Chapitre 1
Les cieux étaient noirs, on ne voyait plus ni soleil, ni aucun coin du ciel si bleu qui les avait accompagnés durant le trajet.
La foudre et la pluie s'abattaient sur le navire, les faisant tangués et glisser sur le pont détrempé. Les ordres étaient criés mais personne ne les entendait.
Un tout jeune soldat, qui venait d'arriver à bord du bateau, essayait en vain de trouver un semblant d'équilibre. Il titubait, et trébuchait quand une vague plus haute que les autres vint s'abattre sur lui, il n'eut le temps que de la voir avant de se faire saisir par la mer déchaînée. Cependant, son capitaine, qui avait l'œil sur chacun de ses hommes, le rattrapa et réussi à le hisser sur le pont. C'est à ce moment qu'une bourrasque monumentale brisa les liens qui retenaient les voiles. Celles-ci se gonflèrent et propulsèrent la jeune femme dans les flots. Impuissante, elle se sentit s'élever et quitter le pont et le navire pour se retrouver au milieu de l'immensité de la mer. Essayant de lutter, elle perdit conscience étouffée par les vagues et le chaos environnant.
Quand elle se réveilla, elle était au milieu de nulle part tout était noir et humide. Elle pouvait toucher le sol mais celui-ci était trempé et poisseux quand elle essaya d'avancer pour voir quelque chose, elle se rendit compte qu'elle était entourée de parois chaudes et vibrantes, elle les toucha et les sentis bouger. Pas de doute possible, elle était dans un estomac ou dans une autre partie d'un animal marin. Il fallait qu'elle se sorte de ce pétrin sans y laisser la vie. Après un temps de réflexion, elle tenta de faire un trou dans la chair de l'animal, qui après un grognement de douleur et quelques soubresauts, se calma et reprit sa route. Par le trou elle ne voyait rien mais l'eau qui s'infiltrait lui indiqua qu'elle était sous l'océan. Elle attendit patiemment durant ce qui lui sembla être deux jours, que la bête approche d'un semblant d'île pour sortir de cet estomac qui la digérait petit à petit. Elle sentit plus qu'elle ne vit la terre à l'horizon. Le vent passa par le trou béant sur son flanc, il avait l'odeur du sable et du soleil, elle avait même perçu quelques notes de fleurs exotiques et de fruits mûrs, mais cela pouvait aussi être son imagination qui lui rappelait son jeûne forcé.
Quand un rayon de soleil vint l'aveugler, elle prit son épée et ouvrit la bête en grand pour passer son corps engourdi. L'eau était gelée, malgré le soleil et la chaleur ambiante, la mer était encore trop profonde pour avoir été attiédie. Après avoir fait plusieurs brasses pour se dégourdir les muscles, elle commença une nage beaucoup plus rapide. La jeune marine arriva enfin au rivage, le soleil se couchait et le sable qui était encore chaud l'accueilli pour quelques instants, le temps de rassembler ses forces pour se fabriquer un abri de fortune et si elle avait encore le temps de se trouver à manger. Elle venait de franchir la clairière qui avoisinait la plage quand quelque chose attira son regard. Sur la plage derrière un rocher se trouvait le corps de ce qui semblait être un homme. Elle se dirigea vers cet inconnu, ses lunettes salies et sa fatigue ne l'aidaient pas à bien distingué ses traits, mais quelques choses lui sauta aux yeux outre le fait qu'il avait les cheveux verts, une immense cicatrice sur le torse et une qui lui barrait un œil, il portait à la ceinture trois épées dans leurs fourreaux. Ce pirate ! Elle avait maintes et maintes fois rêvé de le mettre à terre. Roronoa ! Ce nom avait comme un arrière-goût amer et âpre qui lui restait sur la langue chaque fois qu'elle devait le prononcer. C'était le moment tant attendu, l'avoir à ses pieds et enfin lui prendre ses précieux sabres. Comme la dernière fois pourtant, elle ne pouvait se résoudre à s'abaisser comme un vulgaire criminel. Tashigi avait cette fois ci une motivation autre de l'épargner. Pouvoir se mesurer à lui et avoir ses épées loyalement en les gagnants.
