Avis aux lecteurs: Ces personnages ne m'appartiennent pas, ils appartiennent à Jane Austen et Chris Carter. Merci aux réalisateurs de me prêtez vos charmants personnages et SVP., ne me poursuivez pas, j'écris cette histoire pour le simple plaisir de la création.

Derbyshire (Angleterre, 9 janvier 1794)

Samedi : 18h.47

Serpentant sur une route montagneuse du Derbyshire, une diligence tirée par quatre magnifiques chevaux avançait péniblement dans la neige épaisse. Des ombres étranges se mouvaient et ondulaient comme des fantômes sous les rayons d'une lune voilée. Bien blottis à l'intérieur du véhicule, deux adultes, un enfant et un nourrisson sommeillaient, tous enveloppés dans des peaux de fourrures qui les protégeaient du froid mordant. Tôt le matin, la famille avait quitté Londres et il lui tardait d'arriver à destination.

Brusquement, la diligence trembla sous une forte secousse. Les chevaux s'arrêtèrent et piaffèrent en hennissant de peur. Ce tapage réveilla l'homme qui regarda autour de lui. Puis, la jeune femme à ses côtés ouvrit les yeux. La nuit leur glaçait les os et les deux jeunes gens ne pouvaient s'empêcher de grelotter de froid. Gentleman, l'homme qui était âgé d'environ 37 ans, replaça la longue étoffe de fourrure autour de son épouse et du nourrisson qu'elle portait dans ses bras. Par la suite, il se tourna vers son fils qui, les yeux agrandis par la surprise, essayait de comprendre ce qui se passait. Le gamin, déjà grand pour son âge, avait hérité de la chevelure sombre et de la stature imposante de son père. Par contre, quelque chose dans ses yeux marrons et ses traits reflétait une grande douceur et un caractère intègre.

- Pourquoi la diligence s'est arrêté, papa? demanda le garçon en s'efforçant de garder une voix ferme. Je crois que ce n'est pas normal.

L'homme prit un air sévère et ne répondit pas tout de suite. Mais connaissant son fils, il se doutait qu'il ne serait pas dupe. Malgré son jeune âge, le petit était déjà de la trempe des Darcy et portait également en lui l'emprunte raffinée de l'esprit de sa mère, une véritable « lady » dans tous les sens du terme.

- Je n'en sais rien, William. Allez… Éloigne-toi de cette fenêtre et va trouver ta mère ainsi que ta sœur.

La jeune maman tendit les bras vers son fils et l'attira vers elle.

« - Je vais consulter notre cocher, reprit le père d'un ton rassurant. Peut-être s'agit-il d'un simple essieu qui s'est cassé ou la diligence a pu s'enliser dans la neige. Quoi qu'il en soit, Will, je veux que tu restes auprès de ta mère et de ta sœur. Le froid est intense ce soir et je te demande de veiller sur elles. D'accord?

- C'est d'accord, papa, répondit le garçonnet avec sérieux. Je te promets de bien les surveiller.

L'homme et sa jeune épouse échangèrent un sourire complice. Ensuite, Darcy (père) se pencha et embrassa longuement sa femme sur les lèvres. Elle lui rendit son baiser pendant qu'il caressait doucement sa joue. Puis, il ébouriffa les cheveux bouclés de son fils et embrassa le bébé sur le front avant de revenir vers sa douce moitié.

- A tout de suite, mon cœur, murmura-t-il à l'oreille de son épouse.

- À tout de suite. Elle plongea amoureusement son regard dans celui de son mari. Et de grâce, soyez prudent, chéri, car nous avons grandement besoin de votre présence à nos côtés. Et sur le ton de la confidence, elle chuchota : Je vous aime. Sans vous, ma vie n'aurait plus de sens. Alors, revenez vite.

Un large sourire éclaira le visage de son compagnon.

- Je vous aime aussi, ma tendre aimée, lâcha-t-il d'une voix vibrante d'émotion.

Sans la quitter des yeux, William « senior » souffla un baiser dans sa direction, ouvrit la porte de la diligence et sortit sous la tempête hivernale qui commençait à faire rage.

S'éclairant de sa lanterne, il se courba en deux pour se protéger du vent glacial et de la neige poudreuse qui tombait de plus en plus drue et piquait la peau de son visage.

