçons carrément sexy sortit tout droit du manga de Tite Kubo-sama ! J'ai nommé Ichigo, Renji, et Grimmjow !
Ah, et sachez aussi qu'il y aura plus de GrimmIchi que de RenIchi.
Chaque partie sera dédiée et racontée par un personnage différent dans l'ordre : La fraise, l'ananas rouge et le bleuté. Nous commençons donc avec Ichigo.
Sachez finalement que cette mini-fiction me tient beaucoup à cœur, déjà parce que c'est la première où je fais des points de vue internes, mais aussi parce que d'une façon, je retrouve un peu de moi dans cette histoire (je ne sais d'ailleurs absolument pas pourquoi).
Toute dernière chose : je les écris au feeling, alors je ne garantis absolument rien. Bonne lecture, et en espérant que ça vous plaise !
Part 1 : Hito...
Encore une journée à penser à lui...
Ça fait maintenant deux mois, deux longs mois que je l'ai vu embrasser cette pétasse et que je l'ai quitté. Deux putains de mois que je loge chez Renji, mon meilleur ami et à présent mon amant. Et deux mois qu'en ouvrant les yeux, tous les matins, je suis surpris de voir une touffe de cheveux rouges au lieu du bleu ciel de ses cheveux à lui.
« Tiens, tu te mets au café ? »
J'interroge Renji du regard. Non, je ne bois jamais de café, je n'aime pas ça. Il me renvoie un regard étonné.
« Ah ! »
Je comprends enfin. Je suis en train de préparer un café, le café que mon ex aimait que je lui prépare, mais malheureusement, personne ne boit de café dans cette maison. L'habitude, sûrement.
« Oui, j'essaie de m'y mettre; je n'ai pas très bien dormi, cette nuit, alors j'ai peur de tomber de fatigue, au boulot ! »
Mensonge, toujours. Notre relation est basée sur ça. Je lui mens, il me ment, tout va bien.
Je ne veux pas le faire souffrir. Je ne veux pas lui avouer que je regrette d'avoir quitté Grimmjow et d'être sorti avec lui sur un coup de tête. De toute façon, ça ne servirait à rien. Il vaut mieux qu'on reste ensemble, que j'apprenne à l'aimer, qu'on vive ainsi.
Mais peut-on vraiment apprendre à aimer quelqu'un comme on apprendrait une leçon ? Peut-être, peut-être pas. Dans tous les cas, j'aurai essayé...
« T'es sûr que tu vas bien, en ce moment, Ichi ? »
Non. Ne m'appelle pas comme ça. Seul lui a le droit d'utiliser ce diminutif, parce que c'est lui qui l'a inventé, il l'a trouvé pour moi, alors tu n'as pas le droit de le lui voler !
« Oui, oui, ça va... Un peu fatigué, c'est tout...
-Sûr ?
-Sûr. »
Renji se tait, contrarié. Il sait que je lui mens, mais il ne me dit rien. Il ne hurle pas, il ne brise pas la vaisselle, ne m'agresse pas. C'est bizarre...
Bizarre ? Non.
Il n'est juste pas comme lui. Renji est doux, aimant, chaleureux, attentionné. Il dit ce qu'il pense haut en fort, il n'a pas peur de me sortir des choses nunuches, de me serrer contre lui, de m'embrasser doucement, de me traiter comme une poupée en porcelaine. Pour lui, c'est normal. Ce sont des gestes, des paroles parfaitement normales pour un mec amoureux.
Renji ne m'a jamais frappé. Il est incapable de ne pas me parler quand on fait l'amour. Il n'est pas jaloux pour un rien. Il me laisse sortir quand je veux, ne casse pas toute la baraque pour un oui ou pour un non, n'est pas possessif.
Pourtant, j'ai l'impression de voir Grimmjow quand il parle, Grimmjow quand il s'énerve, Grimmjow quand il fume, Grimmjow quand il joue. Il sourit comme Grimmjow, hurle comme Grimmjow, a autant de tact que Grimmjow...
J'ai mal quand je me dis que je l'utilise pour oublier mon bleuté. J'ai mal quand je me dis qu'il le sait très bien, qu'il l'accepte en espérant qu'un jour, peut-être, il aura autant de place dans mon cœur que ce salaud qui m'a trompé avec deux obus sur pattes.
J'ai mal quand je me dis que je suis tombé fou amoureux de cet homme immonde, et que, malgré tout ce qu'il m'a fait, j'ai envie de revenir vers lui. Je ne peux pas l'oublier, je ne veux pas l'oublier.
Ses mains, sa bouche, ses yeux, ses moments de tendresse, ses excès de colère, ses phrases déplacées, rien ne veut sortir de ma tête.
« Bon, aller, c'est l'heure ! On se voit ce soir ? »
Renji m'embrasse futilement, un sourire aux lèvres, et s'en va en fermant doucement la porte.
