Comme je suis de ceux qui ne peuvent accepter que les chroniques nous aient lâchées, je me lance comme bien d'autres fans, dans une troisième saison. Je crois que le plus frustrant n'est-ce pas, c'est de ne pas savoir comment se concluent les intrigues alors, vaste programme, j'entends bien boucler les énigmes principales autant que faire se peut. (En toute humilité bien sûr ! Loin de moi la prétention de pondre un canon.)
Un petit mot aussi sur le Jameron puisqu'il est souvent au cœur des intérêts de bien des lecteurs(trices surtout). Pour ma part, ce qui m'importe avant tout dans cette relation cyborg-humain, c'est son réalisme. Je prendrai donc soin de rester dans les balises déjà établies par la série. Je vous averti tout de suite afin de vous éviter la peine de lire si c'est votre cas : les inconditionnels-les d'un cyborg transit de passion, inexplicablement humain, follement amoureux (voire même affamé de luxure), n'y trouveront pas leur compte. Cependant, comme on ne peut nier que cette romance soit présente dans l'histoire, elle sera développée dans le récit au même titre que d'autres intrigues ...; et avec un certain souci de satisfaire les amateurs du genre puisque à voir les autres fics TSCC, ils sont indiscutablement majoritaires. Offre et demande n'est-ce pas, c'est l'histoire du monde.
Ps- Ha oui, peut-être juste un petit détail qui peut avoir quelque importance : en écrivant, j'imaginais le Kyle Reese de Terminator et pas du tout celui des chroniques.
La bulle de lumière bleue se dissipa en laissant apparaître deux corps nus, accroupis en position fœtale. John avait l'impression que tout son corps était glacé, que chacun de ses muscles avait été compressé au maximum et reprenaient douloureusement sa place. Traverser le temps n'était pas une partie de plaisir. Il se releva péniblement tandis que la grande femme rousse qui le toisait calmement, ne semblait pas ressentir le moindre désagrément. Il jeta un coup d'œil autour de lui. Ils se trouvaient dans une pièce en ruine. L'endroit ressemblait à un vieux sous-sol où serait tombée une bombe dans un lointain passé. Il reconnaissait pourtant la configuration de la pièce où il s'était trouvé un instant plus tôt. Aucun doute, ils étaient dans le futur.
Il se retourna vers Weaver et sursauta en la voyant parfaitement vêtue. Il réalisa que comme le T-1000 de son enfance, elle pouvait imiter les vêtements. Des vêtements sales et en lambeaux, dans le plus pur style du survivant apocalyptique. Il réalisa soudain qu'il manquait quelque chose d'important.
- Où est Cameron ? Où est son corps ?
Le terminator ne leva même pas un sourcil.
- Ça ne traverse pas.
John la regarda sans comprendre. Comment ça ne traverse pas ? Elle avait bien traversé elle. Qu'est-ce qu'elle lui chantait là ! Des voix retentirent soudainement. À en croire les cris, plusieurs personnes venaient vers eux et John se sentit soudain effroyablement nu. Il regarda derrière lui et aperçut un tas de tissus vert posé sur ce qui ressemblait à un vieux lit. Il s'empara aussitôt de ce qui se révéla être une veste relativement sale et puante mais heureusement assez longue. Il n'eut pas le temps de l'attacher car, par un grand trou dans le mur de ciment, il aperçut un homme accompagné d'un chien tourner le coin du couloir et dû se jeter à terre pour ne pas être vu. Il semblait qu'on avait repéré leur présence car il entendait des gardes et d'autres chiens qui arrivaient en trombe.
Il n'y avait pas de temps à perdre. La pièce où il se trouvait n'avait pas d'autre issue et John dû se faufiler par le trou du mur dans l'espoir de suivre le passage et s'enfuir. Il sentit les gravats coupants rouler sous ses pieds et il pensa fugitivement qu'il s'avérait urgent de trouver de quelconques chaussures.
- J'EN AI UN !
Il avait été pris à revers et un homme le tenait en joue. Paniqué et impuissant, il leva les mains et se tourna vers Weaver mais elle s'était volatilisée.
- Je ne suis pas une machine ! lança-t-il désespéré au combattant.
- Ne bouge pas ! lui cria le garde.
- Je suis humain !
- Ne bouge pas ou je te fais sauter ! lui hurla l'homme en le pointant de son arme.
- Du calme ! ordonna une voix derrière lui.
Un homme s'avança dans la lumière et le cœur de John fit un bond. Derek … c'était Derek ! Comme s'il était ressuscité d'entre les morts … Derek.
