Rating: T (jurons, violence, beaucoup de référence à la mort et un peu au sexe [les protagonistes sont des (pré)adolescents après tout] mais rien de graphique)
Genre: Hurt/comfort :! Amitié :! Romance :! Angst :! Humour :! Crime :! Horreur :! Spirituel :!
Spécificité: Univers Alternatif dans le Canonverse :! présence d'OCs :! OC x Canon (OC x Eddie) :! Relation malsaine :! Slow burn


Note de l'auteur:

Bon... Je me doute que cette fic n'attirera pas beaucoup de monde. Déjà, je fais un couple avec un OC, mais en plus c'est avec un personnage secondaire pas particulièrement aimé ;w;
Mais bizarrement, ce projet me motive beaucoup pour l'instant. J'espère que vous apprécierez !
Ah, et petite précision sur l'AU: ce n'est pas un Univers sans Rachel! Tous le monde sera au rendez-vous, promis!


ARC 0: PROLOGUE


Les murs extérieurs de l'église s'étaient teints d'une couleur orangée. Des feuilles vertes s'envolèrent sous un vent léger mais froid. Il faisait sec ceci-dit; les pavés de la rue étaient recouvert d'une fine couche de poussière qui virevoltait allègrement au bon plaisir de la brise.

Les pas de la jeune fille résonnaient sur le sol de pierre. Elle eut un mouvement d'épaule pour remettre son sac correctement sur son dos, sans pour autant s'arrêter.

Elle releva les yeux. Elle cherchait un hôtel ou une auberge pour loger cette nuit. L'adolescente avait fuit la ville de peur de tomber sur la police et s'était réfugiée dans la périphérie. L'endroit était franchement rural; les maisons étaient typiques du siècle dernier et encerclaient la grande église à laquelle elles faisaient face.

Elle y rejeta un œil, stoppant sa marche pour la contempler. Les vitraux étaient d'une finesse remarquable. L'architecture lui donna cependant une impression baroque avec quelques touches gothiques. Plutôt intéressant.

La fille aux cheveux attachés s'assit sur le rebord de la fontaine, face au bâtiment, et posa son sac à ses pieds. Plusieurs pièces avaient été gaspillées en offrande et luisaient au fond du bassin. Elle se mordit les lèvres, se faisant violence pour ne pas plonger la main et récupérer l'argent. Il y avait des choses qu'elle respectait encore! Notamment la piété…

Sa main alla instinctivement au niveau de son cou et enlaça doucereusement le pendentif doré qui y pendait. Un goût amer emplit sa bouche.

Elle fixa le bâtiment religieux avec une expression indéchiffrable. Ses cheveux rouges flottèrent un bref instant dans le vent estivale.

Est-ce que je dois y aller? se demanda-t-elle dans son for intérieur.

Elle était certaine que sa mère en aurait été ravie. Savoir qu'elle ne s'écartait pas du mauvais chemin l'aurait apaisé. Son père lui aurait dit de faire comme elle l'entendait.

Bon. Je vais le faire encore une fois pour maman, décida-t-elle en se levant.

Elle reprit son sac à dos et se mit en quête de l'entrée.

C'était silencieux. Un atmosphère lourde y régnait. Déjà petite, elle n'aimait pas ce genre d'endroit - c'était long, ennuyeux, oppressant. Sectaire même. Officiellement, la religion anglicane n'était pas reconnu comme tel mais d'un point de vue subjectif, l'adolescente trouvait que ce genre de culte et les sectes n'étaient pas si différentes.
Elle fit un signe de croix et, après hésitation, décida de s'assoir sur un des bancs du milieu. Il n'y avait personne. C'était parfaitement normal en soit: la messe n'aurait lieu que demain.

L'adolescente Noire observa une sculpture du Christ crucifié. Celle-ci était peinte, bien entretenu. Plutôt remarquable, doit-elle admettre. Ce devait-être un village particulièrement investie dans la communauté religieuse.

- Bonsoir.

Elle tourna la tête. Un homme - un prêtre supposa-t-elle à la croix qu'il portait - qu'elle estima dans la quarantaine venait d'apparaître depuis une porte en bois.

- Bonsoir, salua-t-elle également.

Elle était un peu sur ses réserves pour être honnête. Question d'habitude. Elle se méfiait toujours des personnes qui l'abordaient.

La cape pourpre de l'homme d'église frôlait presque le sol tandis qu'il se déplaçait avec aisance vers la table de marbre. Trop distraite par ses pensées, elle ne l'observa pas déplacer les coupelles sacrée ou nettoyer la nappe blanche d'un revers de main.

Une fois sa tâche terminée, le révérend s'avança vers elle, les mains dans le dos.

- Pardonnez ma curiosité déplacée mon enfant, l'approcha-t-il, mais je ne crois pas vous connaître. Vous n'êtes pas d'ici, je me trompe?

L'adolescente se renfrogna et serra son sac contre elle.

- Je ne viens pas souvent à l'église, répliqua-t-elle sur la défensive.

