Note de Zvezda95 : Bonjour tout le monde ! ^^ Bien, c'est ma première fiction alors s'il vous plaît ne soyez pas trop dure avec moi (je parle essentiellement des fautes d'orthographes et des tournures de phrases -_-'). J'avais l'idée de poster cette fiction depuis quelques mois maintenant et j'ai jamais trouvé le temps de le faire. Puis grâce à un copain, j'ai pu la poster. Bon en tout cas, vous vous en doutez, les personnages de la saga Darren Shan ne m'appartiennent pas excepté mon OC Lily. Je suis basée principalement l'histoire du manga de Takahiro Arai. On retrouve beaucoup d'éléments du scénario original mais il y a quelques surprises. J'ai classé cette fiction en T mais il est possible qu'elle vire au cours de l'histoire au M. Je tiens seulement à prévenir. Voilà, n'hésitez pas à me laisser des commentaires, sinon ^^. Eh bien il ne me reste plus qu'à vous souhaiter Bonne lecture ! ;)
Chers lecteurs, chères lectrices,
Le récit qui va vous être conté est unique. Je ne l'ai pas inventé, car il s'agit d'une histoire vraie. C'est l'histoire de ma meilleure amie. Et à sa demande, je l'ai éditée. Vous êtes libre d'y croire ou non, j'espère juste que vous comprendrez pourquoi elle refuse toutes interviews. Ce témoignage est trop précieux dans cette affaire des plus morbides et c'est pourquoi je m'acquitte à la tache qui m'a été confiée quant à vous faire connaître la vérité. Sur ce, je ne vous retiens pas plus longtemps et vous souhaite une excellente lecture.
En vous remerciant...
Tome 1 : Le Théâtre de la Lune
Chapitre 1 : Lily et Steve
Je m'appelle Lily Shan. Ce que je préfère par dessus tout ce sont les araignées !
Vous trouvez ça bizarre, hein ? Visiblement, la seule personne qui me comprend c'est mon meilleur ami Steve. À part lui tout le monde flippe. Mais je m'en fiche. Ça m'est complètement égal. Parce que c'est avec lui que je préfère passer mon temps et tant qu'on est ensemble tout va bien. Peut-être que c'était notre destin d'aller à ce cirque... Peut-être bien que oui...
Mais mon histoire commence plutôt dans un lieu où les histoires ne commencent pas vraiment... Elle commence...aux toilettes.
Je me sens mal. Et ce coup-ci, je ne déconne pas. M. Raymond reconnaît immédiatement quand un élève ment ou pas. Dès qu'il m'a vu toute pâle, il m'a autorisé à sortir. Merci . Ah oui ! M. Raymond est mon prof principal, il nous enseigne l'histoire géographie. Je suis en 5e et j'ai 12 ans. Pour vous faire un rapide résumé de mes études scolaires, j'adore le français, le sport et la musique. Mais par pitié ne me parlez pas de maths, c'est une catastrophe ! En sport, je parle avant tout de foot avec mes copains. Oui je sais, la seule fille de toute l'école, voir de toute ma petite ville pommée au fin fond de la campagne à aimer le foot. Mais tout à l'heure, vous l'avez compris, j'avais cours d'histoire. Me passant de l'eau sur le visage, je relève la tête pour croiser mon reflet. Bien que je suis pas du genre à me vanter, Maman dit que j'ai un visage de poupée. Honnêtement je ne ressemble ni à ma mère, ni à mon père, ni à ma petite sœur avec mes longs cheveux roux et mes yeux marrons noisettes. Je me demande de qui je peux tenir. Sûrement de mon arrière-arrière-grand-mère comme dit mon père. Lol.
Soudain, j'entends la porte des toilettes qui s'ouvre, suivit d'une voix que je connais bien :
- Lily ? T'es là ?
- Ouais Steve ! Par ici !
Mon meilleur ami entre, souriant d'un air malicieux. Il a les cheveux blonds ébouriffés et les yeux d'un bleu dérivé entre la glace et la couleur du ciel. Faut le dire, pour un mec de treize ans, Steve est déjà beau gosse. Qu'est-ce que ça va donner plus tard... Ses traits sont à la fois angéliques et déterminés. Par contre sa peau est plus pâle que la mienne qui est plutôt laiteuse. Si pâle qu'elle a une teinte olive. Entre nous on l'appelle Steve Leopard au lieu de Leonard. Ma mère dit que Steve est un enfant sauvage. Je le connais depuis la maternelle et nous avions toujours été ensemble. Les meilleurs copains du monde. Mes parents, au début ne m'ont pas encouragés dans cette amitié, mais j'ai désobéis et j'ai continué à fréquenter Steve et depuis il s'est calmé...un peu. Quand j'ai rencontré Steve pour la première fois, des garçons m'ont humiliés parce que je voulais jouer au foot avec eux. Mais Steve ne se moquait pas de moi et il m'a défendu contre les autres. Depuis on ne se quitte plus.
- Hé ! Tu sais que c'est les toilettes des filles ici ? lui fais-je remarquer, fourrant les mains dans les poches de mon pantalon.
- Je vois pas de filles ici, dit-il, feignant l'innocence, regardant autour de lui.
- Très drôle.
Nous nous regardons un moment et éclatons de rire avant de reprendre notre souffle.
- T'as pas vomi, lâche-t-il enfin, faisant une moue.
- Non. Tu vois, je me sens beaucoup mieux. Tu n'es pas allé jouer contre les lycéens ? je demande, curieuse.
- Justement, c'est pour ça que je te cherchais. On a besoin de Super Lily sur le terrain.
- Je vois. Attention les yeux ! Super Lily arrive ! Mais... M. Raymond va être déçu s'il apprend que j'ai séché...
M. Raymond est un de mes profs préférés. Ce n'est pas le genre de personne qui vous hurle dessus quand vous avez fait une connerie. Non, lui, il nous regarde de façon qui nous culpabilise. Ça, c'est encore plus pire que tout les engueulades du monde.
- T'inquiète, je gère, me répond Steve. Je lui dirais que tu ne te sentais pas bien et que je t'ai raccompagné.
Il me sourit, je lui rends.
- On fait la course ? dit-il, maintenant tout excité.
Mon sourire s'agrandit. Il s'élance, je le poursuis :
- Tricheur ! Tu profite de ma faiblesse ! De toute façon, c'est moi qui vais gagner !
Nous voilà sur le terrain. Non, je ne vous dirai pas qui à gagné la course (dis ça en marmonnant). Nous avons rejoint nos deux autres super copains Pierre et Tom, mais on l'appelle Tommy. Tommy est en quelque sorte le grand gaillard de la bande avec sa posture assez colossale, enfin pas encore assez mais déjà beaucoup pour un jeune de notre âge, tandis que Pierre fait plutôt le cerveau du groupe, le rat de bibliothèque avec sa petite taille et ses lunettes rondes sur le bout du nez. C'est d'ailleurs lui le premier de la classe. Steve tient un peu le rôle de leader.