Il s'avança vers lui et John sentit les larmes lui monter aux yeux. Il n'arrivait pas à croire que son oncle lui était rendu … Derek.
- Regarde ses yeux … Il a autant de métal que toi Yan, dit-il au garde qui baissa son arme.
- Derek … dit John qui n'arrivait toujours pas à croire en son bonheur.
- Oui ?
Derek le regardait comme s'il était …. comme s'il était … quelque chose comme un pur inconnu qu'on vient de débusquer au fond d'une cave.
- Je suis John …
Derek le détailla comme s'il cherchait à se rappeler où il avait pu rencontrer ce type.
- … John Connor, ajouta-t'il comme si cela pouvait lui rendre la mémoire.
- Je connais des tas de gens mais toi, je ne te connais pas, dit Derek en le dévisageant. Ça vous dit quelque chose John Connor ? demanda-t-il en se retournant vers les hommes derrière lui.
Ils hochèrent la tête ou haussèrent les épaules et Derek le dévisagea de nouveau.
- Tu sais quoi ? J'ai l'impression que tu vas être célèbre… Mon frère est de retour et tu portes son manteau, dit Derek en indiquant le couloir derrière John.
Le jeune homme se retourna et vit une troupe d'hommes armés qui se dirigeait vers eux. L'un d'entre eux l'observait en fronçant les sourcils. Il était assez petit et mince mais on voyait tout de suite que c'était un homme en acier trempé. C'était son père …?! Le cœur de John manqua un battement.
Kyle Reese s'arrêta à sa hauteur et le dévisagea quand derrière lui une jeune femme s'accroupit pour caresser un chien visiblement heureux de la revoir. Cameron ! C'était elle ! Elle était passée ! Mais non … ce n'était pas … Son visage n'était pas à moitié arraché. La jeune femme leva les yeux vers lui et dans son regard, il reconnut bien quelque chose du cyborg mais si elle avait été Cameron, le chien aurait dû lui sauter à la gorge. Forcément, elle était humaine. Cameron ? Humaine ?
- C'est qui ce type ? Qu'est-ce qu'il fait avec ma veste ?
John, confus et troublé, s'arracha à la contemplation de la jeune femme pour regarder son père. Celui-ci ne semblait pas des plus ému de le voir.
- Il s'appelle John Connor. On vient de le trouver ici. Personne le connait, résuma Derek.
- Qu'est-ce que tu fous avec ma veste toi ? demanda Kyle en agrippant brusquement le rebord pour vérifier que c'était bien la sienne.
- Je … il fallait …, balbutia John encore sous le choc.
- Je vais t'expliquer un truc toi. Je sais pas d'où tu viens mais ici on aime PAS les putains de voleurs, gronda Kyle en le poussant brusquement
- Non ! c'est que … c'est juste …
- C'est juste quoi ? demanda Kyle le poussant de nouveau.
- Hey mec, il a rien en dessous, pouffa Yan en indiquant de son vieux AK47 l'ouverture qui laissait voir toutes les preuves.
John mortifié serra le manteau autour de lui tandis que les rebelles qui l'entouraient se mettaient à rire.
- Regardez-moi ça !
- Il attend que sa lessive finisse de sécher ?
- Hahaha !
- Moi je dis que c'est un pervers les mecs !
- Un pervers hein ? Alors John, demanda Kyle en le dévisageant, ça t'excite de te foutre à poil dans les manteaux des autres ?
- Non ! C'est pas ce que vous croyez …, plaida John complètement dépassé par les évènements.
- Tiens, prends ça et donne-lui sa veste avant qu'il fasse une attaque.
Cameron 2 lui lança un vieux bout de tissus qu'il enroula rapidement autour de ses hanches puis il enleva le manteau qu'il tendit à son père.
- Tu te rends compte que sa bite a frotté tout le temps contre ton manteau mec. T'es sûr que tu veux le ravoir ? demanda Yan avec philosophie.
- Il attend que ça, tu le connais, ajouta un autre.
Sous les rires de ses compagnons, Kyle arracha sa veste des mains de John en jurant.
- T'en as pas fini avec moi toi, cracha Kyle en le pointant du doigt.
- Hey les mecs ! Venez voir ça ! cria une voix dans les dortoirs.
D'un signe de tête Derek lui indiqua de les suivre dans l'autre pièce où déjà quelques personnes s'approchaient du cratère fumant laissé par le véhicule temporel.
- Merde, c'est quoi ça ?
- Une explosion ?