Il m'a accueillit, m'a déclaré sa flamme, m'a donné et prêté tout ce qui est possible de donner et de prêter, a séché mes pleurs jours et nuits, même s'il travaillait le lendemain, m'a emmené à gauche à droite pour me faire oublier mes malheurs, mais je n'ai jamais rien pu lui rendre.
Est-ce ma faute ? Est-ce donc ma faute, si cet enfoiré aux yeux envoûtants m'a emprisonné dans un véritable capharnaüm de sentiments trop fort pour moi ? Est-ce donc ma faute si je n'ai pas pu tomber amoureux de celui que je considérais comme mon meilleur ami ?!
Sûrement...
Après tout, ce n'est pas comme si je n'avais pas pu. Je ne voulais juste pas voir Renji comme un potentiel amant. J'ai pourtant plusieurs fois fantasmé sur lui. J'ai plusieurs fois pensé qu'il était mignon et bien fait. Qu'il était gentil et aimant. Qu'il était amusant. Le parfait amant, quoi !
Mais Grimmjow est arrivé comme une bombe dans ma vie. Et je ne voyais que lui, je ne pensais qu'à lui. Il n'y allait pas de main morte; me tripotant en public, susurrant à mon oreille un tas de compliments assez osé que je ne pourrais même pas citer, me souriant comme un prédateur poursuivant sa victime.
Et je suis naïvement tombé dans son jeu.
J'ai commencé à lui répondre, à le provoquer, à lui sourire hautainement, persuadé qu'il ne m'aurait jamais. Ce que je ne savais pas, c'est que j'étais déjà dans ses filets.
Ça s'est manifesté en premier par des ''Est-ce que Grimmjow viendra au bar, aujourd'hui ?'' Je travaillais comme serveur, et il était un habitué. Il venait au moins une fois par semaine.
Puis, par des rougissements prononcés au moindre commentaire ou regard un peu trop appuyé. J'ai ensuite commencé à rêver de lui, d'abord juste à des petites sorties entre ''potes'', mais mes rêves devinrent beaucoup plus prononcés avec le temps.
Je sirote le café bien trop amer pour moi, grimaçant en sentant le goût âpre me retourner les papilles. Et je me remets à penser.
Au tout début, je n'ai pas voulu y croire. Je me pensais à cent pour cent hétéro, incapable d'embrasser le moindre homme, de coucher avec un individu du même sexe.
Il a tout bouleversé.
Un soir où il avait bu un verre de trop, il s'est approché au moment où j'allais fermer, m'a pris dans ses bras, calé de sorte à ce que je ne puisse pas bouger comme je le veuille, et m'a embrassé doucement. Ça avait le goût du whisky et de la cigarette, deux choses que je déteste radicalement, mais c'était incroyablement bon.
Je me suis enfuis comme un imbécile dans l'arrière boutique dès le moment où il m'a relâché, aussi rouge qu'une tomate trop mûre. Mais il ne s'est pas arrêté là, il m'a attendu à la sortie du bar et m'a plus ou moins obligé à venir chez lui. Je m'en rappelle, c'était un vendredi.
J'étais gêné, j'avais un peu peur, mais j'étais heureux. Il m'a murmuré qu'il m'aimait, je me suis foutu de sa gueule, il est entré dans mon jeu.
« J't'aime, Ichi...
-Ah mais parce que t'es capable de dire quelque chose comme ça, toi ?
-Justement. Tu d'vrais en profiter parc'que j'suis un peu pompette, là. »
Il était saoul. Mais c'était bien comme ça, parce que les gens saouls ne peuvent pas mentir. Enfin, ça, c'est ce que j'avais toujours cru.
« Je ne veux pas d'une histoire de cul. Lui avait-je énoncé, les sourcils froncés.
-J'en veux pas non plus. En tout cas, pas avec toi. J'veux bien plus que ton cul : j'te veux tout entier. »
Cette phrase m'avait surpris, et j'en rougis encore aujourd'hui. Je crois que c'est à ce moment-là que je me suis dit : ''Ouais, je l'aime vraiment.'' Plus rien n'avait d'importance. J'ai moi-même décidé à ce moment-là de m'abandonner à lui, peu importe ce qui arriverait dans le futur.
Nous avons commencé une relation. Je n'écoutais personne, autour de moi. Ni mon père, qui pensait que Grimmjow était un mauvais garçon, ni Orihime, qui me tournait toujours autour en me faisant la morale, ni même Rukia, ma meilleure amie, qui m'énonçait la mauvaise réputation de Grimmjow en ce qui concernait les relations amoureuses.
Seul Renji ne m'a rien dit. Il était content pour moi, il ''s'en doutait depuis le début''.