Et moi, je suis la fille de la bande.
Nous sommes en pleine partie de football contre les lycéens. Notre combat est acharné.
- La vache ! jure Steve. Ils sont forts !
- Je vous avais bien dis que c'était de la folie de jouer contre ses mecs, gémit Pierre.
De la sueur dégouline de mon front, mais c'est dû à l'effort physique et non au malaise que j'ai fais tout à l'heure. Ma détermination de gagner est bien enflammée, elle.
- Alors Lily, tu trembles ? me taquine mon meilleur ami.
Je ricane.
- Moi ? Je suis toujours partante pour relever un défi !
- Hé ! Faut pas nous chercher, les morveux ! nous apostrophe un des mecs.
- Nous faire battre par des collégiens ! ajoute son copain. Manquerait plus que ça. Et par une gamine en plus.
Mon enthousiasme s'émoustille. Hé! Hé! Et ouais. On est des durs au foot, nous. Et pourtant on est quatre petits jeunes contre des grands.
- C'est la rouquine qui faut avoir à l'oeil, dit le chef de la bande. Si on l'arrête on est sûr de gagner !
Je frappe le ballon, me dirigeant vers la cage adverse. Alors tous les gars foncent vers moi. Aussitôt, je croise le regard de Steve. Le message passe instantanément. Je lui fais une passe. Il tire. Mais alors un des lycéen reprend la balle. Sans perdre un instant, je la lui reprends, me faufilant comme une anguille.
- Attention les yeux ! je crie. Super Lily va faire un malheur !
- Vas-y Lily ! m'encouragent mes amis.
Et je tire.
- BUUUUT ! nous hurlons, triomphant.
- Merci, merci beaucoup, je sourie alors que le chef nous remet un billet de cinq euros.
- Youhou ! Quatre-vingt sept victoires d'affilée ! annonce Tommy, frappant dans les mains de Pierre tandis que je fais ma danse de la victoire.
- À plus, crache le grand gaillard.
- Hé..., me souffle Steve après avoir observé la monnaie. On n'avait pas parié 10 euros ?
Je hoche la tête.
- C'est un billet de cinq, fait-il remarquer.
Mes yeux s'écarquillent sous le choc. Comment osent-ils...?!
- HÉ ! On avait dit 10 euros ! je leur crie, folle de rage.
- Estimez-vous heureux avec cinq, les morpions, balance le chef, pendant que son pote nous fais un doigt d'honneur.
- Bande de mauvais joueurs ! Vous êtes trop lâches pour tenir vos promesses ! je grince, l'empoignant par le blouson.
- Lâche-moi, gamine ! Normalement, je frappe pas les filles, mais il semble que tu es l'exception.
Et avant que je ne puisses faire quoi que ce soit, je me reçois un point dans la figure qui me projette parterre, le nez ensanglanté. Je le foudroie du regard.
- Déjà qu'on vous a fait une fleur en vous laissant gagner, faudrait pas en plus que...
- Hé..., grogne Steve, portant sur son épaule un bâton qui traînait là. Vous vous prenez pour qui de parler comme ça à ma copine Lily ?
Il sourit à pleine dents et frappe les lycéens avec son arme de fortune.
- Putain ! Il est taré ! Tirons-nous !
Pierre et Tommy éclatent de rire.
- C'est ça dégagez ! leur crie Steve. On racontera à tout le monde que vous êtes des tapettes !
- Bien joué, Steve, je le remercie alors qu'il m'aide à me relever avec Tommy. Aussi rapide qu'un léopard sur ce coup-là.
- Et toi aussi rapide qu'une paresseuse quand il s'agit de l'esquive. Comment tu t'y es prise ? m'embête-t-il avec son éternel sourire arrogant.
Et à nouveau je roule les yeux. Il changera jamais.
Nous rentrons. Tout en marchant, je m'amuse à faire quelque figures avec le ballon.
- On est pratiquement invincibles, pas vrai ? dit Steve. Avec Lily dans l'équipe, personne ne peut nous battre. À nous quatre, je parie qu'on pourrait remporter la Coupe du Monde.
- Mouais... On pourrait gagner la Coupe s'ils autorisaient les filles à jouer, je marmonne avec sarcasme.
- On t'habillera en garçon, me promet mon ami, replaçant une de mèches derrière mon oreille.
Il continue de me complimenter, je suis un peu gênée, mais ses éloges me touchent beaucoup. Être une fille et se faire accepter des garçons au foot, c'est quelque chose. Je ne sais pas pourquoi, à l'école je n'ai pas vraiment de copines. Mes seuls vrais amis sont Steve, Tommy et Pierre. On est soudé comme les doigts d'une main. Ils sont un peu comme mes frères. Bon, il m'arrive de discuter un peu avec deux filles de ma classe de temps en temps, mais les autres ne veulent pas se lier d'amitié avec moi. Peut-être à cause de mon caractère de garçon manqué ?
Soudain, Steve qui marche en tête, se tourne vers nous :
- Vous voulez venir chez moi ?
- Moi je viens ! je m'exclame, levant la main.
- Et d'une, Pierre ?
- Désolé, s'excuse ce dernier. Ma mère m'a dit d'aller faire les couses après les cours. Je ne dois pas être en retard, on a des invités ce soir.
- Ok et toi Tommy ?
Mon copain joint ses mains devant lui en signe de remerciements :
- Papa m'a promis de me donner des cours de boxe.
- Bon. C'est pas grave.
Nous arrivons au carrefour, déjà nos amis prenaient la direction opposée.
- Essayez de parler d'autres choses que de monstres et d'araignées ! nous lance Tommy en rigolant.
- À demain, je leur sourie tout en agitant mon bras.
Steve et moi reprenons notre chemin jusqu'à sa maison. Elle est assez grande pour lui et sa mère. Le père de Steve ne vit pas avec eux. En fait, il ne l'a jamais rencontré. Il est partit quand sa mère le portait.
- Ta mère est rentrée ? je lui demande.
- Oublie les civils, soldate, l'ennemi se trouve au sommet de la colline, plaisante-t-il, grimpant les escaliers.
- J'arrive mon capitaine, me prêtant à son jeu.
J'entends du bruit derrière moi. C'est la mère de Steve, Mme Leonard.
- Oh bonjour, Lily, dit-elle sur un ton un peu trop mielleux.