- Drôle d'explosion. Ça n'a rien détruit.
- Et ça a laissé un cercle parfait.
- C'est encore chaud.
- Alors John, j'imagine que tu peux nous expliquer ça ? demanda Derek en le toisant de ses yeux perçants.
L'esprit de John fonctionnait vitesse grand V. Pourtant, absolument rien ne lui venait à l'esprit pour expliquer les traces laissées par son arrivée.
- Je … je n'en sais rien.
- Tu m'en diras tant … gronda Kyle. Tu as une minute pour t'expliquer. Après ça … Pow ! dit-il en mimant un coup de fusil avec un air qui ne permettait pas de mettre en doute son envie de le faire.
- D'ac…, d'accord, je vous explique, dit John en levant une main. Je … je vis ici et là dans cette ville. Je survis quoi. Et … heu, voilà, il y a quelque jours, je me suis installé pas très loin d'ici et j'ai vu qu'il y avait du monde…, improvisa t'il. Alors, et bien … j'ai finalement décidé de venir voir. Je suis entré et j'ai visité un peu les environs …
- Question de voler un truc ou deux …
- Ça va Kyle. Ferme-là ! dit Derek sans quitter John des yeux.
- … Pour voir, c'est tout. Je suis arrivé dans cette pièce et j'ai reçu, je sais pas quoi. Une sorte de… de choc électrique, dit John qui avait rarement pensé aussi vite de sa vie.
- Un choc électrique ? répéta Derek en haussant un sourcil.
- Oui, ça y ressemblait. Il y avait comme … des éclairs bleus.
Kyle pouffa comme si c'était le comble du ridicule.
- Non, c'est vrai mec ! J'ai vu une lueur bleue ! intervint Yan. J'étais assez loin dans le couloir ouest quand je l'ai remarqué du coin de l'œil. Je me suis dit que j'avais des hallucinations mais tout de suite les chiens sont devenus fous.
- Ça … Ça me revient ! s'écria John. Il y avait quelqu'un ! Un type très grand qui m'a pris par surprise. Il m'a fait une sale impression. On aurait dit une machine … je crois … c'est confus. C'est lui qui a dû me prendre mes vêtements.
Un courant d'air glacial passa sur l'assemblée et les rebelles se regardèrent soudain inquiets.
- Une machine ? T'es sûr de ce que tu dis ? demanda Cameron 2.
John en était parfaitement certain. Le T-1000 se trouvait en ce moment même dans la base et qu'il soit ou non digne de confiance, il n'hésiterait certainement pas à étriper un rebelle ou deux si nécessaire.
- Je crois bien. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ? À moins que vous ayez l'habitude d'électrocuter les gens pour leur prendre leurs guenilles ? dit John.
- Il pourrait essayer de passer inaperçu en s'habillant comme nous ..., souligna Yan.
- Sa peau était normale ? Il avait l'air en caoutchouc ? demanda Cameron 2.
- Je ne … heu … oui, peut-être, bafouilla John qui n'avait jamais vu de terminators en caoutchouc.
- Moi je dis que c'est des foutaises, cracha Kyle peu convaincu.
Derek observa longuement le nouveau venu et John soutint son regard. Ce qu'il y lut sembla le décider.
- Okay, dit-il soudain. Lorenz, Allison, vous fouillez ce bordel et les pièces alentour de fond en comble. Les autres, vous prenez les chiens et vous faites la virée des couloirs. S'il y a quelqu'un d'autre, trouvez-le.
Lorenz et Cameron 2 se mirent à fouiller la pièce tandis que les autres se dispersaient au pas de courses. Allison … c'était donc ainsi qu'elle s'appelait. John réalisa soudain que c'était le nom que Cameron affirmait avoir quand sa puce avait été endommagée !
- Toi, tu vas par-là, dit Derek en lui indiquant une direction du bout de son arme.
- Pourquoi ?
- Vas-y c'est tout et m'oblige pas à le répéter.
Serrant son pagne autour de lui, John se mit à marcher tant bien que mal sur les débris de gravats tranchants. Ils avancèrent quelques mètres dans le couloir sombre et Derek s'arrêta devant une porte de fer cabossée qu'il ouvrit.
- Entre là-dedans.
- Mais je n'ai rien fait !
- Dans ce cas, tu n'as rien à craindre.
Devant l'air intransigeant de son oncle, John entra dans le réduit et la porte se ferma, le plongeant dans le noir. Il entendit jouer un gros loquet de métal et les pas de Derek s'éloignèrent.
