Salut à vous belle compagnie !

Je sais que ça fait un bail mais je passais dans le coin et vu que j'avais un peu de temps devant moi je me suis motivée à finir et relire cette histoire que j'avais commencé à publier une fois. On se retrouve donc pour un bon vieux FLight avec cette fiction que je ne peux vraiment qualifier d'OS car elle est quand même assez longue mais qui en tout cas à la base, n'a pas été rédigée en chapitres. J'espère qu'elle vous plaira.

Je vais dire juste quelques mots dessus en guise d'avertissement au public, donc si vous ne voulez absolument pas savoir à quoi vous attendre, ne lisez pas ce qui va suivre :

Cette histoire va sans doute vous sauter aux yeux comme un univers alternatif, mais (haha) je ne peux pas en dire plus. J'aurais pu inventer des personnages mais j'ai tellement pris de plaisir en l'écrivant à jouer avec tous ces échos et références à l'univers de FFXIII que j'ai préféré incorporer des personnages des autres FF, pour le fun. Sachez que ce sera normal de ne rien comprendre à l'issue de cette première partie, en cela, vous saisirez pleinement la situation de Lightning ! Bref, pas d'inquiétudes, tout finira par s'éclaircir.

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et vous retrouve à la toute fin :)

Crédits image couverture : Anka Zhuravleva


"Le spectacle est incroyable. L'admiration est au rendez-vous, surtout si nos souvenirs remontent jusqu'à il y a une dizaine d'années où se profilait déjà pour ces artistes un avenir glorieux..."

« Je crois qu'on devrait faire quelque chose. »

"…le gouvernement ne cache d'ailleurs pas sa fierté sur le sujet puisque le ministre de la culture lui-même est venu rendre visite aux artificiers en charge. Accompagné du maire, il a tenu à s'entretenir personnellement avec eux, afin, d'après ses dires, de les remercier pour leur admirable travail."

« Je ne sais pas. Elle n'aime pas qu'on se mêle de ses affaires. »

« C'est son cinquième café de la matinée, on ne devrait pas s'inquiéter ? »

"Bien sûr, c'est une région dont la production viticole est en difficulté de nos jours, mais rien n'indique que la prochaine saison ne la verra pas en tête d'affiche et peut-être même primée."

« Tifa, si elle veut en parler, elle le fera. Ça ne sert à rien de lui forcer la main. Et puis, elle n'a pas vraiment l'air de mal le vivre. »

« De mal le vivre ? On parle bien d'une rup… Laisse tomber. Je vais voir ça avec les autres. »

"On dénombre, rien qu'en cette journée, une trentaine de victimes suite à un attentat à la bombe dans une ville en marge du nom de…"

« C'est une très mauvaise idée. »

« Tu es un trouillard Cloud. Elle t'intimide, avoue-le. »

"…les défenses en place sont évidemment insuffisantes, voire inexistantes. La population est livrée à elle-même : « nous sommes des cibles ambulantes » clame même un père de famille, qui survit comme il peut depuis l'embargo de son pays et le début des hostilités."

« Elle nous a repéré. »

« Okay dispersion. »

La jeune femme posa le journal qu'elle était en train de feuilleter distraitement sur son clavier et observa les trois individus se séparer. Elle soupira puis attrapa le mug blanc qui reposait sur sa gauche. Elle but une gorgée d'un liquide brun chaud et sombre, légèrement amer, comme elle l'aimait. Elle tourna la page suivante sans grande conviction. C'était leur dernière édition en date et elle était loin d'être satisfaite de ce qu'elle avait fait, comme à peu près à chaque fois. Elle était rarement satisfaite, même si on ne cessait de la féliciter pour son travail.

« Hé Lightning. »

L'interpellée sursauta.

« Désolée, je ne voulais pas te surprendre. »

« Ce n'est rien, j'avais la tête ailleurs. »

Son interlocutrice était une jeune femme au teint crème, mesurant un mètre soixante-cinq. Les traits de son visage étaient lisses et infiniment doux. Ses cheveux d'un blond sablé effleuraient le haut de ses épaules, leur pointe rebiquait. Ses yeux reflétaient les caprices du ciel, se targuant à la fois de son bleu paisible et de son gris nostalgique. Elle avait un air noble et une allure altière, loin d'être irritante et hautaine, qui représentaient le maintien dont elle était capable.

Tous les gestes qu'effectuait cette fille étaient étonnement gracieux et délicats, comme si tout son être était empreint de majesté. Mais derrière cette apparence digne d'une reine se dissimulaient une détermination et une volonté à toute épreuve, ainsi qu'une fierté et une indépendance claires. Un trait que Lightning respectait particulièrement et qui les avait rapidement rapprochées.

Elle pouvait en effet compter cette personne parmi ses amis. Comme preuve de ce lien intime, le sourire familier de la jeune femme était paré d'un voile où se mêlaient compassion et tendresse. Elle demeurait étrangement silencieuse.

« Quelque chose ne va pas Ashe ? »

« Oh ! C'était simplement pour savoir si tu venais ce soir. » Dit-elle avec légèreté, comme si la raison de sa venue avait failli s'échapper et qu'elle l'avait gaiement rattrapé par le bout des pieds.

