Disclaimer : L'oeuvre originale, Hunger Games, appartient en intégralité à Suzanne Collins. J'ai repris le concept des Jeux, mais tous les personnages de cette fanfiction m'appartiennent.

Note : Bonjour.

Aujourd'hui, j'ai écrit.

J'ai écrit ce qui pourrait être la première histoire que j'aurai bouclée, la première fiction qui m'aurait fait vibrer.

Des chapitres sont déjà écrits à l'avance.

Mes salutations les plus distinguées.


CHAPITRE PREMIER

DU PAIN ET DES JEUX

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Le chant d'un coq, haut et clair, ainsi que la lumière âpre du Soleil, me réveillent en sursaut, ce matin-là.

Je me lève, déjà triste et fatiguée, en vue de la journée qui m'attend. À ma droite se tient une petite table basse en bois clair, fortement abîmée par le temps et mon père. Posée dessus, ma petite lampe jaunie par la saleté, émet une triste lueur blanchâtre, qui me rappelle que j'ai encore oublié de l'éteindre la nuit dernière. Je m'en veux aussitôt et l'éteint rapidement, afin que mes parents ne s'en aperçoivent pas, les pensant déjà probablement debout dans la cuisine, prêts à venir me réveiller si je ne les rejoins pas.

Je passe distraitement une main dans mes cheveux blonds, afin de constater mes nœuds toujours plus coriaces, ainsi que leur aspect sec. J'essaie de les démêler, mais rapidement, j'abandonne et enfile un pantalon gris, un pull noir et des bottes couleur de vieille branche, puis rejoins ma mère, non pas dans la cuisine, mais dans la salle à manger.

- Tu en as mis du temps à te réveiller, Lara, déclare-t-elle d'emblée.

- Oui, j'étais très fatiguée hier soir, je réponds prudemment.

- Qu'importe, déclare-t-elle après une courte pause. Veille seulement à ce que cela ne se reproduise plus, tu as un entraînement important aujourd'hui avec ton père et il est déjà sept heures.

- Je suis désolée, je dis simplement, avant de m'asseoir à la table.

Ma mère, vêtue d'un débardeur blanc ainsi que d'un pantalon de la même nuance que le mien, a l'air toute droit sortie de la dernière édition des Hunger Games. Prête à en découdre et implacable. Je la regarde s'activer dans tous les sens, cherchant à compenser le temps que j'ai mis à me lever du lit, afin que mon père ne me crie pas dessus à nouveau.

J'attrape les restes de viande d'hier soir et me sert un verre d'eau avec. La chair est un peu sèche et j'ai quelque peu du mal à avaler, mais l'eau réussit à faire passer tout ça au fond de ma gorge sans trop de difficulté.

- Ton père est parti un peu plus tôt ce matin pour aller voir une chèvre. Il voudrait t'apprendre à la traire, cet après-midi, après ton entraînement, en guise de repos.

Je n'ai aucune envie de traire cette chèvre. Ni même de revoir un seul de nos maudits animaux. Mais je me tais, garde tout pour moi, et me contente d'acquiescer en silence.

Je ne peux pas toujours faire ce que j'ai envie, voilà ce que l'on me répète depuis ma naissance. Et je sais que c'est vrai. Je sais qu'au fond, mes parents m'obligent à manier l'épée, à tirer à l'arc, ou bien à dépecer des lapins uniquement pour mon bien, pour ma sécurité. Dans le District Dix, on ne survit que si l'on est capable de mettre de la nourriture sur la table, et peu importe la manière de l'obtenir. Je devrais même m'estimer heureuse d'avoir un toit, car ici, nous n'avons pas tous cette chance.

Par ailleurs, notre maison, qui est en fait une vieille ferme, constituera mon héritage à la mort de mes parents. Il est donc naturel, à leurs yeux, de m'apprendre les rudiments du métier. Mais, à vrai dire, je les soupçonne de tout autre chose.

- Lara, accélère un peu. Ton père t'attend dans la forêt, tu sais, près du grand chêne ? Il a changé d'endroit car c'était plus prudent, il y a moins de Pacificateurs là-bas, explique ma mère.

- J'y vais.