Mais qu'est-ce qu'il foutait là bordel ! Dans le futur en plein milieu de la résistance ! Et puis c'était qui cette machine avec son John Henry-Turc version améliorée qui venait pour supposément combattre Skynet. Et Cameron qui lui aurait volontairement donné sa puce … Et Derek qui ressuscitait soudain … Et cette fille pareille au cyborg qu'il avait tout risqué pour venir chercher … Et son père … son PÈRE ! Il était supposé avoir dix-neuf ans de plus que lui ! Kyle Reese devait être presqu'un enfant lors de leur première rencontre!
John avait l'impression qu'un ouragan était à l'œuvre sous son crâne. Trop de choses qu'il avait attendues depuis toujours s'étaient produites en trop peu de temps. Son destin lui sautait dessus sans qu'il y soit le moindrement préparé. Il était censé avoir des ANNÉES devant lui avant tout ça !
- MACHIIIIINE !
Le hurlement rebondit en écho dans les pièces et les couloirs. John s'appuya contre la porte et entendit des cris et des aboiements enragés. Il colla son oreille contre l'ouverture où filtrait un mince filet de lumière.
- Nous nous reverrons John Connor.
John sursauta comme si le diable en personne lui avait sauté au visage. C'était la voix de Weaver, tout près, juste de l'autre côté de la porte de fer.
- JE LE VOIS ! IL EST LÀ !
Des coups de feu explosèrent dans le couloir et John se jeta au fond de sa prison, doutant que sa porte soit de taille contre une mitraillette. Des cris, des coups de feu, des cavalcades passèrent en trombe puis, plus rien.
- Hey !
John écouta attentivement mais rien ne semblait bouger. Puis soudainement, des cris, des pleurs, on marchait de l'autre côté. Il entendait remuer, parler. Quelqu'un aboyait des ordres.
- HEY ! OUVREZ-MOI ! Hurla John en tambourinant contre sa porte.
Personne ne semblait l'entendre. Et toujours, ce remue-ménage.
- OUVREZ ! Bang ! Bang ! Bang ! OUVREZ-MOI !
Le loquet de fer joua et John se recula. La porte s'ouvrit et il distingua la silhouette de Derek. Il lui jeta quelque chose que John attrapa tant bien que mal. Dans la pénombre, il reconnut un jeans et des chaussures.
- Tu viens avec nous. On décolle dans 5 minutes, dit Derek visiblement pressé.
- Dac … d'accord … Merci.
Mais Derek s'était déjà éclipsé. John se dépêcha d'enfiler le pantalon sale et troué dont une jambe, presque arraché à la hauteur du genou, ne tenait plus que par les coutures. Heureusement, les chaussures étaient plus ou moins de la bonne taille. En fait, elles auraient été parfaites si elles avaient été semblables. N'empêche, une grosse espadrille noire dans un pied et un vieux mocassin brun dans l'autre, John se trouvait moins à plaindre que pieds nus.
Il sortit da sa geôle eut l'impression d'être englouti par une marée puante. Autour de lui, des gens paniqués, sales et dépenaillés couraient dans le couloir en transportant des ballots et divers objets. Il remarqua un enfant crasseux qui braillait au milieu de ce chaos quand une femme le saisit et l'emporta. Il entendait Derek crier des ordres dans les dortoirs et un chien laissé à lui-même, passa en trombe en jappant. Il suivit la horde des pouilleux en résistant à la tentation de se boucher le nez. Jamais il n'avait senti un pareil concentré de crasse humaine et à vrai dire, il s'en était fort bien passé. L'idée le traversa que ce n'était que la première des mauvaises surprises qui l'attendait dans son nouveau présent. Si sa vie pré-apocalyptique n'avait pas été une sinécure, quelque chose lui disait soudain que la post-apocalyptique allait se révéler grandement pire.
Il prêta l'oreille à ce qui se disait autour de lui. Les gens parlaient d'une machine qui les avaient débusqué et fait étrange, s'était enfuie sans tuer personne. La seule raison plausible à ce comportement exceptionnel ne pouvait être que la foutu machine était tombée sur eux par hasard et, n'étant pas assez armée pour faire un carnage, s'était dépêché de sortir chercher tous les renforts disponibles dans le coin. Par conséquent, il importait de dégager au plus vite.
Bientôt, le couloir les mena à ce qui avait dû être un stationnement à en juger par le plafond bétonné. L'effondrement général de la structure n'avait laissé que quelques dizaines de mètres dégagés autour des portes de service mais les plaques de bétons fracassées avaient été poussées pour qu'on puisse y avancer deux camions blindés qui autrefois avaient dû servir à transporter de l'argent d'une banque à l'autre. Les misérables grimpaient à tour de rôle dans les véhicules et John se mit en ligne avec les autres tout en redoutant d'avance le type d'effluves qui pourraient s'épanouir dans un espace aussi clos.