Je me retourne et vais l'embrasser par politesse. J'étais toujours mal à l'aise avec elle. C'est une femme fatiguée, avec des valises sous les yeux, les cheveux de la même couleur que son fils emmêlés. Je sens son odeur. Un mélange de tabac et d'alcool. La raison de mon mal aisé face à cette femme, c'est qu'un jour lorsque j'étais en CM1, je suis venue chez Steve pour jouer. Quand je suis entrée dans la maison, sa mère le battais avec une bouteille de verre. Maman et Papa l'ont emmené à l'hôpital et sa mère à la psychiatrie. C'est à cette époque qu'ils ont compris d'où venait la violence de Steve. Le temps que sa mère se soigne, nous l'avons accueillit chez nous. La tendresse que lui ont donné mes parents a fait beaucoup de bien à mon ami, mais malgré que les cicatrices dans son dos se soient refermées, celles dans son âme sont à jamais profondes. Ce jour-là, je n'ai plus jamais quitté Steve. Il est retournée vivre avec sa mère quand les médecins ont jugé qu'elle était en état en état de sortie.
- Tu veux boire ou manger quelque chose ? me demande-t-elle.
- Non merci, Mme Léonard.
- Moi, je prendrai du caviar et du champagne, lance mon meilleur ami.
- Steve...
Je ne lui reproche rien. Juste il n'a pas besoin d'en rajouter. Nous terminons de monter les escaliers.
- Fais pas attention à elle, dit-il sur un ton neutre. Si seulement je pouvais l'échanger contre ta mère, Lily. La tienne au moins est belle.
Ses derniers mots soupirent une silencieuse agonie. Au point de m'en fendre le cœur. J'aurais tellement voulus emmener Steve avec moi et qu'on vive ensemble. Pour lui remonter le moral, je plaisante :
- D'accord ! Mais seulement pour trois jours. Mais tu sais, Steve... Ma Maman c'est aussi un peu la tienne. Papa aussi t'aime comme si tu étais son fils.
Mon ami se retourne vers moi et me sourit. Mais ses yeux trahissent de la tristesse. Enfin, cela lui passe assez vite. Nous entrons dans sa chambre. La pièce est toute à fait à son image. Mal rangée, une montagne de livres dans un coin, des figurines, des accessoires et des statuettes de monstres en tout genre éparpillées ça et là. Sur les murs, il y a des posters, des affiches, encore une fois concernant les monstres. L'univers de Steve.
Je me dirige (enfin j'essaye de me frayer un chemin à travers les vêtements et tout autre objet étalé au sol) vers son lit tout défait et observe les affiches sur le mur. Dracula, Frankeinstein, la Momie...
- Hé ! Tu as de nouveaux posters !
- Ouais, un ou deux, réponds-t-il simplement avant de fouiller dans sa pile de livres.
- Toi et tes trucs d'horreur...
Soudain, une petite araignée descend du plafond, passant juste devant mon nez. Je pousse un cri d'admiration, la tenant dans mes paumes.
- Une araignée, sourit Steve, me regardant comme si j'étais la chose la plus intéressante du monde. Tu peux parler, Mademoiselle l'obsédée des insectes à huit pattes.
Je l'ignore, captivée par la toute petite créature.
- Je me demande à quelle variété elle appartient, je murmure tout bas. Un orbitèle peut-être ?
Je m'avance vers la fenêtre, l'ouvre et rends sa liberté à l'araignée.
- Tu apprivoise encore les araignées ? m'interroge mon meilleur ami.
- Non... Mes parents ne veulent plus depuis que j'ai aspire accidentellement ma tarentule dans l'aspirateur.
Un pénible souvenir. Mes parents m'avaient achetés pour mon anniversaire de mes dix ans une tarentule. J'étais si heureuse. Quand je l'ai perdue, j'ai pleurée toutes les larmes de mon corps. Mes parents étaient furieux, me répétant qu'elle avait coûtée une fortune et que je ne faisais attention à rien. Depuis, tout élevage d'araignées est interdit à la maison.
Assise au sol à côté de mon copain, je feuillets le bouquin qu'il a sortit pour moi. Une bande dessinée racontant l'histoire d'un chasseur de vampire poursuivant celle qu'il aimait devenue une vampire. Une histoire de passion et de haine.
- Je le trouve idiot le chasseur, je commente.
- Ah ? dit Steve, haussant un sourcil.
- Bah oui. Il veut tuer celle qu'il aime seulement parce qu'elle est un vampire !
- Il pense qu'elle l'a trahie.
- Mais c'est pas vrai ! Elle s'est sacrifiée pour le sauver !
- Là où est toute la tragédie de cette histoire.
- En fait, je trouve ça triste...
Je contemple les graphismes de la BD. Ils sont magnifiques. Fins et sophistiqués. Les personnages sont touchants avec leurs qualités et leurs défauts. Ils sont les piètres pantins du funeste Destin... Je m'attarde sur la scène finale, après la bataille entre les deux amants. Je trouve cela à la fois tellement grotesque parce que c'est bête que deux êtres qui s'aiment se retrouvent à s'entre-tuer, et à la fois tellement sublime car dans l'histoire ils ont été manipulés par un sorcier aux pouvoirs terribles et dans cette scène ils découvrent la vérité, balayant la haine et laissant surgir leur amour. Mais épuisés et grièvement blessés au cour du combat, ils meurent dans les bras de l'un à l'autre. Je relève la tête pour voir Steve me regarder intensément.
- Bon, c'est une très belle BD, je dis au bout d'un moment.
- Je te l'offre si tu veux.
- Merci, c'est très gentil.
Je reporte mon attention sur mon nouveau livre.
- Imaginons que tu doives tuer un vampire avec un pieu... Est-ce qu'il faut qu'il soit en bois ?
- Pas forcément, réfléchit-il. Ça peut être n'importe quoi. Ce qui compte, c'est qu'il soit assez résistant pour transpercer le cœur.
- Et les loups-garous ? Il faut des balles en argent pour les tuer ?
- Les balles normales font l'affaire, d'après moi. Le seul truc c'est que tu risques de devoir en utiliser beaucoup.
C'est marrant de discuter de ça comme si ces créatures fantastiques existaient réellement. Le monde de Steve est en parfaite écho avec le mien. Les monstres et les araignées s'entendent si bien. Au point qu'ils font partis du même univers et que ces deux mondes s'unissent, fusionnent pour ne former plus qu'un.
- Rien de tel que les monstres, tu ne trouves pas ? soupire Steve.
Son expression change. D'un air nostalgique. Comme rêvant à quelques chimères lointaines...
"Ouais... Je donnerai tout pour en être un..."murmure-t-il.
Je déglutis à cette déclaration. Il n'est pas sérieux ? Je le dévisage avec inquiétude. Il se redresse et me saute dessus, souriant de toutes ses dents.
- Comment ça je pourrais gober les gens comme des mouches !
J'éclate de rire alors qu'il me chatouille, m'emprisonnant sous son corps pour m'empêcher de fuir. Je roule sur le côté et notre bataille continue de plus belle. Puis nous nous calmons, quand tout à coup je vois l'heure à sa pendule. Les chiffres électroniques indiquent 20h03.
