Père ne sait pas, Père n'en sait rien. C'est ce que je me suis dit, c'est ce que je me suis dit depuis le début. La guerre n'est pas finie, elle vient tout juste de commencer. Potter a réussi à transplaner, avec cet elfe, Dobby. J'entends les pas de Père qui montent les escaliers menant à ma chambre. Il monte, lentement. Je sais qu'il viendra me voir, je le sens. Il va me demander pourquoi je l'ai laissé se défiler, pourquoi je l'ai laissé me prendre ma baguette. Je sais ce qui se passera par la suite, mais désarmé, je suis impuissant.

Faible, seul. Lâche.

Il s'arrête devant ma porte. Il cogne trois fois. Je lui marmonne qu'il peut entrer. À première vue, il ne semble pas fâché. Cette expression sur son visage me fait figer de terreur, autant qu'elle me fascine. Il s'approche de moi en murmurant mon nom de sa voix douce, chaleureuse. Il me passe la main dans les cheveux. Je frissonne, je ferme les yeux. Je sais ce qui se passera. Maman n'en sait rien, rien. Il sourit, me fait signe de le suivre. Je déglutis, bien que je sois à la fois habitué, et complètement sous le charme de cet homme qui est mon père. Il me fait peur, sa présence m'intimide. Je ne sais pas comment réagir d'une fois à l'autre.

Il m'amène au cachot. Cette pièce me donne froid dans le dos, elle m'a toujours effrayée. Maman n'est pas à la maison. Elle est partie reconduire sa soeur Bella, qui ne pouvait pas risquer de se faire attaquer si elle n'avait plus sa baguette. J'aurais voulu qu'elle soit là, ma maman. Elle m'aurait réconforté, elle m'aurait protégé de cet homme que je laissais faire pourtant. Il m'emmène là où nous allons d'habitude, lorsque Maman n'est pas là, et que j'ai fait quelque chose de mal. Il m'attache au mur, avec ces chaînes rouillées, fatiguées qui sont clouées au mur.

Je ne me débat pas. Je sais pourtant ce qui arrivera.

Il s'approche de moi. D'ici, je peux voir chaque détail de son beau visage qui ne m'inspire que dédain. Il m'embrasse. Il baisse mon pantalon. Il m'arrache mes vêtements. Je le laisse faire pourtant.

Je le regarde dans les yeux. Il sourit. Il resserre les chaînes. Je ne peux pas sortir, je ne peux plus fuir. Une fois de plus, il me fait l'amour comme personne ne l'a jamais fait. Si seulement maman savait...

Je hurle, j'ai du mal à respirer.

Père termine son acte. Il sort de moi. Il me flanque une gifle en plein visage qui me propulse sur le sol. J'attends.

Il me tire par la nuque pour me relever. Je gémis. Il me frappe avec son fouet. Je crie, me mettant peu à peu à pleurer. Comme un bébé.

Je suis faible. Seul. Lâche.

Je l'entend me dire quelque chose. Il crie. Il crie que j'aurais du livrer Potter. Que tout aurait été pardonné.

Père, je suis désolé. Ces mots-ci, je voudrais tant te les dire. Un nouveau coup de fouet. Je sent mon corps saigner. Le sol rougit. Ma peau est flou. Je ne perçois plus le visage de mon père. Les murs semblent bouger. Je reçois un coup. Un coup de trop. Je m'effondre sur le sol, en sanglots. J'ai mal. Je sens le sang couler sur le plancher. Mon père me lève, me prend dans ses bras.

- Je t'aime tant Draco, ne m'en veux pas.

Bien sur que non Père, je ne t'en veux pas. Je n'ai pas vendu Potter, c'est toi qui a raison.

Tu as raison de moi.