J'ai décidé de vous ennuyer un peu avec mon bla-bla avant de commencer cette fic. D'abord, un petit avertissement. J'ai mis un rating PG, mais totalement au hasard. Il se peut que certains passages soient légèrement choquants, essentiellement d'un point de vue psychologique. D'ailleurs, un petit conseil : si vous n'aimez pas voir Harry malheureux, si le voir souffrir vous donne des envies de meurtre, pitié ne lisez pas cette fic, parce qu'il va vraiment en prendre plein la tête ( et que moi je tiens à la vie.).

Et je tiens également à vous prévenir d'une chose : cette fic n'est pas une cinquième année de Harry : elle se déroulera essentiellement pendant les vacances, mordra peut-être un peu sur l'année scolaire mais n'ira sûrement pas jusqu'en juin.

D'autre part, si vous avez lu le résumé, vous savez maintenant que cette histoire est un crossover entre le monde de Harry Potter ( création et propriété de la sublime déesse Mrs Rowling, pour le disclaimer ) et celui de Gabriel Knight ( créé par la non moins sublime mais moins célèbre Jane Jensen, et propriété de je ne sais pas trop qui puisqu'il paraît que Sierra online a disparu, mais en tous cas qui ne m'appartient pas non plus ).

Enfin bref, j'imagine que tout le monde ici connait Harry Potter ( et si par hasard il y avait des fans de GK ignorant tout de notre sorcier favori qui passaient par là, qu'ils éteignent tout de suite leur ordinateur et se ruent chez leur libraire au lieu de lire mes bêtises). Par contre, j'ai dit que les gens qui ne connaissaient pas Gabriel pouvaient lire cette fic sans être gênés. J'imagine qu'il y en a, et peut-être que malgré tout une courte introduction pourrait s'avérer nécessaire ( je n'ai aucune idée de si ça l'est ou non, en fait), pour que vous rentriez plus facilement dans l'histoire. (Si vous avez fait ne serait-ce qu'un des jeux de la série, alors vous êtes plus qu'autorisés à sauter les deux paragraphes qui suivent et à aller directement à la partie Chapitre 1).

Alors voilà : qui est Gabriel Knight ? C'est une création de la scénariste de jeux vidéo Jane Jensen ( Qui ose prétendre que je l'ai déjà dit et que je radote ?). Plus précisément le héros d'une série de trois jeux d'aventure type « clic and play » ( mais pourquoi il en sort pas plus souvent des jeux comme ça ? ? ? ). C'est un américain, assez banal au premier abord, qui est écrivain et possède une librairie. Il va cependant découvrir au cours du premier jeu que son grand-père était Allemand, qu'il a fui son pays et changé son nom. Son vrai nom n'est pas Knight, mais Ritter. En réalité, ce qui est important n'est pas tant le nom de son grand- père que les raisons de sa fuite. Un vieil oncle, Wolfgang, le dernier membre encore en vie de sa famille allemande, lui apprend que son grand- père a fui ce qui est depuis toujours le destin de la famille : les Ritter sont Schattenjäger ( en français chasseurs d'ombres) de père en fils. En clair ils combattent les forces du mal, et tout ce qui est un tant soit peu surnaturel. Et en tant qu'unique descendant, Gabriel se doit de reprendre le flambeau. (Sans compter qu'à l'époque il est déjà en plein dans une histoire de meurtres vaudous. mais ça c'est une autre histoire). Il rencontre son oncle peu de temps avant la mort brutale de celui-ci et reçoit les deux attributs des schattenjägers : un poignard et un médaillon ( enfin, pour le médaillon, il a eu quelques problèmes pour le récupérer, vu qu'une vilaine méchante reine vaudoue s'en est emparée des générations plus tôt. mais ça, une fois de plus, ne nous regarde absolument pas pour l'instant.)

Voilà, vous savez l'essentiel. Dans les deux autres jeux, Gabriel se heurte à des loups-garous et des vampires. Oh, et j'allais oublier la « fidèle assistante » : Grace Nakimura, qui, par certains côtés, ressemble beaucoup à Hermione ( toujours plongée dans les livres, avec une logique à toute épreuve, et un tempérament qui peut devenir explosif), en plus cynique, et qui entretient avec Gabriel des rapports ambigus ( vous devriez le comprendre assez rapidement) Elle le plaque assez cruellement à la fin du troisième jeu. Et le détective Franklin Mosely, un ami d'enfance de Gabriel, policier un peu lourd dans tous les sens du terme, se retrouve souvent pris dans ses enquêtes, lui aussi.

Cette fois, je crois que vous en savez largement assez pour lire le chapitre 1 ( comment ça y a déjà plus personne ? ? ? Mais non, revenez, puisque je vous dis que l'histoire va commencer !)

Chapitre 1 : Susannah.

La sonnerie du téléphone résonna dans le silence du matin. Assis dans la bibliothèque du château familial, Gabriel Knight, qui était occupé à terminer son dernier livre, Le Trésor de Rennes le Château, ne bougea pas. Il savait que Gerde, l'intendante, s'en chargerait. Même après plusieurs années de vie en Allemagne, il parlait encore trop mal pour soutenir une conversation dans cette langue.

Quelques instants plus tard, il entendit Gerde l'appeler.

« Gabriel ! C'est un anglais du nom de Stevens. Il veut parler au Schattenjäger. »

- Je prends ici. » Il décrocha le combiné.

« Ici Gabriel Knight.

Une voix de femme ponctuée d'un très fort accent anglais lui répondit, lui rappelant aussitôt Lady Howard, une aristocrate un peu folle qu'il avait rencontrée dans le sud de la France.

« Bonjour, Mr Knight. Je me nomme Phillipa Stevens. Une amie qui est une cousine éloignée du prince James d'Albanie m'a parlé de ce que vous aviez fait pour lui. On m'a dit que vous et votre famille luttaient contre. les forces obscures, c'est bien cela ?

- Oui. On peut dire cela. Mais je ne garantis pas que je pourrai vous aider, madame. Quel est votre problème ?