« Sois heureux. Qu'il m'avait dit. »
J'ai vite découvert que Grimmjow avait beaucoup de défauts. Il était possessif, incroyablement jaloux pour tout et pour rien, violent et égoïste.
Il ne disait jamais pardon, jamais merci, jamais s'il te plaît. Il n'aimait pas que je voie Rukia et Orihime, parce que c'était des filles, et il n'aimait pas que je côtoie Renji, Ikkaku, Ishida et Chad parce qu'ils étaient des garçons.
Il m'empêchait des fois de sortir dehors, prétextant avoir peur que je le trompe, pouvait passer des heures entières sur la télévision à me hurler dessus pour que je nettoie la maison plus vite, et il lui arrivait de ne rien exprimer du tout pendant une séance de sexe, s'appliquant à faire ce qu'il avait envie de faire.
Ce n'était pas rare non plus qu'il essaie de me forcer, mais je n'avais jamais laissé passer cela, et il avait appris que ça ne marcherait jamais.
Durant ses crises de folies meurtrières, dans lesquelles il s'énervait contre moi pour trois fois rien, il s'exerçait au cassage de vaisselle, donnant souvent des coups dans les meubles et sur les murs.
« Tu m'fais chier, Ichi ! Hurlait-il en lançant la porcelaine dans tout l'appartement, aveuglé par la colère, des gestes exagérés animant tout son corps. J'te déteste, j'te hais, t'es qu'une sale petite pute incapable de faire quoi qu'ce soit ! Va t'faire foutre, salope ! »
Puis, une fois calmé, il revenait vers moi qui m'étais mis à pleurer en me promettant qu'il ferait tout pour changer.
Je voyais dans son regard qu'il était sérieusement touché lui-même. Il tremblait, bégayait, me serrait dans des bras incertains et partait racheter la vaisselle et réparer les meuble cassés.
Les premiers temps ont été très difficile, mais plus le temps passait, et plus il faisait des efforts. Tellement que ça m'arrivait de rentrer sans avoir une seule chose à faire dans la maison, les assiettes lavées et rangées et le sol balayé et lavé de fond en comble.
Mais pour la jalousie, rien ne s'arrangeait. Jusqu'au jour où il ne m'a plus rien dit du tout.
« Tu vas où ?
-Chez Renji.
-Ah, ok. »
Ce n'était pas normal. Ce n'était pas normal, bon sang ! Qu'il change comme ça en quelques jours, ça n'avait rien de normal ! Mais comme un imbécile, j'ai laissé. Et un jour, dans un bar, je l'ai retrouvé à embrasser une femme blonde avec deux ballons à la place de la poitrine.
Et j'ai pété un plomb.
Je me suis enfui, j'ai trouvé refuge chez Renji, qui m'a aidé comme personne ne l'aurait fait. Il m'a avoué qu'il m'aimait, et j'ai accepté d'avoir une relation avec lui.
Je ne saurai dire si c'était une grave erreur ou non.
Ça m'a consolé, certes, mais ça m'a aussi fait comprendre que ce n'était pas Renji, que j'aimais. Je suis trop attaché à mes habitudes avec Grimmjow.
« Je te fais un café ?
-Non, un thé m'ira.
-Ah, oui, c'est vrai que tu bois pas de café, désolé... ! »
…
« Tu veux des céréales ?
-Euh... En fait, j'aime pas trop ça, Ichi.
-Ah, oui, désolé... »
…
« Joyeux anniversaire, Renji !
-Oh, merci, c'est trop gentil, Ichi ! Ah, tiens ? Tu m'as préparé un gâteau ?
-Ouais ! Une tarte aux pommes ! »
''Ton gâteau préféré !''.
Voilà la réplique que j'avais voulu lancer à ce moment-là. Mais la tarte aux pommes était le gâteau préféré de Grimmjow, et non pas de Renji...
Même en sachant parfaitement cela, Renji avait quand même répondu, rayonnant de joie :
« Merci, Ichi, t'es vraiment trop mignon ! »
Huit heure... Bon, aller. C'est l'heure d'y aller.
« Je suis rentré ! Lance Renji du fond de l'entrée, voyant la lumière de la cuisine allumée. T'es toujours pas couché, Ichi ? »
Non. Je n'arrive pas à dormir.
« Non, je t'attendais ! »
Encore un mensonge ignoble... J'ai l'impression de m'enfoncer de plus en plus profondément dans les abysses du ridicule, de l'atrocité, à chaque mensonge que j'essaie de lui faire avaler.
« Oh, bah fallait pas ! Tu vas être crevé, demain !
-Tant pis. De toutes façons, demain, on est samedi.
-Tu veux qu'on fasse quelque chose, alors ?
-Pourquoi pas ? Mais pour l'instant, on va manger, d'accord ?