Je mets ma veste noire, dis au revoir à ma mère et je sors. L'air frais me brûle les joues. Bien que la spécialité de notre District soit la gestion du bétail, il y fait froid toute l'année, ce qui ne nous aide pas à accroître notre quota de viande à fournir au Capitole. À vrai dire, on en produit juste assez pour qu'ils nous laissent tranquilles, mais il reste très peu de pertes dont nous pourrions profiter.

Je prends le chemin le plus long pour rejoindre mon père, peu pressée de commencer mon entraînement. Je me sens profondément exténuée et j'ai faim, malgré mon solide petit-déjeuner. Étant en vacances, j'avais espéré un peu de répit, mais au contraire, mes parents me poussent encore plus, rallongent les minutes en heures, me punissent en m'interdisant de manger si je ne les satisfais pas, ou bien j'ai droit à de longues réprimandes, se soldant bien souvent par mon père qui claque ma porte, me laissant seule dans ma chambre jusqu'au lendemain.

Cette situation ne me va plus, et à dix-sept ans, je me sens comme une enfant de douze.

Le mince manteau de neige recouvrant la route donne un air apaisant à mon District, bien que je sache qu'il n'en est rien : à l'heure où je parle, il est probablement rempli de caméras de surveillance et de micros, pour la simple et bonne raison que demain aura lieu la Moisson.

J'observe la végétation qui m'entoure, et lui trouve une saveur nouvelle. Je me demande si ce n'est pas la dernière fois que je la vois et si je ne vais pas être tirée au sort demain matin, puis jetée dans une arène truffée de pièges et de tributs prêts à me massacrer.

Un frisson me parcourt l'échine, et j'arrache une feuille de menthe que je trouve sur la route, avant de la jeter dans ma bouche. Même si cela peut sembler étrange, cela m'apaise, et j'aime ce goût doux et piquant à la fois sur ma langue.

Je pense à ma famille, à la réaction de mes amis à l'école, si je suis sélectionnée pour les soixante-dixièmes Hunger Games. Ils seraient probablement dévastés mais ne viseraient certainement pas sur ma victoire. Je ne suis pas dupe. Je le sais moi-même. Mon père aura beau m'entraîner autant qu'il le souhaite, les tributs des Districts Un, Deux et Quatre m'écraseront à la moindre occasion, peut-être même dès le premier jour.

Ils sont tellement forts chaque année, et cruels. Capables de tout pour gagner.

Lorsque j'aperçois mon père, ma feuille de menthe n'est plus qu'une bouillie infâme et légèrement sucrée. Je la crache, puis je pose ma veste contre le vieux chêne dont ma mère parlait.

- Alors, petite fille, prête ? dit mon père d'un air narquois.

Je ne savais jamais vraiment s'il me faisait subir ces entraînements afin de m'aider, ou bien pour me torturer.

- Plutôt, je dis néanmoins, bien décidée à ne pas lui laisser voir ma fatigue.

Par la suite, je passe le plus clair de mon temps à manier une petite épée et un arc en bois, puis mon père me montre de nouveau les méthodes les plus efficaces pour faire un feu ou bien pour pêcher. Il ne s'est écoulé que deux heures, mais je suis déjà épuisée. Je réclame une pause, que mon père accepte de m'accorder.

- Il faut revoir ta manière de tirer à l'arc. Tu te tiens mal. Si tu tires comme ça dans l'arène, tu peux être sûre que la flèche emportera une partie de ton nez avec elle.

C'est donc ça. Mon père m'entraîne d'arrache-pied depuis des années afin de me préparer à l'arène. Peut-être même n'a-t-il encore jamais osé me l'avouer jusqu'à présent. Peut-être ne s'est-il pas rendu compte de son erreur, et peut-être bien qu'il s'en fiche, après tout.

- Je n'irai pas dans l'arène, j'ose d'une voix forte.

Il tressaille, ses yeux fixent le bleu des miens, comme pour me mettre au défi de répéter ma phrase. Ce que je ne me gêne pas pour faire.

- Jamais je n'irai. Je n'ai aucune chance, papa.

Je finis sur une note plus tendre, afin que la pilule passe, mais je vois bien qu'il le prend mal. Il me destinait déjà probablement à gagner la prochaine édition, afin de couvrir de gloire et de richesse notre famille, afin que moi, je nous sorte de cette misère. En y pensant, je le comprends. Mais je remets alors en doute les réels sentiments de mes parents à mon égard. Ai-je toujours représenté qu'une vulgaire arme à leurs yeux ? Un pion ? Les questions se bousculent dans ma tête.