- Voilà, j'avais un chien. Un petit dalmatien, pure race, adorable, un vrai bijou. L'autre jour, je rentrais de chez des amis. Je me suis malheureusement égarée. Je me suis retrouvée dans une petite ville, assez populaire, je dois dire, mais très calme, très proprette, le genre d'endroit où on ne risque rien, normalement.

- Pourriez vous en venir au fait, Mme Stevens, coupa Gabriel, qui commençait à douter que cette femme lui apporte une nouvelle affaire.

- Un instant, j'y arrive. Diamant, c'était mon chien s'est soudain mis à crier. J'ai compris qu'il avait besoin que je m'arrête, parce qu'il avait besoin. Enfin, vous comprenez. Bref, Je suis descendue de voiture, et j'ai ouvert sa portière pour que le pauvre petit puisse se soulager. Nous étions à peine dehors depuis quelques minutes qu'un phénomène très étrange s'est produit.

- Et qu'était-ce, s'il vous plaît ?

- Deux hommes sont apparus de nulle part. Et pas des hommes normaux, Mr Knight. Ils portaient des capes noires, et des cagoules sur la tête. Diamant a flairé quelque chose d'anormal, et il s'est mis à grogner dans leur direction. J'ai essayé de le retenir, mais j'étais effrayée, et le chéri n'avait pas de laisse. Je me suis réfugiée derrière la voiture. Au bout de quelques instants, les hommes ont remarqué Diamant, et ils ont essayé de le faire fuir. Mais le pauvre était un animal très courageux, Mr Knight, très courageux. Il s'est avancé vers eux en montrant les dents et en grondant. Ils se sont mis à rire. Un horrible rire, un rire sinistre. Cela m'a glacé le sang, j'osais à peine respirer.

- C'était certainement très effrayant.

- Et ce n'est pas tout. Après, l'un d'eux a émis une terrible lumière verte qui a frappé mon pauvre diamant. Il n'a même pas eu le temps de pousser un cri, il est tombé. A ce moment là, j'ai hurlé. Des lumières se sont allumées un peu partout, et ils ont disparu. Comme ça. Un instant, ils étaient là, après il n'y avait plus personne. Mais mon petit chéri, mon Diamant, il était mort, Mr Knight. Mort, vous m'entendez ? Lui qui n'avait jamais fait de mal à personne !

- C'est horrible, Mme, Pauvre bête. » Gabriel se demanda où il avait appris à garder un ton aussi neutre. En son fort intérieur, il pensait : « Pauvre bête, avec une maîtresse comme ça il ne devait pas faire la foire tous les jours ». A haute voix, il demanda :

« Et qu'en dit la police ?

- Oh, ils ont été horribles. De vrais muffles. Ils ne m'ont pas crue, Mr Knight ! L'un d'eux a même suggéré que j'étais dérangée ! Un vétérinaire a examiné le corps du pauvre Diamant, et décrété qu'il était mort d'une crise cardiaque. Mr Knight, il faut que vous veniez. A n'importe quel prix. Il faut que ces monstres qui ont assassiné mon chéri soient châtiés.

- Madame, je suis vraiment désolé de ce qui vous est arrivé, mais je suis très occupé en ce moment, et je ne suis pas sûr de pouvoir faire quoi que ce soit pour vous aider.

- Mr Knight, ces hommes sont le mal incarné. Je les ai vus, quand ils ont frappé ce malheureux Diamant ! Il n'a peut-être pas été leur seule victime ! C'est votre devoir de venir. Je suis prête à vous payer le voyage, et à vous offrir une rémunération conséquente »

Gabriel s'accorda une minute de réflexion. Il n'avait pas pour habitude de se déplacer pour un chien, de plus il était probable qu'en effet, cette femme était folle. D'un autre côté, il avait vu des choses bien plus étrange, et il avait peut-être bien un mystère pour lui. De plus, contrairement à ce qu'il avait prétendu, il n'était pas particulièrement occupé ces temps derniers. Et les anglais avaient beau avoir un accent ridicule, au moins, ils parlaient sa langue, ce qui le changerait agréablement des allemands. Et surtout, ça lui donnerait un bon prétexte pour appeler Grace, qu'il n'avait pas revue depuis qu'elle était partie étudier dans un monastère Schattenjäger au Tibet.

« Ok, dit-il, je vais venir voir ce qui se passe. Y a un endroit où je peux loger ?

- Je possède un cottage à quelques kilomètres de là, que je n'utilise pas l'été. Je vais mettre une voiture à votre disposition. »

Peu après, Gabriel raccrocha le téléphone. Il annonça à Gerde son départ, puis appela l'aéroport pour réserver une place sur un vol le lendemain. Enfin, il composa le numéro de Grace. Cette dernière avait repris ses études peu de temps auparavant, et préparait à l'université de Yale une thèse d'histoire. Mais on était à la fin du mois de juillet, elle aurait probablement droit à quelques congés d'été. La sonnerie ne retentit qu'une seule fois avant que la jeune femme ne réponde.

« Allo ?

- Gracie ? C'est Gabriel à l'appareil. Tu vas bien ?

- Ca peut aller. Je me demandais si tu allais finir par m'appeler.

- Eh ! Tu avais mon numéro, je te signale.

- Peut-être, mais c'est toi le châtelain. C'est à toi de payer les conversations transatlantiques.

- Je ne te savais pas si avare ! Quoi qu'il en soit, qu'est-ce que tu dirais de prendre des vacances ?

- Tu m'invites ? Où ça ?

- En Angleterre. Dans le Surrey, plus précisément.

- Dans le Surrey ? Pas très touristique, comme coin. J'aurais préféré Hawaï. Ou l'Australie, la grande barrière de coraïl. J'ai toujours rêvé d'aller là-bas.

- Ok, Grace. Pas des vraies vacances. Je suis sur une affaire.

- Je sais pas pourquoi, mais je m'en doutais un peu. Je suis sûr que tu connais plein d'allemandes blondes aux yeux bleus avec des jambes d'un kilomètre qui ne demandent qu'à partir en vacances avec toi.

- Peut-être, mais on ne parle pas la même langue. A la longue, c'est gênant.