Elle essaya de le réveiller en lui donnant quelques coups avec le plat du pied. Ces coups eurent pour effet de lui faire cracher du sang. Après une inspection plus détaillée du corps, elle s'aperçut que ses jambes et le bas de son corps avait été comme broyés, l'eau venait lécher ses blessures et charriait le sang qui coulait en continu. Elle agit sans vraiment se rendre compte de ce qu'elle faisait. Elle prit sa veste qu'elle déchira en plusieurs bandes, elle s'appliqua à arrêter l'hémorragie qui venait de ses jambes. Puis en allant le plus délicatement possible, la jeune marine palpa le torse du jeune homme pour deviner quelques saignements internes. Elle avait appris à faire ses gestes après MarineFord, elle ne voulait plus voir la vie d'un homme s'échapper sans qu'elle puisse y faire quoi que soit. La nuit avait déjà commencé à colorer le ciel qui s'assombrissait de minute en minute. Il fallait agir vite pour ne pas se battre toute la nuit avec les animaux sauvages de l'île. La jeune femme déjà fatiguée par les deux jours passés dans le ventre du monstre marin, essayant de ne pas se faire brûler par les sucs gastriques, et affamée pris les épaules du pirate et le traîna jusqu'à un arbre creux qu'elle avait repéré en arrivant sur le rivage. Vérifiant que ses blessures ne s'étaient pas aggraver, la jeune femme installa son compagnon de fortune correctement et essaya de trouver une place pour dormir un peu. Elle se recroquevilla pour se donner un peu plus chaud, le soleil disparut à l'horizon la température avait dégringolé et maintenant elle se retenait de grelotter se pelotonnant un peu plus. Elle resta la nuit entière à veiller le bretteur. Elle s'inquiétait chaque fois que sa respiration s'accélérait ou au contraire s'arrêtait, réveillant toujours de mauvais souvenirs et des fantômes de son passé qui lui tinrent compagnie jusqu'au petit matin. Elle oscillait entre l'espoir de le voir se réveiller et la résignation satisfaite qu'il aille mourir sans qu'elle ait à se culpabiliser. Elle s'imaginait déjà tenir dans ses mains ses épées légendaires, sentir leur puissance. La jeune femme sentait des frissons d'excitation le long de sa colonne vertébrale.
Son rêve éveillé se termina brusquement quand, au matin, le jeune homme commença à remuer, grognant quelques paroles incohérentes, il avait l'air de revivre un souvenir déplaisant. Comment avait-il pu arriver là ? Comment s'était-il fait ces blessures ? Et comment avaient-ils pu se retrouver tous les deux sur cette île perdue au milieu de nulle part ? La jeune capitaine ne s'éternisa pas sur ces questions. Il fallait qu'elle trouve un meilleur abri et surtout qu'elle trouve de quoi se nourrir. Elle n'allait pas tenir très longtemps sans rien dans l'estomac. Elle se leva, vérifia s'il était bien installé avant de le laisser pour explorer un peu plus sur laquelle ils étaient.
Elle n'avait pas l'air très grand, après la plage il y avait une clairière et quelques arbres, c'est là qu'elle se tenait maintenant, en avançant plus sur l'île elle se rendit compte que la forêt couvrait une bonne partie de l'île. Au milieu, se trouvait une sorte de falaise peu haute couverte de mousse et de lierre, avec une cascade qui se versait dans une rivière, elle suivit la rivière jusqu'à son embouchure qui ne quittait pas la forêt. Voyant qu'il n'y avait pas d'arbres à fruit ou d'autres baies, elle rebroussa chemin pour se retrouver devant la cascade, elle but autant qu'elle le pu, sa tête commençait à lui tourner et son exploration n'avait pour le moment pas été fructueuse. C'est en se relevant qu'elle fut éblouie par quelque chose au sommet de la falaise, une sorte de fenêtre ouverte lui éblouissait le visage. Une habitation ici ! Il y aurait donc eu des personnes qui habitaient sur cette île ? Où étaient-ils passés ? Tout à ses pensées elle cherchait un moyen de monter jusqu'à la maisonnette. Le mur minéral n'était pas si haut mais, elle devait porter ou plutôt traîner son rival en longeant la falaise, elle s'aperçut qu'une route avait été aménagée, mais que celle-ci s'était obstruée à cause d'un éboulement.
