Petit Vegiste... pas très original ^^'
J'ai l'impression de me répéter (surtout que celui-là n'est pas ce que j'ai fait de plus joli, je trouve (je le pense vraiment) x)), en faisant toujours les pairings… et en même temps je peux pas faire autrement x3
Petit point information : Pour ceux qui ont laissé un mot sur le chapitre final de C'est Naturel, j'y répondrais bientôt car j'ai en moi… la force *musique épique* J'ai promis quelques OS (Melra. L, Nyxox, Siffly, je veux vous oublie pas \o), mais je prépare en ce moment une fic à chapitres qui me demande un peu plus d'attention et mon plan doit être opérationnel d'ici la fin des vacances pour que je puisse me lancer à fond dès la rentrée… Pis derrière y'aura la suite de CN, parce que oui, y'en aura une :D Compte tenu de tout ça, je posterais sans doute mois régulièrement de petits textes, et ce pour un bon moment… Mais c'est pour la bonne cause (jespère :D) \o J'avais aussi promis des reviews, je ne les oublie pas non plus :D
Maintenant, disclaimer : personne n'est à moi, tout le monde est à Kriss ! Si celui-ci se pointe un jour dans mes notifs et me demande d'arrêter de shipper ces personnages publiquement, je le (balançoire) ferais.
…
(C'était juste pour savoir si vous lisiez encore les disclaimers. Nan parce que moi, j'avoue que je les lis plus toujours. Balançoire.)
Bonne lecture )
Reste
- Je peux passer mon temps à faire chier les gens à les dégoûter de la viande. Mais pas à les empêcher d'en manger.
Il s'immobilisa. Bras tendu, sans rien dire, attendant le verdict.
- Pas mal, pas mal du tout. Encore une, s'il te plait ?
Le Vegan jeta un regard à sa gauche, le fixant sur la caméra. Oublier que Kriss était derrière, se concentrer.
Respirer... Et se laisser emporter par chaque mot, les vivre, user de son assurance pour paraître convainquant. Même si la réplique en elle-même ne lui plaisait pas beaucoup.
- J'peux passer mon temps à faire chier les gens à les dégoûter de la viande, mais... pas à les empêcher d'en manger...
Bref silence.
- Parfait.
Un sourire rassuré s'étala aussitôt sur son visage. Kriss répondit à son geste amical et fit signe à 1erDegré que son t-shirt était de travers.
Lui quitta le grenier, saluant craintivement le Syndicaliste au passage qui, au vu de l'étincelle de mépris dans son regard, l'aurait volonté assommé d'un coup de perche si Kriss ne veillait pas.
Certains avaient eu beaucoup de mal à accepter son passage dans un nouvel épisode. Qu'il ait eu la chance d'être un tant soit peu à leur niveau de personnage récurrent.
Il s'en éloigna donc. Le rez-de-chaussée était si calme. Toutes les personnalités, même les moins sociables, s'étaient regroupées autour de leur créateur pour lui venir en aide. Seul restait, et il le découvrit rapidement en pénétrant dans le salon, le Carniste buvant une canette de bière. Seul.
Celui-ci ne l'ayant visiblement pas encore remarqué, il longea le mur. L'ignorer. Il bousillait sa santé, c'était son problème. Tant qu'il ne participait pas devant lui au massacre d'anim…
- Alors, toi aussi, tu tournes ?
Surpris, il se figea.
- Je...
Il se retourna, repéra rapidement le regard inquisiteur dépassant du canapé.
Le regard de son alter ego qui le troubla un moment, juste un moment, lorsqu'une bouffée de fierté le prit tout à coup:
- Tout à fait. Kriss parle même de faire de moi l'une de ses personnalités phares.
Un mensonge, juste un tout petit mensonge. Ça ne pouvait pas faire de mal.
Le Carniste leva un sourcil.
- Vraiment ?