-Bien sûr ! J'ai hâte de goûter à ce que tu nous as préparé ! »
Je mets la table rapidement, aidé par Renji. Nous mangeons en silence, s'attaquant finalement au dessert.
« Au fait, qu'est ce que tu faisais, seul dans la cuisine ? Me demande enfin le rouge.
-Je regardais la lune... »
Son regard s'assombrit. Je ne comprends pas ce que j'ai bien pu dire, et j'ai soudain peur qu'il prenne une crise de violence. Mais Renji ne prend jamais de crise de violence, il est toujours impeccablement calme.
Il se remet à sourire, plutôt tristement.
« Ça doit être dur, non ? La lune est belle, elle brille d'un éclat rassurant, fin et attentionné, mais elle n'est malheureusement regardée que par des gens qui n'arrivent pas à fixer le soleil en face, le jour venu. Parce que celui-ci est vil, il attaque les yeux, il éblouit, rend aveugle quelque secondes, mais il réchauffe comme personne d'autre ne peut le faire... On a toujours l'impression qu'on ne pourra jamais l'atteindre, alors que la lune semble à portée de mains. »
...Je rêve où il est en train de se comparer à la lune et de comparer Grimmjow au soleil ?
« Mais tu sais, finalement, il vaut mieux viser le soleil, parce qu'après tout, la lune n'existe-t-elle pas grâce à minable reflet ? »
J'écarquille les yeux, surpris. Il continue de me sourire tristement, de ce sourire qui veut dire ''on ne peut rien y faire'', ce sourire qu'il avait quand il a su que je sortais avec l'affreux Grimmjow Jaggerjack, avec ce soleil rayonnant de milles couleurs...
Je me mets à pleurer. Je ne sais pas pourquoi, ni même comment, mais sa douleur me transperce le cœur, et l'envie de revoir mon bleuté me serre la gorge comme jamais depuis ces deux mois.
Il ne fait rien, il reste tranquillement assis en face de moi, ayant presque pitié de me voir dans un tel état alors que c'est plutôt lui qui devrait se mettre à pleurer !
« Depuis que vous vous êtes quittés, j'ai rencontré Grimmjow plusieurs fois. Aujourd'hui en était une. Il dit t'avoir envoyé des centaines de messages et essayer de t'appeler tous les jours sans exception. D'après lui, c'est un gros malentendu. Il est allé aider un ami dans son bar, et pendant sa pause, cette blonde l'a abordé et embrassé sans qu'il n'ai pu rien faire. Et il fallait que tu te trouves là au mauvais moment. »
Les larmes coulent, je n'arrive pas à m'arrêter. J'ai peur d'entendre ce qui va suivre.
« À chaque fois, il me dit de te dire qu'il t'aime, mais... je sais pas ! Je voulais te garder avec moi, j'voulais pas que tu retournes avec lui, même si je savais très bien que tu en as toujours crevé d'envie... Franchement, j'ai vécu les deux mois les plus beaux de ma vie, mais je ne veux pas que tu te terres dans un coin. Je sais très bien quand tu mens, je sais très bien que tu ne dors pas, je te connais par cœur, Ichigo. »
Le silence. Je ne peux rien dire. Je pleure, tout simplement, tout bêtement. Ce n'est pas plus compliqué. Renji est vraiment trop gentil. Il savait qu'il allait me perdre si jamais il laissait passer ça, mais il l'a dit quand même. Je n'ai fait que lui mentir, moi, l'ami et bien plus, qu'il a dû accueillir, loger, nourrir et blanchir, et il trouve encore la force de m'aimer sérieusement et de me dire toute la vérité.
Je me dégoûte moi-même.
« Aujourd'hui, il était prêt à me taper. Il a appris récemment que nous sortions ensemble. Il était ivre de colère. Mais il n'a rien fait. Peut-être parce qu'il s'est dit que j'étais ton meilleur ami, que c'était moi et moi seul qui t'avais aidé à te sortir du désespoir dans lequel tu t'étais enfoncé ? Je ne sais pas. Il ne m'a rien dit. Il est juste tombé à genoux, lasse, et m'a demandé d'une voix épuisée de toute te dire une fois pour toute, sans quoi il viendrait frapper à ma porte pour te voir. »
Moi qui croyais qu'il m'avait oublié !
Eh bien non. Il attendait que je fasse quelque chose. Il ne voulait plus jouer le bourrin jaloux et égoïste, il voulait que je me calme avant de revenir. Et moi, comme un con, je n'ai même pas voulu allumer mon portable de peur de vouloir lire ses messages d'explications douteuses.
Je suis un connard. Je ne l'ai pas cru, je l'ai ignoré royalement comme je l'aurait fait pour quelqu'un que je connais depuis peu.
Je me dégoûte.