Lightning marqua un temps d'arrêt. Elle n'avait absolument aucune idée de ce dont il était question. Elle eut beau fouiller sa mémoire à la recherche d'un indice, elle ne trouva strictement rien lui indiquant ce qui se passait ce soir même. Certes, il fallait dire qu'elle avait un peu l'esprit occupé en ce moment, mais il était rare qu'elle oublie quoique ce soit. Comme elle ne répondait pas, l'autre ajouta :

« Ça me ferait vraiment plaisir que tu sois là. »

« Ne t'inquiète pas, je viendrais. » Répondit-elle en masquant son incertitude.

« Bien. »

Elle lui offrit un sourire bienveillant et se dirigea vers la porte. Mais avant de sortir, elle se retourna, incluant dans son raisonnement clairvoyant la possibilité que son amie aux cheveux d'un blond rosi ait pu oublier.

« Le Septième Ciel, à 20h. »

« Merci. » Acquiesça-t-elle avec un sourire reconnaissant.

Dès que la porte se referma, elle retrouva le fragment de mémoire correspondant. Ce soir toute l'équipe fêtait le départ d'Ashelia. Elle avait déjà dit qu'elle serait présente à Tifa, qui avait quasiment à elle seule organisé toute la soirée dans son bar fétiche. Cependant, en vue des récents évènements, il était compréhensible et tout à fait envisageable qu'on lui repose la question. Jambes croisées, mains jointes, elle prit une grande inspiration. Elle replaça correctement sa chaise et se remit au travail. Les heures s'écoulèrent indifféremment, chacune ayant le même but et les mêmes similitudes.

Le déjeuner se poursuivit dans ce sens, elle restait discrète, participait de temps en temps, rien d'anormal. Elle débaucha à dix-huit heures et se rendit au parking, prenant sa voiture qui l'attendait sagement depuis ce matin.

Lightning était journaliste, directrice adjointe de la rédaction politique et société, plus précisément. Elle avait, depuis environ un an et demi, laissé les interviews et autres reportages derrière elle. Elle s'en était lassée, et avait désormais un poste de bureau stable et parfaitement posé.

Le terrain lui manquait, mais pas les gens. De toute façon, elle finirait par se lasser ici aussi, ce n'était qu'une question de temps. Elle détenait toujours cette quête de vérité qui l'avait motivé à faire ce métier. Enfin, la vérité était un bien grand mot pour son humble quotidien. Mais elle était en quête de quelque chose, ça, c'était encore d'actualité. Cela dit, c'était de moins en moins à travers son travail qu'elle la poursuivait.

C'était une femme réservée certes, mais dont il était impossible de manquer la présence. Elle ne se servait ni de sa beauté stupéfiante, ni de son incroyable charisme –sauf quand il était question d'intimidation–, les laissant à l'état d'atouts innocents. C'était au grand dam d'une de ses collègues et amies, Rikku, qui ne cessait de l'encourager et de motiver son ambition. Elle n'en manquait pas, mais elle était bien avec ce qu'elle avait. Son seul objectif était que tout aille bien, que tout soit simple, naturel et fluide comme le cours d'un ruisseau. Une promotion, un échelon de plus, ça ne l'aurait pas dérangé, mais changer de métier, c'était peu probable.

Comme beaucoup elle voulait progresser. Elle était à la recherche d'évolution, mais il lui fallait absolument des points de repère. Elle avait une ligne directrice, et il n'y avait aucune raison pour qu'elle s'en détourne. Sa vie était tranquille, paisible, stable. Tout ce qu'on pouvait finalement espérer. Elle avait des amis, une famille, un chat.

Et jusqu'à très récemment, une semaine pour être plus précise, elle avait un compagnon. Cid Raines. Grand, brun, les yeux d'un bleu tellement pâle qu'il en devenait gris, un corps finement musclé, charismatique à souhait, en somme un très bel homme. Il aimait se dépenser physiquement, tout comme elle puisque c'était son passe-temps principal. Ils s'étaient rencontrés à la nouvelle salle de sport qui avait ouvert près de chez elle, un an auparavant. Cid était un jeune homme charmant, drôle, vif d'esprit, loyal et consciencieux. Il avait aussi un côté rêveur. Il pouvait faire preuve de pragmatisme et ouvrir son esprit aux autres, et par la suite fournir davantage de considération.

Ils s'étaient aussitôt bien entendu. La deuxième semaine suivant leur rencontre, ils étaient sortis prendre un verre ensemble et Cid lui avait donné son numéro, tandis qu'elle avait gardé le sien avec un sourire espiègle. Lors de la cinquième, un samedi après-midi, elle lui avait envoyé un message lui demandant où il habitait. Amusée et excitée par ce nouvel élément dans sa vie, élément qu'elle avait eu le temps de gérer et qu'elle contrôlait, elle avait eu envie de pousser le jeu. Il lui avait donné son adresse et elle lui avait répondu qu'elle était dans le coin, et avait ainsi proposé de passer prendre un café. Le grand brun avait évidemment accepté et ils s'étaient physiquement dépensés.