- Alors ça ne devrait pas beaucoup te gêner. Si tu restes une semaine avec une fille, c'est déjà un record.

- Je ne t'ai pas appelée pour entendre le sermon.

- Ok. Je devais venir par là, de toutes façons. Pour mes recherches. Ma thèse touche au moyen âge, et j'ai un peu de mal aux Etats Unis. Parle moi de l'affaire.

- Voilà ce que je sais. » Il expliqua rapidement ce que Mme Stevens lui avait dit.

« Attends, tu n'es pas en train de me dire que tu veux me faire traverser l'atlantique pour un chien ?

- J'ai un mauvais pressentiment sur cette histoire. Ils pourraient très bien faire la même chose à un homme. Et s'il fallait que tu viennes quand même, le voyage t'est offert, tu ne peux pas laisser passer l'occasion. En plus, ça me fera plaisir de te voir, Grace. Tu es partie un peu rapidement, et je n'ai pas eu le temps de te dire que.

- D'accord, coupa Grace. Je trouverai un avion dès que possible. En attendant, je vais regarder ce que je trouve sur Sidney. Ne te fourre pas dans les ennuis jusqu'au cou avant que j'arrive. »

Sydney était la base de données des Schattenjäger. Grace s'installa devant son ordinateur portable et commença à configurer le logiciel pour cette nouvelle enquête. Elle tenta de chercher dans les données si elle trouvait quelque chose sur des capes noires ou une lumière verte foudroyante, mais les indices étaient trop minces. Elle sortit son sac de voyage et commença à le remplir, luttant contre l'excitation qui la gagnaient. Elle s'était promis d'oublier la nuit qu'ils avaient passée ensemble, dans cette chambre d'hôtel. Gabriel ne s'intéresserait jamais à elle, pas comme ça. Soupirant, elle éteignit l'ordinateur et alla se coucher, en espérant que cette nouvelle enquête ne serait pas aussi terrifiante que les précédentes.

C'était un majordome en livrée qui était venu accueillir Gabriel, et l'avait conduit dans une villa à deux heures de route, où l'attendait sa cliente. Phillipa Stevens était une femme d'une soixantaine d'années. Elle portait une longue robe noire, provenant probablement de l'un des meilleurs couturiers du pays, mais qui ne parvenait pas à dissimuler ses formes imposantes. Des cheveux blonds encadraient son visage, la façon dont ils étaient disposés, et l'absence de racines, laissaient supposer qu'il s'agissait d'une perruque. Une épaisse couche de maquillage recouvrait son visage. Elle accueillit Gabriel avec exubérance.

« Ah, Mr Knight ! Merci d'être venu si vite ! Vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est un soulagement pour moi de savoir que quelqu'un va s'occuper de toute cette histoire ! Vous allez les retrouver, n'est-ce pas ?

- Je l'espère, Madame. Mais l'expérience m'a appris que dans une enquête, chaque seconde qui passe diminue nos chances de succès.

- Bien sûr ! Et moi qui papote ! Nous sommes ici dans le cottage que vous occuperez, Mr Knight. Ce n'est pas très grand, mais je suis sûre que vous vous en accommoderez. Ma femme de chambre, Miss Tiles, restera s'occuper du ménage et des repas si vous le désirez. Je sais qu'un homme seul.

- Je me débrouillerai, Mme. Et mon assistante, Miss Nakimura, devrait arriver d'ici quelques heures. Si nous parlions plutôt de l'affaire ?

- Bien sûr. Si vous voulez voir le corps du pauvre Diamant, je n'ai pas pu me résoudre à l'enterrer. Sa dépouille repose toujours dans mon manoir. » Elle sortit un mouchoir brodé et s'essuya les yeux. « Peut-être trouverez- vous des indices. Ce n'est qu'à quelques heures de voiture.

- Non merci, je ne crois pas pouvoir trouver plus que les vétérinaires de la police, » répondit Gabriel, peu désireux de traverser la campagne anglaise en compagnie de cette folle pour examiner le cadavre d'un chien mort depuis déjà plusieurs jours. Heureusement cependant que sa cliente habitait à plusieurs heures de route. Il n'avait pas du tout envie de l'avoir dans les pattes.

« J'aimerais que nous parlions plutôt de ce qui s'est passé ce soir là, reprit-il. D'abord, où tout cela s'est-il passé exactement ?

- Dans une petite ville, je vous l'ai déjà dit. Little Whiming.

- Vous n'auriez pas un nom de rue, ou quelque chose ? Je n'ai pas tellement envie d'explorer toute la ville.

- Oh, vous voulez retourner sur les lieux ! Bien sûr, chercher des indices et tout. C'était. Oh ! le rapport de police le mentionnait ! Un nom totalement stupide. Prison. Non ! Privet Drive. Je m'en souviens, je me suis dit, c'est comme s'il voulaient interdire aux autres de passer devant chez eux. Privet Drive, Mr Knight. Et j'ai perdu la petite balle de Diamant. Je suppose qu'elle a dû tomber quand mon petit chéri a sauté de la voiture.

- Très bien. Je vous remercie. Et pour en revenir à ces hommes que vous dites avoir vu, y a-t-il quelque chose d'autre qui vous a frappé à leur sujet ? A part leur cape noire ?

- Je n'ai rien vu de plus. Ils portaient des capes, comme je vous l'ai dit, et leur visage était dans l'ombre. Peut-être bien qu'ils avaient également des cagoules. Oui, ça ne m'étonnerait pas du tout. On voyait tout de suite que leurs intentions n'étaient pas claires.

- Ou les avez vous entendus parler avant qu'il ne remarquent votre chien ? Qu'est-ce qu'ils faisaient, je suppose qu'ils devaient avoir une raison de se trouver à cet endroit.

- Ils parlaient, mais bien trop bas pour que je comprenne quoi que ce soit. Pourtant, j'ai l'oreille particulièrement fine, j'en ai toujours été très fière. Quand à ce qu'ils faisaient. Je vous l'ai dit, ce n'était pas des gens normaux. Ils effectuaient une quelconque mission au service du diable, certainement. Je crois cependant qu'ils s'intéressaient à une maison. Ils semblaient l'étudier, peut-être prendre des mesures. Mais ce n'était pas une heures pour les honnêtes gens.

