L'Espagne était dans sa plus grande période de gloire. C'était le premier pays a avoir découvert un nouveau monde. Le premier a découvrir de nouveaux pays, le premier pays a poser un pied en Amérique.

Spain lui même, à la demande du roi, était du voyage. Il avait embarqué sur la Santa Maria, l'un des trois bateaux de Cristophe Colomb, un homme qui lui avait inspiré la plus grande admiration, et les deux s'entendaient à merveille. Ils avaient tous les deux la même vision candide du monde, et voulaient, non pas conquérir de nouveaux territoires, mais en découvrir. Apprendre a connaitre d'autres civilisations, et vivre à leurs cotés.

Tonio avait établi les premiers contacts avec les indigènes à Cuba, puis, quittant le voyageur, il était descendu, dans le sud du continent, à la découverte du Mexique, en compagnie de Cortés.

Il avait pensé que ce serait un joyeux voyage, au cours duquel il ferait de merveilleuses rencontres, comme cela l'avait été avec Colomb,mais il s'était fourvoyé. Cortés s'était avéré être un être cruel, et sanguinaire, avide de richesses, et de sang.

Partout où il allait, il rependait des tas de morts. De pauvres femmes innocentes, des enfants, des personnes âgées, n'importe qui. Il ne respectait que sa propre vie. Tonio, dans les premiers temps, était révolté par une attitude pareille. Au début, il tournait juste les yeux, et ravalait sa salive, sans jamais rien vraiment faire. Après tout, le Roi avait eu confiance en lui, alors lui aussi, devait avoir confiance. Mais plus les monstruosités avaient lieu, et plus les corps s'entassaient, plus il avait du mal a ignorer la boule de regret qui se formait dans son ventre, plus il avait du mal a faire taire la voix qui hurlait dans sa tête. Ceci devait s'arrêter. Il avait tout de suite commencé à rédiger une lettre pour en avertir la Reine, dont il était proche. Il l'avait envoyée, conscient qu'il y avait peu de chances qu'elle arrive rapidement à destination. Il savait qu'il devait tenter quelque chose, pour empêcher les bains de sang. Les populations les prenaient pour des dieux, et eux, ils les traitaient comme des êtres inférieurs. C'était inadmissible, inhumain.

Une fois, il avait tenté de s'interposer, entre une jeune fille et le Conquistador. Cortés l'avait voulue, il avait voulu la prendre, elle, cette jeune fleur a peine éclose, et elle s'était débatue. Spain était arrivé au moment ou il la menaçait avec son épée. Elle était à terre, ses vêtements déchirés cachaient a peine son frêle corps, et ses yeux étaient remplis de larmes, et de peur. Le sang d'Antonio n'avait fait qu'un tour, et il s'était précipité entre les deux, les bras écartés, pour protéger la fillette.

-STOP !

Cortés avait eu un air surprit, puis, quelques secondes à peine, il avait retrouvé sa tête froide et cruelle de tous les jours.

-Écartes toi ! Ce ne sont pas tes affaires.

-Non, ceci a assez duré. Je ne vous laisserai plus faire, plus jamais.

-ÉCARTES TOI ESPÈCE D'INSOLENT. Comment oses-tu me faire face ainsi ?

Le regard de Cortés était empli d'une fureur animale, une haine cruelle et sans merci, qui luisait dans ses yeux. Son visage était déformé par la rage, et, avec un peu d'imagination, on aurait pu entendre un grondement sortir de son torse.

Antonio avait peur de lui, peur de cet homme colérique, qui semait la mort sans remords, mais il ne se laissa pas faire. Cette petite fille avait sûrement une famille, des parents, peut être même un amoureux. Et puis elle était si jeune, si fragile. Elle ne méritait pas ce traitement.

Alors il prit son courage a deux mains, et secoua la tête.

-Je ne supporterais pas vos actions plus longtemps. Je refuse que vous traitiez des humains de la sorte !

-Des humains? Vous croyez vraiment que Dieu aurait crée des humains pareils ? Ils valent moins que des chiens ! Moins que des rats !

Tout a coup, Cortés écarta violemment Spain de son chemin, en l'envoyant valdinguer d'un coup de bras violent. Antonio tomba alors a terre, et vit avec horreur l'homme face à lui empoigner fermement la longue chevelure brune de la fillette, au niveau du cuir chevelu, la relevant de force. Elle hurlait de terreur, et son cri n'avait rien d'humain. Elle ressemblait à un insecte prisonnier d'une toile, se débattant en vain, en voyant l'araignée s'approcher pour le dévorer. Cortés avait un sourire sadique et satisfait sur le visage, comme si il était fier de ce qu'il était en train de faire. Ensuite, il caressa, de son autre main son visage, de sa joue au creux de son cou, alors qu'elle était secouée par de violents tremblements. Elle sanglotait. Il lui attrapa le visage, le tenant dans sa grosse main grasse, lui écrasant les joues au passage. Cela lui déformait complètement chaque expression, et elle n'avait plus rien d'humain.

Tonio était de plus en plus effrayé, et il se sentait impuissant. Comment allait il rivaliser avec un homme pareil ? Il jeta alors sa dernière carte.

-Soyez sur que la reine sera tenue au courant d'un tel comportement !

-La reine ? C'est tout ce que tu as trouvé pour me menacer Antonio ?

Il détestait que ce monstre ne l'appelle par son prénom, et il détestait que cette homme ne le tutoie, et il détestait cet homme tout court. Comment pouvait-on manquer d'humanité à ce point ? Il serra alors les poings, et répéta, en tentant de rester calme.

-Je ne vous le redirais qu'une fois. Laissez cette jeune fille.

Cortès explosa de rire. De ce rire cruel que l'on voit dans les livres. Ce rire sorti d'outre tombe, qui donne des frissons dans le dos.

Il ne prit meme pas en compte sa menace, et il jeta violement la fille sur le sol, avant de se pencher sur elle, en débouclant sa ceinture. Tonio perdait son self contrôle. Ses membres tremblaient comme une tonnelle un soir d'orage, et il sentait qu'il allait craquer. Bientôt. Très bientôt.

Alors, dans un dernier élan de courage, il se releva, et dégaina son épée, avant de la pointer sur le monstre face a lui. Il prit alors le ton le plus menaçant dont il était capable.

-Je vous l'ai dis, je ne me répéterais pas.

Le conquistador se retourna, intrigué, et sourit en voyant le frêle Antonio tenter de le menacer. Il hocha la tête.

-Tu veux régler ça en duel ? Parfait. Mais il faut un enjeu, puisque je ne peux décemment pas te tuer. Tu es un pays, c'est impossible.

Antonio ne s'attendait pas a une telle réaction, et il resta immobile, l'épée toujours en direction de son ennemi.

-On va établir des règles, continua-t-il. Le premier qui désarme l'autre, et qui le met a terre a remporte le duel. Et le perdant devra être au service du vainqueur, et faire tout ce qu'il lui ordonnera, jusqu'a notre retour en Espagne. Cela te parrait-il correct ?

Il hocha la tête. S'il gagnait, il pourrait enfin mettre fin a toutes ces horreurs. C'était sa chance, il ne pouvait pas la manquer. En revanche, s'il perdait, il devrait tenir sa parole, et faire tout ce que le conquistador lui dirait. Et d'après la façon dont il traitait ses soldats, cela ne présagait rien de bon. Mais il ne pouvait pas reculer, pas maintenant.

-Tout ce que le vainqueur voudra ? C'est certain ?

-Bien sur, je n'ai qu'une parole.

-Dans ce cas, je relève le défi. En garde, Cortés !