Elle ne l'avait pas revu dans l'immédiat, à cause d'un déplacement nécessité par le travail du jeune homme. Ils avaient continué à échanger quelques messages, sans réelle attente de la part de la journaliste, sa curiosité étant en partie satisfaite. Un mois plus tard et il était de retour, ils avaient continué à se voir. Et finalement ils étaient officiellement un couple.

Quatre mois plus tard et il passait le plus clair de son temps et de ses nuits chez elle. Quatre de plus et elle l'en dégageait. La rupture s'était faite à l'amiable, elle avait déclaré ne plus avoir de sentiments pour lui. Elle l'aimait bien, elle l'aimait toujours bien, mais elle n'en avait jamais eu. Ça ne marchait pas. Il tenait à elle, et elle à lui, mais juste moins. Là aussi, elle s'était lassée. Il était déçu, mais il avait accepté. C'est pour ça qu'elle l'avait choisi, parce qu'il était loin d'être stupide, et en fin de compte, parce qu'il n'était peut-être même pas amoureux. Elle avait préféré mettre fin à leur relation avant que ce soit vraiment le cas. Elle ne regrettait pas sa décision. D'ailleurs, s'il le souhaitait, cela ne lui posait aucun problème qu'ils continuent à se fréquenter.

Elle se demandait quel était le pire entre n'avoir aucun regret et n'avoir aucun sentiment. De toute manière ça ne faisait pas de différence, ni son absence ni sa présence ne parvenait à combler le vide qu'elle éprouvait.

Oui parce que cette décision avait chamboulé quelque chose dans sa petite vie tranquille. Pour la toute première fois, elle avait réalisé à quel point cette dernière était morne. Pour expliquer ce phénomène, et cette insatisfaction qu'elle finissait toujours par éprouver, elle s'était dit qu'il devait certainement lui manquer quelque chose. Elle ne savait pas quoi. Elle n'en était pas convaincue. Pourtant elle était contente de ce qu'elle avait, elle ne comprenait pas. Peut-être qu'elle avait une sorte de maladie, un pathogène rare qui faisait d'elle une « grande insatisfaite de la vie ». Elle y avait sérieusement réfléchi quand Rikku l'avait appelée ainsi. Oui, pour la première fois, elle avait l'impression que sa vie était vide, et elle était lasse.

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Finalement, après une longue bataille intérieure, elle était allée voir le médecin avant hier soir, concluant qu'elle était en pleine déprime. Aussi peu convaincue que le spécialiste, elle s'était tout de même soumise à une prise de sang et, attendant les résultats, était partie chercher les antidépresseurs qu'il lui avait prescrits. Une déprime, c'était la seule explication.

"Aujourd'hui aussi, le monde des médias est en crise."

Lorsqu'elle sortit de ses pensées, Lightning réalisa qu'elle était déjà devant la porte et qu'elle fixait le journal posé sur le paillasson depuis plusieurs minutes. Elle ouvrit son sac et en tira un trousseau de clés, attrapa la plus petite et déverrouilla la porte. Elle pénétra dans son appartement, un trois pièces de soixante-cinq mètres carrés, déjà plongé dans l'obscurité en ce mois de mars. Elle déposa ses affaires sur la table ronde en verre du salon tandis qu'un éclair beige se faufilait entre ses jambes en miaulant.

« Je sais que tu as faim, deux secondes. »

Elle enleva sa veste qu'elle pendit à un des portes manteaux fixés au mur à droite de l'entrée. Elle répondit ensuite aux attentes de son félin et revint auprès de son sac. En baissant les yeux vers celui-ci elle crût voir une silhouette près de sa baie vitrée qui offrait une vue et un plongeon de sept mètres de haut si on osait la traverser. Mais lorsqu'elle releva le regard, il n'y avait personne. C'était une ombre dessinée par les lumières des plus hauts immeubles du centre ville, en face. Peut-être qu'elle ne déprimait pas, peut-être qu'elle était juste fatiguée.

Elle prit une douche et se changea, optant après une courte réflexion pour un débardeur chair auquel elle ajouta une chemise blanche. Le col généreusement ouvert laissait apparaître sa clavicule et cachait à peine la naissance de sa poitrine. Elle l'accompagna d'un pantalon de tailleur noir où se fondaient de fines lignes grises verticales. Enfin, elle opta pour des talons moyens, sombres et sans facture particulière. Elle retourna dans la salle de bain et se maquilla. Son portable sonna au moment où elle finissait de parfaire ses lèvres d'un rose bonbon dont les notes suaves jouaient avec leur éclat naturel. Elle lut le message que lui avait envoyé Tifa et en profita pour regarder l'heure. Dix-neuf heures trente. Le Septième Ciel n'était qu'à une vingtaine de minutes. Elle attrapa un manteau, son sac, son téléphone qu'elle glissa dedans après avoir répondu, ses clés, puis sortit sans oublier de verrouiller.

Le Septième Ciel.

C'était un pub assez populaire dans la ville. C'était surtout leur coin à eux, leur lieu de réunion. Tifa et Cloud leur avaient fait découvrir cet endroit, ils y avaient travaillé avant d'être finalement embauchés par le même quotidien que Lightning et les autres. Le patron, un homme massif à la peau tannée, comptait parmi leurs plus proches amis. A son entrée dans le bâtiment elle fut agressée par une lumière affreusement vive qu'elle devina être un flash.