- Oh ! oh ! T'as vu l'heure ? Faut que j'aille ! je m'écris.
Je prends le gros bouquin et le fourre dans mon sac d'école avant que Steve et moi dévalons les escaliers.
Il fait nuit noire en cette soirée de fin d'été, mais je connais le chemin par cœur.
- On se voit demain en cours ! je lance à mon ami.
- Fais gaffe à toi en rentrant ! me met-il en garde tout en agitant son bras.
Je sais qu'il est inquiet pour moi même s'il n'ose pas toujours l'avouer. J'ai dû le convaincre que ça allait et que je n'avais pas besoin qu'il me raccompagne. Il a cédé à contrecœur.
Et comme une gazelle, je cours dans les rues désertes de ma petite ville. Je repense aux mots de Steve. Lui ? Vouloir être un monstre ? Ça n'a pas l'air d'être une plaisanterie dans sa bouche. Enfin ça lui passera, de toute façon les vampires ça n'existent pas.
Soudain au sommet de la route, j'aperçois un grand homme, drôlement sapé avec sa cape rouge et son haut chapeau, se tenant debout dans le faisceau d'un réverbère. Il tient dans sa main un tract.
Alors que je passe devant lui, il me le tend. J'eu le temps d'entre voir son sourire, mais le reste de son visage demeure dans l'ombre, caché par son chapeau.
- Tiens, me dit-il de sa voix profonde.
- Merci, je réponds joyeusement, lui prenant des mains sans m'arrêter de courir.
J'observe un instant le tract, m'arrête, intriguée.
- Attendez, qu'est-ce...? je commence en me retournant vers ce mystérieux étranger. Sauf, qu'il n'y avait personne à l'endroit où se tenait l'homme un peu plutôt. Personne à part moi dans la rue.
Comme si je venais de vivre un rêve...
M. Raymond parle de la Seconde Guerre Mondiale. Encore une fois. Ses lunettes chaussées, il tient dans sa main un livre d'histoire et nous lit le cour tout en passant entre les rangées. Dans notre classe, nous sommes dix-neufs élèves. Nos tables sont réparties en quatre, formant des carrés. Bien sûr à ma place, je suis assise avec mes copains, à côté de Pierre et en face Steve tandis que Tommy est assis juste à côté de lui. Il n'est que 15h, mais c'est bientôt la fin des cours, celui d'histoire étant le dernier.
- C'est ainsi qu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le nombre de pertes humaines dépassait les 72 millions dans le monde, conclut notre professeur.
- Les guerres, c'est le top, chuchote Steve, enthousiaste, tourné vers le tableau. Moi, quand je serais grand, je serais mercenaire ! Je serais payé pour me battre et je pourrais voyager partout dans le monde !
Je souris avec lassitude, secouant la tête soutenue par ma main, je lui dis :
- T'es vraiment assoiffé de sang, pas vrai, Steve ? Vas-y faire la guerre, si tu veux mourir jeune. Mais moi, je serais très triste si tu meure...
- T'inquiète, ma vieille. Je survivrai et je reviendrai toujours. C'est tout l'intérêt de la guerre : l'objectif c'est sauver sa peau, plaisante-t-il. Mais le plus important c'est voyager !
- Tu ne veux pas plutôt être agent secret ? Ça voyage partout et c'est payer pour des missions dangereuses...
- Mmmh..., fit-il mine de réfléchir. Intéressant... Mais je ne sais pas...
Je sors discrètement le tract d'hier soir de mon sac et l'observe de nouveau. C'est une affiche colorée des couleurs d'Halloween, violet, orange, jaune, noir. Il y avait des citrouilles, des toiles d'araignée, des bulles et un croissant de lune rouge écarlate comme logo.
- Hé, Lily ! C'est quoi ce truc ? demandent d'une même voix Tommy et Pierre.
- Ah ça ? C'est...
J'ai à peine le temps de finir que Steve m'arrache le papier des mains.
- Héé..., je proteste gentiment.
Mon ami détaille la fiche, avant de la passer à Tommy et de me regarder.
- Le Théâtre de la Lune ? Il doit y avoir des créatures hors du commun, songe-t-il à voix haute.
- Ça a l'air sensa's ! ajoute Tommy. Où l'as tu trouvé ?
- C'est un type bizarre qui me l'a filé hier soir, quand je rentrai de chez Steve.
Le concerné me dévisage avec une inquiétude refrénée.
- Un type bizarre ? répète-t-il, fronçant les sourcils.
- Un spectacle ! Trop cool ! s'enthousiasme Pierre me repassant la fiche qui a fait le tour de la table. Et il est là jusqu'à Mardi !
- Il faut trop qu'on aille le voir !
On est Mercredi. Demain il y a cours, donc le mieux sera d'y aller Vendredi soir. Je contemple les motifs en toiles d'araignée et lis de nouveau le programme:
Le Théâtre de la Lune
Du 2 au 11 septembre, Venez voir en exclusivité
Siva et Stella - les jumeaux acrobates
Le garçon-serpent
Le Loup-Garou
Agatha les Tenailles
Larten Crepsley et Mme Octa, son araignée savante
Alexander Élastique
La Danseuse aux longs cheveux
Hans Ô-les-Mains
Rhamus Overventre, l'homme le plus gros du monde
15 € la place
ATTENTION ENTRÉE SOUMISE À DES CONDITIONS ! Âmes sensibles S'ABSTENIR !
En bas de la feuille se trouve le plan pour aller jusqu'aux lieux de la représentation. Alors que je m'apprêtais à la déchiffrer, Pierre me souffle, la voix étouffée :
- Pssst ! Lily ! Lily !
Je le regarde, perplexe. Il a de grosses gouttes de sueur glacées dégoulinant de son front. Bah ? Qu'est-ce qu'il lui arrive ?
Je me tourne vers Steve et celui-ci me tire la langue, un sourire narquois. AH ! Le signal ! Mais avant que je ne pu cacher le précieux papier, M. Raymond s'en empare. Je me fige, prise en faute. Ah là là ! Mais qu'est-ce que je vais dire ? Je me lève pour tenter de me justifier.
- Qu'est-ce que c'est que cela ? dit mon professeur de sa grosse voix, les sourcils froncés.
- Euh...c'est une...publicité...M...Monsieur, je bafouille, incapable d'aligner le moindre mot.
- C'est à toi ?
Son ton est dur. Il n'est pas content. Du tout. Il m'en veut sûrement pour ne pas être revenue hier. Je suis gênée. J'ai envie de disparaître dans un trou.
- Eh bien...c'est à dire..., je cherche une excuse tout en tordant une de mes longues mèches rousses entre mes mains.
- Où l'as-tu trouvé ? insiste-t-il.