Ce n'était pas un mensonge en soit; ce fut ce qui lui permit de le soutenir son regard. Les yeux de son interlocuteur lui paraissaient, dénués de pupille. Elle dut reconnaître que ça la déstabilisait.

- Intéressant. Pourquoi être venue aujourd'hui dans ce cas? releva-t-il sur le même ton.

La fille aux cheveux rouge fut à court de mots. Le révérend demeura silencieux, attendant patiemment une réponse.

- Avec tout mon respect, je crois pas que ce soit vos affaires… Mon père, lâcha-t-elle lentement.
- Pardonnez mon impolitesse. Je ne souhaitais pas vous mettre mal à l'aise, s'excusa l'homme d'église d'un revers de main, prenez le temps qu'il vous faudra pour vous recueillir.
- Hum.

Il s'éloigna. L'adolescente Noire resta sur place encore quelques minutes avant de quitter les lieux à son tour.

Ce fut leur échange pour ce soir. Le chemin du révérend Grey et Scarlett se recroiserait plus tard.


Quelques semaines plus tard, Scarlett s'était installée dans l'auberge la moins chère des environs. Comme elle avait l'habitude de procéder, elle avait exécuté les petits boulots sans qualification qu'on lui proposait - distributrice de journaux, livreuses chez les petites mamies, gardienne de chats, promeneuse de chiens, et aide aux devoirs à la bibliothèque locale entre autre.
Ça lui permettait de se faire un peu d'argent de côté et, surtout, de manger à sa faim. Si l'envie d'argent était trop pressante, elle allait s'installer vers la forêt et campait.

Sa vie était éprouvante et attirait les suspicions, mais c'était ce qu'elle avait choisi. Elle ne regrettait pas sa décision… Cependant ça serait mentir de dire que certains éléments de son passé ne lui manquait pas. Comme le fait d'avoir une famille, d'aller retrouver ses amies à l'école; d'avoir une existence en soit nettement plus banale.

Mais les choses ne se passaient pas toujours comme on le souhaitait. Ou du moins, comment elle devrait se passer pour nous.

Scarlett l'avait compris depuis le décès de sa mère.

Elle soupira, chassant les souvenirs qui venaient la hanter en secouant sa tête. Sa main saisit son téléphone - un appareil pas vraiment de dernière génération mais qui lui permettait de se diriger et de regarder des vidéos de chatons mignons. L'écran s'alluma et lui annonça « 19h47 » sur un fond de tropique.

L'adolescente souffla bruyamment contre son oreiller. Elle était terriblement fatiguée mais le sommeil ne venait pas.
Elle eut beaucoup de mal à s'endormir. La jeune fille avait décidé de partir demain vers une nouvelle destination; et bien que souhaitant partir le plus tôt possible, le stress du voyage avait toujours été un soucis. Ce n'était pas faute d'avoir pris deux bols de camomille.

Bon, certes, ils avaient été aussitôt bu qu'ils étaient sortis de son corps, mais leur effet restait franchement à désirer.

Recette de grand-mère, mon cul.

La nuit lui fut donc courte. Au petit matin, alors que l'aube pointait son nez, elle s'éclipsa de sa chambre, régla sa consommation et sortit. Il ne faisait pas aussi froid qu'elle ne le pensait, mais le temps restait frais. C'était plutôt agréable après tous ces jours étouffants.

Elle s'avançait vers l'arrêt de bus lorsqu'elle vit le véhicule démarrer.

- Hey! Stop! Je veux monter aussi! s'exclama-t-elle aussitôt.

Malheureusement pour elle, le chauffeur ne l'entendit pas ou l'ignora délibérément. Même en le coursant, Scarlett ne put rattraper le bus qui, déjà, s'éloignait vers l'autoroute…

Génial.

À pas lourds, elle se dirigea de nouveau vers l'arrêt et observa le panneau d'affichage.

1h54 avant l'arrivée du prochain bus

Vraiment su-per.

L'adolescente soupira d'agacement. Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir faire pendant ces presque deux heures d'attente?

Scarlett aurait dû aller dans un café. Ou se promener dans un parc, pendant qu'il n'y avait personne. Peut-être même aurait-il été préférable qu'elle reste là, à attendre le bus.

Mais à cet instant précis, les cloches de l'église sonna sept heure. Son regard se dirigea aussitôt vers le lieu de culte.

Elle hésita. Et puis, dans un moment de faiblesse, céda à la tentation. La jeune adolescente attrapa les manches de son sac et alla à vers le majestueux bâtiment.

La jeune fille ne savait pas encore ce qu'elle comptait y faire. Un sentiment de vide la possédait.

Les gens d'ici avait l'air d'affirmer que l'église résolvait tous leurs problèmes. Enfin, un homme résolvait tous leurs problèmes moraux et de foi.
Il s'appelait le révérend Gray et il inspirait l'admiration de tous. C'était assez impressionnant; il était difficile de ne pas le retrouver au moins une fois dans la bouche des habitants. D'après la description qu'on lui avait faite, il lui sembla que c'était le prêtre qu'elle avait rencontré le jour de son arrivée.