- J'en suis persuadé, Madame. Je vais me mettre au travail immédiatement, et je vous tiendrai au courant. » Après un quart d'heure de remerciements et d'allusions variées à ce pauvre Diamant, Gabriel réussit enfin à renvoyer chez elle sa cliente éplorée. Grace n'arrivait qu'en début de soirée, et l'après-midi commençait seulement. Il décida d'aller faire un tour sur les lieux.

Harry avait l'impression que l'été ne finirait jamais. Ses amis avaient beau lui écrire régulièrement, et lui envoyer diverses friandises pour l'aider à supporter son séjour chez les Dursley, une vague de découragement montait en lui chaque soir quand il barrait sur son calendrier le jour écoulé, en constatant le nombre de cases qu'il restait encore à cocher avant d'en arriver à la date, tant attendue, du premier septembre. Il savait qu'il avait peu d'espoir d'aller chez Ron cette année là : le professeur Dumbledore estimait que ce n'était pas sûr. Si Harry n'avait pas autant respecté le directeur de Poudlard, s'il n'avait pas été conscient du danger qui le menaçait, il aurait maudit le vieux sorcier de l'obliger à passer ses vacances dans cette maison. D'autant plus que Dumbledore avait, sans le vouloir, empiré la situation en tentant d'expliquer aux Dursley l'importance pour Harry de rester chez eux. Ceux-ci, qui d'ordinaire ne comprenaient rien à la magie, avaient su tirer parti de ses informations.

« Je te préviens, l'avait averti son oncle dès qu'il avait mis un pied dans la maison. Je ne tolérerai pas une seule de tes excentricités cette année. Nous avons reçu ce matin une lettre de ta prétendue école - il avait jeté le mot comme s'il s'agissait d'une nouvelle espèce de cafard particulièrement dégoûtante - me demandant que tu ne quittes pas la maison jusqu'à ce qu'ils règlent certains problèmes. Pour ta propre sécurité. Il semblerait que tu sois parvenu à t'attirer des ennuis, cela ne m'étonne pas du tout. En tout cas, au moindre faux pas de ta part, je te mets dehors, et tu te débrouilleras tout seul pour te protéger. Alors pas gens qui gonflent, de gâteaux qui volent ou de cheminée qui explosent. Et je veux toutes tes affaires dans le placard dès ce soir.

- Très bien, » avait soupiré Harry. « Je vais écrire à mon parrain. Pour lui faire savoir que je suis bien arrivé. Je suppose que je peux lui envoyer vos salutations ?

- Tu ne m'auras plus avec ce prétendu parrain, mon garçon. Je n'y crois pas, et même s'il existait, il semble que, pour ton bien, tu sois obligé de rester avec nous, ce qui implique que nous soyons vivants et en bonne santé. Tu ne feras plus la loi chez moi, jeune homme. Cet été, ce sont mes règles qui vont s'appliquer. Et crois moi, je nai pas oublié comment tu as failli tuer Dudley l'année dernière. »

Bien sûr, Harry avait crocheté dès la première nuit la porte du placard sous l'escalier, afin de récupérer ses affaires qu'il avait placées sous la lame de parquet branlante dissimulée par son lit, mais les Dursley avaient tout de même réussi à lui compliquer singulièrement la vie. Vernon avait décidé de le mettre au travail. Harry avait dû repeindre la cuisine, retapisser l'entrée et la chambre de Dudley, et il s'attaquait maintenant au salon. Naturellement, même lorsqu'il s'était agi de sa chambre, son cousin n'avait pris aucune part aux travaux. Il s'était contenté de donner des instructions à Harry, se plaignant bruyamment quand quelque chose n'était pas à son goût. Après avoir prouvé son inefficacité, le régime de Dudley avait été abandonné, et Harry était persuadé que l'autre garçon pesait maintenant plus lourd que Hagrid. Mais il était loin d'être aussi grand.

Et comme si supporter Dudley pendant deux mois n'était pas suffisant, sa petite amie devait venir passer une semaine chez eux. En regardant le tas de graisse qui lui servait de cousin, Harry doutait qu'une fille ayant ne serait-ce qu'un picogramme de raison puisse en tomber amoureuse. Pourtant depuis le premier juillet ce n'était que Susannah par ci, Susannah par là, les « Oh, mon petit Duddy devient un homme ! »de la tante Pétunia, et les « C'est bien, Dudley. Les Dursley ont toujours eu du succès auprès des femmes. Ce n'est pas comme certains - regard appuyé à Harry - qui n'auront jamais aucune chance » de l'oncle Vernon. Et les remarques railleuses de Dudley. Harry revoyait de temps en temps en pensée Cho, la jeune fille dont il était secrètement amoureux, mais qui avait été la petite amie de Cédric. Et il s'efforçait de ne pas montrer aux Dursley à quel point leurs piques, contre lesquelles il était habituellement immunisé, le touchaient.

Sa tante l'appela, et Harry reposa le racloir qui lui servait à retirer le papier peint.

« Ils vont bientôt arriver, dit Pétunia. Vas te changer et mets la table pour le déjeuner. » Il obéit sans discuter. Cet été, il n'avait pas envie de s'opposer à sa famille. Il ne souhaitait qu'une chose : un peu de calme pour faire le point après les événements dramatiques du mois de juin. Il venait de placer le pichet d'eau sur la table, quand la voiture de l'oncle Vernon se gara dans l'allée. Aussitôt, la tante Pétunia, qui s'était parée de ses plus beaux atours afin d'accueillir celle qu'elle considérait déjà comme sa future belle-fille, se précipita vers la porte. Harry suivit, s'attendant au pire.

La jeune fille qui entra au bras de Dudley était grande et maigre, avec un teint mat, des cheveux noirs très longs qui retombaient sans vie sur ses épaules, et de très petits yeux noirs. Elle se tenait très droite, et gardait le menton relevé d'un air fier. Elle jeta à la maison un regard dédaigneux avant de se tourner vers Pétunia.

