Distraction I : Au téléphone

Traductrice : Hermi-kô

Auteur : ShadowDemon-Gengar

Dring…dring…dring

C'était peu après onze heures du soir et elle faisait encore des recherches sur l'équipe qu'ils allaient rencontrer au « Christmas Bowl ». Elle était assise, jambes croisées sur son lit, vêtue de son ample pyjama rose, son téléphone portable calé entre son épaule et son oreille tandis qu'elle farfouillait parmi les classeurs et les feuilles de données, les stratégies de jeu et les fiches des joueurs. La télévision marchait, visionnant la vidéo d'un match contre les Teikoku Alexanders.

Dring…dring…dring

« Oh, allez ! Réponds. » Grogna t'elle. Elle allait raccrocher et essayer à nouveau quand elle entendit brusquement son correspondant décrocher, puis ce fut le silence. « Hiruma-kun ? »

A l'autre bout du fil il y eut un soupir d'ennui et enfin l'habituelle grossière salutation : « Fuckin' manager. »

« Oh, arrête. Je t'ai déjà dit que je voulais vérifier si tu allais bien. »

Un grognement. « Je suis parfaitement, putain, capable de raccrocher, tu sais. »

« Et bien je vais continuer à t'appeler jusqu'à ce que tu me répondes. » Répliqua-t-elle froidement.

« Ke ke ke, j'éteindrai mon téléphone, alors. Que vas-tu faire ensuite ? De la télépathie ? »

« Oh, ça va ! » Elle craqua, renfrognée. Ses sarcasmes cruels étaient si irritants…

« Dit la fuckin' manager qui m'a appelé. »

Elle roula des yeux, soufflant et décidant d'être la grande personne et de ne pas lui répondre. Vraiment, il n'arrivait jamais rien de bon à argumenter avec le quaterback.

A part le ronronnement régulier de la capsule d'oxygène, il y eut un silence à l'autre bout de la ligne. Elle attrapa d'un air absent le coin d'un morceau de papier, y jetant des coups d'œil ainsi qu'à la télévision jusqu'à ce que l'arbitre crie « Touchdown ! ».

« C'est bon ? »

Elle sursauta légèrement. « Hein ? »

« Je dis : as-tu fini de me, putain, materner ? Je voudrais pouvoir dormir. »

Ses lèvres se serrèrent et elle sentit ses cheveux se hérisser alors qu'elle agrippait fermement le combiné. « Oui, j'ai fini de te materner, abruti ! Tu sais, Dieu n'interdit à personne de prendre soin de son prochain, Hiruma ! Je veux dire, franchement ! Tu ne peux pas …? »

Elle fut interrompue lorsqu'elle entendit une brusque inspiration suivie d'un grognement douloureux.

« Hiruma ? » s'inquiéta-t-elle, l'inquiétude remplaçant de suite sa colère. « Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu vas bien ? Tu t'es fais mal ? »

D'abord elle ne reçu aucune réponse et son inquiétude se mua en peur. Elle ouvrait la bouche pour l'appeler encore lorsqu'elle fut coupée à nouveau.

« Quoi ? »

Son ton semblait incrédule et même vaguement indigné. Elle frissonna un peu. Avait-elle dit quelque chose de mal ?

« Tu t'es fais mal ? Tu m'as putain sérieusement demandé ça? »

Dès lors elle comprit immédiatement son erreur. Elle pouvait sentir l'embarras rougir sur ses joues. Ca sonnait un peu bête…

« Bien, non. C'est-à-dire, je ne voulais pas le dire comme ça ! Je …, » elle s'interrompit, confuse. Trop tard… le mal était déjà fait.

Rires difficiles. « Si je suis blessé ? Fichue manager, mon bras est cassé ! »

« Oui, je le sais ! » Répliqua-t-elle, tentant désespérément d'éviter les moqueries insultantes qui allaient suivre.