- C'est à moi, Monsieur, déclare haut et fort Steve, se levant de sa chaise.
Mes copains et moi sommes bouche bée. Tous les regards de la classe se dirigent vers lui, ainsi que celui de , qui change aussitôt d'expression. Ce n'était un secret pour personne que Steve est l'élève préféré de notre prof d'histoire-géo.
- À toi, Steve ?
Il hoche la tête, feignant une mine nerveuse et anxieuse. Il baissa les yeux, fixant le sol.
- Cela m'intriguait, alors je l'ai ramassé, explique mon ami, désolé. Je comptais vous le montrer après le cour.
Whaou... Si je ne le connaissais pas, je serais tombée dans le panneau.
La vache ! Comment il joue trop bien ! J'aurais été réalisatrice, je l'aurais nominé aux Oscars !
- Ah ! Je vois..., comprend notre prof se dirigeant vers le tableau noir, maintenant radouci. Cela change tout. Il n'y a pas de mal à faire preuve de curiosité. Steve, Lily, retournez à vos places.
On se rassoit, Steve me fait un clin d'oeil. Je lui rends un sourire de gratitude.
- Autrefois, commence M. Raymond. Il existait de véritables exhibitions de monstres. Des charlatans avides d'argent entassaient des gens mal formés dans des cages et...
- M'sieur ? l'interrompe Steve, levant la main. Qu'entendez-vous par mal formés ?
Regardez le faire son tout gentil, tout innocent. Si n'a pas cet air si sérieux, j'aurai éclatée de rire.
- Qui n'a pas l'air comme tout le monde, lui répond notre prof sans doutes de rien. Quelqu'un avec trois bras ou deux nez par exemple. Les charlatans exposaient ces pauvres gens au regard des autres et les taxaient de monstres. Ils faisaient payer les spectateurs et les poussaient à se moquer et à rigoler.
- C'est horrible ! s'écrie une fille du nom de Carole.
- Dégoûtant ! rajoute un autre camarade.
Le professeur hoche la tête, la mine assombrit.
- Surtout que ces malheureux n'étaient pas différents de vous et moi, hormis leurs apparences, soupire-t-il.
Je regarde mon professeur. Le sort d'autrui compte beaucoup pour lui, c'est pour ça que je lui témoigne du respect. C'est grâce à lui que Steve a réussi à rattraper le retard qu'il avait en classe. Il a tout de suite vu qu'il avait des difficultés, donc il l'a prit sous son aile. Je sais que Steve adore notre prof d'histoire. Tout comme moi. Même si des fois on fait des trucs en douce...
M. Raymond ferme les yeux :
- On a interdit de telles exhibitions il y a des années mais il arrive que de temps à autre, la rumeur court que...
- M. Raymond ! je le coupe brusquement, levant ma main. Pensez-vous réellement que le Théâtre de la Lune soit un spectacle de monstres ?
Il jette un coup d'oeil à la fiche au tableau avant de me réponde :
- J'en doutes. D'après moi il s'agit d'une farce de très mauvais goût. Cela dit, à supposer que c'est vrai, j'espère qu'aucun d'entre vous n'a l'intention d'y aller.
- Faut être sacrément malade pour vouloir un truc pareil ! commente mon meilleur ami.
- Steve a raison. Ce prospectus est confisqué. À demain.
La cloche sonne. Les cours sont terminés. Les élèves se lèvent précipitamment, impatient de rentrer chez eux. Encore assise à ma place, je soupire. J'aime beaucoup M. Raymond, mais n'exagère-t-il pas un peu ? Après tout, il peut seulement s'agir d'un spectacle avec des gens costumés, dont les spectacles sont peu communs. Enfin, j'en sais rien... De toute façon à quoi bon s'en faire ? On ne peut plus y aller. Tant pis...
- Hé ! Lily ! me chuchote Steve.
Je relève la tête.
- On y va, décide-t-il, le regard déterminé.
Poussant ma porte d'entrée, je entends Maman me saluer avec douceur:
- Bonsoir, Lily.
- Salut, M'man, je lui réponds, traçant la couloir comme une flèche, abandonnant mon sac dans ma course.
- Lily ! Combien de fois t'ai-je dis de ne pas jeter ton sac par terre ! me gronde-t-elle non méchamment en le ramassant.
- Oh, pardon M'man, je m'excuse sans m'arrêter, un sourire illuminant mon visage.
Ma mère soupire, faisant une petite moue amusée.
- Et n'oublie pas de prendre ton bain, me rappelle-t-elle.
Me voilà dans mon bain. Aaaaah... Que ça fais du bien... Hein ? La raison de ma bonne humeur ? Déjà que je le suis pratiquement tout le temps...mais là, en effet, j'ai une bonne raison. Laissez-moi vous dire ce qui c'est passé tout à l'heure, une fois sortie de classe...
Nous sommes dans le parc en face du collège. Pierre tient l'affiche dans ses mains.
- C'est pas de chance que M. Raymond ait coupé l'adresse, marmonne-t-il, déçu.
- Enfin... Au moins tu réussis à le lui reprendre, dit Tommy à l'adresse de Steve.
- Comment t'as fais ? demande notre petit rat de bibliothèque, bouillanant de curiosité.
- Hein ? Je lui ai dis que je voulais seulement l'afficher sur le mur de ma chambre, répond Steve.
- Nan ? T'es sérieux ? Il t'a vraiment à la bonne, mec ! hallucine Tommy, osant à peine y croire. J'éclate de rire en voyant sa tronche. Qu'est-ce qu'il peut être marrant des fois. Steve sourit à pleine dents :
- Les vieux, ils font tout ce que tu veux dés qu'on leur cire les bottes.
Il croise les bras, nous regardant tous.
- Bon, c'est quoi le plan ? On y va tous ?
- C'est clair ! On va pas rater ça ! nous nous exclamons d'une même voix Tommy et moi.
- J'aurais tellement voulus que Darren arrive plus tôt, j'ajoute en lâchant un soupire. Il aurait adoré...
Darren, c'est notre autre meilleur ami à Steve et moi. On formait un trio inséparable en CM2 et en 6e avant que viennent nous rejoindre Tommy et Pierre. Darren à toujours été le plus mature et le plus sage d'entre nous. Mais on rigolait bien ensemble. Il y a une chose qui fait une de ses qualités c'est que quand on lui confit un secret, quel qu'il soit, il ne le révèle jamais. La première fois que je l'ai vu, j'ai dis à Steve que j'étais amoureuse de lui, mais après je me suis rendus compte que ce n'était pas de l'amour, juste un kiff. Après tout, Darren aussi était mignon avec ses cheveux noirs ébènes et ses grands yeux verts. Un autre ange. À la fin de la 6e, il a déménage dans une autre ville moins pommée à cause du travail de ses parents, mais il revient souvent puisque ses grand-parents vivent ici. Donc on le voit souvent et on n'a pas perdu contact. Notre amitié n'a pas faibli.