« Hum ! fit-elle d'une voix haut perchée. Je suppose que vous êtes la mère de Dudley. J'avoue que je ne vous imaginais pas du tout comme ça. Votre maison non plus, d'ailleurs.

- Ah, dit Pétunia, surprise et légèrement embarrassée. J'espère cependant que vous vous plairez chez nous, ma chérie.

- je ne sais pas. Dudley, tu veux bien aller chercher mon sac dans la voiture ?

- Harry peut y aller. Ca ne te dérange pas, Sus ?

- Pff ! Du moment que quelqu'un y va ! Qui est Harry ?

- Lui, répondit Dudley en désignant Harry du doigt, c'est mon cousin. Je ne t'en ai jamais parlé parce que c'est un peu la honte de la famille. Mais maintenant que tu vas en faire partie, je suppose que tu peux connaître tous les secrets. Ne t'inquiète pas pour lui : il ne te fera pas de mal. »

Harry faillit éclater de rire en voyant l'attitude protectrice prise par son cousin. En d'autres circonstance, il se serait probablement amusé à provoquer chez lui une réaction en prononçant le fameux mot en M que les Dursley refusaient d'entendre, mais il préféra ne pas les énerver, puisqu'il avait encore un mois à passer chez eux. A la place, il dissimula son sourire de mieux qu'il put, et sortit pour chercher la valise.

Gabriel avait trouvé facilement la rue dont avait parlé sa cliente. Au milieu d'un quartier résidentiel, avec des maisons toutes pareilles, propres et bien entretenues, et des jardins amoureusement soignés par leurs occupants. Bref, le genre d'endroit où il ne se passait jamais rien, habité par des gens sans histoires, des hommes avec un travail honnête et un bon petit revenu, des femmes qui restaient à la maison pour les attendre, et des enfants sages qui n'avaient jamais manqué de rien. Peut-être quelques vieux pour qui les adolescents faisaient les courses pour se donner bonne conscience.

Il arpenta la rue plusieurs fois sans rien remarquer d'anormal, puis un morceau de caoutchouc jaune sur le bord d'un trottoir attira son attention. Gabriel s'accroupit et constata qu'il s'agissait d'une petite balle portant des traces de dents. Probablement le jouet dont avait parlé la vieille dame. Bien, au moins elle n'avait pas totalement rêvé, elle était bien venue ici. Il ramassa l'objet qui traînait, se disant qu'elle serait sûrement heureuse d'avoir ce souvenir de son animal chéri. Et que c'était peut-être le seul indice qu'il aurait pour prouver qu'il avait réellement mené l'enquête.

Alors que Gabriel se relevait, dans l'intention de retourner à la villa, une voiture arriva à sa hauteur et vint se garer devant la maison en face de lui. S'il devait croire le récit de Mme Stevens, c'était cette maison qu'observaient les hommes en noir. Les portières du véhicule s'ouvrirent, et une famille en sortit. Probablement les occupants de la maison. Rien d'extraordinaire à priori. Un homme d'une quarantaine d'années, et deux adolescents d'environ quinze ans. Peut-être un couple. Le garçon attira cependant son attention : il ne se rappelait pas d'avoir jamais vu quelqu'un d'aussi gros. La fille semblait un peu énervée. Elle ne descendit que lorsque le garçon vint ouvrir sa portière et lui prendre le bras. Puis ils rentrèrent dans la maison. Peu après, un autre garçon sortit. Il était petit et maigre, avec des cheveux noirs en désordre. Et arborait un sourire moqueur qui s'effaça cependant rapidement. Il scruta la rue avec une certaine anxiété, et Gabriel se demanda un moment si sa présence avait été remarquée. Mais, rapidement, le garçon se dirigea vers la voiture. Il ouvrit le coffre, sortit un gros sac de voyage, et rentra dans la maison.

Rien de particulier à signaler à priori. Maintenant que ses habitants étaient rentrés, la maison était redevenue aussi silencieuse et morte que ses voisines. Rien ne la distinguait des autres. Peut-être les hommes en noir avaient-ils fait une erreur. A supposer qu'ils existent. Ou peut-être que ce n'était pas cette maison là qu'ils observaient. Il était grand temps de rentrer. Grace allait le tuer s'il la laissait poireauter avec sa valise devant la porte. A tout hasard, il plaça un micro sur le portail du numéro 4.

Susannah joignit presque immédiatement le club des personnes que Harry ne pouvait pas supporter. Elle avait Dudley entièrement sous sa coupe, et se montrait désagréable et méprisante avec le reste de la famille. Bien sûr, ça ne faisait pas de mal aux Dursley d'être traités ainsi. Mais elle semblait considérer que Harry était une sorte de domestique, un être d'une race inférieure. Il avait l'habitude de ce genre de traitement, mais pas aussi ouvertement, et pas de la part de parfaits inconnus. Le déjeuner fut horrible. La jeune fille n'aimait rien de ce que la tante Pétunia avait préparé, et discourut longuement sur les bienfaits de la nourriture macrobiotique, à laquelle elle était habituée. Plusieurs fois, elle remarqua avec un regard appuyé à Harry que normalement les serviteurs ne mangeaient pas avec le reste de la famille. La seule chose qui égaya un peu le repas, du point de vue du jeune sorcier tout au moins, fut que pour plaire à sa belle, son cousin refusa également de prendre toute nourriture, malgré les regards de convoitise qu'il lançait au gigot et aux pommes de terre bien dorées.

Après une heure interminable, ils se levèrent enfin de table. Harry débarrassa avant de retourner à ses travaux. Mais régulièrement, la jeune fille vint le déranger avec une nouvelle tâche à effectuer : ranger ses affaires, cirer ses chaussures, repasser le tee-shirt qu'elle voulait mettre et était resté tout le trajet roulé en boule dans son sac. Bien qu'il se soit promis de ne pas faire de vagues cet été, Harry finit par s'énerver lorsqu'elle l'appela pour demander qu'il aille dans le jardin chercher des fleurs à mettre dans sa chambre.

« Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il n'y a pas marqué esclave ici, fit-il sèchement en montrant son front. Si tu veux des fleurs, tu peux très bien aller les chercher toi même.

- Personne ne t'a permis de me tutoyer ! piailla-t-elle. Dudley ! Descend s'il te plaît. Ton cousin est insolent avec moi. » Dudley apparut plus vite que Harry ne l'aurait cru possible compte tenu de la masse à déplacer. Il vint se planter devant son cousin, essayant de se montrer ferme alors que ses jambes tremblaient à l'idée d'affronter Harry sans la présence de son père.

« Fais. Fais ce qu'elle te dis, balbutia-t-il. Ou je demanderai à papa de te mettre dehors, pour que tu y sois tué.

- Ne me mets pas en colère, répondit Harry d'un ton railleur. Tu sais que je ne contrôle pas ce qui arrive quand je m'énerve. Tu n'as sûrement pas envie que ton amie finisse comme la tante Marge, n'est-ce pas ? »

Dudley hésita et recula d'un pas, mais la voix de Susannah sembla lui redonner du courage : « Fais le taire ! criait la jeune fille. Frappe le, il m'a menacée !

- T'inquiète pas, Sus, je sais traiter les vermines dans son genre. Maintenant Harry tu vas fermer ta grande bouche si tu ne veux pas que je prévienne papa. Et ne t'avise pas de la toucher, sinon je jure que je te tuerai.

- Dans ce cas je te plains quand tous les sorciers - Dudley frémit à ce mot - de grande Bretagne te tomberont dessus. Et, crois moi, ils te feront bien pire que ce que tu as déjà expérimenté. Sans parler de Sirius, mon parrain. »

Les deux cousins s'affrontèrent du regard un moment, et ce fut le plus massif des deux qui céda. Il prit la main de son amie.

« Viens, dit-il. Ce n'est pas la peine d'insister quand il est dans cet état. Il est mal élevé et plus têtu qu'une mule. En plus, l'envoyer cueillir des fleurs n'était pas une bonne idée : il n'a absolument aucun goût. Je vais te composer moi-même le plus beau bouquet que tu aies jamais vu, mon c?ur. »
A la nuit tombée, Gabriel s'installa pour surveiller les environs du numéro 4, Privet Drive, dans l'ombre d'un arbre à quelques mètres de là. Grace n'avait rien trouvé, mais elle semblait prendre cette affaire au sérieux. Elle disait qu'il était obligé de travailler, maintenant qu'il avait accepté l'enquête. Et il n'avait pas du tout envie de se la mettre de nouveau à dos. Petit à petit, les lumières aux fenêtres des petits pavillons s'éteignaient. Une ou deux voitures passèrent sans s'arrêter. Cette mission s'annonçait très ennuyeuse.

A minuit, il ne restait plus qu'une fenêtre éclairée, au premier étage du numéro 4. Soudain, quelqu'un s'approcha de la fenêtre et l'ouvrit. Il reconnut le garçon aux cheveux noirs. Un oiseau blanc était perché sur son épaule, et il s'envola rapidement par l'ouverture. Gabriel sortit immédiatement ses jumelles et les pointa sur l'oiseau. Il s'agissait visiblement d'une chouette. Il nota mentalement de demander à Grace de faire une recherche sur cet oiseau sur Sidney, c'était un compagnon inhabituel pour un adolescent, puis reporta son instrument sur le garçon. Celui-ci était resté à sa fenêtre, le regard dans le vide. Puis il fit demi- tour et disparut dans la chambre, laissant la fenêtre légèrement entrouverte. Peu après, la lumière s'éteignit.

Gabriel resta dans l'obscurité et le silence. Dans le pavillon juste derrière lui, on entendit un bébé crier, et une fenêtre se ralluma. Au bout d'un quart d'heure, la maison sembla se rendormir. Vers deux heures du matin, Gabriel décida qu'il n'apprendrait rien en attendant ainsi, et qu'il ferait mieux d'aller se coucher. Mais alors qu'il allait sortir de l'ombre donnée par le platane, il y eut un léger bruit provenant de l'autre côté de la rue. Deux formes sombres se tenaient juste en face su numéro quatre.

Le Schattenjäger fut bien obligé d'admettre ce que Mme Stevens lui avait dit : ces hommes semblaient avoir surgi de nulle part. Après avoir jeté un coup d'?il rapide autour d'eux, ils reportèrent toute leur attention sur leur tâche. Ils parlaient à voix basse. Gabriel mis en marche le système d'écoute qui le reliait au micro, et reprit ses jumelles.

« Je ne sais pas ce qu'on fait encore ici, disait l'un des deux hommes. On a déjà tout essayé. C'est impossible de briser les protections placées sur cette maison.

- On pensait aussi que c'était impossible de trouver l'endroit où logeait Potter pendant les vacances. Le maître y est parvenu moins d'un mois après sa résurrection.

- Ca fait cinq soirs de suite que nous venons ici. Et nous n'avons pas avancé d'un pouce. C'est inutile, Lucius. En plus, le gosse doit être chez lui ce soir. Imagine que Dumbledore lui ait fourni des détecteurs, il est peut-être déjà en train de contacter le ministère.

- Ca m'étonnerait. D'après ce que m'a dit Drago, le vieux fou refuse d'inquiéter son précieux Potter en l'avertissant d'une quelconque menace. Tais toi un peu, Queudver, et mettons nous au travail. »

Pendant un moment, Gabriel n'entendit plus que des incantations étranges murmurées par les deux hommes. Puis, celui qui semblait être le chef se remit à parler. « Nous n'arriverons à rien comme ça, dit-il. Connaissant Dumbledore, il a bien du se douter que le seigneur des Ténèbres ne tarderait pas à trouver la maison. Donc que nous tenterions de briser ses sortilèges.

- C'est bien ce que je disais. Nous n'arriverons à rien. Et le maître va nous tuer demain.