« Alors, souffrir d'une fracture multiple ne compte pas comme être blessé dans ton vocabulaire, idiote de manager ? Aurais-tu préféré que ce putain d'homme des cavernes me l'arrache ? »

« Hiruma, arrête ça ! » Cria-t-elle en colère, se mordant la lèvre. Pourquoi avait-il à être si méchant avec elle ? Est-ce que ça l'embêtait vraiment beaucoup que quelqu'un se préoccupe de lui ? « Je ne voulais pas dire cela de cette façon ! Réellement, c'était juste… une réponse réflexe. »

« Une stupide réponse réflexe. N'as-tu jamais entendu cette sacrée citation Réfléchir avant de parler ? »

« Argh ! Je t'ai appelé pour savoir si tout allait bien, et maintenant que je sais comment tu vas je vais te laisser tranquille alors. Bonne nuit, Hiruma-kun ! »

Et sur ces paroles elle raccrocha brutalement, ne se préoccupant même pas de savoir s'il voulait lui dire quelque chose.

Elle jeta en colère le téléphone à côté d'elle, mais si fort qu'il rebondit sur les couvertures et tomba au sol. Elle l'ignora et s'occupa de nettoyer le désordre sur son lit, classant des papiers rudement dans les pochettes cartonnées et les classeurs.

« Stupide Hiruma-kun, » grogna-t-elle, rassemblant les dossiers et les déplaçant dans un coin de sa chambre pour les empiler sur le sol. « Pourquoi je m'embête toujours avec lui ? Il est si mal élevé et vulgaire et égoïste ! »

Elle tourna en rond, ajustant et rangeant un peu sa chambre, essayant de calmer sa frustration.

« Il ne se préoccupe jamais des autres à moins qu'ils ne lui soient bénéfiques d'une manière ou d'une autre ! » Continua-t-elle dans sa barbe, éteignant sa télévision et extrayant le disque du lecteur DVD. « Je ne serais pas surprise du tout si on me disait que son bras cassé, c'est un coup de karma. »

Soupirant, elle éteignit sa lampe, plongeant sa chambre dans le noir complet à l'exception de la douce luminescence verdâtre de son réveil à affichage numérique.

Elle grimpa dans son lit sans bruits, se sentant plus épuisée qu'auparavant après avoir traité avec le démoniaque quaterback. En fait, elle se sentait toujours fatiguée n'importe quand elle se trouvait à ses côtés. Ses tendances violentes, sa conduite exécrable et bruyante, et son obsession de trimballer des armes … elle devait faire avec quand elle était en sa présence continuellement.

« Ce ne peut pas être sain », murmura-t-elle, roulant sur le côté et étreignant fermement ses draps.

Bzz . . . bzz . . . bzz . . .

Elle ouvrit lentement les yeux, fronçant les sourcils lorsqu'elle aperçut une lueur pulser à côté de son lit. Elle se précipita au bord et jeta un coup d'œil par-terre.

Son portable.

Il vibrait pour un appel, son écran illuminé de bleu vif. Et au milieu de l'écran on pouvait lire le nom de l'émetteur :

Youichi Hiruma.

Troublée, elle le ramassa, fixant l'écran. Pourquoi l'appelait-il ?

Une partie d'elle-même lui ordonnait de laisser ça de ne pas répondre. Une seconde part était curieuse et même inquiète, exigeant de décrocher. Et une troisième, plus petite partie d'elle… une qu'elle n'aimait pas entendre… criait qu'un gars attirant l'appelait la suppliant de répondre.

Elle rougit à cette pensée, la mettant de côté. Mis à part ses regards, il n'y avait définitivement rien de vaguement attirant chez Hiruma.

Quand même, c'était du deux contre un …

Elle ouvrit le téléphone et le porta à son oreille. « Allo ? »

« Eh !, je t'ai appelé cinq putains de fois, manager merdique. As-tu mis ce fichu truc sur vibreur ? »

Elle roula des yeux et se réinstalla entre les draps, enfouissant sa tête dans l'oreiller et soupirant : « Que veux-tu, Hiruma-kun ? »

« Rien. Je m'ennuis. »

« Et moi je suis fatiguée, » répliqua-t-elle, bien que ce ne soit qu'à moitié vrai. Pour quelque raison que ce soit, elle se sentait un peu plus éveillée maintenant. Elle fronça les sourcils à cette constatation.