Le corps de mangeur de viande s'anima mollement, s'approcha du sien... puis lui passa devant, quitta la pièce avec lenteur.
- Tant mieux pour toi, marmonna-t-il, son ton froid appuyé par le bruit de la canette vide frappant le fond de la poubelle de la cuisine
Une victoire. C'était une véritable victoire pour le Vegan. Pour cette longueur d'avance dans sa continuelle lutte avec son ennemi et pour la naissante reconnaissance que lui portait son créateur.
Une reconnaissance qui ne s'en arrêta pas là.
Une fois encore, Kriss accouru dès qu'il eut finit un nouveau script, cette fois celui de l'épisode sur Noël. Le Vegan ne pouvait refuser une telle opportunité, le sujet étant synonyme d'une nourriture on ne pouvait plus discutable selon ses principes. Il avait donc tourné l'épisode dans le salon, dépourvu pour l'occasion de son canapé, alors poussé contre un mur.
Où était-il ?
La question, qui avait surgie tel un prédateur sur sa proie parmi ses pensées, l'avait figé sur place sitôt sorti de la pièce, Kriss l'ayant libéré pour tourner les apparitions de la Féministe.
Où était-il ?
Un petit haussement d'épaules pour se rassurer et il entreprit de flâner un peu partout à la recherche de son opposé, de ce carnivore qui refusait obstinément de quitter ses souvenirs. Pourtant, hormis quelques interactions, il se faisait plutôt discret, bien loin des longues disputes qu'ils avaient pu partager à leurs arrivée dans la famille.
Le végétarien commença à monter l'escalier sans vraiment s'en rendre compte, plongé dans ses interrogations.
Ce n'était pas normal, de penser encore à lui. Il avait tout pour être heureux. La paix, du temps pour se consacrer à sa passion, un hôte qui respectait son régime alimentaire, des colocataires amicaux pour le plus grand nombre bien que carnivores, la reconnaissance de son créateur... Alors pourquoi cet homme, si différent de lui, ne pouvait-il pas disparaître ? Pourquoi le Carniste restait-il envers et contre tout dans son esprit, comme un détail du passé sans qui il n'envisageait étrangement pas l'avenir ?
Le détail ne se fit d'ailleurs pas attendre.
Au milieu du couloir du premier étage, alors qu'il ne faisait pas attention aux pièces tout autour de lui, une porte s'ouvrir sur sa gauche et un corps le poussa contre le mur. Le Vegan chercha à se défendre, repoussa d'un geste violent la silhouette qui recula pour s'adosser contre le mur de ce corridor si étroit.
Ses yeux luisants de haine et ses deux poings fermés... Le végétarien reçu un tel choc devant l'animosité du Carniste que ses mots moururent avant même de naître.
- Ah quoi tu joues ?
Il leva le regard, osa le planter dans celui plein de colère de son ennemi qui manqua visiblement de cracher de façon méprisante devant son mutisme
- A... Quoi... Tu joues ?! Reprit alors celui-ci en haussant considérablement le ton
Bref silence. Le Vegan, qui ne comprenait rien du sens de tout ceci, se contenta de rester muet.
- Toutes ces apparitions, ces scripts, ces phrases... Ces fans... ET MOI ?! QU'EST CE QUE JE SUIS ENCORE POUR TOI, MAINTENANT ?!
Un silence suivit son hurlement. Le Vegan resta choqué un moment lorsqu'il réalisa: le Carniste était en colère, malheureux, et surtout... Jaloux.
Pas jaloux pour les scripts et les fans. Jaloux de son attention dont visiblement il se sentait exclus.
Une immense fierté se rependit en lui. Ça lui plaisait, que le Carniste soit jaloux. Ça lui plaisait, que le Carniste le veuille à lui, rien qu'à lui... Et ça lui plaisait, qu'il soit en train de perdre.
Les yeux bruns du carnivore le fixaient, sondaient les siens. Tellement de possessivité dans ce regard. Tellement de violence.