Elle s'appuya un moment sur un tronc d'arbre. Il fallait qu'elle déblaye le plus gros des rochers pour passer à deux sans obstacles. Manger devenait aussi urgent, elle commençait à voir des points noirs et elle savait qu'il ne lui restait plus que quelques heures avant qu'elle ne tombe d'épuisement. La jeune femme se dépêcha donc de dégager le plus gros des cailloux et de monter jusque dans la maison. Il y avait en haut de la pente se trouvait l'habitation et une sorte de jardinet avec deux grands arbres. L'un donnait de belles pommes et l'autre avait les branches lourdes d'une sorte de noix géante. Elle cueillit quelques pommes et les engloutit pendant qu'elle faisait le tour du cabanon, petit et poussiéreux, la plupart des vitres étaient brisées, mais l'intérieur avait l'air net. Elle poussa la porte qui résista un peu, l'humidité l'avait fait gonfler.
A l'intérieur une table et une chaise trônaient au milieu de l'habitation, sur l'un des côtés, il y avait des rangements avec une sorte de poêle. Au fond il y avait un bureau avec une chaise et des feuilles éparpillées. Enfin, le petit lit qui ressemblait à un lit de jeune enfant, prenait le reste de la place, les draps semblaient propre mais poussiéreux comme le reste des objets de la cabane. Elle fouilla un peu partout pour trouver de quoi soigner son compagnon d'infortune Une boite, avec le nécessaire de premier secours, avait été laissée dans un des placards, ainsi que des ustensiles de cuisine et des draps de rechanges. La jeune femme prit ce qu'elle put dans ses bras et fonça tête baissée chercher le bretteur, malheureusement, la pente était trop raide et les pierres étaient encore présentent en trop grande quantité, elle trébucha et avant qu'elle n'ait eu le temps de se redresser elle tomba la tête en avant. Sa cheville avait fait un angle droit avec le reste de sa jambe et ses lunettes se brisèrent sous le choc une pierre un peu plus pointue que les autres, s'enfonça dans l'arcade juste au-dessus de l'œil. La marine commença à saigner, son œil aveuglé par le sang et sa cheville douloureuse elle parvint à se redresser, ramasser le nécessaire aux premiers soins et se dirigea vers la plage. Courant et boitillant elle rejoignit bon gré mal gré le jeune homme, qui n'avait pas bougé. Elle se hâta de refaire ses bandages, cela faisait au moins quatre heures qu'elle était partie et le climat ne se prêtait pas à une bonne guérison. Cependant, elle était étonnée de ne pas avoir vu d'animaux sauvages ou d'oiseaux habiter cette île. A par elle et Roronoa, rien ne semblait prendre vie mais il ne fallait pas se fier au silence. Il fallait qu'elle mette à l'abri le plus rapidement possible, un sentiment étrange ne la quittait plus depuis qu'elle était venue sur cette île.
Les deux mains sous les épaules, elle tira le corps inerte sur le chemin qui la menait à la falaise. Arrivée devant le chemin en pente, elle prit le corps sur une de ses épaules, chancelante et souffrant de sa blessure à la cheville elle mit ce qui lui sembla une éternité à le hisser. Enfin elle arriva au sommet, épuisée elle pénétra dans la maison, balançant le jeune plus que le posant sur le lit créant au passage un gigantesque nuage de poussière, elle s'effondra sur le lit à ses côtés. Elle entendit un vague grognement et une toux mais son cerveau avait déjà décidé de ne plus fonctionner et elle se sentit happer par le noir et le vide du sommeil.