« Dommage parle-moi. Putain, rapprochons-nous ! »

Elle fut choquée, les yeux grands ouverts. « Qu…quoi ? »

« Ke ke ke. »

« Hiruma ! » Il n'arrêterait donc jamais, n'est-ce pas ?

« Oh, putain relaxe, manager. Vire ce balai de ton cul et amusons-nous un peu pour une fois ! »

Elle se renfrogna. « Merci, mais je n'ai pas besoin de conseils de la part d'un homme pour qui s'amuser consiste à extorquer, posséder toute arme jamais créée dans le monde et être un parfait crétin pour les autres ! »

Elle pouvait percevoir le sourire dans sa voix. « Pas besoin d'être jalouse de mes exploits. »

Elle soupira, faisant en sorte d'être audible. Elle l'entendit glousser en retour, et puis, comme précédemment, mis à part le bourdonnement mécanique de sa capsule à oxygène, il n'y avait pas un bruit à l'autre bout du fil.

Un moment elle sentit ses joues s'enflammer, réalisant qu'elle parlait à un homme… la nuit… dans son lit… et que cela n'avait rien à voir avec le football. Heureusement, ce n'était qu'Hiruma… mais il restait un homme (après tout) !

Et plus elle y pensait plus elle avait chaud et rougissait.

Lui parler avait quelque chose d'étrangement… intime.

Et puis il brisa le silence.

« Bon, sacrée manager … déjà expérimentée le sexe au téléphone ? »

« HIRUMA-KUN ! »

BONUS

Elle se réveilla le lendemain matin merveilleusement reposée et, ce qui était étrange après tout, c'était de voir comment Hiruma avait continué à être sarcastique avec elle avant qu'elle ne s'endorme, sans doute parce que s'étant au moins mis à parler football, elle avait toléré ses petites piques un peu plus longtemps.

Elle bailla et s'assit, étirant ses bras au-dessus de sa tête en essayant de se souvenir de la fin de leur conversation.

Elle allait se lever quand sa main rencontra son téléphone. Elle cilla, se demandant pourquoi il était dans le lit près d'elle. Elle le prit et examina l'écran… et enfin pâlit.

L'appel durait toujours.

Elle pressa vivement son oreille contre et murmura non sans hésitation : « … Hiruma-kun … ? »

« Hum ? Eh, bonjour, putain de beauté endormie. »

Ses yeux s'écarquillèrent. « Oh – Oh mon Dieu ! Hiruma ! Je … ? Le portable … ? »

« Ke ke ke. Tu l'as fait et c'est ça. Toute cette putain de nuit. »

« Pourquoi n'as-tu pas raccroché ? » Grinça-t-elle d'un ton accusateur, culpabilisant et gênée de s'être endormie au beau milieu de leur discussion.

« Tes fichus ronflements n'ont pas de prix. Je me devais de les enregistrer. »

« Hein ? Hiruma ! Toi … tu … ! » Cria-t-elle, trop frustrée pour trouver une insulte adéquate.

Son rire était parfaitement diabolique. « Et surtout tu gémissais Hiruma ! Oh, plus fort Hiruma ! Aime-moi, génial et fantasque Hiruma ! »

Elle se tut, ses lèvres formant des mots mais sa voix était morte de honte.

La seule chose qu'elle parvint à lui dire fut un exaspéré « ESPECE DE DEBILE PROFOND ! » avant de fermer brutalement son téléphone sur son rire à l'autre bout.

Quand sa mère lui demanda pourquoi elle était si remontée ce matin-là, elle lui raconta tout volontiers, voulant désespéramment se libérer. Ce fut un miracle si sa mère ne ria pas. En fait, malgré toutes les choses outrageantes qu'elle avait répété qu'Hiruma lui avait dites, sa mère ne fit qu'une seule et unique remarque :

« Mais chérie », lui dit sa mère, souriant avec douceur, « tu ne ronfles pas ! ».