Le végétarien aurait bien volontiers répliqué par la moquerie, au risque de se prendre un coup, mais c'était sans compter sur son adversaire qui reprit en tremblant:
- Je croyais... Qu'on s'appartenait... Que jamais on ne se sentirait seul... Parce qu'on aurait toujours l'autre pour occuper son existence... Je croyais... Je croyais...
Sa voix faiblit. Une étrange lueur de terreur apparue au fond de son regard.
- Je croyais que jamais rien ne pourrait nous séparer...
La résignation. La tristesse. Lentement, le Carniste desserra sa prise, libérant son alter qui ne fit pourtant pas un mouvement.
- J'avais tort... Murmura le mangeur de viande en baissant le regard
Il resta immobile un bref instant, avant de longer le couloir, s'éloignant de son opposé pour ouvrir la porte de sa chambre. Son pied s'élança pour en franchir le palier, mais il se figea encore pour murmurer avant de disparaître:
- Bravo, Vegan... Tu m'as perdu mais tu as gagné la guerre...
- Coupez ! C'était la dernière, on la garde !
Le Vegan sourit de toutes ses dents, remerciant d'un humble signe de tête les acclamations fusant tout autour de lui. Il posa ses accessoires sur le canapé du studio pour s'y avachir à son tour.
Les SDF... Ce n'était pas une mauvaise idée... S'il pouvait les fournir en légumes et les sensibiliser à la cause vegan, ils sauveraient hommes et animaux d'un même geste.
Et bien que Kriss n'apprécierait sans doute pas particulièrement son extrémisme même envers ces personnes dans le besoin, il ne l'en empêcherait pas.
Satisfait, il sourit à son créateur et désigna d'un geste la porte, à l'autre bout de la pièce rouge. Comme d'ordinaire, il allait faire un petit tour, pourquoi pas dans le jardin, arroser un peu ses carottes bio...
Le Syndicaliste le regarda de travers, comme d'habitude, mais n'eut pas même le courage cette fois de grommeler des menaces. Kriss l'avait accueilli parmi les personnages principaux de l'émission, il devrait s'y faire... à sa grande satisfaction.
Vengeance. Vengeance du petit Vegan sur tous ceux qui n'avaient pas cru en lui. Sur tous ceux qui l'avaient pensé faible. On avait voulu l'isoler, mais c'était son originalité qui l'avait sauvé.
Cheminant vers le jardin, il apprécia encore ce silence exceptionnel, cette maison vide de cris et de plaintes dans laquelle sa fierté prenait toute la place qui lui était nécessaire. Désormais plus étouffée dans la masse des inepties habituelles qui secouait leur foyer chaque jour, elle explosait.
Un sourire naquit sur ses lèvres, sa main se tendit vers l'anse de l'arrosoir qu'il avait posé là la veille, lorsque le brusque silence derrière lui le fit se retourner.
Quelque chose manquait...
Il n'aurait su vraiment dire quoi, qui, en quoi, pourquoi,... Mais quelque chose lui manquait pour avoir l'esprit tout à fait tranquille. Quelque chose qui aurait dû venir à cet instant.
Intrigué, il se releva, jeta un coup d'œil circulaire.
Personne ne manquait, pourtant. Tout le monde était auprès de Kriss, à l'exception de lui-même... Et de...
- Carniste ?
Ce mot semblait lui être venu de loin, d'une partie de sa mémoire enfouie, engourdie. Qu'il n'avait plus utilisé depuis longtemps.
Il l'avait prononcé du bout des lèvres, hésitant, et le regretta à chacune des secondes suivant son murmure perdu.
- Carniste ?
D'abord le nom, puis le visage, quelques souvenirs. Tout se mit à fonctionner à une vitesse folle dans sa tête qui lui sembla alors un brin douloureuse.
Comme si...