Steve tourne son regard vers moi. Aux fond de ses yeux de bleus de glace brillent quelque chose... Mais quoi ? Mmh... Il n'a pas l'air en colère... Peu importe puisqu'il reprend la parole :
- Ouais...je sais... J'aurais bien aimé qu'il vienne. T'inquiète, on trouvera un autre truc à faire tous ensemble.
- D'accord, mais alors on reste sur le plan à nous quatre ? s'interpose Tommy.
- Et comment ?, confirme mon ami.
- Youpi ! je m'écris, faisant des bonds ci et là.
- Et comment on va payer ? s'interroge Pierre, toujours prévenant. Le billet coûte 15 €.
- À ton avis, pourquoi tu crois qu'on joue au foot pour de l'argent ? On a déjà 150 € avec ça !
- Trop génial ! Trop génial ! je m'excite, joignant les deux mains sur mon nez, ne pouvant tenir en place.
- Et comment on va y aller ? s'impatiente Pierre, découragé. On ne sait même pas où c'est !
- Pas de soucis pour ça, ronronne Steve, malicieux avant de se tapoter le crâne du bout du doigt. J'ai tout mémorisé.
Nous avons des étoiles dans les yeux, les bouches bée alors que celles-ci laissaient échapper un Ooooh d'admiration. Nous l'attrapons, avant de le hisser sur nos épaules, le portant comme un héros.
- T'es notre sauveur ! s'exclame Tommy.
- Steve le Magnifique ! je l'acclame.
Nous rions et le reposant au sol.
- Ce soir, je sortirais en cachette pour aller nous acheter les billets, nous dit notre champion. À demain, les amis. Existant, hein ?
"Faut être sacrément malade pour vouloir un truc pareil", je cite les mots exacts de Steve, me séchant les cheveux. Tu m'étonnes.
Le Théâtre de la Lune...
Moi le numéro que j'ai le plus envie de voir... C'est celui de l'araignée.
Après avoir enfilé mon pyjamas de couleur lilas, je passe à table et mange avec bon appétit. Mmmh...trop bon ! Maman est la meilleure cuisinière du monde. Une soupe avec une sauce épicé, des haricots blancs et quelques morceaux de carottes et de patates le tout accompagné par une liché de pain tendre. Assise en face de moi, ma petite sœur Annie, âgée de sept ans maintenant, me scrute les yeux plissés, soupçonneuse. Installée à sa droite, Maman nous regarde manger, souriante. Elle préférait attendre Papa qui n'était pas encore rentré de travail. Mon assiette saucée, je saisis mes couverts et me dirige vers le lave vaisselle :
- Fini ! Merci pour ce bon repas !
- Quelle jeune fille bien élevée, me complimente Maman. Elle débarrasse même son assiette.
Annie ne partage pas son optimisme, visiblement. Si elle savait...
- Elle est bizarre, Lily. Qu'est-ce qu'elle a ? demande-t-elle.
- Je ne sais pas. Croisons les doigts pour que son état n'empire pas, plaisante ma mère en chantonnant.
20h45, c'est l'heure de mon émission préférée. Il y a un épisode de Castle, ce soir, ma série thriller préférée. Confortablement pelotonnée au fond du canapé, un sourire béat ne quittant pas mon visage, je regarde la télé quand je sens ma petite sœur chérie se positionner derrière moi, s'accoudant au canapé.
- Qu'est-ce que tu as, Lily, demande-t-elle à nouveau, trop curieuse. Tu cache quelque chose...
- Moi ? Non, pas du tout. Tout va très bien, je réponds, tout innocente.
Soudain, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir. C'est Papa.
- C'est moi ! s'annonce-t-il avec bonne humeur.
- B'soir, Papa ! s'exclame Annie, se jetant dans ses bras.
- Salut Papa ! je lance, restant à ma place.
- Tu rentres tard ce soir, Dermot, l'embrasse Maman. On a déjà dîné. Baisse un peu, Lily.
Je m'exécute, saisissant la télécommande. Ma famille vient s'installer autour de moi comme à notre habitude. Pour vous présenter un peu mon père, eh bien Annie lui ressemble beaucoup physiquement. Elle a ses cheveux châtains et ses yeux gris vert. Maman, en revanche, a les cheveux noires couleur nuit et les yeux marrons, mais plus foncés que les miens. L'émission terminée j'embrasse mes parents avant de monter me coucher.
- Tu es bien sage, ce soir, Lily, remarque mon père.
Un sourire malicieux étire mes lèvres alors que je m'échappe.
- Tout arrive, lui dis-je. Bonne nuit.
Arrivée devant la porte de ma chambre, je découvre que Annie m'a suivit.
- Allez ! Dis-moi ce que t'as, Lily ! insiste-elle, pas encore vaincue.
Quel pot de colle, celle-là...Qu'est-ce que j'ai fais au Bon Dieu pour mériter ça ?
- Oh, lâche-moi, Annie !
Mais elle s'accroche à mon bras comme un koala, refusant de me lâcher tant qu'elle n'aura pas su ce qu'elle voulait savoir. Je soupire.
- Bon, d'accord, je capitule, me penchant sur son oreille. Mais tu dois promettre de ne rien dire aux parents.
- Promis, jure-t-elle, tout excitée.
Complice, je lui révèle mon secret avant de la laisser en plant sur le seuil de ma chambre.
- Moi aussi je veux y aller ! chouine-t-elle, boudeuse.
- Désolé. C'est pas pour les enfants ! lui dis-je depuis l'autre côté de ma porte.
- Parce que toi, t'es pas un enfant ?!
- Bonne nuit, je tranche, sournoise, me glissant entre mes draps bien douillets, rêvant que des araignées me cajolaient dans leurs toiles.
Le lendemain matin, à l'école, juste avant le premier cours.
- Alors ? Comment ça c'est passé ? s'exclame Tommy, les yeux pétillants.
- Allez ! Raconte, Steve ! en rajoute Pierre tout aussi enthousiaste que lui.
- Chuuut ! les foudroie le concerné, l'index devant sa bouche.
- Alors ? Vas-y ! Accouche ! je l'implore, ne pouvant plus. Montre les billets !
- Je vous raconterai après les cours, se contente-t-il de répondre à mon grand désarroi. Y a trop de monde ici.
Il arrache des pages de son cahier et commence à découper les feuilles en plusieurs morceaux, sous notre regard intrigué.
- Ce serait dommage qu'il y est des fuites, non ? dit-t-il, de plus en plus mystérieux.
Heureusement que n'est pas là aujourd'hui, du coup on termine les cours plus tôt. À la sortie du collège, Steve refuse toujours de nous parler et il nous entraîne vers un champ un peu plus loin. Cette fois, il n'allait pas se dérober.