- Je crois que tu devrais retourner d'où tu viens.
Kyle le regardait l'air mauvais en lui barrant le chemin, sa mitraillette bien en main. John s'arrêta et les gens derrière lui le contournèrent sans lui prêter la moindre attention. Il fixa l'homme qui devait devenir son père et ne put s'empêcher de se sentir trahi. Toutes années il s'était imaginé leurs aventures de mille façons. Comment ils seraient emmenés dans le camp de travail, comment il le protégerait, comment ils délivreraient les gens, créeraient la résistance et combattraient Skynet ! Et soudain son père se transformait en adulte qui le dévisageait comme une vermine …
- En fait, si j'étais toi, je dégagerais vite fait, lui dit Kyle en tapotant son fusil.
- Hey, lâche-le mec, dit Yan en lançant un ballot dans le blindé. Il est cool.
- Ouais, sans lui, la putain machine nous aurait pris par surprise et tu aurais peut-être une machette enfoncée dans le cul à l'heure qu'il est, ajouta son collègue tout en aidant les gens à monter dans le camion.
Yan pouffa de rire en lançant un regard de connivence à son collègue.
- Ta gueule Saul, grinça Kyle. Qui te dit qu'il est pas de mèche avec l'ennemi hein ? Quelque chose comme une saleté d'espion.
- Tu délires mec. À quoi tu veux qu'il leur serve ce petit con ?
- J'en sais rien mais il est pas net je te dis. Son histoire tient pas debout, dit Kyle en fixant le jeune homme.
- Je suis pas un espion ! se défendit John.
- Toi, j'emmerde ta race ! lui cracha Kyle en le pointant du doigt.
John le dévisagea quelques instant et ne put s'empêcher de sourire en baissant la tête.
- J'ai dit quelque chose de marrant Connor ? Tu veux que je te fasse rigoler pour vrai ? menaça Kyle en s'avançant vers lui.
- Ça va. C'est moi qui lui ai dit de venir, coupa Derek qui arrivait à leur hauteur.
- Moi je dis qu'on le laisse ici. Code vingt. Réfugié suspect.
- Code quinze. Prisonnier susceptible de détenir des informations. Perry va vouloir l'interroger lui-même. Tu connais Perry. Oui ? Alors ça te dis de monter une expédition pour essayer de retrouver ce gamin quand il se sera planqué au fond de cette foutue ville ?
Kyle resta silencieux, plia devant l'argument et cracha par terre en signe de capitulation.
- Merde !
Il observa John d'un air mauvais.
- Je le prends dans mon blindé, finit par dire Kyle.
- Comme tu veux, répondit Derek en haussant les épaules.
John le regarda se diriger vers l'autre camion avec une furieuse envie de le suivre.
- Monte là-dedans toi, ordonna Kyle en indiquant son camion du pouce.
John hésita un instant puis s'avança sous le regard méfiant de son père.
- Et je te conseille de te tenir tranquille, parce que Perry ou non, j'hésiterai pas à te mettre hors d'état de nuire moi.
John grimpa dans le véhicule sans lui accorder un regard. Des bancs de métal avaient été soudés tout le tour de l'habitacle d'acier et les premiers arrivés s'y étaient empilés comme ils le pouvaient, les autres s'étaient assis par terre au milieu de leur barda. Une échelle avait été fixée au fond et donnait sur un trou découpé au plafond. John voyait dépasser les jambes de l'homme qui montait la garde sur le toit. Comme il l'avait craint, le réduit ne fleurait pas la rose. Les gens se poussèrent pour lui laisser une place et il s'assit par terre avec les autres, tout en espérant qu'il ne lui faudrait pas trop longtemps pour s'habituer aux nouvelles odeurs de ses semblables.
Kyle jeta un ultime coup d'œil aux alentour, puis monta dans le véhicule en fermant la porte derrière lui. Le cocon d'acier fut plongé dans la pénombre mais John, même sans pouvoir le distinguer, sentait peser sur lui le regard méfiant du soldat qu'il aurait dû rencontrer lorsqu'il n'était qu'un enfant.
Les moteurs se mirent à gronder, les roues mordirent dans l'asphalte fissuré et un instant plus tard, les blindés filaient dans la nuit, tous phares éteints.