Il lâcha son instrument, préférant s'adosser contre le mur et s'y laisser glisser. Une fois dans une position assise, il tacha de calmer les battements de son cœurs qui s'emballèrent brusquement, l'affolant davantage.
Comme si il l'avait oublié. Oublié tout de lui. Depuis combien de temps n'y pensait-il plus ? Depuis combien de temps était-il resté dans le noir ?
Il paniqua, donnant un coup dans le vide au milieu du couloir, s'épuisant un peu contre l'air, histoire d'avoir toujours l'impression de se battre.
- Carniste...
Il le revoyait, à présent, lui tendre une main honnête, dès leur arrivée dans ce monde hors de la tête de Kriss. Une main d'adversaire loyal. Qui sait ce que vaut son opposé, qui s'en éloigne tout en l'appréciant secrètement.
Il se mordit la lèvre inférieure, se replia sur lui-même du mieux qu'il le pu, cala deux mains crispées contre ses oreilles afin d'empêcher tout son extérieur d'empirer son état.
Il le revoyait, lors de leur premier épisode commun, tout sourire face à la caméra, enchainant des remarques toutes plus insultantes les unes que les autres pour ses pairs, mais avec toujours cette même distance qui le rendait inaccessible. Impossible de le comprendre, impossible de saisir son univers de carnivore. Autant chercher à enlacer son reflet. Et c'est ce qui l'avait attiré chez lui.
Ses principes faisaient de lui un monstre mais avec un bon fond, un opposé haït et aimé, qui avait occupé ses pensées sans relâche depuis leur "rencontre"... Car dans l'esprit de leur créateur, peut-être se connaissaient-ils depuis bien plus longtemps...
"Je croyais qu'on s'appartenaient. Je croyais que jamais on ne se sentirait seul. Je croyais qu'on aurait toujours l'autre pour occuper son existence. Je croyais."
Il avait cru, lui aussi. Si fort. De ces croyances, de ces certitudes innées inscrites en lui, gravées dans la pierre de son code de personnalité multiples, il avait fait sa vie, avait acceptée de se laisser régir un univers. Univers qui lui avait échappé avec le temps, à coup de prises d'indépendance. Le Carniste avait disparu de son esprit, était devenu vestige de ce monde dont il avait cassé la boucle en s'en détournant.
Un vague silence et il se leva d'un bond, jetant un nouveau regard circulaire.
Où était-il ?
Ressentant déjà une angoisse à la mesure de sa brusque compréhension, ses pas le conduisirent tout naturellement en direction de la cuisine. Vide. Il accéléra donc, se jeta sur l'escalier, ne prêta aucune attention aux bribes de voix en provenance du studio juste au-dessus de sa tête.
Dans ce couloir, où il lui avait jadis hurlé toute sa peine, il se stoppa pour fixer la porte de sa chambre. S'il n'était pas là... Alors peut-être que...
Il refusa de l'admettre, refusa même de le penser.
Ses doigts cognèrent contre le bois, d'abord calmement, puis plus vite à mesure que le temps passait.
Pas de réponse.
Il l'appela. Avant que sa peur de le pousse à ouvrir la porte, à démolir la brève frontière imaginaire pour se jeter un avant.
- Carniste ?
Sa respiration haletante éraillait sa voix, la bridait, l'empêcha de l'appeler encore. Le brusque poid dans son estomac n'arrangea rien.
Où...
Sa main s'écrasa sur l'interrupteur.
Une silhouette se démarqua vite de l'obscurité, lui arrachant un bref soupir de soulagement... avant qu'un coup d'œil plus appuyé ne lui fasse l'effet d'un choc.
Il resta ce qui lui sembla être une éternité debout, immobile, tout en sachant en réalité que ses jambes s'étaient animées aussitôt. Mais jamais assez rapidement à son goût.
Son alter ego était bien là, reculant à sa brusque entrée, tendant une main lui suppliant silencieusement de rester à l'écart.
