Disclaimer : Bleach et ses personnages ne m'appartiennent pas.
Personnages: Rukia, Byakuya x Renji
Notes: Pas de spoilers. Pour ceux qui l'ignoreraient, Ichigo veut dire fraise en japonais, d'où le jeu de mots -nul- de Renji.


Some strawberries

Ce matin-là, s'il y avait encore quelqu'un qui dormait dans quelque recoin de l'aile du Seireitei réservée au clan Kuchiki, cette personne devait soit être morte, soit être dans un profond coma. Car le boucan que pouvaient faire Rukia et Renji en se poursuivant à travers les couloirs devait retentir jusqu'au Rukongai.

Rukia savait pourtant mieux que quiconque à quel point son ami d'enfance pouvait être susceptible. Elle aurait donc pu trouver mieux pour le saluer, alors qu'ils venaient de se croiser par hasard, que de lui faire remarquer que si lui pouvait se promener ici, c'était seulement parce qu'il couchait avec son frère. Ou bien elle aurait tout simplement pu faire cette même remarque un autre jour, un jour où elle n'aurait pas eu dans les bras le plein saladier de fraises à la chantilly qu'elle venait de ramener d'un petit séjour dans le monde mortel, et que Renji venait de lui subtiliser pour se venger.

Non vraiment, elle regrettait ses paroles maintenant.

« Rends-moi ça tout de suite, Renji ! »

« Fallait mieux tenir ta langue ! Remercie-moi, au moins tu ne grossiras pas ! »

« Qui te parle de grossir ! C'est à moi et c'est tout ! »

Leur différence de carrure jouait malheureusement en la défaveur de Rukia qui ne parvenait pas à rattraper le très rancunier shinigami. Lequel s'amusait beaucoup du retournement de situation, à presque en oublier la raison de leur nouvelle dispute.

« Tu as l'air d'y tenir à ton petit-déjeuner… Un cadeau d'Ichigo ? Sacré jeu de mots, je le pensais plus inventif pourtant ! »

« Ca ne te regarde pas ! »

« Oh, aurais-je touché le point sensible ? Dans ce cas… »

Renji s'arrêta brusquement en plein course, si bien que Rukia n'eut pas le temps de freiner à son tour et se retrouva par terre après avoir buté contre celui qu'elle ne qualifierait plus jamais d'ami. Celui-ci attendit patiemment qu'elle ne se relève en l'injuriant copieusement, puis souleva le saladier qu'il tenait d'un bras au dessus de sa tête.

« Je te le rends si tu arrives à l'attraper. »

Il y eut un silence, que la jeune fille eut tôt fait de briser en maugréant quelques menaces. Vu la différence non négligeable de taille qu'il y avait entre eux deux, même sauter sur place ne servirait à rien pour récupérer son bien.
Le vice-capitaine ne put s'empêcher un sourire triomphal.

« Je veux bien attendre que tu ailles trouver une échelle si tu veux… »

« Va au diable, Renji ! Si tu ne me le rends pas tout de suite je v… »

« Je peux savoir ce que vous faîtes ? »

Les deux shinigamis coupèrent court à leur dispute et se retournèrent en même temps, leurs deux visages soudainement figés. S'ils n'avaient pas rêvé et que cette voix était bien celle qu'ils avaient cru reconnaître…

Ils n'auraient pas pu faire pire.

« Ah…Kuchiki taichou… »

« O…ohayo, Nii-sama… »

Ils n'auraient vraiment pas pu faire pire que de crier juste devant les appartements de Kuchiki Byakuya. Lequel semblait fraîchement réveillé, et pas vraiment content de l'être.

« Je réitère… : y a-t-il une raison pour que vous soyez tous deux en train de hurler dans les couloirs, à sept heures et demi du matin, pendant mon jour de congé ? »

Les fautifs se retinrent de clamer d'une même voix « c'est pas moi, c'est lui/elle », et bafouillèrent quelques maigres explications comme deux enfants pris en faute.
Rukia maugréa mentalement contre le fait que Renji n'arbore une attitude presque civilisée qu'en présence de son capitaine, mais après tout, il en était bien de même pour elle. Et pour quiconque connaissait un minimum le chef de clan.

Byakuya poussa un soupir et finit par abandonner l'idée de comprendre ce qu'il se passait.

« Si vous avez des comptes à régler, essayez de le faire de façon plus discrète. Ou à un autre moment de la journée… »

Sans prendre la peine d'attendre une quelconque réponse à sa suggestion, il reporta son attention sur son fukutaichou en remarquant un détail qui lui avait échappé. Renji déglutit mais ne fit pas le moindre mouvement lorsque son supérieur s'avança vers lui avec un regard presque interrogateur. D'un geste du pouce, il essuya un trait de chantilly colorée au coin des lèvres de son lieutenant, lequel avait toute les peines du monde à masquer sa nervosité ; il n'était pas habitué à partager une telle proximité en public.
Car Byakuya ne s'était guère éloigné de lui et ne semblait pas le moins du monde gêné par la présence de Rukia.

« Tu ne fais vraiment attention à rien, Renji. »

Passant un bref coup de langue sur son pouce pour faire disparaître l'étrange crème aromatisée, il jeta un coup d'œil au saladier que portait toujours Renji, puis à sa sœur.

« Ca vient du monde humain ? »

« H…hai, Nii-sama. »

Le capitaine parut pensif un instant, et retourna son attention vers Renji qui se demandait ce qui venait de passer dans la tête de son supérieur à cet instant.
Ou plutôt non. Qui ne voulait absolument pas savoir ce qui venait de passer dans la tête de son supérieur à l'instant. Parce que pour le faire sourire de la sorte, lui, ça devait être quelque chose de peu rassurant.

« Je te les emprunte si tu le permets, Rukia. Je crois que pour une fois les mets des mortels me plaisent bien. »

Les deux plus jeunes shinigamis pensèrent d'abord avoir mal entendu et la surprise n'en fut que plus grande ; Kuchiki Byakuya n'était pourtant pas de ceux qui aimait les douceurs, bien au contraire d'ailleurs. Rukia, trop étonnée pour réagir autrement, acquiesça sans vraiment faire attention à ce qu'elle disait. Quant à Renji qui connaissait les goûts du capitaine, il craignait de ne comprendre de quoi il retournait…

Avec un léger sourire et après un silence concerté d'un côté et interdit de l'autre, Byakuya saisit le poignet de son second et l'entraîna avec lui en direction de ses appartements.

« T…taichou ! Qu'est-ce que vous… »

« Tu m'as réveillé, autant que ce soit pour une bonne raison. »

S'interrompant, Byakuya se retourna vers sa sœur qui les suivait toujours du regard sans trop comprendre.

« Quand retournes-tu dans le monde humain ? »

« Heu…demain normalement. Pourquoi ça ? »

Visiblement satisfait de cette réponse, le chef du clan Kuchiki reprit sa marche sans avoir pour autant libéré le bras de Renji qui le suivait sans trop avoir le choix.

« Passe donc me voir avant de partir. Je te dédommagerais pour ça afin que tu puisses t'en racheter. Autant que tu veux. »

Et ce disant, il ferma la porte de sa chambre derrière lui et son subalterne.

Ce jour-là, les membres du clan Kuchiki furent réveillés deux fois dans la même matinée.
Et à partir de là, Rukia rapporta régulièrement des fruits du monde mortel à son frère aîné qui semblait particulièrement les apprécier.