« Ça me tue de devoir te dire ça, mais je crois qu'il t'aime vraiment. Il avait des cernes sous les yeux, il ne devait pas avoir beaucoup dormi. Et franchement, je n'ai jamais vu autant de tristesse dans les yeux de Jaggerjack, c'était impressionnant. »
Renji s'arrête un instant, cherchant ses mots, puis reprend :
« Je ne veux pas te virer. Tu peux rester autant de temps que tu veux dans cette maison, je t'accepte avec plaisir. Mais je ne veux plus que l'on sorte ensemble sans raison. C'est à sens unique, j'en suis conscient. L'amour ne vient pas comme ça, j'ai bien trop espéré voir enfin une flamme pareille à la mienne dans tes yeux, en vain... Je ne veux plus me faire des idées, Ichigo. »
Je ferme les yeux, honteux. J'ai regardé les lueurs de la lune en ne pensant qu'au soleil, je me suis nourri de ce reflet pendant plus d'un mois et demi, comme un renard remplacerait le lièvre perdu à un mulot naïf et sans défenses aucune.
J'ai accepté un amour que je ne pouvais pas entretenir, et Renji a tout pris sur lui, jusqu'à me dire qu'un autre m'aimait plus que lui et m'attendait.
Ça doit juste être horrible.
Je suis horrible. J'en ai conscience.
Parce que je m'apprête à rejoindre quelqu'un de bien moins gentil que mon Renji, mon meilleur ami de toujours qui nourri pour moi des sentiments immuables et sincères. Parce que je l'ai utilisé, lui et ses sentiments si purs, et qu'il ne m'en veut pourtant pas.
Je fond une nouvelle fois en larmes, dépassé par tant de douleur et de bonheur, répétant inlassablement à ce si bon ami qui ne m'a jamais tourné le dos, quelque soit la situation dans laquelle j'étais :
« Désolé, Renji, j-je suis tellement désolé ! J-je l'aime, je l'aime trop fort, je suis désolé... »
Et, me prenant dans ses bras, Renji me répond :
« T'en fais pas, Ichigo. C'est pas grave. De toute façon, je savais au fond de moi que ça allait finir comme ça. J'te souhaite juste d'être heureux. Si tu l'es pas, je vais regretter de t'avoir laissé partir, aujourd'hui. Je t'aime, Ichi, je t'aime depuis que je t'ai rencontré. Alors, ce n'est pas aujourd'hui que je vais te laisser tomber, rassure-toi ! Va plutôt allumer ton portable pour voir si ce que l'autre m'a dit était vrai. »
Je me lève, essuyant mes yeux ruisselants, et vais chercher mon appareil qui, depuis deux mois, est resté obstinément éteint. Je l'allume en tremblant un peu, et tape le code sur les touches floues, attendant qu'il s'allume complètement.
Renji, à côté de moi, essaie de tourner les résultats au comique :
« Waaaahou ! Cent quarante huit messages et plus de soixante appels manqués ! »
Une bonne dizaine de messages sont de Rukia, deux autre, de mon père, mais tout le reste est de Grimmjow. Pour ce qui est des appels, deux de Rukia, six de mon père, tous les autres de mon bleuté.
Je ne sais pas quoi faire...
« Vas-y, appelle-le ! Me conseille Renji, me voyant fixer bêtement la liste des appels en absence. Moi, j'vais sur le balcon deux minutes. »
Il empoigne son paquet de clope et me laisse seul dans la cuisine. Je sens une bouffée de culpabilité envahir mon être. Renji ne fume que quand il ne va pas très bien. Et là, c'est de ma faute. Je suis vraiment bête...
Néanmoins, je sais très bien que ça va lui faire de la peine, si je n'appelle pas maintenant. Il est dix heures, mais tant pis, je tente quand même.
Je clique sur ma liste de contactes. Grimmjow est le tout premier, nommé ''Amour''. On dirait vraiment une adolescente en pleine puberté, des fois...
J'appuie doucement sur le bouton appeler, tremblant de tous mes membres. J'essuie une dernière fois mes larmes, stressé et anxieux. Finalement, une voix grave bien trop connue me répond :
« Allo ?
-A-allo ? Je te dérange ?
-I-Ichi, c'est toi ?!
-O-ouais...
-Oh putain Ichi j'suis trop désolé ! La dernière fois, c'que t'as vu au bar, c'était qu'un gros malentendu ! J'aidais Ulquiorra depuis quelques jours parce qu'il me l'avait demandé, et comme je sais qu'tu l'aimes pas trop, bah j'ai rien dit pour pas t'inquiéter. Mais pendant ma pause, cette salope trop bourrée m'a embrassée et-
-Oui, je sais, Renji m'a raconté.
-Vrai, il a t'nu sa promesse ?
-Ouais... »
Moment de blanc.
« Ichi ?
-O-oui ?