Il l'ignora.
Il tendit plutôt la sienne, l'en approcha timidement. Ses craintes se confirmèrent avec violence lorsque sa peau passa au travers. Lorsque l'image de son alter palit encore. Comme un fantôme, une vision entre présent et passé, entre existence et non existence.
Face à son incompréhension, le Carniste affichait un air de triste résolution qui ne fit que l'agacer encore davantage. Cet idiot se prenait-il pour un martyre, à sourire tandis que son corps perdait de cette opacité qu'il n'aurait jamais cru si chère ? Pensait-il lui faire la morale, en guise d'adieu ?...
Non. Non, il refusait...
Le Vegan abandonna finalement toute tentative pour prendre la main de son opposé, préférant s'infliger une claque intérieur quant à son manque de réaction appropriée. Kriss. Il fallait prévenir Kriss. C'était le seul à pouvoir comprendre comment...
- Vegan ?
Ses yeux brûlant qu'il présuma remplis de larmes se tournèrent vers ceux plus confiants du Carniste.
- Si je disparais... C'est parce qu'il n'a plus besoin de moi.
Silence. Il secoua la tête.
- Mais ! Il ne peut pas te te faire disparaître, te gommer comme si tu n'avais jamais existé ! Il ne peut pas !
- Bien sûr, qu'il le peut...
Le végétarien paniqua encore davantage, effrayé par la passivité de son alter qui se contentait de rester stoïque, le fixant avec un air de bienveillance qui lui aurait plutôt donné l'envie de le frapper, histoire de le ramener à la dure réalité. Celle qu'il réalisait lentement.
- Pour faire de toi un personnage indépendant, il doit me faire disparaitre. C'est comme ça. Tu comprends ?
Le Vegan secoua négativement la tête, une première larme roulant déjà le long de sa joue. Comment y comprendre quelque chose ? Entre toutes ces interrogations, cette affection qui déferlait soudainement comme s'il avait rompu un barrage et la honte de toutes ses pensées antérieurs, son esprit se trouvait vidé de sens.
Il tendit encore un bras, retint tant bien que mal un sanglot en constatant comme son camarade se confondait peu à peu avec le décor de la chambre. Il chercha encore un contact physique quelconque, traversant bras et épaules avec toujours plus de tremblements.
Le Carniste le laissa faire un moment, puis, sans doute pressé par le temps qui devait commencer à lui manquer, murmura dans un visiblement grand effort:
- Sans moi... Tu pourras être libre... Libre d'être celui que tu choisiras de devenir. Libre d'être le maître de ta destinée...
Libre de briser la boucle. Libre de son essence. Libre de sa définition.
Libre.
Le Vegan en eut le tournis.
Pourtant, aussitôt, cette perspective de vie lui rappela celle qui avait toujours été la sienne.
- Mais... JE NE VEUX PAS ÊTRE LIBRE ! PAS SANS TOI !
Il voulait le frapper, le serrer contre lui, le pousser, le tirer, il voulait le toucher. C'était son droit. C'était son seul droit.
Et lui souriait toujours tristement comme un idiot. Il ne voulait pas comprendre la raison de toute cette tristesse à son égard, mais la vérité ne tarda guère.
- Je crois que tu ne te souviendras pas de moi... Ça me surprend même que tu sois venu...
Le végétarien se laissa quelques secondes pour réaliser avant de laisser libre court à ses larmes. Ses genoux heurtèrent le parquet.
Injuste. C'était tellement injuste. Pas de souffrance pour lui mais tellement à perdre et... Parmi les pleurs et les plaintes à mi-voix... Un refus...
... Celui de se laisser dicter ses souvenirs...
... Celui de laisser son créateur faire disparaître celui à qui il devait son apparition. Celui à qui il devait tellement.
- Kriss... Grogna le Vegan entre ses dents... Je te déteste...