« Rikku. » Grogna-t-elle.

Elle eut à peine le temps d'ouvrir les yeux que la demoiselle en question lui sautait dessus, ce qu'elle détestait particulièrement. C'était une partie inhérente de cette jeune femme pas très grande aux cheveux blond vénitien, dont plusieurs mèches étaient tressées, toujours relevés en chignon, queue de cheval ou autre coiffure d'autant plus complexe. Pleine de vie et généreuse, elle arborait deux étincelles au fond de ses yeux d'un intense vert forêt.

Sortie de son bureau, elle se promenait toujours avec un appareil photo. Une autre chose que Lightning n'appréciait guère. Mais au fond, sa bonne humeur constante, son sourire joyeux et son énergie quasi inépuisable étaient des attributs qu'elle estimait positifs aussi bien professionnellement que socialement et qui lui faisaient accepter le reste.

Elle portait un pull léger alliant coton et cachemire, d'un orange proche de la citrouille, aux manches volontairement trop longues. Il découvrait le dessus de ses épaules et les bretelles de son dessous noir.

« Tu es venue ! » S'écria-t-elle alors qu'elle pendait à son cou.

« Evidemment. » Rétorqua Lightning comme si le contraire était impensable.

Elle défit machinalement l'étreinte de son amie et lui offrit un sourire crispé en guise d'explication. Cette dernière ne s'offusqua pas, au contraire, elle était bien avertie du champ d'électricité qui entourait la blonde en permanence.

« Viens ! Les autres sont là-bas. »

Joignant le geste à la parole, elle saisit le bras de son vis-à-vis et l'entraîna de cette démarche gaiement sautillante qui lui était propre. C'était plus fort qu'elle, du moins c'était ce dont la journaliste essayait de se convaincre à chaque fois que sa cadette brisait les règles de son espace personnel.

Elle l'emmena vers une femme dont les cheveux bruns tombaient jusqu'en bas de son dos et dont les yeux, d'apparence noisette, renfermait en réalité une dominance grenat. La dénommée Tifa avait, comme elle, de longues et fines jambes, mais ses épaules étaient moins carrées et ses muscles à peine dessinés. Sa peau était encore lisse alors que la sienne avait été affinée et dévoilait avec subtilité le résultat de son entraînement physique régulier. Certes, elle était plus jeune de quelques années, mais elle n'avait pas encore tout à fait un corps de femme, contrairement à la blonde.

Cependant la robe bleu marine scintillante qu'elle portait avec des collants sombres lui allait à merveille. Abordant une coupe carrée et large au niveau des épaules, elle s'affinait progressivement jusqu'à mouler sa taille fine. Elle gardait ses jambes dans un cadre ferme mais pas étouffant, et ce jusqu'au dessus de ses genoux. Ses mouvements étaient libres et fluides, elle n'avait pas l'air trop entravée et pouvait toujours faire preuve de rapidité.

Son esprit marqua un temps d'arrêt. Elle était encore en train de l'évaluer. Son mental de sportive revêtait parfois un aspect compétitif, ce qui déclenchait quelques mauvais réflexes à juger les gens sur leurs capacités physiques. Heureusement elle avait l'esprit vif, et elle était capable d'aller au-delà, cela venait juste en premier dans son analyse. C'était dû à un sentiment de méfiance, comme si elle était aux aguets et redoutait quelque chose.

Elle se secoua intérieurement. Tifa était loin d'être sa rivale, et encore moins son ennemie, tout ceci était ridicule. C'était une jeune femme optimiste et digne de confiance, moins timide qu'elle quant à l'expression de ses plus profonds sentiments mais qui s'occupait aussi des autres avant de faire attention à elle-même. Elle serait probablement la première personne qu'elle irait voir si quelque chose de grave lui arrivait. Sauf si Rikku était dans les parages, elle attendrait alors son départ afin de ne pas alerter la terre entière. Elle esquissa un sourire face à cette réflexion, sourire qui s'affermit devant l'accueil chaleureux que lui offrirent ses deux compagnons.

L'autre était un jeune homme dont les cheveux d'un blond clair étaient en permanence coiffés en pics. Cloud. Ses yeux océan possédaient quelques reflets vert lagon lorsqu'ils rencontraient la lumière du soleil. Il était à peine plus grand qu'elle. Vêtu d'une chemise bordeaux, d'un jean très sombre et de chaussures en cuir, il lui demanda ce qu'elle désirait boire et passa commande au barman.

« Alors…comment tu vas ? » Demanda la brune avec un sourire hésitant.

Lightning les dévisagea tous trois tour à tour. Cloud baissa le regard, ce qu'elle prit pour une excuse silencieuse concernant le comportement de leur camarade. Et plus elle faisait attendre sa réponse, plus le visage de Rikku se décomposait.

« Je vais bien, je vous l'ai déjà dit. Arrêtez de vous inquiéter. »

« Mais Lightning, ça faisait quand même presque onze mois ! » S'écria la petite blonde, stupéfaite et incapable d'envisager un tel manque de réaction.

« Oui, et bien ça faisait déjà deux mois de trop. » Dit-elle avec sérieux mais sans effacer son sourire léger.