- C'est bon, Steve, je lâche, agacée. Arrête de te foutre de nous ! Tu as les billets oui ou non ?
- J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
Ah ? Ok. Ça commence bien... Je retiens ma respiration, anxieuse.
- Je commence par la bonne. Comme vous le voyez, j'ai les billets, nous montre-t-il son précieux bien.
Je relâche ma respiration. Ouf... Merci, Mon Dieu.
- C'est tout ? gémit Pierre.
Comment ça ? De quoi il parle là ?
- Ouais..., soupire Steve. C'est ça la mauvaise nouvelle. Je n'ai pu avoir que deux billets.
- Hein ? fis-je, trop abasourdie pour dire autre chose.
- D'ailleurs, continue mon ami. Ce sont les derniers. Le spectacle est complet.
- COMPLET ?! s'écrie Tommy.
Le monde autour de moi s'écroule. Punaise ! Et moi qui étais si contente, si heureuse rien qu'à l'idée d'aller à ce spectacle ! Oser me faire ça à moi ! Mais pourquoi la vie est-elle aussi cruelle !
- Je le crois pas ! hurle Tommy.
- Tu déconnes ! crie Pierre, s'arrachant les cheveux.
J'ai l'impression qu'une tonne de plaque de plomb me tombe sur la tête. Pourquoi ?! Oooooh ! Pourquoi ?
- Mais alors qui va y aller ? questionne Tommy.
La question qui tue. Un silence de mort s'installe entre nous. On n'entend plus que le vent d'automne chasser les dernières chaleurs de l'été. Nous réfléchissons. On a deux billets. Hors de question de les offrir à quelqu'un d'autre. Mais comment choisir entre nous quatre ?
- Steve a d'office un ticket, j'annonce. C'est lui qui est aller faire le mur pour les acheter. C'est donc normal qu'il lui revient de plein droit.
- Euh... D'accord, approuve Tommy.
- ... Ok, hoche de la tête Pierre.
- J'en prends un, alors, dit Steve en se gardant un des deux tickets. En fait, je pense avoir trouvé comment faire pour savoir qui est celui qui prendra l'autre billet. Sans tricher. Et tout le monde sur le même pied d'égalité.
Tout disant ces paroles, il sort sa boîte de déjeuner, l'ouvre pour révéler le tas de papier qu'il avait découpé en classe. Il fourre le billet dedans, la ferme et secoue la boîte comme un prunier.
- C'est donc ça ce que tu préparais en classe ? compris-je enfin.
- Ouais. Je mets le billet dedans et je mélange le tout.
Il grimpe sur l'arbre le plus proche et s'installe en hauteur sur la branche.
- Je vais ouvrir la boîte et laisser tomber les papiers, nous explique-t-il. Le premier qui a attrapé le ticket à gagner. Ça vous va ?
- Moi ça me plaît bien, je finis par dire. Je trouve ça marrant. Qu'est-ce que vous en dites, les mecs ?
- Ça roule. Et sans rancune, hein ? recommande Tommy.
- Ok. Mais on ne pousse pas ! avertit Pierre.
- Entendu.
- Prêt ? À trois, signale Steve. Un... Deux... Trois !
Au top, nous élançons vers les milliers de petits bouts de papiers virevoltant comme des papillons.
"Oh là là ! je panique. Lequel c'est ?"
À présent... Ferme les yeux...m'a murmuré une petite araignée dans ma tête...
Tends ta toile, Lily.
Une araignée ne court pas après sa proie.
Tends ta toile, Lily. Et ta proie viendra à toi.
Tends ta toile, Lily !
L'heure est venue de faire face à ton destin.
Trois.
Deux.
Un.
MAINTENANT !
Je ne sais pas pourquoi, mais... Je me sens comme dans un état transe, vous voyez ce que je veux dire ? Lorsque je rouvre les yeux, j'ai les deux bras écartés, le corps offert au ciel. Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je ne le trouve pas !
- Il n'est pas là !
Ah. Ça, c'est Pierre et Tommy qui cherche sûrement le ticket. Faudrait peut-être que je mis mets aussi.
- Qu'est-ce que t'as dans les mains, Lily ? me demande Steve, redescendu de l'arbre, courant vers moi.
- Hein ? Qu'est-ce je..., je soupire, ne saisissant pas bien.
- Elle ne peut pas l'avoir, c'est impossible, dit Pierre ne s'arrêtant pas de chercher.
- Elle a fermé les yeux, renchérit mon autre copain.
- Peut-être bien, mais n'empêche, elle a quelque chose dans la main, insiste Steve. Fais voir.
J'ouvre la main droite. Un morceau de papier vierge.
- Et l'autre ?
J'ouvre la main gauche, sous mes yeux et ceux de Steve ébahis.
Théâtre de la Lune, valable pour une personne.
- GAGNÉE ! je hurle de joie, faisant de bonds géants accompagné du rire de mes amis.
- Désolée de t'avoir fais attendre, j'inspire, reprenant ma respiration. Me voilà !
Nous sommes Vendredi soir, il est 22h30. J'ai rejoints Steve qui m'attendait contre un réverbère devant chez lui. Il fait bon, mais avec la nuit mieux vaut prévoir des poussées de fraîcheurs. Il est mignon habillé avec son sweet bleu marin à manches courtes par-dessus son tee-shirt à rayures. Moi, je me suis contentée de ma veste rouge, de mon jean et mes converses. Mon ami me sourit et nous nous remettons à courir ensemble.
- Tes parents n'ont rien dit ? s'étonne Steve.
- Non, je leur ai dis que je dormais chez toi.
- Je sais pas comment tu fais avec deux parents. Moi je n'ai que ma mère, ça fait moins de prises de tête !
- Tu veux pas parler d'autre chose..., je lui demande, un peu gênée. Je suis surexcitée ! C'est comme si on partait à l'aventure !
Je repense à nos deux autres copains et à Darren. Pardon les amis, je vous promets de vous rapporter pleins de souvenirs.
Vous en faites pas, nous avaient répondus sincèrement Tommy et Pierre. Amusez-vous bien. Vous nous raconterez !
Ils sont vraiment de chouettes copains. J'ai tellement de chance.
- C'est où déjà, Steve ?
- Dans le théâtre abandonné au bout de la ville. Tu sais, celui où le gamin s'est tué depuis le balcon.
La grosse tarte en pleine poire.
- Quoi ? Le théâtre hanté ?
- Et alors..., sourit-t-il comme un diablotin. Tu as peur ?
- M..moi ? Peur ? Mais oui. C'est ça.
Soudain, au détour d'une rue, il s'arrête brusquement. Surprise, n'ayant pas le temps de réagir, je lui rentre dedans.
- ... ! Attends une seconde, me souffle-t-il.
Il me pousse contre le mur et regarde au coin de la rue.