-Tu m'manques trop... Putain, j'ai vraiment été trop con, pendant tout c'temps, à t'traiter comme une merde alors qu'en fait, j't'aime comme un malade... »
Ça y est, je me remets à pleurer. Je suis une lavette. Mais c'est la première fois depuis ce jour où il était bourré qu'il me dit qu'il m'aime.
« J-je croyais que tu n'avouais jamais tes sentiments à personne ?
-T'es pas personne, Ichi. J'veux juste qu'tu r'viennes, j'te jure que plus rien n'arrivera. Plus jamais j'te taperai, plus jamais j'défonc'rai la baraque, plus jamais j'serai jaloux, promis ! J't'aiderai quand tu l'voudras, j'te dirai je t'aime tous les jours s'tu veux... Alors s'te plait, Ichi, reviens... J'arrive pas à vivre sans toi...
-Je suis désolé, Grimmjow, de ne pas t'avoir cru et de t'avoir ignoré pour rien... J'ai été bête, tellement bête...
-C'est aussi d'ma faute, t'sais... J'peux v'nir t'chercher maint'nant ? »
Je passe un coup d'œil à Renji qui me regarde maintenant avec tendresse.
« Pas de problème.
-Ok, alors j'arrive. À toute, berry. »
Et il raccroche.
« Alors c'est bon, il arrive ?
-Ouais...
-Bonne chance, alors.
-Merci pour tout ce que tu as fait, Renji, tu es vraiment une personne incroyable.
-Mouais... Dis plutôt qu'j'suis trop gentil ! »
Je souris. Je vais retourner avec Grimmjow. Je vais revoir celui que j'aime.
« Tu veux que je te donne quelque chose, en échange du temps que tu m'as gardé chez toi ?»
Il s'approche de moi, la cigarette à la main. Il sait que je n'aime pas ça, mais il a l'air de s'en foutre. Après tout, il est chez lui, non ? Il empoigne avec la douceur qui le caractérise mon épaule gauche pour déposer doucement ses lèvres sur les miennes, dans un contact fébrile. Je suis surpris, j'ai l'impression de tromper Grimmjow.
S'éloignant avec un sourire triste, il retire une taffe et repart sur le balcon, me lançant au passage :
« Ce que je viens de te voler sera largement suffisant. Allez, va vite regrouper tes affaires, il va pas tarder à être là. »
J'obéis, le laissant seul avec sa tristesse et sa nostalgie. Je suis un gros con. Mais je ne peux pas abandonner Grimmjow, c'est impossible.
Arrivé dans la chambre, je remarque le lit sur lequel j'ai dormi depuis deux mois. Nos soirées jeux vidéos, nos moments de confessions, et même nos rares moments intimes se sont passés dessus. Et, à présent, je vais devoir quitter cette maison.
Mais après tout, ça ne pouvait pas en être autrement, hein ?
Je range mes affaires avec empressement. Un flot de sentiments contradictoires m'assaillit.
J'ai envie de partir d'ici maintenant. Mais en même temps, j'ai envie de rester. Je m'y suis habitué, avec le temps, à ce petit appartement accueillant et à tous ses meubles. Mais j'ai tellement envie de retrouver ma maison à moi, avec mes armoires, mon canapé, ma cuisine, mon lit... Ou plutôt devrais-je dire ''notre'', parce que sans lui, plus aucun de ses meubles n'auraient de sens.
Je suis encore sous le choc de ce dernier baiser que j'ai échangé avec mon ami d'enfance. C'était un baiser d'adieu... Enfin, je crois.
La sonnette de la porte retentit enfin, et j'entends Renji aller ouvrir, criant un ''j'arrive'' lasse, presque agacé.
Je me dépêche de ranger mes derniers habits et me précipite vers l'entrée, mes deux valises dans les mains.
« Grimmjow ! »
Il est là, juste en face de moi. Aussi beau, aussi resplendissant que quand je l'ai quitté, il y a deux mois de ça. Aussi resplendissant ? Non. Il a des cernes, sa peau est plus pâle, ses yeux ont perdus leurs reflets combattifs. Renji ne m'avait pas menti. On dirait qu'il n'a pas dormi depuis au moins deux semaines.
Je m'en veux...
C'est de ma faute. Tout est de ma faute. Renji va avoir mal, par ma faute. Grimmjow a souffert à cause de moi. Je suis bête, des fois.
Une douce chaleur m'étreint sans que je ne m'en rende compte, chassant toutes mes sombres pensées, et je lâche mes valises de surprise.
« Ichi... Putain, Ichi, comment tu m'a manqué... ! T'peux même pas imaginer !
-Plus jamais...
-Hein ?