La plus jeune demeurait choquée tandis que ses aînés rirent doucement.

« On ne te changera pas. C'est une bonne chose si tu le vis aussi bien. » Concéda Tifa tendrement.

« Nooon ! Elle devrait être en train de pleurer et de s'arracher les cheveux en déchirant ses draps ! »

Elle soupira. Cloud et Tifa échangèrent un regard et un sourire complices, retenant leur moquerie. L'image d'une Lightning en pleine dépression n'arrivait pas même à se former dans leur esprit.

« Rikku. C'est moi qui y ai mis fin je te rappelle. »

« Et alors ? Tu n'es pas triste ? Tu ne l'aimais pas ? »

« Si. Mais il n'était pas pour moi. »

Elle attrapa le verre que lui tendait le jeune homme avec un remerciement silencieux. La cadette se renfrogna.

« Franchement, je commence à me demander qui l'est ! »

Lightning leva les yeux au ciel, Cloud soupira et Tifa enfouit son visage dans sa main libre. C'était reparti.

« Quoi !? Je m'inquiète moi, c'est tout ! » S'exclama-t-elle devant leur réaction.

« Si tu le faisais moins, je ne m'en porterai que mieux. » Répliqua la blonde, ce qui déclencha un grognement chez son amie.

« Ashe n'est pas encore arrivée ? » Demanda subitement le blond, dans une tentative louable pour changer de sujet.

« Non, elle se fait désirer, comme toujours. »

Loin d'être une retardataire de nature, c'était une femme qui trouvait toujours tout un tas de choses à faire en chemin. Lightning s'accouda au bar et observa les lieux tandis que la conversation repartait avec entrain sur l'invitée d'honneur de la soirée. La salle avait été décorée pour l'occasion, sans extravagance. Quelques guirlandes rouges s'enroulaient de-ci-de-là, se poursuivaient de tables en tables, cherchant à se mordre la queue tel le fameux serpent nordique. Une grande banderole travaillée comme un parchemin était suspendue à l'entrée et affichait un message encourageant.

Le bar, de facture simple, majoritairement en bois, offrait d'ordinaire une ambiance calme et simple ainsi qu'un confort surprenant. Il se prêtait tout à fait à cette occasion. La radio passait en fond sonore car le bruit des conversations suffisaient amplement à remplir la salle.

D'autres individus peuplaient l'endroit. Elle se souvenait en avoir croisé certaines au bureau, en reconnaissait d'autres. Ceux qui ne lui disaient rien appartenaient probablement à un autre service. Ashelia, en sa qualité de directrice déléguée de la rédaction, circulait parmi nombre des employés, et notamment les autres directeurs de rédaction dans des domaines spécifiques, comme elle. Mais elle avait aussi rapidement acquis le statut de conseillère et effectuait souvent la jonction entre les différents services.

Lightning passa de nouveau en revue les personnes présentes et se demanda qui aurait la trempe nécessaire pour prendre sa suite. Tous n'étaient pas encore arrivés, elle y réfléchirait plus tard.

Elle s'attarda sur une jeune femme non loin, parée d'une robe rose, qu'elle appréciait et qui était en pleine conversation avec un homme aux longs cheveux bruns. C'était la directrice de la publication. Elle se retourna vers ses amis et revint dans la conversation pile au moment où l'on requérait son avis. Elle étudia leur visage et répondit quelque chose d'assez aléatoire. Ils acquiescèrent et la conversation se poursuivit quand la brune se pencha discrètement vers elle.

« Tu n'as pas écouté un traître mot, n'est-ce pas ? » Devina Tifa avec un air las.

Elle esquissa un sourire en guise de réponse, s'attirant la complicité de son amie. Ça passait pour cette fois. Une silhouette attira soudainement son attention, alors qu'elle passait les portes du bâtiment. La lumière vint immédiatement agresser le nouvel arrivant, un jeune homme vêtu avec classe, un costume deux pièces sombre qui avait le don remarquable de lui offrir un air détendu. Il fit rapidement le tour de la salle en saluant les invités puis finit par leur groupe. Il appuya son regard sur la jeune femme aux cheveux d'un blond étrangement rosi et partit s'asseoir dans un coin au fond de la salle. Lightning l'observa s'éloigner. Lorsqu'elle se retourna, deux paires d'yeux la fixaient avec insistance. Tifa donna un coup de coude à son voisin, qui avait également suivi l'individu du regard et ce, les sourcils légèrement froncés.

« Aouch. Quoi ? »

La pertinence des yeux grenat de sa camarade lui firent avouer son crime, sous le sourire de Lightning en face de lui.

« Je n'y peux rien si je ne l'aime pas. »

« C'est parce qu'il est encore plus discret que toi ? » Piqua la petite blonde avec malice.

« Je crois qu'il est plutôt timide. » Avança la brune.

« J'aurais dit arrogant. » Rétorqua le jeune homme.

« En tout cas il n'est pas si timide avec Light… »

L'intéressée croisa les bras, cachant sa joie à merveille.

« Rikku. Ça fait presque un an que tu essaies de me caser avec Noctis, tu n'en as pas marre ? »

« T'étais avec Cid à l'époque, et puis comme t'es parfaitement remise, tu peux passer à quelqu'un d'autre ! »

« Oh Rikku… » Soupira la brune.