- Tu feras ce que nous déciderons, moi et ta mère. Tu peux y arriver, si tu redoubles d'efforts. As-tu envie de trimer comme une esclave comme nous ? Tout ça pour n'avoir que des restes ? Préfères-tu une mort lente et douloureuse dans le District Dix, ou bien prendre le risque d'obtenir une mort rapide dans l'arène, si tu as une chance de rentrer couverte de richesses ? Lara, tu n'es qu'une enfant. Nous faisons ce qui a de mieux pour toi, tu es notre seule fille, et nous t'aimons. Il faut que tu penses à nous, toi aussi.

Je ne sais pas quoi répondre. Je n'ai pas changé d'avis, pourtant, mais je ressens l'envie irrépressible de m'enfuir en courant. Je regarde mon père, bien décidée pourtant à lui montrer que je ne flancherais pas.

- Si j'avais une chance, j'irai peut-être. Mais je n'en ai aucune, tu le sais très…

Je n'ai pas le temps de finir mon argumentation que je reçois une gifle en plein visage. Le coup est rapide, net, et je ressens une vive douleur à ma joue gauche. Je retiens mes larmes, contiens ma rage, puis je succombe à la tentation : je cours comme une dératée vers la forêt, ignorant mon père qui m'ordonne de revenir.

Je ne reviendrai pas.

Je ne reviendrai jamais.

Je me prends les pieds dans les plantes, les orties, mais je m'en fiche. Je ne sais pas si je retournerai chez moi un jour. La forêt semble m'accueillir à bras ouverts, semble me dire qu'elle, au moins, sera toujours là pour moi. Je m'arrête près d'une rivière, dans un endroit assez dégagé, et me prépare à faire du feu pour me réchauffer, étant donné que j'ai laissé ma veste près du grand chêne.

Néanmoins, j'ai eu la présence d'esprit de ne pas retirer l'arc de mon dos, ce qui me permettra de chasser sans trop de soucis. Malgré les critiques de mon père sur ma façon de placer ma flèche, je sais viser, et je commence à me détendre. Le contact de l'air glacé sur ma peau me brûle, mais cela me fait me sentir vivante. Et j'en avais besoin.

Quelques minutes plus tard, je commence à battre la forêt à la recherche de bois pour faire mon feu. J'en trouve sans trop de problème, du bois sec et pas trop humide. J'abats ensuite un lapin qui passait dans le coin, sans doute à la recherche d'eau. Je me sentais bien. Enfin libre.

Mon seul souci consiste à trouver un abri pour la nuit, je me vois mal dormir dans la neige avec la température qu'il fait. Je commence à regretter sérieusement ma veste qui aurait pu servir de couverture, ou de matelas. Je soupire. Je ne pourrais jamais vivre ici toute ma vie, de toute manière. Mes projets sont utopiques. Demain matin, il faudra que je sois devant la mairie, pour peut-être me faire envoyer à l'abattoir. Le doute m'assaille, comme chaque année. Les veilles de Moisson sont pour moi des journées privilégiées. J'ai envie d'être seule, ces jours-là, et réfléchir, encore et encore. Je suis tellement stressée à chaque fois que je finis toujours par me rebeller contre mes parents, alors que je n'aurais jamais osé sinon.

J'imagine déjà Everla, l'hôtesse de notre District, tirer mon nom au sort. Les autres enfants s'écarteraient pour me laisser passer, car tout le monde me connaît. Lara, la carrière du District Dix. Ridicule. Certains se moquent déjà de moi à cause de ça. Personne ne croit en mes capacités.

Je ferme les yeux, écoute les sons de la nature pour tenter de penser à autre chose. Je respire plus régulièrement, aussi. Je pense à mes dernières lectures, où une fille comme moi s'était assise sur un rocher, à observer le ciel. Cette pensée m'apaise aussitôt.

Pour mes parents, lire est une perte de temps, tout comme l'école. Ils pensent que c'est juste un moyen d'empêcher les enfants de s'entraîner sérieusement en vue des Hunger Games.

