Certaines personnes pensent qu'il est facile de fuir, de tout abandonner. Mais c'est faux. D'autres personnes pensent qu'être issue d'un milieu riche permet la luxure, la joie et la facilité. Mais là encore, elles se trompent. D'autres encore pensent qu'aimer est un sentiment au-dessus de tout, facile et bon à ressentir. Toujours faux.
Et pourtant je pensais comme ces personnes avant d'être réellement confrontée à la réalité.
Ce qui est vrai ? C'est qu'il est facile de s'emmurer face à la peine ou même la douleur, de mentir sur ces réelles émotions ou encore d'être trahie par une personne que l'on pensait être bien pour soi.
Fuir ? Je ne sais même pas où aller. Parler ? Personne ne prendra mes dires au sérieux face à l'homme qui se dresse devant moi. Mentir ? C'est ce que je fais à longueur de journée quand on me demande comment je vais.
Comment cela a-t-il commencé ?
Il y a un an, mon père m'a donné à un homme de notre rang. Beau, intelligent et bien sous tous rapports. Le paradis ? Je l'ai frôlé… mais ai vite été ramenée à la réalité. Cet homme, une fois la porte de notre demeure passée est dure, froid, jaloux et violent. La première fois qu'il m'a battu, était dû au fait que j'ai rendu un sourire à un jeune homme. Simple geste de courtoisie et pourtant, mon épaule a failli sortir de son axe ce jour-là. Les coups étaient réguliers mais toujours masqués. Dans les côtes, le dos, les cuisses, les épaules. Mon visage a toujours été épargné.
Il revenait à chaque fois, avec un bouquet de fleur à la main, une bague, un collier, toutes ses choses qu'il m'offrait pour justifier ses gestes, pour racheter son comportement.
Le destin m'a pourtant sauvé. Un soir, où il avait passé une mauvaise journée, il m'a encore frappé. J'étais à terre, me prenant des coups dans mon abdomen, voulant lâcher prise sur cette vie qui n'était que souffrance et solitude lorsque son téléphone sonna. Il a arrêté son traitement de faveur à mon égard et les seules choses que j'ai attendues se résument à quelques phrases « En France ? ….. Mais pour combien de temps ? …. Je comprends Monsieur le directeur… Je serais me montrer digne de votre confiance…. Au revoir Monsieur le directeur ».
La peur est revenue à grand pas quand je l'ai senti me relever douloureusement et me coincer contre le mur tout en me tenant fermement le cou « Je dois aller en France pour au moins 9 mois pour l'installation d'une succursale, tu n'as pas intérêt à faire de bêtises pendant mon absence, m'as-tu compris Shizuru ? ». Je ne pouvais qu'acquiescer sachant que la mort serait moins douloureuse si j'osais faire quelque chose contre lui. Il écarta mes jambes avec les siennes « Avant de partir, je veux remplir mon devoir conjugal ». Je savais à quoi il faisait allusion. Comme à chaque fois qu'il me faisait l'amour, ou plus clairement abuser de moi, je fermais les yeux en sachant que le moment ne durerait que quelques instants. Mais ce soir-là, malgré la peur et le malaise face à ce traitement, je me sentais un peu mieux que d'habitude. Je ne cessais de penser « 9 mois pour trouver un moyen de fuir »