« Peut-être. » Répondit-elle avec neutralité.

« Lightning ! » S'épouvanta Tifa en se retournant brusquement vers elle.

« Je plaisantais. »

« Oh. Ah ! J'entends une voiture, ce doit être elle. »

Elle se précipita vers l'entrée, talonnée par une petite puce blonde. Lightning secoua la tête. Enfin, ils la connaissaient mieux que ça quand même, mais son amie avait toujours eu tendance à s'emporter, c'est vrai. Ils accueillirent l'arrivante dans une effusion d'exclamations joyeuses et affectueuses. Loin d'avoir envie de participer à ce câlin collectif, Lightning resta à l'écart, se rétorquant avec une pointe de mépris qu'ils n'étaient pas en train de fêter un anniversaire mais bien un départ, le départ d'une de sa plus proche amie. Elle décida de prendre l'air, le temps que ça se calme.

C'était vraiment le genre de choses qui l'irritait au possible, elle n'y pouvait rien, personne ne lui avait jamais appris à se laisser attendrir. Elle s'adossa à la paroi longeant la porte d'entrée et observa distraitement les passants à cette heure encore peu tardive. Elle perçut un bruit de pas à une vingtaine de mètres d'elle, un nouvel individu n'allait pas tarder à apparaître dans son champ de vision. Son regard ne s'attarda pas sur cette source auditive mais elle comprit, quand il interrompit brièvement sa marche, que l'individu en question venait à sa rencontre.

« T'as du feu ? »

Elle resta silencieuse plusieurs secondes avant de daigner tourner la tête en direction de l'homme qui l'avait interpellée.

« Je ne fume pas. »

« Ah. J'aurais parié le contraire. »

Elle retint un soupir et laissa à nouveau son regard d'acier dériver, espérant que l'homme comprendrait qu'elle n'était pas intéressée.

« De toute façon tout le monde doit bien mourir un jour ou l'autre, alors fumer, qu'est-ce que ça y change hein ? »

Elle ne répondit pas et ne lui accorda pas plus d'attention. De plus elle trouvait son raisonnement complètement idiot. Elle était une sportive. Fumer, en plus d'augmenter ses chances d'avoir un cancer des poumons, ne ferait qu'amenuiser ses capacités. Mais il allait quand même réessayer. Elle décida de ne pas lui en laisser l'occasion et le toisa.

« J'ai l'air d'avoir envie de parler ? »

« Pas besoin d'être désagréable ou de me prendre de haut ! »

« Ce n'est pas à moi que ça pose problème. »

« Pfff. Connasse. » Maugréa-t-il en s'éloignant.

Elle hésita à le rattraper, mais sa réflexion fut interrompue par une voix grave et profonde, tout à fait charmante.

« Tout va bien ? »

« Oui. »

Le nouvel arrivant prit position à côté d'elle, dos contre le mur, et resta silencieux, observant également les quelques passants d'un œil distrait.

« Je suppose que les bains de foule ne sont pas non plus à ton goût. » Dit-elle finalement.

« En effet. Mais ils ne vont pas apprécier si on fait bande à part. »

« Surtout Rikku. Quoique. » Concéda-t-elle moins fort en songeant que la pile sur pattes serait plutôt ravie qu'elle ait l'occasion de se retrouver seule avec Noctis.

Elle se décolla de la paroi et retourna à l'intérieur du bâtiment. Le jeune homme l'imita quelques minutes plus tard. L'ambiance était plus animée, et le volume sonore avait doublé. Elle rejoignit le groupe de ses amis au milieu duquel trônait la reine de la soirée. Elle refusa le verre qu'on lui tendait et s'engagea dans la conversation.

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« Bon, je crois qu'il est temps d'y aller. » Déclara Ashe d'une voix douce, mettant fin au rire chaleureux qui s'était emparé d'elle et de ses amis.

La nuit était tombée depuis un moment et plusieurs personnes avaient déjà quitté le bar. Malgré sa fatigue et sa lassitude, Lightning avait fait l'effort de rester. Plus la soirée se prolongeait plus elle songeait à son lit qui l'attendait patiemment, à sa couette terriblement douce, véritable cocon de chaleur et de sécurité, et à son oreiller de plumes incroyablement moelleux. Il y avait aussi ce fichu matou qui avait probablement pris place sur son matelas, profitant de son absence pour s'accorder un plaisir luxueux. Elle allait encore devoir le virer à coup de menaces et endurer ses miaulements exagérés. Encore une fois, elle se demanda pourquoi elle avait un chat, alors qu'elle préférait les chiens et de loin. Inconsciemment, il devait bien y avoir quelque chose qui lui plaisait chez le félin au pelage crème, puisqu'elle ne l'avait pas encore jeté par la fenêtre. Il devait y avoir une bonne raison, il y en avait toujours une.

La directrice déléguée s'avança pour l'embrasser mais Lightning marqua un temps d'arrêt. Son regard, dirigé sur le visage de la demoiselle, se perdit au loin. Son sourire était encore figé par le rire qui les avait emportés tous les cinq. Inexplicablement, son cœur se serra. Elle n'entendait que l'écho de leur voix, son nom résonnait dans son esprit sans l'atteindre.