- Cocher! cria-t-il pour se faire entendre au delà du vent qui hurlait. Que se passe-t-il?… Puis-je vous aider?

Il n'entendit aucune réponse.

Cela le troubla profondément même s'il n'arrivait pas à expliquer son étrange angoisse.

Lentement, il se dirigea face à la diligence, souhaitant discuter avec le cocher et comprendre pourquoi les chevaux s'étaient arrêtés et refusaient de reprendre la route.

Le gentleman fronça les sourcils.

Au delà du rideau de neige, une silhouette sombre et immobile tenait toujours les rennes entre ses mains.

Intrigué, il s'avança péniblement dans la neige qui montait jusqu'à la hauteur de ses genoux.

Une curieuse impression de danger rôdant dans l'air ne cessait de le hanter.

« Pourquoi le cocher ne répondait-il pas à ses appels? songea-t-il. Et pourquoi ne bougeait-il pas? »

Comme son fils l'avait exprimé plus tôt, « ce n'était pas normal ».

L'homme inspira profondément. L'air glacé lui brûla la gorge et il s'en voulu de ne pas avoir amené d'armes avec lui.

Le cœur battant, il s'approcha du siège où se tenait le cocher étrangement immobile et silencieux. Sa tête était inclinée de façon bizarre. Un liquide rouge sombre coulait paresseusement de sa gorge puis tomba sur la neige immaculée. Ses yeux agrandis et fixés vers le ciel reflétaient une terreur sans nom.

En état de choc, l'homme comprit que le pauvre type était mort. Il recula, pressé de rejoindre sa famille pour les protéger. « Mais les protéger de qui ou de quoi? »

Il n'y avait aucune trace de pas dans la neige et il ne distinguait aucun bruit sauf celui de sa respiration courte et saccadée. Et autour de lui, ce n'était qu'un désert blanc qui s'étendait à perte de vue.

Une lumière inhabituelle, verte et sans vie, déchira soudain le ciel en deux. La neige changea de couleur et devint d'un gris terne. Un grondement sourd se répercuta au travers les hurlement du vent, faisant trembler la diligence et ruer les chevaux qui hennissaient d'effroi. Les pauvres bêtes piaffèrent quelques secondes avant de s'effondrer dans la neige, immobiles et sans vie.

Paniqué en songeant à sa famille qui ignorait le danger qu'elle courait, William fit demi-tour et se précipita comme un fou vers la diligence. Hélas, il n'arriva jamais à destination. Le malheureux était disparu sans laisser de trace.

Dans la diligence, Grâce Dashwood Darcy et son fils ne bougeaient plus. Même le nourrisson avait cessé de pleurer. On aurait dit qu'ils étaient sous l'emprise de quelque chose. À l'extérieur, seul le hurlement du vent et les crépitements de neige contre la fenêtre et le toit brisaient le silence. Secoué par les violentes rafales, le véhicule tenait bon malgré tout.

D'un geste calculé, Grâce Darcy déposa le nourrisson dans les bras de son fils. Elle les enveloppa avec tendresse dans des peaux de fourrures et les couvrit soigneusement de la tête aux pieds.

- Restez ici, mes chéris, murmura-t-elle d'une voix atone. Soyez sages. Votre papa m'appelle et je dois absolument aller le chercher. Je vais revenir aussi vite que possible. Je vous aime, mes amours.

L'oreille tendue, le visage fasciné, Grâce Dashwood sortit dans la tempête pour rejoindre son époux et le ramener près d'elle et de leurs enfants.

Elle ne revint jamais.

Vers minuit, le colonel FitzWilliam (père), accompagnés de ses domestiques, retrouva la diligence et le petit William recroquevillé sous les peaux de fourrure. Malgré son état de choc apparent, l'enfant tenait précieusement sa sœur contre sa poitrine. Mais, depuis 18h.47, Will Darcy avait tout oublié de l'étrange soirée qu'il venait de vivre. Ses parents étaient disparus sans laisser de traces. Le cocher et les chevaux étaient morts mais le petit William ne se souvenait plus de rien.

*** À SUIVRE ***

Vos impressions sur cette mystérieuse affaire? Allez! Ne soyez pas timides!