- M. Raymond et la police.
- Non ! Sérieux ?
Je m'avance pour voir. En effet, notre prof est bien là avec deux policiers et semblent interrogé un petit homme encapuchonné, mais alors quand je dis petit, c'est petit. Il ne devait même pas m'arriver à la poitrine et avec mes 1m55, c'est pas beaucoup. Voilà pourquoi n'était pas là hier et aujourd'hui.
- Ils ont dû suivre les indications du prospectus, réfléchit Steve, la figure sombre. Ils surveillent le quartiers pour être sûr que les élèves n'y aillent pas.
- Comment osez-vous distribuer ça ? j'entends gronder M. Raymond. Et à des enfants en plus !
- C'est pas possible ! je désespère. Sommes-nous donc maudits ? On s'est donné tant de mal pour...
- Hé ! Regarde ça, me coupe mon ami.
Je me penche à nouveau pour voir un truc de dingue. Le petit homme, haut de ses trois pommes, soulève M. Raymond avec une force herculéenne avant de le jeter sur les poubelles.
- C'est qui ce nain ? n'en revient pas mon pote.
Les policiers viennent en aide à notre prof lui demandant si tout allait bien. Pendant ce temps, le nain se carapate, illico presto. La vache ! Il court vite le petit bonhomme ! Si l'a interrogé c'est qui doit venir du Théâtre de la Lune. Il doit certainement y retourner...
- Vite, Steve ! Suivons le !
- Lily ! Attends ! C'est de la folie !
Mais je ne l'écoute pas et m'élance à la poursuite du nabot. J'entends mon ami lâcher un gros soupire et me rattraper. Nous zigzaguons entre les ruelles devenant de plus en plus sombre, tentant tant bien que mal de ne pas quitter des yeux le petit homme.
- Il est trop rapide ! suffoque Steve.
Je ne parviens pas à répondre, trop essoufflée par cette course folle.
Tout à coup, je pousse un cri de surprise face à ce qui se tient devant nous. Sous la lumière du croissant lunaire, les formes lugubres du théâtre hanté se dessinent à nous sur un fond bleu nuit à nous en foutre les jetons.
Au loin, je vois le petit homme entrer par la porte principal et la refermer derrière lui. Je ne sais pas pourquoi, mais là, à voir l'aspect de cet endroit, j'ai plus très envie d'y aller...
- Dépêche, Lily ! me pousse Steve vers l'avant. M. Raymond va finir par nous rattraper ! T'as la trouille ?
- M...mais non...! Pas...pas du tout !
- Alors magne-toi !
- Euh...Euh... D'accord ! Allons-y ! je finis par me décider, prenant un pose de super héros.
- Toi alors, je te jure..., soupire mon ami, en souriant.
Ni une, ni deux, je fonce vers la porte pour l'enfoncer. Seulement, c'est qu'elle n'est pas fermée à clé. Du coup, c'est le vide que je me prends et je sais pas combien de pirouettes j'ai fais en me ramassant parterre. Steve referme la porte derrière lui. Super. Maintenant, on voit que dalle.
- On voit que dalle, dit-il en écho à mes pensées.
Je me relève, tendant la main espérant trouver quelque chose autour de moi. Rien à part le vide. Si Steve n'était pas là, j'aurais vraiment eu la trouille.
Je sens qu'il se rapproche de moi.
- Pourquoi il fait si froid ici ? Il faisait pourtant bon dehors, râle-t-il.
Une série de frottement de vêtements se fait entendre. Je souris. S'il y a quelque chose que Steve ne supporte pas, c'est le froid. Je me remis en marche, Steve sur mes talons.
- Je crois que mes yeux s'habituent à la pén..., je commence quand soudain, je percute quelque chose. ...ombre... Aïe !
- Eh bien, mes enfants, je peux vous aider ? nous demande une voix grave.
Je recule, effarée, Steve se précipite sur moi, enveloppant son bras autour de ma taille, m'attirant à lui, protecteur.
Maintenant, j'y vois clair. Et mes yeux rencontrent...un pantalon à rayure ? Je relève la tête pour découvrir que notre interlocuteur est un géant ! Whoua ! C'est quoi ça ? D'abord des nains et maintenant des géants ! Celui-ci fait bien au moins plus trois mètres de haut ! Et son haut chapeau touche le plafond ! Il a les yeux brillants comme deux charbons et une petite moustache raffinement taillée. Il est habillé avec une veste en queue de pie comme à l'époque du XIXeme siècle, et une chaîne en or de montre à gousset déplaçant de son veston de velours bordeaux.
Steve et moi en avons les yeux ronds comme des secoupes, la mâchoire pendante.
- On est venu..., commence mon meilleur ami, mais me parvenant pas articuler une autre parole.
- ...Voir le Théâtre de la Lune, je termine pour lui.
- Vraiment ? Vous avez vos billets ?
- Oui, tenez, dit Steve, lui tentant le ticket étirant de toute sa longueur son bras, penchant la tête en arrière.
Le géant ne le prend pas tout de suite, et se tourne vers moi.
- Très bien. Et toi, Lily ?
- Euh...oui.
Je cherche dans ma poche mon billet et le lui tends à mon tour quand je réalise quelque chose.
- Mais ? Comment connaissez-vous mon nom ?
- Je sais beaucoup de choses..., répond-t-il comme si c'était la chose la plus naturelle au monde, s'éloignant, son chapeau laissant une trace bien visible sur le plafond dans un léger chuintement.
Nous le suivons à travers le couloir aux murs décrépis.
- Pas de temps à perdre, nous presse-t-il. Le spectacle va commencer dans un instant.
Il disparut de notre champ de vision au détour du couloir.
- Hé ! je lui crie. Attendez !
C'est là, que je le revois, mais à l'autre bout du couloir ! Mais...mais ? Comment il a fait ? Il y aurait-il de la sorcellerie là-dessous ? Il est là, entrain de siroter tranquillement sa minuscule tasse de thé, en sifflotant. Nous le rejoignons rapidement, toujours cette expression déconcertée sur nos frimousses.
- Humm, vous êtes en retard, les enfants. Vos billets, s'il vous plaît.
Steve lui donnent les deux billets (je lui ai passé le mien entre temps) tandis que je scrute les lieux, pas rassurée du tout. Mais dans quoi on s'est fourré ?
Le type bizarre renifle les deux petits papiers avant de les gober comme des bonbons. Steve et moi nous nous regardons et pas besoin de mots pour dire se qu'on pensait. Ce type est un cinglé.
- Excellent, fini par prononcer le géant, buvant une autre gorgée. Vous pouvez entrer. D'ordinaire, nous n'acceptons pas les enfants mais il est évidant que vous êtes de jeunes gens courageux.
Il tire le rideau de velours de sa large main, nous invitant à entrer.
- Nous ferons donc une exception...