La lecture, en tout cas, me permet de m'évader. Je n'achète jamais de livres. Je les vole dans les librairies de la Huitième Rue. C'est comme ça qu'on appelle le centre commercial à moitié délabré qui se trouve dans le centre-ville. On peut y acheter viande, pâtisseries, livres, et même des meubles. La plupart des gens n'ont pas les moyens de s'offrir tout ça, sauf les familles un peu mieux loties, qui ont su se débrouiller mieux que les autres, comme la mienne. Mais je n'en suis pas fière pour autant.

Voler est facile, au fond. Il suffit d'être discrète, d'échapper aux regards, d'inspirer confiance, d'afficher un joli sourire. Les commerçants n'ont pas les moyens de s'offrir des caméras de surveillance pour leur magasin, ce qui facilite les choses. Bien que le vol soit puni de la manière la plus sévère, beaucoup d'entre nous sont prêts à prendre le risque, en particulier des enfants qui ne vivent pas dans mon quartier. C'est dans ces boutiques-là que j'ai rencontré la plupart de mes amis.

Je pense à l'un d'eux, Esteban, un faiblard de treize ans que j'ai rencontré l'année dernière. Ses mains tremblaient lorsqu'il tenait son morceau de lard, encore sous emballage. Je crois que j'avais eu pitié ce jour-là, et j'avais préféré le lui offrir, comme un cadeau. Depuis, il ne me quitte jamais. Par la suite, j'ai appris qu'il était orphelin, et qu'on l'avait placé dans un foyer où ses « parents » le battaient. Je pense que s'il était tiré au sort, il serait heureux.

Je soupire, jette un regard sur le monde qui m'entoure. Un léger vent s'était levé, faisant onduler les feuilles des arbres. Cette vue me tranquillise, me remet les idées en place, me permet d'y voir plus clair. L'air frais y est pour beaucoup, aussi. Cela doit faire une heure que je tente de me calmer.

Le gras du lapin sur mes doigts renforce l'impression de saleté que je ressentais déjà ce matin. Bien que je ne me lave pas souvent, je ne supporte pas d'être sale. Je n'ai pas le choix : l'eau est une denrée rare, que je ne peux pas gaspiller pour des histoires d'hygiène. Néanmoins, mes parents s'assureront que je sois belle et propre pour la Moisson, je ne me fais aucun problème à ce sujet.

Le Soleil pointait déjà à la moitié de son trajet lorsque j'ai décidé de lever le camp et de rentrer chez moi, le vague à l'âme.

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Quand je sens toute ma crasse s'accumuler au fond de la bassine d'eau tiède, je réalise à quel point nous manquons de propreté. Je ne connais pas les coutumes du Capitole, mais il est certain qu'aucun de ses habitants n'est sale à ce point. Peut-être même ne l'étaient-ils jamais.

Ma mère me donne une serviette, mais insiste pour regarder mon corps. C'est la tradition. Chaque année, elle voulait voir si mes formes devenaient plus volumineuses, si on pouvait en tirer avantage si j'étais envoyée aux Jeux. Et comme d'habitude, elle secoue la tête.

- Au moins, tu as un joli visage, et les yeux de ton père.

Elle se penche légèrement, pour être à mon niveau. Car oui, je suis petite. À dix-sept ans, je mesure un mètre cinquante, ce qui me rend bien plus courte sur pattes que la plupart des autres adolescents, ce qui a toujours exaspéré mon père. Comme si c'était de ma faute.

- Cette année sera ton année, ma fille. Nous comptons sur toi pour que tu te portes volontaire et que tu reviennes, la victoire en main. N'oublie pas de ne te préoccuper que de toi une fois dans l'arène. Personne ne pensera à toi, alors protège-toi.

- Pourquoi ne pas attendre l'année prochaine ? je rétorque.

- Parce que tu es prête.

En réalité, ils savent que dès mes dix-huit ans, je chercherai un moyen de quitter la maison, héritage ou pas, et que par conséquent, lors de ma dernière Moisson, ils ne pourront plus me forcer à participer à ces Jeux sanglants.

Ils s'assurent juste que leur fille chérie aille se faire massacrer avant.

Je regarde les cernes de ma mère, auxquels je n'avais encore jamais fait attention. Ils témoignent de sa fatigue, de son angoisse, et, sûrement de l'inquiétude qu'elle me porte. Elle m'a toujours considéré comme une petite fille qui ne sait rien faire, à part manier des armes. Combien de fois m'a-t-elle répété de ne jamais faire d'enfants ? Qu'elle aurait voulu que je sois autrement ? Meilleure, avide de compétition, et jouant le jeu du Capitole avec leurs maudits Hunger Games ?