Elle ne revint à elle que lorsque la main d'Ashelia se posa sur son avant-bras. Elle cligna des yeux, sourit et lui dit au revoir, alors qu'un poids invisible écrasait toujours son cœur. La scène sembla se dérouler au ralenti. Elle vit la jeune femme se reculer avec cette expression infiniment bienveillante et rassurante, elle la vit plonger ses yeux bleu ciel dans les siens, y déverser leur compréhension et leur sagesse une dernière fois, puis elle la vit se retourner et s'éloigner.

« Attends ! » Cria-t-elle subitement en tendant la main vers la femme aux cheveux d'un blond sablé.

Tous se retournèrent brusquement vers elle et l'observèrent avec curiosité. Elle remit un pied brutal dans la réalité et se repassa rapidement la scène dans son esprit.

« Je… »

Son cœur oppressé battait à un rythme anormalement élevé. Elle ferma les yeux une seconde et lui prêta attention, tout en essayant de calmer sa respiration. Elle avait l'impression de perdre quelque chose de précieux. Elle comprit que c'était la peur qui l'animait. Cela n'avait pas de sens. Elle se mit une gifle mentale.

« Je…Ashe…on se reverra, n'est-ce pas ? »

L'intéressée sourit, rassurée. Tifa posa une main chaleureuse sur l'épaule de la journaliste, tandis que Rikku laissa échapper un éclat de rire tendre, touchée par l'émotion de l'habituelle beauté froide. Cloud l'observa en silence, surpris et inquiet par cette réaction.

« Bien sûr. Ce n'est pas un adieu Lightning. »

« Oui je…je sais. C'est juste qu'avec le déménagement et tout… »

Leur amie partait parce qu'elle avait eu une offre d'emploi dans la ville où travaillait son fiancé, une occasion parfaite puisque ce dernier lui avait fait sa demande le mois précédant. Ils allaient bientôt vivre ensemble, heureux, mariés, et auraient sans doute plein d'enfants merveilleux. Fin de l'histoire. Elle ne faisait pas partie de ce schéma. Et ce schéma ne faisait pas partie d'elle non plus à l'évidence. Ashe, qui percevait son trouble mieux que quiconque, revint vers elle à grands pas et enlaça son amie avec affection. Après une brève hésitation elle l'enserra à son tour.

« Ne t'inquiète pas Light, on se reverra ne t'en fais pas. »

Elle eut envie de rétorquer qu'il ne fallait pas qu'elle parte parce qu'ils avaient promis de rester ensemble jusqu'à la fin. Ils étaient une famille non ? Mais elle resta silencieuse, parce qu'aussi loin que remontaient ses souvenirs, ils n'avaient jamais fait une telle promesse.

Encore perturbée par ce qui venait de se passer, Lightning demeurait immobile et muette. Assise sur le siège du conducteur, les mains posées sur le volant, elle fixait un point imprécis devant elle, oubliant même la présence du pare-brise. Son souffle matérialisé par la fraîcheur ambiante ajoutait une teinte confuse à la buée qui s'étendait devant ses yeux. Un frisson se glissa tout le long de son échine, taquinant ses nerfs et diffusant un froid désagréable dans ses membres. Elle mit son trouble de côté et alluma le moteur. Depuis quand n'avait-elle pas éprouvé une sensation aussi intense ? Elle se secoua et enleva le frein à main avant d'enclencher la première vitesse. La vision de son lit lui était complètement sortie de la tête.

Arrivée dans sa rue, elle constata avec lassitude qu'il n'y avait aucune place disponible près de sa résidence. Elle dut donc se garer plus loin. Lorsqu'elle descendit de sa voiture, elle fut aussitôt agressée par la fraîcheur nocturne et en conséquence accéléra l'allure. Elle avança avec la désagréable impression d'être observée. Elle pénétra dans le bâtiment désert et prit l'ascenseur. Elle ouvrit la porte de son appartement et referma derrière elle. Elle s'appuya et posa son front contre le battant. Une vague de sérénité l'envahit, elle était enfin rentrée. Elle se repassa les évènements de la soirée en mémoire. Finalement elle avait passé un excellent moment, même si la fin la perturbait toujours.

« Mmmrraaaou. »

Elle leva la tête et les yeux au ciel, elle l'avait oublié celui-là. En guise d'accueil, le félin vint se frotter contre son pantalon sombre, comme à son habitude. Elle retint un râle en songeant aux poils qu'il allait encore laisser sur son passage mais se baissa tout de même pour caresser son pelage irrésistiblement doux.

« Tu sais que je préfère les chiens hein ? » Dit-t-elle malicieusement.

Le dire à voix haute la rendait moins certaine. Elle se mit à peser le pour et le contre. Le chat lui fila entre les doigts, à sa surprise, et s'approcha de la baie vitrée en trottinant. Lightning le suivit du regard en se relevant. Son cerveau cessa tout fonctionnement lorsqu'elle aperçut une jeune femme derrière le verre. Son regard glissa vers son animal de compagnie qui s'était assis à ses pieds, puis revint sur l'étrangère. Elle força son calme devant l'apparition de ce fantôme. Ce ne pouvait être une personne de chair et de sang car non seulement elle se tenait dans le vide, derrière la vitre, mais aussi son corps était légèrement transparent et brillait d'une douce lumière dorée. Pourtant, son ombre se reflétait à l'intérieur.