Il fixa le sol, y crispa ses poings avec tant de force qu'on l'aurait dit inhumain.
- Vegan... Tout ça est inconscient... Kriss n'a jamais voulu me tuer... Disons simplement... qu'il utilise certaines parties de son esprit plus que d'autres...
Le Carniste, celui qu'il avait considéré à de nombreuses reprises comme un beauf sans valeur ni jugement, avec une intelligence et une culture limité, incapable de saisir quoi que se soit d'un tant soit peu intellectuel... lui prêchait la tolérance et le pardon.
Perdu dans son état émotionnel, le Vegan ne savait s'il devait rire de cette situation cocasse ou en pleurer.
Au-dessus de sa tête, il entendit le mangeur de viande prendre une grande inspiration, plus solennelle encore que toutes les autres.
Il ne voulait pas le regarder.
...
Regarder qui, déjà ?
Cette question s'insinua en lui si naturellement qu'il en frémit. Il voulait se souvenir... Se souvenir de... De...
- Reste... Carniste...
Il prononça ce dernier mot presque silencieusement, si silencieusement que le craquement du plancher ainsi que l'ouverture de la porte derrière lui l'étouffèrent.
- Vegan ?
Le Vegan sursauta, de même que son double qui montra enfin à sa grande satisfaction un semblant de réaction.
Kriss se tenait dans le cadre de la porte. Aussitôt, le végétarien se releva fébrilement et tira son créateur par le bras, constatant au passage comme il était bon de retrouver la solidité des membres d'autrui.
- Kriss... Il faut que tu fasses quelque chose, il va disparaître !
- Qui ça ?
Cette question pleine de nonchalance le figea.
- Tu... Tu ne le vois p...
Il se retourna, s'apprêtant à désigner son alter ego d'un geste, mais s'immobilisa encore.
Fixant le vide, là où le Carniste se tenait un instant auparavant, il n'y avait rien. Rien. Comme s'il n'y avait jamais rien eu. Comme s'il n'y aurait jamais rien.
- Qui ?
Un frisson de colère le parcourut.
Kriss. C'était sa faute. Il l'avait négligé et maintenant... Maintenant il n'était plus là. Maintenant il ne reviendrait jamais.
Au fil de ses pensées, il réalisa lentement l'ampleur de sa solitude, désormais. Une larme coula, suivit d'une dizaine d'autres. Toujours dos au youtuber, il entama doucement son deuil tout en souhaitant le frapper, laisser libre court à son malheur.
- Vegan, qu'est-ce qui te prend ?
...
C'est vrai, ça, qu'est-ce qu'il lui prenait ?
...
Il passa un doigt le long de sa joue, l'examina un peu malgré la faible luminosité de cette chambre qu'il ne reconnut d'ailleurs pas.
Pourquoi pleurait-il ?
Il avait pourtant tout pour être heureux, non ?
La paix, du temps pour se consacrer à sa passion, un hôte qui respectait son régime alimentaire, des colocataires amicaux pour le plus grand nombre bien que carnivores, la reconnaissance de son créateur...
- Vegan ?
Il se retourna. Kriss le fixa un instant avant de désigner l'escalier qui, derrière lui, menait au studio.
- Je suis venu te voir parce qu'il y a eu un faut raccord pendant tes scènes. Le Gamin a laissé trainer une bouteille de coca et... Bref, faut refaire.
Avec un sourire, il hocha la tête. Bien sûr, pas de problème. Éternel solo, c'est comme ça qu'il avait toujours été.
Et c'est comme ça qu'il serait toujours.
... Comment ça "Deathfic" ? Mais non, il est pas mort, il a disparu ! (... Plus sérieusement, vous classeriez cet OS comme une Deathfic ? Parce que j'ai honnêtement hésité ^^')
Sur ce, je vous laisse pour retourner à mon plan (bientôt bientôt, niark niark...) \o
Au plaisir *coeur*