-Plus jamais je ne partirai comme ça sans écouter ce que tu as à me dire... »
Il sourit, enlève mes larmes avec sa main, si douce et si rugueuse à la fois, et me répond en rigolant :
« Tu partiras plus jamais tout court ! Sinon j'vais crever, moi ! T't'rends compte que j'ai pas pu manger un d'tes plats pendant deux mois, et qu'ça fait des s'maines qu'la première chose que j'fais en me l'vant, c'est d'regarder mon portable dans l'espoir d'une réponse ? J'suis perdu, sans toi ! »
Il se remet à me serrer contre lui, tremblant, et murmure à mon oreille :
« J't'aime comme un fou, p'tite fraise... »
Je suis mal pour Renji. Il regarde, il ne peut rien faire. Je ne voudrai pas être à sa place. Ça doit être dur.
Je veux m'en aller. Appeler Rukia pour lui dire de passer ''à l'improviste'' chez Renji. Pour ne pas qu'il se sente seul.
Je suis cruel...
« Moi aussi... Je chuchote à l'oreille de Grimmjow. Je t'aime très fort. Maintenant, allons-y, je ne veux pas faire souffrir Renji une minute de plus. »
Il s'écarte de moi, me jaugeant du regard. Puis, il s'approche de Renji, qui regardait la scène d'un œil distrait, et frappe gentiment son épaule, les yeux sérieux.
Pendant deux minutes, j'ai cru qu'il allait vraiment le taper !
« J'te dirai pas qu'j't'en veut pas d'être sorti avec Ichi et d'avoir, j'm'en doute bien même si ça m'dégoûte, couché avec lui, mais j'te r'mercie de lui avoir fait passé l'message. C'était vraiment sympa, même si ça m'arrache la gueule de l'avouer. »
Renji écarquille les yeux en même temps que moi. Grimmjow vient de remercier quelqu'un. Non, mais Grimmjow vient de remercier quelqu'un, quoi ! C'est juste incroyable !
Je n'arrive pas à croire que c'est moi qui l'ait autant changé.
Renji ferme les yeux, et répond d'une voix calme :
« ''De rien'', c'est ce que je devrais te répondre, je le sais bien. Mais je ne peux pas, tu vois. Tu m'as enlevé la seule chose que je désirais avoir, que je désirais chérir et posséder. Donc la seule chose que je te demande, (il rouvre alors ses yeux semblant lancer des éclairs) c'est de ne pas le blesser une deuxième fois. »
La tension monte encore d'un cran, pendant que mon meilleur ami et techniquement mon ex plonge son regard rougeâtre dans le bleu ciel des prunelle de mon amant, tous deux semblant s'envoyer des ondes électriques.
« T'inquiète, ça risque pas d'arriver, l'ananas ! Lance enfin Grimmjow en détournant finalement son regard pour se diriger vers mes deux valises qu'il empoigne rapidement. Bon, on y va, Ichi ?
-O-oui, oui ! Allons-y ! Merci beaucoup, Renji, de m'avoir accueillit pendant deux mois, c'était vraiment très gentil ! Et... désolé pour tout. »
Il sait de quoi je parle. Il devrait me haïr pour ce que je lui ai fait. Mais il n'y a aucune trace de méprise dans ses yeux, et il me répond, confiant et souriant :
« T'inquiète ! Faut bien s'aider, entre ami ! Si t'as besoin de revenir, ma porte est toujours ouverte ! »
Je lui souris, nous nous disons à nouveau au-revoir, et je m'en vais, Grimmjow à mes côtés.
« Tu sais, je peux en prendre une, si tu veux, ça doit être lourd...
-Tais toi, et avance. Tu vas finir par t'casser la gueule dans les escaliers, et franchement, j'ai plus envie de rentrer tranquillement à la maison que d'aller direct à l'hosto, fraisy ! Surtout après tout ce qui s'est passé. »
Son ton est un peu brusque, mais pas méchant. Je rigole intérieurement, sachant que j'ai retrouvé mon Grimm à moi. Nous arrivons à la voiture, et Grimmjow ouvre la porte avec ses clés, mettant les deux valises dans le coffre. Je l'attend sur le siège avant, il s'installe, démarre. Nous rentrons enfin à la maison. Enfin. Et ensemble.
Dès que la voiture a tourné après le premier carrefour, j'empoigne mon portable.
« Qu'est c'que tu fais ? Me demande Grimmjow, curieux.
-J'écris un message à Rukia. Ce soir, je ne veux pas que Renji soit seul, du coup, j'aimerai qu'elle passe par hasard par là-bas et qu'elle le console un peu...
-Pfff... T'es vraiment trop gentil, Ichi ! »
Je ne répond rien. De toute façon, il n'y a rien à répondre. Et puis, je ne vais pas m'engueuler avec lui alors qu'on vient tout juste de se remettre ensemble, ça serait débile.
Je tape mon message, essayant de me réhabituer à ce clavier que je n'ai pas touché depuis bien deux mois, et j'envoie.