- Je me demande ce que j'ai fait pour qu'il me mette un pareil lâche sans cervelle comme équipier. Je crois que Dumbledore a équipé la zone d'un sort rendant tous les charmes qui y ont été placés permanents. Peut-être un globe d'infinimagie, ou quelque chose comme ça.

- Détruisons le dans ce cas. Il doit bien y avoir un contresort.

- Tu ne sais donc rien sur rien ? Ce type de sort est annulé si on prononce une certaine phrase, mais seul le sorcier qui l'a lancé connaît la formule. Et dans ce cas nous sommes coincés, Queudver. Le seigneur des Ténèbres risque de ne pas être très content, mais je crains que nous ne devions nous arrêter là. Au moins, nous avons une très bonne raison à fournir pour expliquer notre échec. Sur ce, je vais me coucher. Je n'ai aucune envie de dormir en face du maître demain soir.

- Lucius. » protesta l'autre. Mais l'une des deux silhouettes avait déjà disparu. L'autre suivit peu après.

Comme à son habitude, et malgré le décalage horaire, Grace se leva tôt le lendemain matin. Elle n'avait pas entendu Gabriel rentrer dans la nuit, et ce demandait ce qu'avait donné son enquête. Probablement pas grand-chose, les chances pour que les mystérieux hommes en noirs, pour peu qu'ils existent, reviennent sur les lieux de leur crime, étaient minces. Sur la table du salon, elle découvrit une cassette audio et un mot du détective.

« Qui l'aurait cru, la vieille avait raison ! Il y avait effectivement deux hommes étranges en face du quatre, Privet Drive, capables d'apparaître et de disparaître. J'ai enregistré leur conversation, à laquelle je n'ai pas compris grand-chose. Vois si tu peux en tirer quelque chose, et réveille- moi vers onze heures si tu ne m'as pas encore vu. »

Elle s'installa à la table où elle avait branché son ordinateur, inséra la cassette dans un magnétophone et passa la bande. Après l'avoir écoutée plusieurs fois, elle chargea Sidney. Après ce qu'elle venait d'entendre, elle n'avait que peu de doutes, mais elle vérifia quand même plusieurs points dans la base de donnée, à la fois pour être sûre et pour satisfaire sa curiosité. Puis elle travailla à sa thèse jusqu'à ce qu'il soit l'heure de réveiller Gabriel. Après un rapide passage à la salle de bain, il la rejoignit au salon.

« Alors, demanda Grace en le voyant étouffer un bâillement, la nuit a été longue ?

- Plutôt. Mais ça valait le coup. Cette fois nous sommes vraiment sur une affaire.

- Je n'en suis pas sûre, Gab.

- Comment ça ? Grace, non seulement on m'a embauché pour travailler là- dessus, mais si ce n'est pas une affaire pour un Schattenjäger, alors je me demande ce qui l'est.

- C'est un cas bien plus complexe que ce dont nous avions l'habitude. Je suis presque sûre que ces gens là sont des sorciers. Tu n'es pas de taille à lutter contre eux.

- Ce qui signifie que je dois les laisser à leurs petites magouilles ? Allons, Gracie, ces hommes préparent quelque chose de louche, c'est évident. Tu as entendu quand ils parlaient de leur maître, le seigneur des Ténèbres, ils l'appellent.

- Ce n'est pas comme si t'opposer à eux faisait partie de tes attributions, je veux dire en tant que Schattenjäger. Les sorciers règlent leurs affaires entre eux. Ils ne font pas partie du peuple de l'ombre, bien qu'ils aient des liens assez forts avec lui. La plupart sont des gens parfaitement normaux, enfin, mis à part le fait qu'ils ont des pouvoirs. Certains se tournent vers les ténèbres. Mais ils sont parfaitement organisés pour contrer eux-mêmes ceux qui tournent mal. Tu as entendu ce que disaient ces deux : il y a un autre sorcier qui les empêche de mener à bien leurs plans.

- Peut-être. Il n'empêche que j'ai quand même envie de fouiller un peu. Juste histoire de découvrir pourquoi ils s'en prennent à cette maison en particulier. Et il faut bien que je trouve quelque chose à dire à Mme Stevens.

- Ne te mêle pas de ça, Gabriel. Ca peut devenir vraiment dangereux. Invente n'importe quoi pour ta cliente.

- Eh ! J'ai déjà fait des trucs dangereux ! Je n'ai pas l'intention d'intervenir ou quoi que ce soit, juste de pousser mes investigations un peu plus loin. » Il prit sa veste.

« Où vas-tu ? » demanda Grace.

- Parler un peu avec les occupants du 4, Privet Drive.

- Promets moi de faire attention. Gabriel ! »

Mais le Schattenjäger était déjà parti, sans répondre.

Après être resté éveillé tard dans la nuit pour écrire une lettre à Sirius, Harry avait été réveillé bien plus tôt qu'il ne l'aurait souhaité par la tante Pétunia. Il descendit aider à préparer le petit déjeuner. Quand la famille fut réunie, au milieu des plaintes de Susannah qui trouvait son lit trop dur, Dudley annonça qu'il l'emmenait passer la journée à Londres. Vernon accepta de les déposer. Puis il se tourna vers Harry :

« Tu as intérêt à bien te comporter avec ta tante, aujourd'hui, mon garçon. Je veux que la première couche de peinture soit finie ce soir. Pétunia, ne lui donne pas à déjeuner tant que tu n'estimeras pas qu'il en fait suffisamment. »

Sur ce, l'oncle Vernon sortit. Résigné, et pensant que les travaux manuels avaient au moins le mérite de l'aider à s'occuper pour dissiper ses sombres pensées, Harry gagna la salle de séjour. Avant de commencer la peinture, il dut nettoyer le plafond avec une éponge. Il travailla pendant des heures. Ses bras étaient douloureux à force d'être levés au dessus de sa tête. Finalement, il était près de deux heures quand sa tante estima qu'il avait mérité un sandwich et un verre d'eau. Il mangea et but rapidement avant de se remettre au travail. Quelques temps plus tard, on sonna à la porte d'entrée. Il entendit sa tante ouvrir.

« Bonjour, Monsieur, fit la voir perçante de Pétunia. Que puis-je pour vous ?