À ses yeux, il lui paraissait être surtout un fouineur, mais Scarlett se dit qu'elle pouvait lui laisser une seconde chance. Surtout que…

Elle débattit longuement dans sa tête. Était-ce vraiment une bonne idée? C'était certain que ça allait la soulager sur le moment, mais s'il caftait à la police…

… Mais normalement, il ne ferait pas. Il y a le secret professionnel ou un truc dans ce genre, après tout…

Finalement, Scarlett passa les portes ouvertes.

Elle voulut demander à voix haute s'il y avait quelqu'un mais se rétracta: ce n'était surement pas très correct…

- Oh? Vous êtes donc revenue…

Scarlett fit volte-face. Elle reconnut aussitôt Gray - enfin, celui qu'elle pensait être Gray…

- Ouais… Enfin, oui.

Silence. Scarlett regarda le carrelage rendu incandescent par la lumière extérieure.

- J'aimerai vous parler, avoua-t-elle.
- Je vous en prie, encouragea-t-il aussitôt.
- Je veux dire… Me confesser.

L'homme se raidit. Puis il eut un étrange sourire - à moins que ce ne soit son attitude même qui la dérangeait?

- Très bien.

Ils se dirigèrent sans autre cérémonie vers le confessionnal. Scarlett serra un peu pus fort les dragonnes de son sac bleu marine.

Une fois installée, elle le posa sur ses genoux.

Elle prit une grande inspiration avant de vomir son histoire. Elle resta vague sur certains détails mais accentua beaucoup sur ses émotions, son ressenti. Peut-être essayait-elle de justifier ses actes ou d'émouvoir son interlocuteur. Ou peut-être simplement s'avouer à elle-même qu'elle avait bel et bien éprouvé des choses à ces instants-là, sans s'en rendre compte. Dans tous les cas, mettre les mots sur ce qu'elle avait vécu lui fit avoir les larmes aux yeux. Quelques fois elle dut s'interrompre, la respiration lui étant trop douloureuse.

Gray se montra plus prévenant qu'elle ne l'imaginait. Paradoxalement, elle le trouva aussi un peu dur, mais elle ne pouvait pas nier qu'il avait tord. Ou tout au moins, avec la manière dont il le formulait… Elle comprenait mieux pourquoi le village l'appréciait autant. Il était honnête, à l'écoute.

- Parfois… Je me dis que c'est moi qui aurait dû mourrir… conclut-elle avec une petite voix.

Le révérend demeura silencieux après cette dernière tirade.

- Et vous n'avez ainsi plus de lieu où aller? Vous errez là où le vent vous porte?
- C'est un peu trop poétique, mais c'est l'idée, sourit-elle tristement.

L'homme de foi prit un temps avant de continuer.

- Le péché de l'ire… Est l'un des plus commun mais aussi le plus dangereux chez l'Homme. C'est lui qui pousse à la haine du prochain, la diffamation… À l'homicide.

Scarlett l'écoutait avec attention.

- Il est aussi intéressant de constater qu'il est régit sous l'impulsion. Bien souvent, ceux dans le même cas que vous en vienne à regretter leurs actions.
- C'était un accident…
- Je le sais, mon enfant, coupa-t-il. Je le sais. Mais il n'en résulte pas moins les conséquences de vos actions…

Scarlett lutta contre l'envie de s'écrouler en larmes.

Gray, de son côté, analysait la jeune fille. Elle semblait hantée par une violence sous-jacente, comme un barrage sur le point de céder. Et ses mains étaient tâchés par cette faute…
Elle pouvait faire une bonne candidate.

- Crois-tu au plus profond de toi en l'existence d'un dieu?

Elle eut un léger rire remplit d'amertume.

- J'imagine que si ce n'était pas le cas, je ne serai pas ici.
- Que dirais-tu alors d'expérimenter le purgatoire?
- Quoi?

Alors qu'elle s'interloquait de ce que sous-entendait le prêtre, une odeur étrange lui parvint aux narines. C'était une senteur suave, enivrante presque écœurante. Poisseuse aussi.

Les choses devinrent étranges à partir de ce moment-là. Le monde se distordit, les couleurs fanèrent pour ne plus qu'être nuance de mauve.
Elle eut la sensation d'être de nouveau une petite fille. Quelqu'un lui attrapa gentiment la main - la petite Scarlett n'eut qu'à lever la tête pour apercevoir sa mère. Elle lui souriait tendrement - avec une pointe mélancolique. L'enfant lui rendit son sourire, et sautilla sur place pour faire remuer ses couettes de cheveux crépus (elle adorait ça) et témoigner son affection. Puis elle se laissa guider vers où l'emmenait sa chère maman.

Quand le monde reprit son apparence normale, Scarlett ne se trouvait plus dans l'église. La lune s'était levée - une lune bleue - derrière de grandes baies vitrées.

Assise part terre au milieu de la pièce, elle inspecta rapidement les lieux. Elle était dans une salle avec de simples murs blancs. Il n'y avait plus personne - le révérend avait disparu.

- Putain… Où est ce que je suis…?