« Salut, Rukia ! Tu sais quoi ? Je viens de me remettre avec Grimmjow. Je sais que tu vas me faire la tête, mais qu'est ce que j'y peux ? Je l'aime, cet imbécile. Donc ce soir, tu pourrais passer juste par hasard chez Renji et le consoler, s'il te plait ? Je ne peux pas le faire, moi. Alors s'il te plait, fais-le à ma place. Ciao ! »
Et la réponse ne se fait pas attendre. Quelques secondes après, mon amie me répond.
« T'es un vrai imbécile, paysan ! T'as un gars fou de toi et super aimant qui te connait par cœur, et tu choisis le type dépressif et jaloux comme tout... Et pour Renji, je m'en occupe. Pas que pour toi, aussi parce que c'est un ami auquel je tiens beaucoup. Ah ! Et une dernière chose : la prochaine fois que tu réponds pas à mes messages pendant deux mois, j'te jure que je t'envoie mon frère. Pigé ? Bisous, Rukia. »
Je ris intérieurement. Rukia n'est pas fâchée. Je sais lire entre les lignes, et là, c'est écrit ''fais ce que tu veux, je m'en fous''. Par contre, l'allusion avec son frère n'est pas vraiment à mon goût ! Byakuya est vraiment flippant, comme type !
Finalement, la voiture s'arrête et je me rends compte qu'on est enfin arrivé. Je sors, regardant Grimmjow sortir mes deux valises sans rien faire. Ce n'est pas que je ne veux pas l'aider, mais je sais qu'il va s'énerver, si je l'aide. Alors autant le laisser faire.
Il verrouille son véhicule, et nous nous enfonçons dans l'ascenseur sans dire un mot. Mon bleuté pose ses deux paquets au sol et appuie sur le bouton du troisième étage. Enfin, je vais pouvoir revoir mon chez moi.
Mais à peine les portes se sont-elles fermées qu'il me saute littéralement dessus, me collant au mur le plus proche, pour m'embrasser langoureusement. Il contrôle la danse, écrasant possessivement sa langue contre la mienne. C'est bestial, sensuel... C'est du Grimmjow tout craché.
Un flot de sentiments m'envahit, et même si j'ai du mal à me l'avouer, ses baisers m'ont incroyablement manqués. Cette sensation d'être complètement à la merci de quelqu'un, je ne l'ai jamais ressentit autre part qu'avec Grimmjow.
Une fois le baiser cassé, il me prend dans ses bras, front collé contre mon épaule, et me murmure :
« J'te préviens, pense même pas à t'en tirer comme ça, c'soir ! J'vais t'décontaminer, moi ! »
Se retirant, il me contemple avec un regard blessé, jaloux.
« 'Tain ! J'arrive même pas à croire que t'ai pu coucher avec c'mec ! Et moi qui ais touché personne pendant deux mois ! J'aurai mieux fait d'aller aux putes !
-T-tu.. T'as rien fait pendant deux mois ?!
-Tu m'prends pour qui ? Y'en a qu'un seul qu'j'aime, et c'toi. C'pour ça que c'te nuit, t'es à moi. »
Je rougis, encore une fois. Nous continuons à nous embrasser jusqu'à ce que l'ascenseur s'arrête. Nous nous dirigeons vers notre logement. Une fois la porte franchie, je sais très bien que plus rien n'aura d'importance. Et bizarrement, j'ai de plus en plus envie de rentrer dans cet appartement qu'est le nôtre.
Il me lance la clé, j'essaie de l'insérer dans la serrure sans penser à ce souffle qui m'émoustille l'oreille et à ces mains qui explore et titille mon corps par-dessus mes vêtements.
Il m'a manqué. Son sourire m'a manqué. Ses deux prunelles bleues m'ont manquées. Sa voix m'a manquée. Et son corps m'a manqué. Terriblement, même.
La porte s'ouvre enfin sur un lieu propre, rangé. Et moi qui aurai cru qu'il n'aurait pas pu tenir deux mois tout seul ! Grave erreur, Ichigo. Grimmjow a mûri. Beaucoup, même.
Nous nous engouffrons à l'intérieur avec empressement, arrachant la clé de la serrure pour pouvoir enfin fermer la seule ouverture qui nous relie à la réalité. Une fois que le claquement sonore retentit dans tout l'HLM, nous nous déconnectons complètement.
Cette nuit va être longue, très longue, même. Foi d'Ichigo Kurosaki.
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE.
Ehh nan ! Pas de lemon ! X) Juste un petit, un mini lime. D'une phrase.
Gomenasaï ! ;)
J'espère tout de même que ça vous a plu, et sachez que la suite est déjà très très avancée ! X) Si je me magne, je peux la poster d'ici une ou deux semaines.
Une 'tite review ? *^*