- Voilà, je m'appelle Gabriel Knight et je réalise un reportage pour un journal, répondit un homme avec un fort accent américain, et j'aimerais vous poser quelques questions.

- Un reportage à quel sujet ?

- Sur l'insécurité croissante dans nos villes. D'après mes informations, vous êtes mère de famille, et j'aimerais savoir ce que vous en pensez, pour vos enfants.

- Vous savez, c'est un quartier plutôt tranquille, ici. On n'a pas trop ce genre de problèmes.

- Mais je suis sûr que vos enfants ne restent pas ici. Les adolescents n'aiment généralement pas trop les endroits tranquilles.

- Vous avez raison, bien sûr. Ils sont exposés à toutes sortes de tentations, de nos jours. Mon fils Dudley est à Smeltings, une des meilleures écoles de la région, mais même là-bas, on trouve des garnements peu recommandables. Du genre vicieus, qui essaient de faire porter sur mon fils le poids de leurs méfaits. Vous rendez-vous compte ?

- Il y a des voyous partout, en effet. Et est-ce que vous avez entendu parler de drogue, ou d'autres problèmes du même genre, dans ce collège ? N'avez-vous pas peur pour votre fils ?

- Oh, non ! Jamais il ne ferait une chose pareille ! Vous voyez, Dudley est un enfant très mur, responsable. Et il sait très bien le mal que ça nous ferait de le voir tourner ainsi.

- J'en suis persuadé. Je suppose que votre fils n'est pas là ?

- Non, il est sorti. Avec sa délicieuse petite amie. Mais si vous revenez plus tard, ils seront sûrement ravis de vous aider.

- Non, merci. » Par la porte du salon, que la tante Pétunia avait laissée entrouverte pour mieux le surveiller, Harry put observer le visiteur. Il était grand et mince, avec d'épais cheveux blonds. Il était vêtu d'un jean et d'un tee-shirt.

« Je me demandais si vous pouviez me donner une photo. pour mon article, vous comprenez ? Je voudrais réaliser un montage de photos de jeunes.

- Oh ! bien sûr ! Mon Duddy va être dans le journal ! Attendez un instant. »

Les pas de Pétunia résonnèrent dans l'escalier. Harry plongea son rouleau dans le pot de peinture blanche.

« On travaille dur, hein ? » Harry sursauta et tourna la tête, se retrouvant face à face avec le visiteur.

- bonjour, dit-il. Je ne sais pas où vous vouliez aller mais vous avez du vous tromper de porte.

- Oh, je suppose que j'étais juste curieux. La porte était entrouverte, je vous ai entendu travailler. C'est un joli petit job d'été que vous avez déniché.

- Oui, répondit Harry d'un ton qui ne pouvait tromper personne. Des pas lourds résonnèrent dans l'escalier. « Retournez dans l'entrée ! siffla le garçon. Vite ! »

L'homme s'éloigna d'un bond, mais ne fut pas assez rapide. La tante Pétunia l'aperçut alors qu'il avait la main sur la poignée. Sa voix se fit sèche :

« Pourrais-je savoir ce que vous faites là ?

- Oh. rien. Il m'avait semblé entendre un bruit bizarre. J'ai dû rêver.

- Certainement, répondit Pétunia en jetant un regard assassin à Harry. Je suppose que vous avez vu le garçon ?

- C'était difficile de ne pas le voir.

- Evidemment. Les énergumènes de son genre s'arrangent toujours pour se faire remarquer. Je vais vous dire une bonne chose, Mr Knight. Vous me parliez des problèmes de la jeunesse. Eh bien voilà un excellent spécimen de ce genre de bons à rien.

- Et vous essayez de le réinsérer en lui confiant de menus travaux. C'est excellent, tout à fait le genre de comportement dont je pourrais parler dans mon article.

- Non. Il vit ici depuis des années. C'est mon neveu, mais nous n'avons jamais rien pu en faire. Il est depuis quelques années pensionnaire au centre St Brutus, pour les jeunes délinquants multirécidivistes. Vous avez dû en entendre parler.

- Oui, je crois. Je peux lui poser deux ou trois questions ?

- Il ne vaut mieux pas. Je veux dire, il a des tendances un peu mythomanes. Dudley se fera un plaisir de vous répondre quand il rentrera. Travaille, toi, au lieu d'écouter aux portes, ajouta-t-elle en s'apercevant que son neveu avait suivi toute la conversation. Elle claqua la porte d'un geste brutal, et Harry retourna à sa peinture. A ce moment, Harry entendit la voiture de l'oncle Vernon se garer dans l'allée. Quelques instants plus tard, rouge de fureur, son oncle apparaissait en personne.

« Je crois que nous devrions avoir une petite conversation, toi et moi, rugit-il. Combien de fois t'ai-je répété de ne pas attirer sur toi l'attention des visiteurs ? Et par des bruits bizarres, en plus ?

- Oncle Vernon je n'ai jamais.

- Tais toi ! Je te préviens, mon garçon, la prochaine fois qu'il se produit quoi que ce soit d'étrange dans cette maison, tu prends immédiatement la porte. Et je me moque de ce qu'il peut t'arriver. En attendant dépêche de finir ce mur et file dans ta chambre. »

Pestant silencieusement contre le fouineur qui l'avait mis dans cette situation, et maudissant son oncle, Harry se remit au travail. Il était tard quand il eut la permission de remonter dans sa chambre. Il travailla un moment sur un devoir de potions, puis, fatigué, décida de se coucher. En cochant sur son calendrier la date du jour, il réalisa que le lendemain serait le trente et un juillet. Son anniversaire. Il envisagea un moment d'attendre minuit, et l'afflux de hiboux qui, il l'espérait, le saluerait cette année encore. Mais la ponctualité n'était pas la principale qualité des hiboux : ils pouvaient arriver aussi bien à trois heures du matin. Harry laissa entrouvertes sa fenêtre et la cage d'Hedwidge, et se glissa dans son lit, s'attendant à être réveillé par l'arrivée des messagers d'un moment à l'autre.