La femme était assez grande et avait des cheveux dont la couleur imitait l'ébène. Une fine tresse se cachait d'ailleurs derrière son oreille gauche. Elle avait la peau hâlée, à peine recouverte par une brassière noire et un tissu bleu roi qu'elle apparenta aux saris vus lors de ses reportages en Inde. Un grain de beauté ornait son œil droit. C'était une beauté à couper le souffle. En plus de formes magnifiques, ses muscles s'affirmaient par des courbes gracieuses, probablement le résultat d'un entraînement régulier.

La jeune femme, qui jusque-là contemplait le chat avec un sourire tendre, tourna son regard vers elle. Lightning retint sa respiration, happée par deux iris d'un vert plus clair que l'émeraude mais tout aussi scintillant et profond. Comme hypnotisée, elle se rapprocha lentement de l'enchanteresse. Le chat s'écarta pour lui laisser place. Elle se figea devant la baie vitrée, face à cette chimère au visage charmeur dont l'expression arrogante comportait un sourire irrésistible. La bouche entrouverte, elle était pourtant incapable de formuler quoique ce soit, comme si les mots s'évanouissaient dès qu'ils s'approchaient de ses lèvres. Les perles de jade dévièrent subitement de leur trajectoire. Lightning suivit la direction indiquée et tomba sur la main gauche que l'inconnue levait avec lenteur, puis posa sur la vitre. La blonde observa sa paume s'éclaircir au contact du verre, comme l'aurait fait une véritable chair. Elle fit l'aller-retour visuel entre cette main et sa propriétaire jusqu'à ce que celle-ci plonge à nouveau ses yeux émeraude dans les siens. La rédactrice saisit l'intention mais hésita une seconde avant d'être convaincue par l'expression terriblement triste de la brune. Étrangement, plus rien ne lui obéissait. Son esprit abandonnait tout contrôle sur son corps. Délicatement, elle posa sa paume ouverte contre la sienne.

Dès qu'elle eut entièrement posé sa main le verre explosa avec une violence inouïe. Lightning se recula tout aussi brusquement, les bras levés afin de protéger ses yeux. Mais lorsqu'elle les abaissa, elle constata que le verre était intact et que le fantôme avait disparu. Elle avait pourtant entendu la vitre se briser. Seule sa respiration bouleversée était désormais perceptible. Elle demeura immobile le temps de calmer son cœur affolé par l'adrénaline du choc. Elle venait de voir un fantôme.

La blonde déposa ses affaires sur la table ronde non loin, se dirigea vers la cuisine et se servit un verre d'eau. C'était loin d'être suffisant. Elle se rendit dans la salle de bain et se passa de l'eau sur le visage. Les mains appuyées sur chaque côté du lavabo, elle réalisa qu'elle avait mouillé les manches de son manteau. Elle le retira dans un geste brusque et le jeta négligemment derrière elle avant de reprendre la même position. Ses muscles se crispèrent, elle n'arrivait à formuler aucune pensée. Elle soupira et leva la tête, tombant nez-à-nez avec le miroir de sa pharmacie. Elle manqua un battement en l'observant et se rassura lorsqu'elle n'aperçut personne derrière elle.

Elle lâcha un rire à moitié nerveux et amusé par sa bêtise, puis se déshabilla. Elle voulut prendre un bain mais considéra cette action comme un malus pour ses heures de sommeil, qui allaient devenir des minutes précieuses avec le temps défilant inévitablement.

Elle travaillait demain, et la première heure du matin s'était déjà enfuie. Une fois qu'elle eut pris sa douche et enfilé son pyjama, elle se prépara un thé oolong et s'assit à la table ronde du salon. Le chat vint la rejoindre en sautant sur la surface de verre. Il roula sur le dos, quémandant sa dose d'affection au prix de quelques miaulements plaintifs. Lightning gratta la petite zone sensible derrière son oreille puis le caressa d'une main distraite. Après s'être nettoyé le visage et brossé les dents, elle se coucha.

Enfouie dans sa couverture, elle retrouva sa sérénité et son esprit s'anima. Elle venait de voir un fantôme. Comment était-ce possible ? Ça ne l'était pas. Etait-elle en train de devenir folle ? Ou était-ce la fatigue ? Elle n'était quand même pas si fatiguée que ça, pas au point de voir des personnes qui n'existaient pas. Elle n'avait bu qu'un seul verre, ce ne pouvait être l'alcool. Mais qu'est-ce qui s'était passé ? Elle marqua un temps d'arrêt et releva inconsciemment la tête en prenant une grande inspiration. Elle venait d'avoir une hallucination. Elle repoussa ses couvertures d'un geste brusque, se leva et courut à sa salle de bain. Elle ouvrit sa pharmacie et attrapa la boîte contenant les antidépresseurs qu'on lui avait prescrits. Elle étouffa un grognement en voyant les effets secondaires décrits et jeta les cachets à la poubelle. Elle retourna se coucher, rassurée, et s'endormit avec une étrange sensation familière.