À chaque fois que je lui crache ce dernier argument en plein visage, elle devient toute rouge et se met à hurler. Mais c'est la réalité, qu'elle le veuille ou non. Que les enfants des Districts soient traités comme des machines et non comme des humains. Je crois que la pauvreté, la famine, et l'ambiance générale dans le pays ont rendu mes parents fous.

Une fine larme coule sur ma joue, mais je ne prends pas la peine de l'essuyer. Je veux que tout le monde voie son sillon sur mon visage.

Je ne réponds rien à ma mère, et la laisse travailler mes cheveux, qu'elle met un temps fou à démêler. Ça me fait mal, mais je me tais : je sais qu'elle n'appréciera pas que je la perturbe pendant sa besogne, et à deux heures du tirage au sort, je n'ai pas envie de me disputer avec elle. Si je dois mourir, je veux être en bons termes avec mes parents.

Trente minutes plus tard, je suis prête. Je porte une tenue moulante, entièrement noire, rembourrée là où ça doit l'être afin de mettre mon corps et mes formes en valeur. À mon bras droit, j'ai un gros bracelet argenté orné d'un couteau de boucher – à la fois un symbole de mon District et une menace aux autres tributs. Les boucles de mes cheveux, en temps normal désordonnées et emmêlées, ont perdu tout leur naturel. À présent, elles ont une forme particulière, une harmonie qui a pour but de me rendre sexy aux yeux des sponsors. Et par je ne sais quel moyen ou crème étrange s'est-elle procurée, elle a réussi à faire briller mes cheveux blonds – l'effet est encore plus saisissant au Soleil - les rendant bien plus beaux qu'ils ne le sont réellement, et effaçant par le même coup leur aspect sec. Mes chaussures, quant à elles, sont de grosses bottes noires à lacets qui s'arrêtent juste en-dessous des genoux.

En plus de ça, elle a ajouté du maquillage - dont je ne connaissais même pas l'existence dans cette maison - afin d'unifier mon teint, de mettre en valeur mes yeux en y ajoutant du crayon de couleur ébène, et elle ajoute un peu de rouge à lèvres rose, qui se confond avec la couleur de ma bouche. C'est tellement transparent que je ne saisis pas tout de suite l'intérêt d'en mettre.

Cet accoutrement n'est pas celui des autres années, où je portais encore une robe bleue et des petits talons, ainsi qu'une longue natte qui tombait dans mon dos. Cette tenue-là vient du Capitole, ou du moins s'en inspire. Par conséquent, elle a coûté une fortune.

- Combien ? je demande aussitôt, peu encline à lui faire des compliments sur son travail, pourtant magnifique.

- J'ai dû faire des sacrifices pour que l'on te remarque, élude-t-elle. Je me bats déjà d'arrache-pied pour que tu survives, Lara. Et ce, depuis ta naissance.

Je fronce les sourcils, peu satisfaite de sa réponse. Je me sens prise entre deux feux, encore plus qu'auparavant. Tous les efforts de mes parents - mon père qui m'entraîne et ma mère qui se procure des produits de luxe - juste pour que je puisse survivre, me donnent le tournis.

Elle s'adonne à quelques finitions, concernant essentiellement mon maquillage, puis nous partons en direction de l'hôtel de justice. Ce dernier se trouve à quelques mètres de la Huitième Rue, mais il n'est pas délabré ; au contraire, on dirait même qu'ils ont refait la peinture. Je vois d'autres personnes marcher à côté de nous, parées de leurs plus beaux vêtements. À côté d'eux, je parais grotesque, avec cette tenue de guerrière, qui donne l'impression que je suis déjà dans l'arène. Je me sens presque désolée pour ces personnes que je déshonore avec cet accoutrement ridicule, et qui plairait beaucoup trop au Capitole.

Je sais où ils vont.

Je sais que d'ici une heure, deux d'entre nous seront partis pour les soixante-dixièmes Hunger Games.


Note : Premier chapitre bouclé, j'espère que ça vous aura plu. N'hésitez pas à me donner vos avis, surtout sur le personnage principal, Lara, qui me ressemble tant et pas du tout à la fois.